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[LONG] Commentaire d'un texte sur le "discours masculiniste"

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Feb 10, 2003, 9:01:11 PM2/10/03
to
Ceci est un commentaire d'un texte dont il a déjà été question
dans fsf: «Le discours masculiniste dans les forums de discussion»,
signé Jeanne (ou Natou, selon les versions), daté du 1/8/2002, publié
sur le site des Chiennes de garde:

http://chiennesdegarde.org/article.php3?id_article=191

Je rappelle que deux autres personnes citées dans l'article avaient écrit
leurs propres réactions:
http://groups.google.com/groups?selm=3D4CB469.5090509%40netscape.net
http://groups.google.com/groups?selm=omdvkugohrtk41jsnp1042fm9ht83eplsa%404ax.com

Il ne s'agit pas d'une analyse complète, mais de remarques sur certains
points qui me semblaient importants. Je suis obligé de faire un nombre
important de citations (précédées de ">"), et j'espère qu'on ne me
reprochera pas la taille de l'ensemble .J'avais commencé à l'écrire ce
commentaire il y a quelque temps, mais j'avais été pris par d'autres
occupations, et je l'ai achevé seulement maintenant. Le texte de Natou
présente un certain intérêt dans la mesure où il regroupe de nombreux
exemples de la rhétorique employée par les sexistes pour prétendre
discréditer leurs opposant-e-s. Ma méthode d'analyse peut parfois
ressembler à de l'ergotage, mais il m'a semblé important de mettre en
lumière les ressorts de ce type de discours, très répandu, qui consiste à
faire des déformations et des amalgames en tout genre, tout en s'abritant
derrière une façade d'objectivité constituée grâce à l'abondance des
citations et des références (statistiques, articles de presse...)

> j'ai eu l'occasion de lire des propos d'intervenants dont l'objectif ne
> se dévoilait pas directement, mais dont certains arguments récurrents
> me paraissent aujourd'hui, tels les éléments d'un puzzle qui prend forme

Le début de l'article donne le ton: l'auteure est persuadée que des
réactions éparses et spontanées sont en fait les «éléments d'un puzzle».
Ce point de vue (que l'auteure ne cherche même pas à justifier, le
présentant comme une évidence) présente une grande importance dans la
construction de l'article: il permet en effet de «mettre dans le même sac»
les propos venant de différent-e-s contributeur-trice-s, et donc de faire
les amalgames les plus osés, comme nous le verrons par la suite. Dès le
départ, le/la lecteur-trice est donc prisonnier-e de l'interprétation de
l'auteure cherche à lui imposer.


> Ces bribes de discours, en apparence dissociées, témoignent de
> l'émergence, en France, d'une idéologie appliquant une perspective
> révisionniste au paradigme d'analyse qui fait pourtant l'unanimité parmi
> les organismes internationaux, le discours officiel des États, et le monde
> de la recherche. Il s'agit de la thèse féministe de la domination masculine
> - qui prend acte de l'existence d'institutions, de processus, de mécanismes
> aboutissant à des discriminations genrées dont les femmes constituent les
> principales cibles


D'après ce paragraphe, le discours «masculiniste» étudié par Natou
consisterait donc à nier, ou du moins à mettre fortement en doute,
l'existence de discriminations sexistes visant les femmes. Pourtant,
comme on va le voir, cette interprétation est très éloignée de la réalité.

> le masculinisme s'incarnerait au sein d'un véritable lobby,
> mettant en oeuvre une action construite et délibérée de reproduction du
> pouvoir et de la domination masculines.

On retrouve l'idée exprimée en introduction (le «puzzle» est maintenant
l'oeuvre d'un «lobby», mieux, d'un *véritable* lobby.) Cette idée sera
encore reprise dans la conclusion de l'article.

Nous allons maintenant voir, en analysant les commentaires faits par
l'auteure, que le procédé employé par cette dernière est aussi
rudimentaire qu'efficace: il consiste tout simplement à reproduire
des citations, puis à en faire un «commentaire» qui consiste en fait
à prêter à l'auteur-e des opinions qu'il-elle n'a pas, et enfin à
réfuter ces opinions par une explications argumentée et étayée de
nombreuses références. On se trouve en face d'une sorte de tour de
passe-passe rhétorique, consistant à détourner l'attention du/de la
lecteur-trice de la première partie de la démonstration (le passage de la
citation au commentaire de Natou) au profit de la deuxième partie (la
réfutation des opinions que Natou prétend être celles de l'auteur-e.) Si
la deuxième partie n'est pas assez solide, l'ensemble tombe bien sûr à
l'eau: le-la lecteur-trice s'aperçoit que Natou a déformé la citation
étudiée. Mais si le «commentaire» est bien construit, le-la lecteur-trice
passe rapidement sur les endroits sensibles du texte pour arriver là où
Natou l'attire. Voyons le premier exemple:

> 1) L ?existence de « privilèges » féminins
> L'idéologie masculiniste tente de réviser, de recadrer la perspective
> d'analyse en élaborant un contre-discours qui prête aux hommes un
> statut de "victime" face aux femmes en général, qui bénéficieraient de
> « privilèges ». Ces privilèges concerneraient plusieurs domaines, dont
> les plus couramment cités sont :

Première partie du commentaire de Natou: un résumé des intentions prêtées
aux auteur-e-s des posts, c'est-à-dire un résumé de ce que Natou veut
mettre dans la tête de ses lecteur-trice-s. Evidemment, le-la lecteur-trice
de l'article pense que Natou se contente de faire un résumé objectif des
posts en question; avant même qu'il/elle ait lu la première citation, son
interprétation de ces posts sera donc influencée par l'opinion de Natou.

> - le monde de l ?éducation :

Comme je procède dans l'ordre du texte, je commencerai par évoquer l'un de
mes propres messages, qui est le premier cité. Le titre donné par Natou,
«Le monde de l'éducation», constitue déjà une fausse piste. A première vue,
ce titre a l'air bêtement objectif et descriptif: puisque l'auteur du post
qui suit parle de la situation dans une école, il est «évident» que ce post
exprime une opinion relative au monde de l'éducation. Il est vrai que, de
manière quelque peu abusive, j'avais moi-même donné le titre «Sexisme et
éducation» à mon post dans le forum des CDG. Pourtant, nous allons voir que
l'interprétation qu'en donne Natou est tout à fait incorrecte.

Notons d'abord que, pour une raison qui au premier abord peut sembler
obscure, l'auteure parlant de la MELH écrit en commentaire: «une école
"réservée" aux filles». Les guillemets sont évidemment tout à fait
déplacés puisque la MELH est effectivement réservée aux élèves de sexe
féminin: http://www.melh.net/contenu.php?page=f_recrutement
Mais ces deux symboles typographiques à l'aspect si innocent présentent un
énorme avantage: il permettent de discréditer l'auteur-e d'une citation en
deux coups de cuiller à pot. En encadrant de guillemets le terme employé
par un-e auteur-e, on donne l'impression, sans le dire explicitement et
donc sans s'exposer à une critique frontale, que le terme en question
véhicule un mensonge ou tout au moins une exagération, heureusement
dénoncé-e par la commentatrice bienveillante. Avantage supplémentaire:
comme l'usage des guillemets se suffit à lui-même, sans que ces signes
soient accompagnés d'une quelconque explication sur leur valeur, il est
clair que seules les personnes «averties» sont en mesure d'en déchiffrer
le sens, ce qui permet de créer une connivence l'auteure et ses
lecteur-trice-s. En résumé, l'emploi des guillemets permet ici de lancer
une attaque insidieuse et gratuite contre la personne que l'on désire
discréditer, sans risque de s'exposer à une défense argumentée.
(Les person-ne-s intéressé-e-s pourront consulter, sur un sujet très
voisin, l'article «L'usage de (sic) dans la presse d'extrême droite
contemporaine» de A. Krieg, in _Mots_ n°58, mars 1999.)

Pour en venir (enfin :-) ) au fond du problème, mon post ne concernait le
monde de l'éducation que de manière accessoire, comme le montre la simple
lecture de l'extrait:

> Dans le cas de la MELH [...] (une école "réservée" aux filles, note de
> l'auteure), il y a un problème de discrimination a la fois dans les
> mondes scolaire et militaire. Est en cause l'attitude de la Défense
> Nationale : que penser d'un ministère qui prétend défendre *toute* la
> nation, alors qu'il continue à diviser cette nation en deux composantes
> distinctes, qui ne pourraient même pas étudier ensemble ?

J'avais clairement expliqué que la MELH m'intéressait moins en tant que
telle que comme «symptôme» de l'attitude de l'armée (l'importance de la
MELH dans le système éducatif français étant, évidemment, quasi-nulle
puisque cette école ne concerne qu'une minorité.) Mon post contient par
exemple cette phrase: «cet état de fait pourrait sembler anecdotique s'il
n'avait pas une signification plus profonde». Bref, comme je l'ai expliqué
plusieurs fois dans le fil en question, mon intention n'était nullement de
dénoncer des «privilèges féminins» dans le domaine de l'éducation (bien
qu'il soit par ailleurs clair, ce que nie l'auteure, que les femmes
bénéficient ici d'un droit qui est refusé aux hommes), mais simplement de
donner un exemple du conservatisme dans une administration liée à la
Défense nationale. Par conséquent, la transition avec le passage suivant,
où Natou traite des discriminations subies par les femmes dans
l'enseignement, est tout à fait déplacée:

> Ce discours est particulièrement révélateur, dans la mesure où ceux qui le
> tiennent n'évoquent jamais les discriminations, pourtant bien plus
> conséquentes, dont sont encore victimes les femmes sur ce terrain [SNIP les
> exemples]

J'avais d'ailleurs écrit dans ce fil «Possible, mais ce n'est pas parce que
ça existe [les écoles réservées aux garçons] que c'est bien.» Mais tout
cela, Natou n'en a cure: elle est en train d'écrire un article pour
dénoncer les méchants masculinistes qui dénoncent les privilèges féminins,
par exemple dans le monde de l'éducation; justement, elle tombe sur un fil
où elle voit un homme qui évoque un cas de discrimination dans une école
liée à l'armée; ça tombe bien, car c'est justement l'exemple didactique
qu'il lui fallait, à condition évidemment d'accommoder tout ça à sa façon :


(1) l'auteur du post est en fait un masculiniste;
(2) l'administration scolaire et paramilitaire devient exclusivement
scolaire;
(3) l'évocation d'une discrimination sexuelle est métamorphosée en
dénonciation des privilèges féminins.

Si on mélange ces trois ingrédients, on obtient bien une dénonciation
des privilèges féminins dans le milieu scolaire... Comme la ficelle
risque d'être un peu grosse, on rajoute un peu de sauce pour camoufler
les défauts: d'abord en mettant un titre qui prépare le-la lecteur-trice
pour qu'il-elle se prête mieux à la manipulation - titre dont l'exactitude
est incontestable à ce stade de la lecture, puisque le/la lecteur-trice ne
sait pas encore comment fonctionne la rhétorique de l'auteur-e -, ensuite
en assortissant la citation d'un commentaire truffé d'exemples précis dont
la fonction est double:

1) montrer que les femmes subissent des discriminations scolaires (ce qui
d'ailleurs est sans doute vrai);
2) noyer le-la lecteur-trice sous une masse de faits précis et sans doute
exacts.

Le-la lecteur-trice ne peut qu'accorder du crédit aux exemples exacts
donnés par Natou sur le sexisme dans l'éducation: devant ce paragraphe
irréprochable, il-elle fait confiance à l'auteure qui lui a montré
ainsi sa précision et sa rigueur, il-elle conclut nécessairement que
cet auteure maîtrise son sujet... et du coup, quand il-elle voit que
le post cité en exemple présente un vague rapport avec le paragraphe
de commentaires, il-elle ne peut qu'être conduit-e à accepter à la
fois les deux conclusions de Natou:

(1) que les femmes subissent des discriminations dans l'enseignement;
(2) que le post cité était une manoeuvre perfide pour réfuter la
conclusion précédente.

L'astuce repose évidemment sur la technique bien connue consistant à
donner beaucoup de vrai (la première conclusion) pour faire accepter
un peu de faux (la deuxième conclusion.) Il y a bien sûr un risque
que le-la lecteur-trice s'aperçoive de l'absence totale de lien entre
(1) et (2): d'où l'intérêt du titre qui précède la citation, et qui
dispose le-la lecteur-trice à adopter le point de vue de l'auteure.
Ce petit «coup de pouce» masque les imperfections de l'interprétation
et du raisonnement; de plus, sa présence permet de prendre le point
sensible (la citation du post) en sandwich entre les deux points forts
(le titre et le commentaire), de sorte que le-la lecteur-trice ne passe
que très rapidement sur la citation, et donc ne perd pas son temps à
essayer d'en comprendre le sens, toute son attention étant captée par
le commentaire qui suit. Les amateur-trice-s de prestidigitation auront
reconnu dans ces procédés les techniques de base de l'illusionnisme:
«attirer l'oeil sur la main gauche pendant que la droite travaille»,
«créer des temps forts pour attirer le regard, et travailler pendant
les temps faibles».

Passons au commentaire que fait Natou d'un deuxième post :

> Les « privilèges » féminins évoqués par les masculinistes se situeraient
> aussi dans le monde du travail :
> [SNIP post signé Artisi]
> Ce genre de propos constitue concrètement une négation de la réalité à
> laquelle sont confrontées les femmes qui n'accèdent à des postes de
> direction que de façon marginale

Ah bon, donc, Artisi a prétendu que les femmes accèdent facilement aux
postes de direction. Pourtant, si je reprends le post de cette personne,
je lis: «VENEZ VOUS BATTRE POUR POUVOIR ETRE CAISSIER OU VENDEUR »,
«PK LESW FEMMES NE FONT PAS MACONS OU MEME TRAVAILLEUR SUR LES CHANTIER...
PK LES TACHES MANUELLES ET DIFFICILES NOUS SONT ELLES POUR LA MAJORITé
RESERVéES»

Manifestement, soit Natou n'a pas lu le post en question, soit elle
s'est embrouillée dans son copier-coller, puisqu'il n'est nullement
question de «postes de direction» dans ce message. Bien sûr, on pourrait
envisager une troisième explication: l'auteure aurait parfaitement lu et
compris le post, mais aurait choisi purement et simplement de mentir
au/à la lecteur-trice sur son contenu. Il faut dire que, comme dans le
cas du post précédent, la citation est encadrée par deux petits textes:
une phrase d'introduction ("Les « privilèges » féminins évoqués par les
masculinistes se situeraient aussi dans le monde du travail") et une
pseudo-réfutation («Ce genre de propos...»). On peut donc envisager
que, dans l'esprit de l'auteure, la technique du sandwich expliquée
plus haut rendrait invisible la déformation des propos. Toutefois, j'ai
du mal à croire que l'auteure ait voulu recourir à une falsification aussi
grossière (qui signifierait qu'elle prend ses lecteur-trice-s pour des
demeuré-e-s.) L'explication la plus probable est celle d'une erreur lors de
la rédaction.


Toujours dans la rubrique «éducation», Natou écrit :

> Le système des quotas est également invoqué par les masculinistes, comme
> expression ultime des privilèges féminins :
> «Dès que je suis sorti de l'Université, tous les postes auxquels
> j'aspirais m'ont été interdits : "ACCESS DENIED ! YOU'RE NOT A
> WOMAN !" »
(post signé elc)

L'auteur de ce post se plaint d'être victime de discriminations sexistes
- ce qui, si ses plaintes sont fondées, est évidemment inacceptable.
Pourtant, Natou en fait un commentaire, en trois points, totalement à
côté de la plaque:


-d'abord, en faisant un amalgame entre Elc et un assassin;
-ensuite, en mentionnant l'existence d'une association dénonçant (à tort
ou à raison, je n'en sais rien) un système de quotas en Afghanistan;
-finalement, en écrivant:
> La réalité statistique est pourtant diamétralement opposée à ces
> allégations : plusieurs analyses comparatives démontrent, qu'à
> niveau de recrutement équivalent, les femmes progressent moins que les
> hommes.»

Le premier point, qui consiste à établir une pseudo-relation de cause
à effet (sophisme «post hoc ergo propter hoc»), se passe de commentaire.
D'ailleurs, on ne voit pas comment le cas très particulier de Lépine
serait représentatif de quoi que ce soit: comme dit Gilles Karmasyn,
bien connu des lecteur-trice-s de fr.soc.politique: «des extrémistes
qui veulent tuer des gens, quelle surprise!»

Le deuxième concerne l'Afghanistan, pays dont on ne voit pas bien ce
qu'il vient faire dans cet article. Quant au troisième, il fait partie
de la stratégie que nous commençons à connaître: présenter un ensemble
d'affirmations, et ensuite exposer des faits qui sont censés contredire
lesdites affirmations, alors qu'ils ne présentent aucun lien avec ces
dernières. Dans ce troisième point, il est écrit que «La réalité
statistique est pourtant diamétralement opposée à ces allégations».
«Ces allégations» (exactes ou non), si on reprend ce que l'auteure vient
d'écrire, c'est:

-une personne nommée Elc a été victime du sexisme;
-les femmes bénéficient de quotas qui leur sont avantageux;
-des hommes afghans ont subi des violations de leurs droits.

Et Natou de «réfuter» ces trois affirmations en nous disant en substance
qu'en France, il y a plus de chômeuses que de chômeurs, que les femmes
sont plus pauvres que les hommes, et qu'il y a peu de femmes dans les
institutions françaises. Là encore, il n'y a aucun lien entre cette
«réalité statistique» d'une part, et «ces allégations» d'autre part:
mais l'auteure espère sans doute que l'avalanche de chiffres mobilisera
l'attention du/de la lecteur-trice, et l'empêchera de s'apercevoir des
incohérences du texte. l'«argumentation»de Natou se résumerait à
l'échange suivant:

« - Aujourd'hui, il fait beau à Paris.

- Pas du tout, il pleut à Trafalgar Square: j'ai les statistiques de la
météo. Si tu prétends le contraire, c'est que tu utilises une stratégie de
diversion pour nier la réalité.»


Dans la partie suivante:

> 2) Le sexisme existe, mais est subi par les hommes autant que par les
> femmes

Natou continue à suivre la même tactique, en déformant à outrance les
propos qu'elle cite. Elle prétend que le discours «masculiniste» "nie
toutefois que les femmes en constituent les principales victimes
[du sexisme]". Les trois citations signées Adede, Blay et Paul se
résument ainsi:

- il faut s'intéresser à la fois aux inégalités qui touchent les hommes
et à celles qui touchent les femmes;
- Blay n'est pas «masculiniste» et pense que le féminisme ne défend que
les intérêts des femmes;
- les femmes ne sont pas les seules victimes du sexisme, et des
intervenant-e-s du forum de SOS-Sexisme sont sexistes (d'après ce que je
comprends, n'ayant pas lu le fil dont est extrait le message).

On voit évidemment que ces trois intervenants n'ont rien affirmé au sujet
des aspects statistiques (savoir qui sont les «principales victimes.»)
Encore une fois, plutôt que d'énoncer un mensonge bête et méchant,
l'auteure préfère appuyer son interprétation sur une semi-vérité. En effet,
les messages cités ne font en somme qu'énoncer un truisme, à savoir: «on ne
doit pas être sexiste dans la lutte antisexiste.» L'auteure va faire en
sorte de provoquer, en deux étapes, un glissement interprétatif dans
l'esprit de son/sa lecteur-rice:

- le premier glissement se fait au niveau de ce paragraphe 2): les
intervenants cités pensent que des hommes sont victimes du sexisme,
«donc» ils pensent que les hommes sont *plus* victimes du sexisme que ne
le sont les femmes. Le truc consiste évidemment à remplacer une affirmation
absolue par une affirmation relative: Natou s'appuie sur le vrai
(l'affirmation absolue) pour faire passer le faux (l'affirmation relative);

-le deuxième glissement ne se fait pas au niveau du paragraphe, mais à
celui du texte entier: en effet, l'auteure a écrit dans l'introduction
que les «masculinistes» s'attachaient à la «défense des privilèges
masculins», consistant à nier la «thèse féministe de la domination
masculine»; en conclusion, elle écrit que «certains masculinistes nient
tout bonnement les accusations de violence sexiste concernant les
hommes»: si l'on tient compte de l'organisation du texte dans sa globalité,
il est clair que le deuxième glissement consiste à passer de :

«les hommes sont *plus* victimes du sexisme que ne le sont les femmes.»
à:
«les hommes ne sont *jamais* coupables du sexisme, ils ne pensent qu'à
défendre leurs "privilèges".»

Remarquons par ailleurs l'ambiguïté du titre de ce paragraphe: le
«autant» peut avoir aussi bien une signification qualitative (dans ce cas,
le titre résume effectivement les propos cités) qu'une signification
quantitative (statistique), auquel cas Natou recourt encore une fois à la
«déformation préliminaire» dont le fonctionnement a été expliqué plus haut.


Dans le paragraphe suivant :

> 3) La dénégation des violences sexistes

il est patent que l'auteure recourt une fois de plus à sa tactique du titre
qui fait office de pseudo-résumé. En effet, si on considère les sous-titres
de cette partie:

> Les hommes subissent eux-aussi des violences
> Le refus d ?utiliser les statistiques officielles
> Les femmes et les féministes, responsables de la violence masculine

On voit que, loin de nier l'existence de ces violences, les contributeurs
cités ne font (d'après l'auteure elle-même) qu'en reconnaître
l'existence, leur propos consistant seulement (d'après Natou ), dans les
sous-parties 1 et 3, à montrer l'universalité de ces violences, ou d'en
attribuer la responsabilité aux femmes et aux féministes. Quant au deuxième
sous-titre (et d'après la citation d'Adede), il montre que si le
contributeur cité critique les statistiques officielles, ce n'est nullement
pour contester l'étendue des violences, mais au contraire pour affirmer (à
tort ou à raison) qu'elles sont sous-estimées. Mais le sous-titre réducteur
(«le refus...») vise à laisser entendre le contraire, c'est-à-dire à faire
croire au/à la lecteur-trice que les statistiques «refusées» sont celles
qui montrent l'ampleur des violences - le sous-titre interprété de cette
façon s'accorde, d'ailleurs, avec le titre principal du paragraphe: «La
dénégation des violences sexistes».

Remarquons au passage que les «refus» et les «négations» semblent être le
principal axe de lecture de Natou: outre le mot «dénégation» dans ce titre,
on trouve trois occurrences du verbe «nier» dans l'article, deux
occurrences de ce verbe dans un message de Natou posté dans le forum de
l'article, une fois le nom «refus», et même le mot «révisionniste» (dans le
forum): tarte à la crème de l'insulte forumesque, il est évidemment pris
ici, de manière fort critiquable, dans le sens de «négationniste», qui
renvoie une fois de plus à l'idée - attribuée aux «masculinistes» - de
«nier la réalité». Natou reprend à son compte la proposition d'un-e
contributeur-trice, selon laquelle les «masculinistes» devraient être
comparé-e-s à ceux et celles qui contestent les crimes contre l'humanité !
Le procédé est aussi incongru que scandaleux (et attentatoire à la
mémoire des victimes de la Shoah), mais il n'a hélas rien d'original:
un hebdomadaire culturel (_Télérama_) a pu ainsi mettre pêle-mêle,
dans le même sac du «révisionnisme», Thierry Meyssan, la National Rifle
Association, et les adeptes de certaines théories sur l'évolution du
climat. Bref, Natou n'est pas l'inventeuse de ce procédé malhonnête,
mais elle ne dédaigne pas la possibilité qui lui est offerte de faire
des amalgames déplacés - amalgames qui sont, par ailleurs, très en vogue
dans le forum des CDG:
http://chiennesdegarde.org/forum2.php3?recherche=Fauris&typederecherche=texte
http://chiennesdegarde.org/forum2.php3?recherche=n%E9gationn&typederecherche=texte
http://chiennesdegarde.org/forum2.php3?recherche=r%E9visionn&typederecherche=texte

Quant au quatrième paragraphe, s'il se trouve être le dernier:

> 4) L'enfant, un enjeu majeur

c'est sans doute parce que l'auteure voulait garder le meilleur pour la
fin, car c'est celui où on trouve (enfin, où je trouve, moi) le moins de
points discutables. Dans le cas où l'auteure n'aurait pas convaincu
son/sa lecteur-trice par les sophismes en veux-tu - en voilà répandus
dans les parties précédentes, elle peut ainsi espérer le/la convaincre
par des affirmations beaucoup moins discutables. De plus, si elle n'a
pas réussi à convaincre les lecteurs du sexe masculin au moyen du
paragraphe précédent(sur les violences commises contre les femmes), elle
peut espérer susciter leur approbation en dénonçant les violences dont
sont victimes les enfants. On relève cependant quelques couacs:

- tout d'abord, Natou exhibe une citation d'Adede qui, selon elle,
nierait que «66% des pensions seraient versées irrégulièrement ou non
payées». En fait, la citation en question: «Parler de la "majorité de
pères refusant ou faisant obstruction au paiement de la pension
alimentaire", ça me paraît un tout petit peu surestimé», ne parle pas
des pensions non payées, mais de celles qui feraient l'objet d'un refus
de paiement volontaire. Certes, on peut penser que les deux taux sont
à peu près les mêmes, mais on a encore une fois un exemple des
approximations et des déformations en tout genre auxquelles recourt
Natou dès qu'elle a besoin d'une citation pour montrer à quel point les
«masculinistes» sont rusés et pervers. De plus,Adede parle uniquement des
pères, alors que le lien donné par Natou:

www.social.gouv.fr/htm/actu/convention/5d.htm

nous dit: «Selon certaines estimations, un tiers des pensions resterait
impayé et un autre tiers donnerait lieu à des versements irréguliers». On
remarque que cette page parle des parents en général, et non des pères en
particulier, comme le prétend l'auteure. Mais sans doute celle-ci
pense-t-elle que le mot «parent» étant masculin, il ne peut désigner que
les hommes.

Juste après, Natou donne un exemple de délit commis par un masculiniste:

> un homme qui avait été condamné à dix mois de prison pour avoir kidnappé
> ses enfants est néanmoins élu premier président du Conseil canadien des
> droits de la famille, la nouvelle fédération canadienne des groupes
> d'hommes divorcés

Puis, un peu plus loin:

> En février 2002, une quinzaine de mères et un père français sont venus
> se réfugier en Suisse Romande, pour échapper à des décisions de justice
> qui étaient, à leurs yeux, susceptibles de mettre la vie de leur enfant
> en danger.

Remarquons la différence de traitement que Natou réserve à ces deux
affaires (fort opportunément séparées par deux paragraphes, ce qui rend
le rapprochement plus difficile): alors que ces deux actes peuvent, du
point de vue du pays d'origine des parent-e-s, être également qualifiés
de «kidnapping», le deuxième est au contraire montré comme un acte
salutaire puisque les parent-e-s ne font qu'échapper à un «danger» (on
constate, du reste, qu'un homme fait partie du lot des «bon-ne-s
parent-e-s»... à quoi échappe-t-il ? Mystère !) On pourrait aussi bien
supposer que c'est la personne signalée comme coupable, dans le premier
cas, qui cherchait réellement à échapper un danger, tandis que celles
et celui qui ont fui en Suisse étaient des «kidnappeur-se-s»; l'article
passe d'ailleurs sous silence la décision des autorités suisses relative au
bien-fondé de leurs affirmations. Peut-être Natou dispose-t-elle d'éléments
qui lui permettent de trancher et de dire que le Canadien de la première
affaire était dans son tort, tandis que les Français-es de la deuxième
agissaient réellement pour le bien de leurs enfants; mais la seule chose
qui est sûre, c'est qu'elle ne juge pas utile de communiquer ses
informations au/à la lecteur-trice, qui donc n'est pas en mesure de
vérifier ses affirmations. L'article de Dufresne, qu'elle cite pour la
deuxième affaire, ne nous en dit pas plus. Par contre, elle cite un
psychiatre qui déclare, dans la première affaire: «Il me semble que l'on
conclut un peu vite dans certains tribunaux français.» Elle accepte donc,
sans aucun recul critique, une opinion qui met en doute... la compétence
des tribunaux en matière familiale, alors qu'à peine quelques lignes plus
haut, elle se plaignait que ne soient pas respectés à la lettre les
jugements de ces mêmes tribunaux relatifs au paiement des pensions
alimentaires, jugements qui à l'en croire peuvent pourtant être rendus sur
la foi d'expertises «bâclées»! On croit rêver, devant une telle pratique
du «double standard» qui l'amène à se contredire à trois paragraphes de
distance, et à faire montre d'un mépris souverain pour ses
lecteur-trice-s, supposé-e-s incapables de faire preuve de la moindre trace
d'esprit critique.

Par ailleurs, on se demande quel est exactement le rapport entre les
accusations de pédophilie et les violences sexistes.... L'auteure voudrait-
elle, tout simplement, faire un amalgame entre les «masculinistes» et les
pédophiles ?


Quant à la conclusion, c'est le pompon de chez pompon:

> Le but de cet article était de poser quelques jalons qui permettent de
> révéler l'étroite connivence existant entre des discours en apparence
> objectifs, faisant appel à des arguments pseudo-scientiques, et une
> action internationalement organisée, disposant de moyens financiers
> importants, et qui s'inscrit directement dans le système de la
> domination masculine. Ces actions relèveraient d'un véritable lobby,
> qui noyauterait le réseau internet, et s'attacherait à fournir un
> arsenal idéologique à des institutions encore fortement patriarcales
> - l'État, les tribunaux, l'école, les médias, la famille...

L'auteure y balaye d'un revers de bras le long discours à prétention
rationnelle qu'elle tenait jusqu'à présent, pour nous servir une théorie du
complot sur le thème «ils sont partout, dans les plus hautes sphères» (on
chuchote que l'agente Scully serait sur l'affaire...) - mais, comme dans
l'introduction, le «véritable lobby» n'est désigné qu'au conditionnel,
l'auteure estimant probablement qu'elle ne doit pas trop en rajouter si
elle veut rester crédible.

Cette conclusion m'apporte cependant une bonne nouvelle: je figure
probablement parmi ces mystérieux «ils», puisque je suis cité dans
l'article et que je «noyaute le réseau Internet». Pourtant, en
dehors du fait que je ne connais aucun membre de ce fameux et fumeux
lobby - mis à part ceux que j'ai pu lire dans différents forums, et que
Natou a dans cet article rappelés à mon bon souvenir -, je n'ai
malheureusement jamais vu l'ombre de ces «moyens financiers importants»
dont une part devrait m'être allouée; je prie donc Natou de bien vouloir
m'indiquer l'adresse de la plus proche agence de ces masculinistes
masqués, afin que je puisse réclamer au tésorier mes arriérés de paiement.


On voit que dans l'ensemble le discours de Natou, qui ne présente hélas
rien d'original, consiste (1) à repérer des propos qui ne lui plaisent
pas, (2) à citer ces propos hors de leur contexte pour les déformer et
(3) à insérer ses interprétations tendancieuses dans une structure
argumentative qui vise à piéger le/la lecteur-trice et à le guider vers
la conclusion de l'auteure: les «masculinistes» sont des sexistes et de
plus ils sont soit pédophiles, soit complices des pédophiles. Ainsi, la
construction par l'auteur du concept de «masculinisme» - appliqué à des
personnes qui pourtant ne s'en sont pas toujours réclamées - vise à
présenter au public une catégorie d'ennemi-e-s facilement identifiables,
car réuni-e-s sous une étiquette unique, et à les présenter comme les
partisan-e-s du sexisme et de la misogynie. L'auteure recourt notamment
à la rhétorique de l'inversion, popularisée en particulier par l'extrême
droite, qui lui permet de présenter comme sexistes des discours qui,
en réalité, ne font que dénoncer les discriminations sexuelles. La
recette est - malheureusement - peut-être efficace, mais il suffit de
lire le texte avec un minimum d'esprit critique pour repérer les
falsifications de l'auteure. Plus inquiétante, me semble-t-il, est la
façon dont l'auteure exploite la souffrance - bien réelle - dont sont
victimes les femmes afin de l'utiliser comme repoussoir universel: «si
vous prétendez que les femmes ne sont pas les seules victimes du sexisme,
c'est que vous niez l'existence de leur souffrance.» Ce discours
profondément machiste, loin de contribuer à la lutte contre le sexisme et
à l'amélioration des relations entre les sexes, ne peut que favoriser
les réactions haineuses. On peut donc s'interroger sur les véritables
objectifs de Natou dans l'écriture de cet article.

Apokrif

unread,
Feb 14, 2003, 2:02:49 PM2/14/03
to
apok...@yahoo.com (Apokrif) wrote in message news:<dfc75420.03021...@posting.google.com>...

> > En février 2002, une quinzaine de mères et un père français sont venus
> > se réfugier en Suisse Romande, pour échapper à des décisions de justice
> > qui étaient, à leurs yeux, susceptibles de mettre la vie de leur enfant
> > en danger.

J'avais oublié de relever quelques perles dans l'article cité:

http://www.24heures.ch/home/journal/gros_titres/index.php?Page_ID=6445&art_id=6452&Rubrique=Gros+titres

Encore un article qui ressert la soupe du "tous les hommes sont
violeurs,
toutes les femmes sont victimes": on commence par y lire "intervenez
pour ces
femmes qui fuient la France où leurs ex-époux abuseurs ont le droit de
visite
auprès de leurs victimes": dès le début, tout est clair, on sait que
la culpabilité est déterminée non par des actes, mais par le sexe.
Pourtant, un
peu après, on apprend que les personnes qui cherchent à protéger leurs
enfant-e-s sont "une quinzaine de mères et un père (!) français":
pourquoi ce
point d'exclamation ? La rédactrice penserait-elle qu'un homme est
moins enclin
qu'une femme à protéger sa famille ? Dans l'introduction de l'article,
elle
n'avait pas un mot pour "ces hommes qui fuient la France où leurs
ex-épouxes
abuseuses ont le droit de visite auprès de leurs victimes". L'article
mentionne
aussi l'affaire Kamal dans laquelle, rappelons-le, un homme avait
demandé
l'asile politique aux USA en raison d'abus sexuels subis par sa fille
avec la
complicité de son épouse (sa version de l'histoire a été mise en doute
par la
justice française, mais la rédactrice de _24 heures_ semble accepter
sa version
des faits, puisqu'elle cite les propos de son avocat.) Cela ne
l'empêche
pourtant pas de continuer à parler des "pères abuseurs" au lieu, par
exemple,
des "parent-e-s abuseur-se-s". Bref, on ne peut qu'être méfiant
devant des
articles de presse aussi orientés...

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