J'ai le plaisir de vous annoncer la soutenance de ma thèse en science politique intitulée :
Vies et morts symboliques des intellectuels collaborateurs
Perdre et tenir position face au stigmate
Pour des raisons sanitaires, la soutenance se déroulera en
distanciel le
vendredi 25 novembre à partir de
9h. Si vous voulez assister à la visioconférence, merci d'écrire à Juliette Froger-Lefebvre (
juliette.fro...@live.fr) pour obtenir le lien zoom.
Le jury sera composé de :
- Jacques Cantier,
Professeur des universités, Université Toulouse - Jean Jaurès
- Antonin Cohen,
Professeur des universités, Université Paris Nanterre (Directeur de thèse)
- Bernard Pudal,
Professeur émérite des universités, Université Paris Nanterre
- Gisèle Sapiro,
Directrice de recherche, CNRS, Directrice d'études, EHESS (Rapporteure)
- Anne Simonin,
Directrice de recherche, CNRS (Rapporteure)
- Valérie Tesnière,
Directrice d'études, EHESS (Directrice de thèse)
Le résumé de la thèse est disponible ci-dessous.
Bien cordialement,
Tristan Rouquet
Résumé de la thèse :
Cette thèse porte sur les incidences biographiques et bibliographiques de l’engagement des gens de lettres
dans la collaboration. Elle s’appuie sur la prosopographie de 227 intellectuels désignés par leurs pairs comme ayant collaboré. À partir des archives
de la répression des faits de collaboration (Archives nationales, départementales, Dépôt central des archives de la justice militaire), des archives des Renseignements Généraux (Archives de la Préfecture de Police de Paris), de la bibliographie intégrale de
ces individus (Bibliothèque nationale de France), de divers écrits intimes et de la presse, cette recherche interroge l’articulation entre le capital symbolique de ces auteurs et le stigmate de la collaboration. Loin de constituer une communauté de destin
homogène, le devenir de ces intellectuels après‑guerre varie selon les condamnations prononcées à leur encontre durant l’épuration. Surtout, il change selon différents facteurs tels que, entre autres, l’âge biologique et social, ou le degré d’intégration au
marché des biens symboliques. De même, ce travail met en avant l’ambivalence d’un stigmate qui, selon les personnes et les configurations, peut fonctionner comme une contrainte (empêchement, rappel à l’ordre) ou comme une ressource (entre-soi, distinction
subversive). En prenant en compte leurs trajectoires avant, pendant et après l’Occupation, ce travail met en évidence qu’il existe plus de continuités que de ruptures dans la carrière de ces individus. Que
ces permanences impliquent, pour les enquêtés, de rester à la marge du champ intellectuel ou, au contraire, de demeurer au sein des pôles les plus légitimes de cet espace social, elles n’en incarnent pas moins une constance structurelle de part et d’autre
de la guerre. Dans ce passé qui ne passe pas, les écluses de la mémoire n’ouvrent et ne ferment pas leurs portes au hasard. Seules nous parviennent les pages de ceux que des intermédiaires culturels ont bien voulu publier, commémorer ou rendre « immortels ».
Moins qu’un « retour » diagnostiqué médiatiquement dans les années 2010, l’étude bibliographique met en lumière de ponctuelles et fréquentes réactualisations qui assurent, matériellement et symboliquement, la sourde présence de ces auteurs.