Chères et chers collègues,
Voici une annonce d’un appel à communications (ci-desous et PJ) dans le cadre du 89e congrès de l’Acfas, sur "Genre(s) et communication : enjeux éthiques, épistémologiques et méthodologiques », 12-13 mai 2022, ville de Québec.
Appel à communications Genre(s) et communication : enjeux éthiques, épistémologiques et méthodologiques
L’évolution des médias, de la communication, du numérique et des données massives interroge à nouveaux frais les problématiques de genre, et vice versa. Les études féministes et les études sur le genre en communication font en effet l’objet d’une grande effervescence ces dernières années dans la francophonie. Plusieurs dossiers de revues scientifiques en communication, et plus largement en sciences sociales, ont abordé ces questions (Recherches féministes, 2020; Revue française des sciences de l’information et de la communication, 2014; Revue africaine de Communication, 2017). Au cours des dernières années, un travail de traduction des études culturelles féministes dans la francophonie, soit l’« un des champs les plus importants par lequel les études féministes se sont imposées dans le domaine de la communication » (Lebel & Nadeau, 2000, Bertini, 2006) en permet une expansion. Les études du genre articulées aux communications et aux médias prennent de l’envergure (Brun et al., 2020 ; Mattelart, 2003), et des approches du genre en communication prennent forme au confluent des sciences de l’information et de la communication, des études culturelles et des études de genre (Cervulle et Rees-Roberts, 2010; Biscarrat, 2013, 2019; Damian-Gaillard, Montañola & Olivesi, 2014; Lallet, 2014; Lécossais, 2020). Cette rencontre est féconde et nécessaire « tant l’information comme la communication sont structurées par le genre » (Coulomb-Gully 2010 dans Biscarat, 2019).
L’objectif de ce colloque est donc d’approfondir et actualiser cette interrelation entre genre, médias et communication aujourd’hui. Au travers et au-delà de l’omniprésence du numérique, de la complexité et diversité des contenus, des médiations, trans et intermédiations possibles, la question de l’interrelation genre-communication traverse ce colloque. Prenant acte du pouvoir critique du genre à dévoiler les constructions sociales et politiques que dissimulent les concepts et savoirs (Blandin, et al. 2017; Bertini, 2009; Dalibert, 2014), ce colloque vise également à rassembler des chercheuses francophones et à faire état des travaux actuels sur trois plans.
● Éthique : il s’agit d’interroger les responsabilités des chercheu·r·e·s, leur rapport de pouvoir sur le terrain, la circulation des biais de genre (incluant leurs aspects intersectionnels) dans les dispositifs sociotechniques, et les constructions symboliques. Le binarisme de genre dans la production algorithmique et médiatique se présente comme un poids surplombant (Arnold, 2016) alors que le numérique brouille les catégories, défait et refait les rapports de genre (Boisvert, 2020), les enjeux éthiques sous-jacents à cette « dé-partition ».
● Méthodologique : l’émergence de nouveaux objets fait poindre des méthodes féministes sui generis. Il s’agit de voir comment le genre peut constituer une démarche ou méthode pour décoder les sens et significations des dispositifs (Coulomb-Gully, 2010; Julliard, 2009, 2013; Julliard et Quenemer, 2014). Le numérique, les nouvelles dynamiques de circulation, production et réception, de même que l’émergence des données massives posent de nouveaux défis au genre (Luka & Millette, 2018; Boisvert & Bélanger, 2020). L’importance que prennent la mobilisation des connaissances, la co-construction des savoirs (Migner-Laurin & Bélanger, 2012) , la recherche-création, le savoir incarné ou situé (Haraway, 1988; Delphy, 2009), ouvre des possibilités sur les terrains de la communication et des médias.
● Épistémologique : dévoiler les implicites de la démarche scientifique (Biscarrat, 2013) et les façons dont la posture, la positionnalité, le « corps genré » des chercheur·e·s (Galinon-Mélénec & Martin-Juchat, 2008) altèrent le rapport à l’objet. Une telle démarche accompagne inévitablement le foisonnement du domaine de recherche. Il s’agit de proposer des pistes pour concevoir une science (féministe) plus juste, plus éthique, plus équitable et plus inclusive (Bourdeloie 2018, 2020; Le Gallo & Millette, 2019, Brun, 2020).
Nous invitons les personnes intéressées à soumettre un résumé de présentation touchant un ou plusieurs des sujets suivants (cette liste n’est pas exhaustive) :
- les enjeux de production ou de réception des nouvelles productions médiatiques au prisme du genre;
-les spécificités médiatiques ou communicationnelles en relation avec le genre;
- les rapports sociaux de sexe sous-jacents aux sens et significations inscrits dans les dispositifs socionumériques;
-la construction des représentations de genre et d’autres rapports de minoration dans les
dispositifs médiatiques;
-la binarité́ de genre (ou sa déconstruction) dans la production médiatique et les techniques de communication;
-les méthodes féministes et/ou en études de genre et/ou intersectionnelles pouvant contribuer à l’enrichissement de la recherche francophone en communication;
- le genre à l’intersection de catégories invisibles ou non-marquées telles que la masculinité ou la blanchité dans la production, la représentation et la réception médiatique ;
- toute autre thématique pertinente s'inscrivant dans l'appel.
Format des propositions
Les propositions doivent être envoyées au plus tard le 14 février 2022 à l’adresse du colloque (colloque....@gmail.com) en indiquant le·s nom·s et l’affiliation du ou des auteur·e·s, un titre, un résumé (300 mots en format Word), et une liste des références citées.
Nous recevons des propositions de communications orales (15 minutes) ou de présentation
Hélène Bourdeloie, pour le comité d’organisation.
