Motion de membres mobilisé·es du Ceraps

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Jan 10, 2024, 7:40:55 AMJan 10
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« Don’t be silent about genocide »

Les massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023, la guerre totale menée depuis par Israël et la poursuite de la colonisation en Cisjordanie ont remis les conflits du Proche-Orient à la une de l’actualité médiatico-politique. 

Il faut aujourd'hui rompre le silence international sur la situation dans les territoires palestiniens. Les exactions militaires en cours et les déclarations récentes des ministres israélien·nes montrent le caractère génocidaire de l’entreprise qui se déroule sous nos yeux, comme l’affirment de nombreuses organisations internationales. Face à cette situation, nous avons la responsabilité en tant que membres mobilisé·es du Ceraps de ne pas rester muet·tes.

Les Palestien·nes sont aujourd’hui plus que jamais en proie à un génocide. L’État d’Israël est gouverné par une coalition allant jusqu’à une extrême droite explicitement raciste et favorable à un régime d’apartheid, et dont certain·es membres appellent ouvertement à l’effacement des territoires palestiniens et de leurs habitant·es. Le 9 octobre 2023, le ministre de la Défense Yoav Gallant déclarait : « Nous éliminerons tout ». Depuis début octobre, selon l’UNICEF, l’armée israélienne aurait tué plus de 22 000 personnes dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, la tragédie actuelle ne peut être comprise sans prendre en compte la violence du long processus de colonisation subi par les Palestinien·nes. La colonisation de peuplement et l’accaparement des terres en Cisjordanie, ainsi que le blocus de la bande de Gaza, s’accompagnent de nombreuses lois et atteintes aux droits fondamentaux des Palestinien·nes, qui rendent impossible leur vie quotidienne et bafouent leur aspiration à la dignité :

  • En Israël, des lois discriminent les “Arabes” vivant sur le territoire et en font des citoyen·nes de seconde zone. C’est pour cette raison, et d’autres encore, que le terme d’apartheid est utilisé par de nombreuses organisations internationales.

  • L’État israëlien emprisonne des Palestinien·nes sous le régime de détention administrative en entravant les principes fondamentaux du droit, sans chef d’inculpation et sans procès. Avant le 7 octobre, plus de 1300 Palestinien·nes étaient ainsi arbitrairement emprisonné·es selon Amnesty International. En décembre 2023, ils et elles seraient plus de 2800 détenu·es sous ce régime de détention arbitraire d'après l'ONG israélienne de défense des droits humains HaMoked. Le recours généralisé à la torture dans les prisons israéliennes a été largement documenté.

  • L’économie palestinienne est placée sous le joug de l’administration israélienne : délivrance des permis de circulation et de travail, des autorisations pour les projets d’aménagement – notamment agricoles – en Cisjordanie occupée, inspection systématique des marchandises aux points de contrôle de l’armée israélienne, concurrence faussée avec les entreprises israéliennes en matière d'exportations, etc.

  • La destruction actuelle de Gaza fait suite à un blocus, débuté en 2007, rendant les conditions de vie très précaires (accès restreint à l’eau, à l'électricité, aux zones de pêche…). Depuis plusieurs semaines, cette situation a pris une ampleur catastrophique : bombardements quotidiens, mutilations, déplacement forcé des personnes, famine, destruction du système de santé, traumatismes psychologiques… À cela s’ajoute la démolition du patrimoine historique palestinien (musées, bibliothèques, universités, mosquées et églises...) et le meurtre ciblé d’intellectuel·les et de journalistes afin d’annihiler toute forme de pensée et d’expression culturelle autonome en Palestine. 

Afin de contribuer aux mobilisations qui exigent l’arrêt du génocide, de la colonisation, la condamnation des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité commis à l’encontre des Palestinien·nes, à Gaza et ailleurs, nous demandons ainsi, à notre échelle :

  • aux enseignant·es et aux chercheur·es de participer à la circulation des connaissances scientifiques sur ces conflits contemporains. Les libertés d’expression et académiques sont entravées; le silence ne peut perdurer. Ici, les sciences juridiques, politiques et sociales nous permettent justement de déconstruire les discours politiques et médiatiques justifiant la colonisation et le massacre d’un peuple ;

  • à la présidence de l’Université de Lille de reconsidérer les collaborations avec les institutions universitaires israéliennes ;

  • à la présidence de l’Université de Lille d’utiliser les dispositifs existants (comme le programme PAUSE) afin d’accueillir nos collègues palestinien·nes  pour profiter de leur expertise et leur permettre d’exercer leur métier d’enseignant·es-chercheur·ses dans des conditions dignes ;

  • aux associations professionnelles (Association française de science politique, Association nationale des candidat·es aux métiers de la science politique, Association française de sociologie) de jouer un rôle actif dans l’expression de solidarités en faveur de nos collègues sous les bombes, comme elles ont su le faire à d’autres occasions.

Nous, membres du personnel de l’Université, sommes à la disposition des étudiant·es de la FSJPS pour participer à des débats et autres moments de circulation de savoirs à ce sujet.

« Nous aussi, nous aimons la vie » Mahmoud Darwich (poète palestinien, 1941-2008)





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