Le patriarcat, c’est quoi ?
Moise Dorcÿffffe9
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Le patriarcat,c’est quoi ?
Rédaction Tilt le 22/11/2021
3 min de lecture🧠 Niveau « J'y connais rien »
Le patriarcat régit nos sociétés depuis des lustres. Il est ancré dans de nombreuses cultures : on parle alors de société patriarcale. Il est la cause de la persistance des inégalités qui existent entre les hommes et les femmes. Mais au fait, ça veut dire quoi exactement ? Une définition détaillée s’impose !
Le patriarcat : ça vient d’où ?
Le patriarcat est un type d’organisation sociale dans laquelle l’homme monopolise le pouvoir et dicte les règles. On reprend les bases : le terme « patriarcat » existe depuis l’Antiquité. Il se réfère à la figure paternelle de la cellule familiale dans laquelle l’homme domine et détient des droits sur tout : femme, enfants, servants, animaux, richesses diverses… Ce système d'oppression a façonné nos sociétés pendant des siècles et est à l'origine de nombreuses injustices et inégalités.
Cette conception de l’homme dans la sphère privée s’est étendue à la sphère publique. Tout comme les hommes font figure d’autorité dans leur famille, les hommes âgés et expérimentés accaparent le pouvoir public. Dans l’histoire, depuis les débuts de l’agriculture il y a 10 000 ans, les sociétés patriarcales sont majoritaires. Elles se sont renforcées avec l’arrivée des religions monothéistes jusqu’à devenir la norme de nombreuses sociétés. Une norme qu’il est encore difficile de bousculer aujourd’hui pour atteindre une égalité homme-femme.
« Le système patriarcal n’est pas naturel ou inscrit dans nos gènes, mais culturel. Il n’y a donc pas de déterminisme, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car il peut être remplacé par un autre système plus équitable, plus équilibré entre les deux sexes. »
Marylène Patou-Mathis, préhistorienne, auteure de L’homme préhistorique est aussi une femme.
Patriarcat : quelles conséquences ?
L’organisation patriarcale se fonde sur la distinction entre les genres : les hommes sont davantage valorisés que les femmes. Cette conception sociale est le socle des discriminations, du sexisme et des inégalités homme-femme, et ce, dans tous les domaines de la société. Résultat ? Des droits sociaux, politiques, juridiques et économiques inéquitables. Un système injuste qui est contesté depuis des siècles.
Au XIXe siècle, à la suite de l’obtention de nombreux droits par les hommes, des groupes de femmes se rassemblent et s’offusquent de l’absence de droits civiques : elles n’ont pas le droit de vote, pas le droit de propriété, pas le droit d’avoir un compte en banque… Bref, la femme des XIXe et XXe siècles est complètement dépendante de son père, puis de son mari.
Aux XIXe et du XXe siècles, les mouvements féministes prennent de l’ampleur et entendent ouvertement « briser les chaînes de l’esclavage » comme le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) le clamait encore lors de la Grande manifestation des femmes en novembre 1971. Des Françaises ont décidé de se battre pour leurs droits et pour l'égalité entre les genres. Elles ont organisé des manifestations, écrit des livres et des articles, défié les lois et les conventions sociales.
Dans de nombreux pays, les femmes ont acquis de nombreux droits au cours du siècle dernier, notamment celui de voter. Sais-tu quel est le premier pays à avoir accordé des droits civiques aux femmes ? C’est la Nouvelle-Zélande en 1893. Et plus récemment, c’est le Koweït qui a ouvert le droit de vote aux femmes en 2015.
De grandes avancées en matière d’égalité homme-femme ont été faites partout dans le monde, mais le système patriarcal persiste et face à lui, on retrouve, les luttes féministes. Le 8 mars, des militant·e·s scandent encore : « À bas ! À bas ! Le patriarcat ! ». Encore aujourd'hui, cette organisation sociale se perpétue et reste un obstacle pour des milliers de femmes. Pour défaire ce système de domination et cette inégalité entre les genres, les mouvements féministes continuent de lutter pour atteindre une société plus égalitaire.
La lutte contre le patriarcat
Depuis quelques années, le mot « patriarcat » a pris une place centrale dans les discours féministes. Les mouvements #metoo et #balancetonporc ainsi que les affaires Weinstein ou PPDA – pour ne citer que deux exemples – ont mis la notion au cœur du débat public. Ce système qui opprime les femmes et les minorités est fortement critiqué et la remise en question du droit à l’avortement dans plusieurs États américains démontrent la fragilité des avancées faites jusqu’à maintenant. L'éducation à l'égalité dès le plus jeune âge, l'évolution des mentalités, et l'engagement croissant des hommes dans la lutte contre le patriarcat sont des actions qui continuent de faire bouger les lignes. Une société égalitaire et libre pour les femmes et les hommes ça passe par une mobilisation constante et une synergie entre les acteurs engagés dans la lutte contre le patriarcat.
Le maintien d’une résistance contre toute prétention patriarcale reste donc nécessaire. « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant », avertissait Simone de Beauvoir en 1949 dans Le Deuxième sexe.
Et toi, penses-tu qu’un jour on pourra baisser la garde ?
Pour creuser le sujet :
- Patriarcat. La domination masculine a-t-elle toujours existé ?
- Femmes et hommes, l’égalité en question
🙋♀️
Quel pays compte plus de 50 % de femmes députées ?
Par Rédaction Tilt
Merci à Mar Merita Blat, experte genre à l’Agence française de développement pour sa relecture avisée !
Inégalités hommes-femmes,la balancecontinue de pencher
Rédaction Tilt le 08/03/2021
7 min de lecture🧠 Niveau « Je me débrouille »
Ce n’est un secret pour personne... Aux quatre coins du monde, les inégalités entre les femmes et les hommes sont universelles et structurantes dans nos sociétés. Discriminations, inégalités économiques, sous-représentation du travail des femmes… Malgré les avancées, le chemin à parcourir reste long. On t’explique tout en infographie !
Inégalités hommes-femmes : discriminations à tous les étages
Tout au long de leur vie, les filles et les femmes sont confrontées à de multiples obstacles. Elles sont plus susceptibles d'être victimes de violences, elles ont moins accès à l'éducation, ou encore à la santé. Et elles continuent de toucher des salaires inférieurs aux hommes pour un travail équivalent. Ces discriminations empêchent leur épanouissement personnel… mais aussi leur autonomisation sociale, économique et politique.
Inégalités hommes-femmes dans l’accès à l’éducation
Difficultés d’accès, manque d’infrastructures et de programmes adaptés, travail domestique, mariage précoce, priorité à l’éducation des garçons… Si le taux de scolarisation des filles dans le monde est en net progrès, elles sont encore très nombreuses à ne pas pouvoir achever un cycle d’enseignement. Dans certains pays, le travail domestique réduit considérablement le temps d’études des filles, et constitue un facteur important de déscolarisation. Résultat : 2/3 des adultes analphabètes sont des femmes. Cette situation alarmante est à l'origine d'un cercle vicieux perpétuant les inégalités économiques et les injustices sociales, et privant les femmes d'opportunités économiques.
La réalité des inégalités économiques entre les sexes
Dans le monde, les femmes assurent plus des 3/4 du travail domestique non-rémunéré : ménage, cuisine, gestion du budget, soin des proches et des enfants, collecte de bois et d’eau… En France, elles consacrent en moyenne 3h26 par jour aux tâches domestiques contre 2 heures pour les hommes.
Au niveau mondial, elles produisent 50 % de la nourriture et 2/3 du travail. Mais elles ne gagnent que 10 % des revenus, n’obtiennent que 1 % des crédits et ne disposent que de 1 % de la propriété.
Le chiffre qui fait Tilt !
des personnes vivant avec 1 dollar par jour dans le monde sont des femmes.
Les inégalités entre les sexes sont particulièrement fortes dans la sphère professionnelle. Partout, les femmes sont confrontées à des difficultés d’accès au marché du travail, à des emplois précaires et à des salaires inférieurs à ceux des hommes. D’une manière générale, les travaux masculins sont valorisés par rapport aux travaux féminins, souvent invisibles (travail domestique, informel ou pour le compte du conjoint). Pourtant, selon Oxfam, le travail non rétribué réalisé par les femmes de plus de 15 ans équivaut à trois fois la valeur du secteur du numérique à l’échelle mondiale ! Cette disparité salariale et la précarité participent à leur dépendance économique et les exposent davantage aux violences et aux injustices.
Une sous-représentation des femmes dans plusieurs domaines
Bien que davantage de femmes aient accédé à des postes politiques ces dernières années, notamment grâce à l’adoption de quotas, elles occupent moins d’1/4 des sièges dans les parlements et continuent d’être largement sous-représentées dans les plus hautes fonctions. En octobre 2019, on ne comptait que 10 cheffes d’État et 13 cheffes de gouvernement dans 22 pays. On est donc bien loin de la parité ! Les femmes qui osent briser le plafond de verre et accéder à des postes de responsabilité sont souvent confrontées à des obstacles supplémentaires, tels que le harcèlement sexuel et les attaques misogynes. Ces obstacles découragent les femmes de s'engager en politique et dans d'autres domaines d'influence, et contribuent à maintenir les inégalités entre les hommes et les femmes.
Mais ce n’est pas tout ! Culture, sciences, médias, sport, gastronomie… partout le constat est le même : la sous-représentation des femmes est flagrante !
Inégalités des sexes : les chiffres qui fâchent !
Des avancées contrastées et trop lentes
En 2019, la parité a progressé dans les domaines de la santé, l'éducation et la politique (selon l’étude annuelle du Forum économique mondial portant sur 153 pays). Mais les inégalités au travail se sont creusées, avec un écart salarial global de 40 % entre les hommes et les femmes. À ce rythme, il faudrait 257 ans pour atteindre la parité économique ! Si des progrès ont été réalisés dans certains domaines, comme la santé et l'éducation, l'écart salarial persiste et les violences sexistes à l'encontre des femmes constituent des obstacles majeurs à l'égalité de genre.
« Les progrès sont là, mais ils sont encore trop lents, car 2,7 milliards de femmes se heurtent toujours à des obstacles juridiques qui limitent leurs options par rapport aux hommes. »
Kristalina Georgieva, ancienne présidente de la Banque Mondiale, directrice du FMI
L’égalité femmes-hommes, tout le monde y gagne !
L’égalité de genre contribue à la cohésion sociale. C’est un puissant facteur de développement, de croissance et de lutte contre la pauvreté. En 2015, l’OIT (Organisation internationale du travail) et le McKinsey Global Institute ont estimé que si les femmes avaient les mêmes opportunités économiques que les hommes, le PIB mondial pourrait bondir de 26 % d'ici 2025 !
De surcroît, les accords de paix qui font intervenir des femmes s’avèrent viables à plus long terme. Les parlements où siègent des femmes adoptent davantage de lois portant sur des questions sociales fondamentales comme la santé, l’éducation, la non-discrimination et les allocations familiales. L'accès à l'égalité de genre n'est donc pas seulement un impératif moral, mais aussi un investissement crucial pour l'avenir de nos sociétés.
Aucun doute : une société plus inclusive profiterait à tous, et pas seulement aux femmes ! En luttant contre les inégalités salariales, les violences faites aux femmes et les stéréotypes de genre, nous pouvons construire un monde plus juste et plus inclusif, où chacune a la possibilité de s'épanouir.
À ton avis ?
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Chaque année, le travail domestique non rémunéré des femmes équivaut à 10 900 000 000 000 de dollars.
Par Rédaction Tilt