(...) le système de vote appelé « le jugement majoritaire » sera utilisé. Les participants pourront se prononcer sur tous les candidat(e)s de manière précise en leur attribuant une mention : Très Bien, Bien, Assez Bien, Passable, Insuffisant, à Rejeter (le “Système de Vote”). Chaque candidat(e) sera attribué(e) sa « mention-majoritaire », la mention soutenue par une majorité des votants contre toute autre mention. Le classement des candidats est alors déterminé par leur mentions-majoritaires.
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Comme le Jugement Majoritaire recommande 7 valeurs (le Vote de Valeur en propose 5), l'exemple ci-dessus compare les 2 méthodes de calcul avec 7 valeurs distinctes. Le Jugement Majoritaire élit Pierre (la note médiane - à 50% - de Pierre est supérieure) alors que le Vote de Valeur place Noémie très largement en tête (moyenne 1.08 pour Noémie contre 0.36 pour Pierre). On constate ici que les très forts rejets de Pierre d'une part importante de la population ne sont pas pris en considération par le Jugement Majoritaire ce qui permet l'élection de Pierre.
Si un tel scénario ne peut probablement pas se produire dans un jury (les votes des membres sont normalement convergents), ce scénario est tout à fait naturel et probable dans une élection démocratique où les opinions ont vocation à diverger.
La non pertinence du Jugement Majoritaire en démocratie
Dans le cadre d'un compétition, l'intérêt majeur du Jugement Majoritaire est de diminuer l'impact d'un membre malhonnête du jury qui favorise ou défavorise un compétiteur en lui attribuant une note décalée par rapport à la qualité objective de la prestation fournie.
Pour juger de la qualité objective de la prestation, les membres du jury doivent tous partager des critères communs destinés à guider leur vote vers des notes convergentes. A l'inverse, en démocratie, l'électeur est totalement libre de ses opinions. Il n'existe heureusement aucun critère auquel l'électeur doit se soumettre pour faire ses choix. La démocratie garantit l'anonymat du vote car l'électeur ne doit en aucune manière justifier ses choix à quiconque.
La notion de vote "sincère" (au sens de justifiable par des arguments objectifs), est primordiale pour un jury, mais s'avère un non-sens pour une élection démocratique qui doit offrir un vote "libre".
Avec le Vote de Valeur, que se passe-t-il lorsqu'un électeur réalise un vote "militant" (il donne le maximum à son candidat préféré, le minimum à tous les autres) ? S'il fait donc le choix de soutenir au maximum son premier candidat préféré, il se prive néanmoins de favoriser son deuxième au détriment du candidat qu'il rejette le plus : il gagne d'un côté ce qu'il perd de l'autre. Tous les électeurs disposent du même pouvoir d'expression dans leur vote, libre à eux de l'exploiter comme ils l'entendent : c'est le principe même d'une élection démocratique libre.
Pourquoi cette notion de sincérité est-elle alors souvent mis en avant, y compris pour une élection démocratique ?
La première explication réside dans la confusion entre jugement et élection. Cette distinction n'est pas évidente au premier abord et n'est pas culturellement ancrée ; un travail pédagogique important est nécessaire sur ce point.
La deuxième explication est d'ordre moral. Nombre d'entre nous estiment - et c'est naturel - que les électeurs devraient voter rationnellement, objectiver leurs choix et ne pas se "laisser aller" à un vote impulsif, irrationnel, caricatural... La notion de vote sincère s'apparente à cette idée d'un vote rationnel à condition de considérer la sincérité par rapport au raisonnement (rationnel) de l'électeur et non à ses sentiments, ce qui reste discutable. L'opinion politique de l'électeur qui se matérialise dans son bulletin de vote est un tout indissociable où ces deux dimensions s'entremêlent. A titre individuel, l'on peut porter un jugement moral et chercher à disséquer ces deux dimensions de l'opinion d'un électeur. Mais au niveau du système démocratique global, rechercher à établir cette distinction enfreint le principe de la libre expression démocratique et aboutit inévitablement à exclure ou minimiser l'opinion de certains électeurs qui n'auraient pas voté "correctement". Cette discrimination, même si elle est issue d'un bon sentiment, engendre des travers comme le non respect du critère du "meilleur consensus"... la boucle est bouclée !
Bonjour,
Cette explication est très parlante, et matérialise bien le souci de l'utilisation du jugement majoritaire (qui est pourtant très abouti mathématiquement) dans le contexte particulier de l'élection démocratique.
En plus de la notion de sincérité, je recommanderais de développer la notion d'égalité (qui n'est que brièvement abordée) : chaque électeur doit avoir le même "pouvoir" sur l'élection, et c'est le cas avec la méthode par somme. Au contraire, la méthode par médiane est précisément utilisée, de manière assumée, pour réduire le "pouvoir" des électeurs qui divergent : cela aussi pose un problème démocratique.
Bien cordialement,
Yann LE DU
Avec le Vote de Valeur, que se passe-t-il lorsqu'un électeur réalise un vote "militant" (il donne le maximum à son candidat préféré, le minimum à tous les autres) ? S'il fait donc le choix de soutenir au maximum son premier candidat préféré, il se prive néanmoins de favoriser son deuxième au détriment du candidat qu'il rejette le plus : il gagne d'un côté ce qu'il perd de l'autre.
Comme je l'ai dit au début, le but de ce message n'est pas de
prendre position sur l'un ou l'autre des choix, mais de tenter
d'expliquer pourquoi je comprends que le mathématicien préfère
le #1.
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Merci pour cette explication des tenants de la théorie des jeux. Tu me corrigera au besoin, formulé avec notre vision des choses, le problème que tu soulève est le suivant :
Très clairement, je ne crois pas à ce scénario dans la vie réelle d'une élection démocratique à grande échelle.
Dans une association, en cas de crispation, ce risque me semble plus
réaliste, car l'électeur est déjà impliqué et engagé. Le faible nombre
de votants et la proximité avec ses adversaires l'amène plus rapidement à
prendre des positions tranchées, voire radicales. A titre personnel, je recommanderai
d'ailleurs plutôt le vote par approbation (ie un Vote de Valeur avec 2
valeurs seulement) dans des petites associations.
Mais avec 46 millions d'électeurs, chercher à optimiser au maximum son 1/46 millionième part du résultat (!) relève d'une posture, soit très théorique, soit déjà militante... CQFD ;) ! La très grande majorité des électeurs gardent une posture plus distanciée face au fait politique; ils apprécient pouvoir donner leur opinion, sans pour autant entrer dans une démarche d'optimisation maximale de leur vote qui irait à l'encontre du ressenti qu'ils éprouvent pour chacun des candidats. Évidemment, ce n'est que mon avis, ces dimensions sociologiques sont difficilement prouvables. Je pense que c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les mathématiciens les éliminent de leur raisonnement, même si ces facteurs sociologiques sont réels et fondamentaux pour évaluer la pertinence d'un système de vote...
Je rappelle enfin que toutes les expérimentations réalisées jusqu'à
présent (à ma connaissance) ont très largement contredit ce risque. Mais
il est vrai que ce risque est lié à un phénomène d'apprentissage et de
réaction au comportement des autres, élection après élection. Donc
seule une mise en œuvre réelle du Vote de Valeur permettrait de
constater un tel phénomène au bout de 15, 20 ou 25 ans peut-être...
@Yann :
Tout à fait d'accord, l'esprit du Jugement Majoritaire est de ne pas comptabiliser les opinions qui s'éloignent de la pensée majoritaire, ou main stream diraient certains. Il n'est pas destiné à faire émerger un consensus, mais une vérité (récompenser LA meilleur prestation dans une compétition) et ne correspond pas, à mon avis, à l'esprit démocratique.
Pour conclure...
De vos deux contributions, je retiendrai que si le risque évoqué par
Stéphane s’avérait réalité (15 à 20 ans après la mise en oeuvre du
VdV...) et que cette trop grande liberté laissée aux électeurs soit
perçue négativement par les citoyens, il serait alors temps de faire
évoluer le système.
Deux options s'offrent alors : le Jugement Majoritaire ou le vote par approbation qui n'est autre que le système "primitif" du Vote de Valeur (réduit à sa plus simple forme, 2 valeurs seulement). Du fait qu'il n'a que 2 valeurs, le vote par approbation ne souffre ni plus ni moins que le Jugement Majoritaire du risque évoqué par Stéphane. Excepté le faible et (très) frustrant pouvoir d'expression du vote par approbation, ce dernier partage les mêmes avantages que le Vote de Valeur, sans souffrir des défauts démocratiques du Jugement Majoritaire. Vous aurez donc deviné ma préférence ;)
PS : Pour info, j'ai oublié de le mentionner précédemment : une vidéo youtube
avec déjà 171 000 vues (pas mal !) :
https://www.youtube.com/watch?v=ZoGH7d51bvc
Il ne parle pas du Vote de Valeur à proprement parler (mais évoque
rapidement un système de notation sur 20 que nous ne recommandons pas
non plus) et prône le jugement majoritaire... normal c'est un blog
scientifique :)