Cette thèse traitant des relations entre la politique sociale et la pauvreté en Haïti considérée depuis quelques temps comme la République des ONG, identifie les problèmes majeurs et urgents qui nuisent au développement (insuffisance alimentaire et des investissements, explosion démographique, violence des inégalités sociales, ampleur du chômage et du sous- emploi, mauvaise gouvernance de l’Etat, politique d’assistanat, exclusion des jeunes, précarité des infrastructures et illettrisme, insécurité générale, pauvreté , accès limité à une éducation de qualité, etc.) …/…Elle - questionne l’inefficacité de la politique sociale d’Haïti, et l’incapacité des organismes et établissements sociaux publics (MAS, IBESR, ONA, CAS….) et du privé à fournir les services de base (santé, éducation, alimentation, logement…) aux populations vulnérables des bidonvilles croupies sous le fardeau de l’assistanat qui porte atteinte à la dignité des pauvres - alimente la réflexion sur la faiblesse des documents stratégiques de lutte contre la pauvreté d’Haïti et - fait le plaidoyer du social sur l’économique qui, indispensable soit- elle, demeure incapable de réduire l’arbitraire des relations riches - pauvres et de faire face aux situations critiques qui font qu’il y ait plus de pauvres dans la société haïtienne. Les résultats des analyses quantitatives obtenus à partir d’un questionnaire adressé à 320 familles pauvres des quartiers défavorisés et ceux des analyses qualitatives à partir d’un questionnaire adressé à une vingtaine de personnalités ayant travaillé dans le secteur socio- économique nous ont permis de vérifier nos hypothèses de recherche montrant l’inefficacité de la politique sociale haïtienne et les limites de l’économique en matière de lutte contre la pauvreté. …/…Dans ce pays où la marée des bienfaits de l’économie n’augmente pas au même rythme pour tout le monde, où les différences de conditions de vie et d’accès aux services sociaux sont de plus en plus grandes, où l’intervention de l’Etat dans le domaine social est très limitée parce que, incapable de penser des alternatives sociales qui permettent aux acteurs sociaux et aux organismes communautaires de mieux s’organiser pour combattre la pauvreté devenue tout bonnement structurelle. Il est clair que les pauvres sont confrontés à une situation d’injustice permanente dont ils risquent de ne jamais pouvoir se sortir sans une nouvelle politique sociale basée sur des principes de la solidarité et du bien commun. …/…Force est aussi de constater que l’exclusion économique encourage davantage la permanence de la pauvreté perçue de plus en plus comme un phénomène social dont l’éradication ou la réduction passe par le développement social et la promotion d’organismes communautaires pouvant garantir efficacement les services sociaux susceptibles d’améliorer le niveau de vie des pauvres et les faire participer à des activités sociales qui peuvent les faire bénéficier des retombées de la croissance. …/…Cette thèse propose enfin un certain nombre de balises pour faire en sorte que l’Etat et les institutions œuvrant dans les secteurs clés du développement puissent développer ensemble une stratégie de lutte contre la pauvreté axée sur l’engagement participatif des citoyens dans les organismes d’action sociale, d’activités de soutien, de solidarité, d’entrepreneuriat, d’autonomisation et non d’assistanat.