Et vous, la rentrée, comment ça va ? Sinon, pendant ce temps, les juristes et politistes se mobilisent...

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Fanny Jedlicki

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Sep 23, 2022, 8:17:41 AM9/23/22
to Sociologuesdusup ASES

Bonjour à toustes,

on s'est dit au CA de l'ASES, que ce serait bien (utile et important) que nous ré-échangions sur la liste de l'asso des informations sur ce qui se passe dans nos établissements, UFR, départements respectifs... Les situations semblent si disparates, désormais.

A Rennes 2, une des facs les moins dotées par étudiant.e, au département de sociologie, on tire la langue pour faire face au nombre d'étudiant.e.s à encadrer individuellement, on recourt évidemment aux vacataires et heures sup. pour assurer les heures de cours à délivrer, avec deux demis-postes d'ATER et un support LRU, enfin on est plutôt désabusé.e.s face au relatif pouvoir que peut avoir une direction de département pour améliorer les choses. Avec des interprétations différentes de tout cela bien sûr (ici, c'est la mienne qui prévaut bien sûr) mais résultat, depuis un an, le département (environ 18,5 titulaires, dont 1 PRCE qui ne compte pas ses heures pour 650 étudiant.e.s grosso modo + une licence à distance) "tourne" tant bien que mal sans direction. D'autres départements de l'université sont à ce jour sans direction.

Pendant ce temps, les juristes et politistes de l'université de Nantes, ont réussi visiblement à s'organiser collectivement, menacer de ne pas faire la rentrée et publier la tribune ci-dessous dans Le monde. Ils auraient obtenu 3 postes ainsi, me dit-on dans l'oreillette.

Et vous, la rentrée, comment ça se passe ?

Fanny Jedlicki

« Pour la faculté de droit et sciences politiques de Nantes, le burn-out, c’est aujourd’hui »

Tribune

Collectif

Le sous-encadrement criant, la raréfaction des moyens et l’accumulation de nouvelles tâches mènent à l’épuisement les personnels de la faculté de droit de Nantes, alertent, dans une tribune au « Monde », six enseignants-chercheurs, au nom des trois quarts des effectifs.

Publié le 16 septembre 2022 à 11h30 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Les mots « crise » et « université » forment un couple soudé depuis des décennies, dont l’alliage n’a pu être entamé par les innombrables tribunes publiées par une communauté forte en plume.

Cependant, aussi endurante soit-elle, l’université – comme notamment l’hôpital et la justice – n’en est pas moins soumise au risque de burn-out dont on ne sait jamais vraiment quand et comment il se produira. Pour la faculté de droit et sciences politiques de Nantes (Loire-Atlantique), c’est aujourd’hui.

La rupture s’est matérialisée par une alerte pour danger grave et imminent concernant la santé du personnel, adressée le 3 décembre 2021 au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de Nantes-Université. Le dangereux épuisement des personnels de la faculté a été mis au jour dans un rapport qui a permis d’identifier les causes et conséquences d’un modèle de service public universitaire « low cost », maltraitant pour ses usagers et ses agents, tant enseignants-chercheurs que personnels administratifs et techniques.

Raréfaction des moyens

Cette souffrance au travail prend sa source dans un sous-encadrement criant et aggravé ces dernières années par une raréfaction continue des moyens, malgré l’assignation de missions toujours plus chronophages. Alors que le taux d’encadrement pour 100 étudiants (comprenant enseignants-chercheurs et agents administratifs et techniques titulaires) est évalué en 2021 à 8,2 pour l’ensemble des universités françaises et à 6 pour les universités de droit-économie-gestion, ce qui est déjà notoirement insuffisant, il s’établit pour la faculté de droit de Nantes à 3,2.

Ce seul chiffre devrait à lui seul alarmer l’ensemble des autorités de tutelle, mais il n’en est rien. Bien au contraire, celles-ci s’ingénient à assigner à ses quelques agents toujours plus de nouvelles tâches.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés « Enseignants et étudiants, on est déjà tous en burn-out » : le monde de l’éducation en plein désarroi face à la gestion de la crise sanitaire

Alors même qu’ils sont pour la plupart déjà contraints de multiplier les heures complémentaires pour pallier le manque de personnel, des charges supplémentaires émergent chaque année : des plus bienveillantes telles que mettre en place des conseils de perfectionnement ou des entretiens individuels tout en « développant une approche par compétence », aux plus incongrues comme introduire de la sélection tout en devant accueillir, sous le contrôle scrupuleux du rectorat, le plus grand nombre.

S’il a bien fallu renoncer à ce que les 80 enseignants de la faculté suivent individuellement plusieurs milliers d’étudiants, il n’a pas été possible en revanche de se soustraire aux injonctions de la sélection, de sorte qu’il a fallu traiter 7 000 candidatures pour Parcoursup et plus de 15 000 pour l’intégration en master. Chacun pourra faire le calcul du nombre d’heures nécessaire au traitement de 22 000 dossiers, même de manière expéditive.

Sous-encadrement

On ne saurait s’étonner que le voyant rouge soit devenu écarlate, dès lors qu’à la même période, l’emploi du temps de chaque enseignant est déjà déraisonnablement chargé : plusieurs centaines de copies à corriger et oraux à faire passer ; les soutenances de mémoires, rapport de stages ou thèses ; d’innombrables tâches administratives (réunions de multiples instances, jurys, dossier de financements, refonte des maquettes de formation, recrutement de vacataires, d’attaché temporaires d’enseignement et de recherche (ATER), de contractuels « LRU » et de titulaires, présidence de jury de baccalauréat, visites en entreprise des alternants, etc.). Le tout sans oublier ses obligations statutaires de consacrer la moitié de son temps à la recherche.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Ces deux années de pandémie de Covid-19 ont fracturé le corps enseignant d’un point de vue pédagogique »

Qui pourrait alors s’étonner que près de 75 % des enseignants de la faculté aient indiqué être souvent contraints de travailler le soir, 86 % le week-end, 97 % durant leurs congés ? La souffrance au travail n’est pas uniquement la conséquence de cette industrialisation à sous-effectif constant ; elle procède aussi de la mutilation de la vocation professionnelle de ses agents, contraints, faute de moyens, à divers renoncements, parmi lesquels celui, essentiel, d’offrir aux étudiants une formation de qualité.

Le sous-encadrement, qui semble être le paramètre prioritaire de réforme des formations, aboutit à toujours moins de prise en charge des étudiants.

Depuis 2012, les étudiants de première année de licence ont vu leur temps de présence avec des enseignants – dont on peinera à expliquer qu’ils en ont moins besoin qu’auparavant – passer de 652 à 500 heures par an, soit le minimum réglementaire pour délivrer un diplôme de licence.

« Hybridation des formations » et « tutoriels »

Alors que dans les instituts universitaires de technologie (IUT) et les classes préparatoires aux grandes écoles, les étudiants sont accompagnés par des enseignants au moins 800 heures par an, ceux des facultés doivent se former de manière toujours plus autonome. Et si l’on sait qu’à la faveur de la crise sanitaire, a émergé l’idée que le sous-encadrement chronique de la faculté pourrait être résorbé au moins partiellement grâce à ce qu’il est désormais commun d’appeler « l’hybridation des formations », consistant à transformer les cours en « tutoriels » en ligne, il faut comprendre que la pénurie de personnels n’a peut-être pas encore produit ses effets les plus délétères.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Enseignement supérieur : « Nous ne pouvons plus minimiser les séquelles de la crise »

Malgré cela, l’effectif enseignant de la faculté de droit de Nantes est loin de couvrir le volume d’enseignements d’une formation réduite à la portion congrue, puisqu’il reste tous les ans 16 000 heures d’enseignements à assurer sans titulaires. Chaque rentrée est alors suspendue au recours à 300 vacataires, soutiers de l’université payés à un taux horaire de travail effectif inférieur au smic et dont le recrutement sous tension s’apparente à la gestion bénévole d’une véritable société d’intérim.

Sans doute, beaucoup d’universités et de facultés, de droit en particulier, se reconnaîtront dans les difficultés de celles de Nantes. En toute hypothèse, il ne pourra pas être fait aujourd’hui l’économie d’un plan de redressement pour redonner à l’ensemble de ses personnels une raison de cesser de couvrir, au prix de leur santé, le manque évident de personnel.

A défaut, sans doute n’y aura-t-il plus d’autres mesures de sauvegarde que de réduire drastiquement le nombre d’étudiants admis chaque année par une capacité d’accueil restreinte en licence et master et une plus grande sélectivité dans la délivrance des diplômes.

Liste des signataires : Paul-Anthelme Adèle, maître de conférences en droit social ; Frédéric Allaire, professeur de droit public ; Valérie Boré-Eveno, maîtresse de conférences en droit public ; Virginie Gautron, maîtresse de conférences en droit pénal ; Antoinette Hastings, professeure de droit public ; Clémence Ledoux, maîtresse de conférences en sciences politiques… et quatre-vingt-seize autres signataires, représentant les trois quarts du personnel de la faculté de droit et sciences politiques de Nantes.

Collectif







Fanny Jedlicki
MCF en sociologie à l'université de Rennes 2
LiRIS/Ined

__________________



 

Leruste Marie

unread,
Sep 26, 2022, 1:19:48 AM9/26/22
to sociologuesdelens...@googlegroups.com
Cher·es collègues
Je prends quelques minutes ce matin pour répondre à votre question (La rentrée, ça va mal!) et pour partager avec vous les difficultés que je rencontre tous les ans mais qui s’accentuent d’année en année. Je passe outre les conditions dans lesquelles nous travaillons, (l’absence de matériel adéquat ou d’isolation dans les salles et les amphis par exemple) pour parler seulement ici du recrutement des chargé·es de TD qui m’occupe tous les ans entre les mois de juin et de septembre
Petit élément de contexte : les informations ci-dessous sont en grande partie celles que j’ai envoyé à la doyenne de mon UFR pour lui rendre compte de ces difficultés afin qu’elle puisse intervenir auprès de la présidence de l’université.
- Cette année, encore plus que l’année dernière, nous avons beaucoup de difficultés à recruter des collègues pour assurer les enseignements. Nous sommes seulement trois sociologues au sein de l'UFR, nous devrions être au moins 3 de plus. Mais c’est le cas dans toutes les universités, les listes de diffusion en témoignent : nous cherchons toutes et tous à recruter pour nos formations à tour de bras. Mais les conditions d’emplois de nos jeunes collègues ne les incitent plus tellement à venir enseigner chez nous. Par ailleurs, les règles de recrutement sont très contraignantes et nous obligent le plus souvent à devoir recruter des doctorant·es ou des docteur·es avec un post-doc mais même dans ces cas, rien n’est gagné d'avance (dernière histoire en date: je n’ai pas pu recruter une post-doc dont un premier contrat s’achève fin octobre et un autre commence le 1er novembre)
- J’ai du recruter cette année des enseignant·es pour assurer 45 groupes de TD dans 2 formations dont 36 groupes seulement en AES pour 3 semestres. Cela représente 14 personnes que je contacte, que j’informe des procédures de recrutement et que je suis, à la fois sur le plan pédagogique (en fournissant notamment les syllabus de TD) mais aussi administratif pour m’assurer qu’ils et elles seront bien payé·es pour les enseignements qu’ils et elles vont assurer (certaines années, il a fallu batailler).
J’ai commencé à recrutrer dès le mois de juin mais nos collègues doctorant·es ou post-doctorant·es ne savent pas toujours en fin d’année universitaire quel sera leur statut en septembre. Pour les doctorant·es les inscriptions en thèse ont lieu très souvent jusqu’en octobre ou novembre (du fait de la tenue des CST notamment), ielles ne peuvent donc pas avoir de certificat de scolarité avant au mieux début septembre. Pour les posts-docs, les contrats post-doctoraux commencent souvent en septembre. Les dossiers sont donc incomplets le plus souvent début septembre.
- Tous les chargé·es de TD que je recrute pour le 1er semestre cette année en AES sont de nouveaux enseignant·es, des jeunes collègues pour la plupart. Ils et elles n’ont donc pas d’agrément chez nous pour enseigner. (Les ancien·nes ne peuvent plus ou ne souhaitent plus enseigner chez nous, par exemple quand ielles sont payé·es au mois d’octobre pour des enseignements réalisés au second semestre de l’année précédente. Je pensais que cela "se résoudrait avec la LPPR" qui nous oblige à mensualiser les paiements mais non car j’ai appris que la loi est en fait inapplicable : il faut minimum deux mois pour effectuer la mise en paimement une fois les services établis)
- Le lien vers la plateforme de saisie des pièces administratives nécessaire au recrutement leur a été envoyé, dès le mois de juin pour certain·es, début septembre pour d’autres mais la constitution du dossier peut prendre un peu de temps, notamment compte tenu de ces histoires de certificat d’inscription que les doctorant·es ne peuvent obtenir. Après négociation avec les RH, je leur demande de faire faire une attestation par leur directeur ou directrice de thèse en attendant le certificat officiel ce qui évite le blocage de leurs dossiers.Pour les post-docs, il faut des autorisations de cumul, qu’ielles ont parfois du mal à obtenir dans leurs institutions de rattachement (cela prend du temps là aussi)
D’autres documents sont parfois impossibles à produire : on demande par exemple à un post-doc qui commence son contrat le 1er septembre de produire un bulletin de salaire… Tant que cette pièce n’est pas produite le dossier est bloqué. 
Même pour celles et ceux qui ont rempli leur dossier pendant l'été, ces derniers sont donc à la rentrée en cours d’examen, donc pas encore validés.
- Pour les nouveaux entrants, l’établissement du contrat de travail se fait une fois le dossier validé par les RH puis après l’octroi, par une commission, d’un agrément d’enseignement. Cette année, la commission se réunit le 22 septembre. Les TD commencent le 19 septembre… Au mieux, les TD pourraient donc commencer la semaine du 3 octobre.
Certains dossiers ne pourront pas passer en commission le 22 septembre car ils sont incomplets (cf. ci-dessus pour les raisons), qu'ils doivent être complets plusieurs jours avant cette date ou parce qu'ils sont déjà trop nombreux. La prochaine réunion de la commission est le 18 octobre. Sachant qu’il faut compter plusieurs jours entre l’octroi de l’agrément et l’établissement du contrat de travail, certains chargé·es de TD n’auront un contrat de travail que début novembre (voire début décembre). A cette date, il n’est même plus la peine de les embaucher puisqu’il ne restera plus que 4 séances de TD sur 10 avec les vacances de la Toussaint.
Les RH nous interdisent bien entendu de faire travailler les chargé·es de TD sans contrat (ce qui est évidemment tout à fait normal). Sans contrat de travail, pas de protection. Par ailleurs, sans contrat pas de carte professionnelle, carte qui leur permet de rentrer dans les salles. 

Que faire donc? Geler les TD et dire aux étudiatn·es qu’ielles n’auront pas d’enseignement de TD ou pire que certain·es en auront, d’autres pas. ? Faire travailler nos collègues (précaires) qui ont commencé à préparer leurs TD sans contrat?
A qui la faute? Toutes les personnes qui sont à tous les maillons de la chaîne semblent impuissantes à faire quoi que ce soit.

Pour information j’ai envoyé ce message sur les listes syndicales pour avoir un peu de soutien et savoir comment faisaient mes aurtes collègues de l’université et cela n’a pas plu du tout à la présidence. J’ai du envoyer un mail pour expliquer pourquoi j’avais signalé ces difficultés car on m’a accusé d’avoir « saisi les syndicats ». Nous devons donc nous taire et oeuvrer en silence en gérant au mieux ces injonctions contradictoires, en faisant le maximum pour préserver nos formations et garantir une équité de formations à nos étudiant·es tout en essayant de respecter nos collègues mais en bafouant le droit du travail. Le tout en ayant le sentiment de particper silencieusement à la précarisation et au mépris de notre travail d’enseignant·e chercheur et chercheuse. 

Bon dimanche et bon courage à toustes
Marie Loison

--
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marie....@free.fr

unread,
Sep 26, 2022, 4:01:34 AM9/26/22
to sociologuesdelens...@googlegroups.com
Bonjour à tous et toutes,

Tout d'abord merci beaucoup d'avoir pris le temps de rédiger ce texte qui expose clairement à la fois les conditions qui sont faites aux précaires de l'enseignement supérieur, leurs effets sur les titulaires qui s'efforcent de les recruter et globalement cet immense gâchis.
Par ailleurs, je suis naïvement étonnée (et évidemment indignée) que vous ayez dû vous défendre d'avoir "saisi les syndicats" auprès de la présidence de votre université : en quoi cela constituerait-il un manquement professionnel que l'on pourrait vous reprocher ? Le fait d'assurer des fonctions de direction d'une UFR change-t-il quelque chose aux relations que les agents d'une administration peuvent entretenir avec les syndicats ? L'un-e des abonnés-e à la liste pourrait-il/elle répondre à ces questions ?
Bon courage à tous et toutes.
Marie Charvet
MCF sociologie, Nantes Université

----- Mail original -----
De: "Leruste Marie" <marielois...@gmail.com>
À: sociologuesdelens...@googlegroups.com
Envoyé: Dimanche 25 Septembre 2022 10:49:32
Objet: Re: Liste ASES: Et vous, la rentrée, comment ça va ? Sinon, pendant ce temps, les juristes et politistes se mobilisent...

Cher·es collègues
Je prends quelques minutes ce matin pour répondre à votre question (La rentrée, ça va mal!) et pour partager avec vous les difficultés que je rencontre tous les ans mais qui s’accentuent d’année en année. Je passe outre les conditions dans lesquelles nous travaillons, (l’absence de matériel adéquat ou d’isolation dans les salles et les amphis par exemple) pour parler seulement ici du recrutement des chargé·es de TD qui m’occupe tous les ans entre les mois de juin et de septembre
Petit élément de contexte : les informations ci-dessous sont en grande partie celles que j’ai envoyé à la doyenne de mon UFR pour lui rendre compte de ces difficultés afin qu’elle puisse intervenir auprès de la présidence de l’université.

- Cette année, encore plus que l’année dernière, nous avons beaucoup de difficultés à recruter des collègues pour assurer les enseignements. Nous sommes seulement trois sociologues au sein de l'UFR, nous devrions être au moins 3 de plus. Mais c’est le cas dans toutes les universités, les listes de diffusion en témoignent : nous cherchons toutes et tous à recruter pour nos formations à tour de bras. Mais les conditions d’emplois de nos jeunes collègues ne les incitent plus tellement à venir enseigner chez nous. Par ailleurs, les règles de recrutement sont très contraignantes et nous obligent le plus souvent à devoir recruter des doctorant·es ou des docteur·es avec un post-doc mais même dans ces cas, rien n’est gagné d'avance (dernière histoire en date: je n’ai pas pu recruter une post-doc dont un premier contrat s’achève fin octobre et un autre commence le 1er novembre)
- J’ai du recruter cette année des enseignant·es pour assurer 45 groupes de TD dans 2 formations dont 36 groupes seulement en AES pour 3 semestres. Cela représente 14 personnes que je contacte, que j’informe des procédures de recrutement et que je suis, à la fois sur le plan pédagogique (en fournissant notamment les syllabus de TD) mais aussi administratif pour m’assurer qu’ils et elles seront bien payé·es pour les enseignements qu’ils et elles vont assurer (certaines années, il a fallu batailler).
J’ai commencé à recrutrer dès le mois de juin mais nos collègues doctorant·es ou post-doctorant·es ne savent pas toujours en fin d’année universitaire quel sera leur statut en septembre. Pour les doctorant·es les inscriptions en thèse ont lieu très souvent jusqu’en octobre ou novembre (du fait de la tenue des CST notamment), ielles ne peuvent donc pas avoir de certificat de scolarité avant au mieux début septembre. Pour les posts-docs, les contrats post-doctoraux commencent souvent en septembre. Les dossiers sont donc incomplets le plus souvent début septembre.
- Tous les chargé·es de TD que je recrute pour le 1er semestre cette année en AES sont de nouveaux enseignant·es, des jeunes collègues pour la plupart. Ils et elles n’ont donc pas d’agrément chez nous pour enseigner. (Les ancien·nes ne peuvent plus ou ne souhaitent plus enseigner chez nous, par exemple quand ielles sont payé·es au mois d’octobre pour des enseignements réalisés au second semestre de l’année précédente. Je pensais que cela "se résoudrait avec la LPPR" qui nous oblige à mensualiser les paiements mais non car j’ai appris que la loi est en fait inapplicable : il faut minimum deux mois pour effectuer la mise en paimement une fois les services établis)
- Le lien vers la plateforme de saisie des pièces administratives nécessaire au recrutement leur a été envoyé, dès le mois de juin pour certain·es, début septembre pour d’autres mais la constitution du dossier peut prendre un peu de temps, notamment compte tenu de ces histoires de certificat d’inscription que les doctorant·es ne peuvent obtenir. Après négociation avec les RH, je leur demande de faire faire une attestation par leur directeur ou directrice de thèse en attendant le certificat officiel ce qui évite le blocage de leurs dossiers.Pour les post-docs, il faut des autorisations de cumul, qu’ielles ont parfois du mal à obtenir dans leurs institutions de rattachement (cela prend du temps là aussi)
D’autres documents sont parfois impossibles à produire : on demande par exemple à un post-doc qui commence son contrat le 1er septembre de produire un bulletin de salaire… Tant que cette pièce n’est pas produite le dossier est bloqué.
Même pour celles et ceux qui ont rempli leur dossier pendant l'été, ces derniers sont donc à la rentrée en cours d’examen, donc pas encore validés.
- Pour les nouveaux entrants, l’établissement du contrat de travail se fait une fois le dossier validé par les RH puis après l’octroi, par une commission, d’un agrément d’enseignement. Cette année, la commission se réunit le 22 septembre. Les TD commencent le 19 septembre… Au mieux, les TD pourraient donc commencer la semaine du 3 octobre.
Certains dossiers ne pourront pas passer en commission le 22 septembre car ils sont incomplets (cf. ci-dessus pour les raisons), qu'ils doivent être complets plusieurs jours avant cette date ou parce qu'ils sont déjà trop nombreux. La prochaine réunion de la commission est le 18 octobre. Sachant qu’il faut compter plusieurs jours entre l’octroi de l’agrément et l’établissement du contrat de travail, certains chargé·es de TD n’auront un contrat de travail que début novembre (voire début décembre). A cette date, il n’est même plus la peine de les embaucher puisqu’il ne restera plus que 4 séances de TD sur 10 avec les vacances de la Toussaint.
Les RH nous interdisent bien entendu de faire travailler les chargé·es de TD sans contrat (ce qui est évidemment tout à fait normal). Sans contrat de travail, pas de protection. Par ailleurs, sans contrat pas de carte professionnelle, carte qui leur permet de rentrer dans les salles.


Que faire donc? Geler les TD et dire aux étudiatn·es qu’ielles n’auront pas d’enseignement de TD ou pire que certain·es en auront, d’autres pas. ? Faire travailler nos collègues (précaires) qui ont commencé à préparer leurs TD sans contrat?
A qui la faute? Toutes les personnes qui sont à tous les maillons de la chaîne semblent impuissantes à faire quoi que ce soit.


Pour information j’ai envoyé ce message sur les listes syndicales pour avoir un peu de soutien et savoir comment faisaient mes aurtes collègues de l’université et cela n’a pas plu du tout à la présidence. J’ai du envoyer un mail pour expliquer pourquoi j’avais signalé ces difficultés car on m’a accusé d’avoir « saisi les syndicats ». Nous devons donc nous taire et oeuvrer en silence en gérant au mieux ces injonctions contradictoires, en faisant le maximum pour préserver nos formations et garantir une équité de formations à nos étudiant·es tout en essayant de respecter nos collègues mais en bafouant le droit du travail. Le tout en ayant le sentiment de particper silencieusement à la précarisation et au mépris de notre travail d’enseignant·e chercheur et chercheuse.


Bon dimanche et bon courage à toustes
Marie Loison






Le 23 sept. 2022 à 14:17, Fanny Jedlicki < jedlick...@gmail.com > a écrit :


Bonjour à toustes,

on s'est dit au CA de l'ASES, que ce serait bien (utile et important) que nous ré-échangions sur la liste de l'asso des informations sur ce qui se passe dans nos établissements, UFR, départements respectifs... Les situations semblent si disparates, désormais.


A Rennes 2, une des facs les moins dotées par étudiant.e, au département de sociologie, on tire la langue pour faire face au nombre d'étudiant.e.s à encadrer individuellement, on recourt évidemment aux vacataires et heures sup. pour assurer les heures de cours à délivrer, avec deux demis-postes d'ATER et un support LRU, enfin on est plutôt désabusé.e.s face au relatif pouvoir que peut avoir une direction de département pour améliorer les choses. Avec des interprétations différentes de tout cela bien sûr (ici, c'est la mienne qui prévaut bien sûr) mais résultat, depuis un an, le département (environ 18,5 titulaires, dont 1 PRCE qui ne compte pas ses heures pour 650 étudiant.e.s grosso modo + une licence à distance) "tourne" tant bien que mal sans direction. D'autres départements de l'université sont à ce jour sans direction.



Pendant ce temps, les juristes et politistes de l'université de Nantes, ont réussi visiblement à s'organiser collectivement, menacer de ne pas faire la rentrée et publier la tribune ci-dessous dans Le monde . Ils auraient obtenu 3 postes ainsi, me dit-on dans l'oreillette.


Et vous, la rentrée, comment ça se passe ?


Fanny Jedlicki
« Pour la faculté de droit et sciences politiques de Nantes, le burn-out, c’est aujourd’hui »
Tribune


Collectif

Le sous-encadrement criant, la raréfaction des moyens et l’accumulation de nouvelles tâches mènent à l’épuisement les personnels de la faculté de droit de Nantes, alertent, dans une tribune au « Monde », six enseignants-chercheurs, au nom des trois quarts des effectifs.

Publié le 16 septembre 2022 à 11h30 Temps de Lecture 4 min.

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L es mots « crise » et « université » forment un couple soudé depuis des décennies, dont l’alliage n’a pu être entamé par les innombrables tribunes publiées par une communauté forte en plume.

Cependant, aussi endurante soit-elle, l’université – comme notamment l’hôpital et la justice – n’en est pas moins soumise au risque de burn-out dont on ne sait jamais vraiment quand et comment il se produira. Pour la faculté de droit et sciences politiques de Nantes (Loire-Atlantique), c’est aujourd’hui.

La rupture s’est matérialisée par une alerte pour danger grave et imminent concernant la santé du personnel, adressée le 3 décembre 2021 au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ( CHSCT ) de Nantes-Université. Le dangereux épuisement des personnels de la faculté a été mis au jour dans un rapport qui a permis d’identifier les causes et conséquences d’ un modèle de service public universitaire « low cost » , maltraitant pour ses usagers et ses agents, tant enseignants-chercheurs que personnels administratifs et techniques. Raréfaction des moyens


Cette souffrance au travail prend sa source dans un sous-encadrement criant et aggravé ces dernières années par une raréfaction continue des moyens, malgré l’assignation de missions toujours plus chronophages. Alors que le taux d’encadrement pour 100 étudiants (comprenant enseignants-chercheurs et agents administratifs et techniques titulaires) est évalué en 2021 à 8,2 pour l’ensemble des universités françaises et à 6 pour les universités de droit-économie-gestion, ce qui est déjà notoirement insuffisant, il s’établit pour la faculté de droit de Nantes à 3,2.

Ce seul chiffre devrait à lui seul alarmer l’ensemble des autorités de tutelle, mais il n’en est rien. Bien au contraire, celles-ci s’ingénient à assigner à ses quelques agents toujours plus de nouvelles tâches. Lire aussi Article réservé à nos abonnés « Enseignants et étudiants, on est déjà tous en burn-out » : le monde de l’éducation en plein désarroi face à la gestion de la crise sanitaire

Alors même qu’ils sont pour la plupart déjà contraints de multiplier les heures complémentaires pour pallier le manque de personnel, des charges supplémentaires émergent chaque année : des plus bienveillantes telles que mettre en place des conseils de perfectionnement ou des entretiens individuels tout en « développant une approche par compétence » , aux plus incongrues comme introduire de la sélection tout en devant accueillir, sous le contrôle scrupuleux du rectorat, le plus grand nombre.

S’il a bien fallu renoncer à ce que les 80 enseignants de la faculté suivent individuellement plusieurs milliers d’étudiants, il n’a pas été possible en revanche de se soustraire aux injonctions de la sélection, de sorte qu’il a fallu traiter 7 000 candidatures pour Parcoursup et plus de 15 000 pour l’intégration en master. Chacun pourra faire le calcul du nombre d’heures nécessaire au traitement de 22 000 dossiers, même de manière expéditive. Sous-encadrement


On ne saurait s’étonner que le voyant rouge soit devenu écarlate, dès lors qu’à la même période, l’emploi du temps de chaque enseignant est déjà déraisonnablement chargé : plusieurs centaines de copies à corriger et oraux à faire passer ; les soutenances de mémoires, rapport de stages ou thèses ; d’innombrables tâches administratives (réunions de multiples instances, jurys, dossier de financements, refonte des maquettes de formation, recrutement de vacataires, d’attaché temporaires d’enseignement et de recherche (ATER), de contractuels « LRU » et de titulaires, présidence de jury de baccalauréat, visites en entreprise des alternants, etc.). Le tout sans oublier ses obligations statutaires de consacrer la moitié de son temps à la recherche. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Ces deux années de pandémie de Covid-19 ont fracturé le corps enseignant d’un point de vue pédagogique »

Qui pourrait alors s’étonner que près de 75 % des enseignants de la faculté aient indiqué être souvent contraints de travailler le soir, 86 % le week-end, 97 % durant leurs congés ? La souffrance au travail n’est pas uniquement la conséquence de cette industrialisation à sous-effectif constant ; elle procède aussi de la mutilation de la vocation professionnelle de ses agents, contraints, faute de moyens, à divers renoncements, parmi lesquels celui, essentiel, d’offrir aux étudiants une formation de qualité.

Le sous-encadrement , qui semble être le paramètre prioritaire de réforme des formations, aboutit à toujours moins de prise en charge des étudiants.

Depuis 2012, les étudiants de première année de licence ont vu leur temps de présence avec des enseignants – dont on peinera à expliquer qu’ils en ont moins besoin qu’auparavant – passer de 652 à 500 heures par an, soit le minimum réglementaire pour délivrer un diplôme de licence. « Hybridation des formations » et « tutoriels »


Alors que dans les instituts universitaires de technologie (IUT) et les classes préparatoires aux grandes écoles, les étudiants sont accompagnés par des enseignants au moins 800 heures par an, ceux des facultés doivent se former de manière toujours plus autonome. Et si l’on sait qu’à la faveur de la crise sanitaire, a émergé l’idée que le sous-encadrement chronique de la faculté pourrait être résorbé au moins partiellement grâce à ce qu’il est désormais commun d’appeler « l’hybridation des formations », consistant à transformer les cours en « tutoriels » en ligne, il faut comprendre que la pénurie de personnels n’a peut-être pas encore produit ses effets les plus délétères. Lire aussi Article réservé à nos abonnés Enseignement supérieur : « Nous ne pouvons plus minimiser les séquelles de la crise »

Malgré cela, l’effectif enseignant de la faculté de droit de Nantes est loin de couvrir le volume d’enseignements d’une formation réduite à la portion congrue, puisqu’il reste tous les ans 16 000 heures d’enseignements à assurer sans titulaires. Chaque rentrée est alors suspendue au recours à 300 vacataires, soutiers de l’université payés à un taux horaire de travail effectif inférieur au smic et dont le recrutement sous tension s’apparente à la gestion bénévole d’une véritable société d’intérim.

Sans doute, beaucoup d’universités et de facultés, de droit en particulier, se reconnaîtront dans les difficultés de celles de Nantes. En toute hypothèse, il ne pourra pas être fait aujourd’hui l’économie d’un plan de redressement pour redonner à l’ensemble de ses personnels une raison de cesser de couvrir, au prix de leur santé, le manque évident de personnel.

A défaut, sans doute n’y aura-t-il plus d’autres mesures de sauvegarde que de réduire drastiquement le nombre d’étudiants admis chaque année par une capacité d’accueil restreinte en licence et master et une plus grande sélectivité dans la délivrance des diplômes.

Liste des signataires : Paul-Anthelme Adèle, maître de conférences en droit social ; Frédéric Allaire, professeur de droit public ; Valérie Boré-Eveno, maîtresse de conférences en droit public ; Virginie Gautron, maîtresse de conférences en droit pénal ; Antoinette Hastings, professeure de droit public ; Clémence Ledoux, maîtresse de conférences en sciences politiques… et quatre-vingt-seize autres signataires, représentant les trois quarts du personnel de la faculté de droit et sciences politiques de Nantes.

Collectif *

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Fanny Jedlicki
MCF en sociologie à l'université de Rennes 2
LiRIS/Ined



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valery....@free.fr

unread,
Sep 27, 2022, 4:04:12 AM9/27/22
to sociologuesdelenseignementsuperieur
Bonjour,


L’ENSFEA recrute un.e post-doctorant.e chargé-e d’enquêtes sociologiques dans le cadre d’un contrat de projet.


Mission :


Participer à un projet de recherche-action sur les filières professionnelles dites « genrées » de l’enseignement agricole (DGER, 2022-2024).

Vous trouverez ci-joint tous les éléments concernant cette offre.


Bien à vous


Valéry Rasplus

post-doctorat genre et orientation DGER DNA sept 2022.pdf
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