PORTRAITS DE MILLIARDAIRES ALGÉRIENS
Alger, 14/09/00 – La parution, cette semaine à Alger, d’un livre sur les
fortunes algériennes est un petit événement éditorial. « Les Milliardaires
algériens », tome I, aligne dix-sept noms qui pèsent entre 60 milliards et
quelques centaines de milliards de centimes algériens*. C'est le choix fait
par les deux auteurs: Rachid Naïli (ex-directeur de l'hebdomadaire El Hadeth
et directeur de la maison d'édition Lalla Sakina) et Adel Sayad (cadre à la
radio d'État).
Le livre ne cite pas de généraux en retraite, pourtant prospères en
affaires, ou de hauts cadres de l'Etat convertis dans le « business » , mais
ouvre sur une première galerie de personnages qui représente la partie
visible de l’iceberg. Identifiés à l’ombre du « socialisme spécifique », ou
dans la furie sanglante des années 90, ils ont fructifié leurs capitaux,
souvent dans des proportions astronomiques.
En tête, avec un capital d'environ mille milliards de centimes vient Issad
Rebrab, industriel proche du RCD et homme d'affaires actif dans plusieurs
secteurs (métallurgie, agro-alimentaire, concession automobiles, importateur
et propriétaire de plusieurs journaux).
En fait, l'essai ne prétend pas les classer par ordre d'importance. Ces
milliardaires ne sont que rarement prolixes sur leurs parcours respectifs ou
sur la consistance de leurs fortunes. Sur ce plan, Abdelkader Habchi, un
oranais qui pèse près de 15 millions de dollars, est le plus transparent.
Cet homme qui a quitté l’Algérie au début des années 60 pour le sud du
continent, a fait fortune dans le commerce du diamant avant de miser avec
succès sur la promotion immobilière aux Iles Canaries. C'est un « self-made
man » qui a fait campagne pour Bouteflika, et veut aujourd'hui « participer
au développement de son pays » en activant dans la pêche industrielle.
Chaabani Louardi, l'un des plus anciens entrepreneurs de bâtiment, a lui
aussi soutenu la candidature de Bouteflika aux présidentielles. Il « aime
bien ce qu'il fait » et révèle avoir aidé l'actuel chef du gouvernement, Ali
Benflis, en lui payant « sa chambre d'hôtel et ses études à l'époque où il
n'était que simple étudiant »… Chaabani Louardi s'est enrichi sous l'ère du
parti unique tout comme Omar Ramdane. Ce dernier, entrepreneur et industriel
en céramique, a aussi soutenu… Bouteflika. Entré dans le monde des affaires
en 1969, il a obtenu un prêt bancaire au titre d'ancien combattant de la
guerre de libération. C'était, dit-il, une manière pour Boumediene d’écarter
des hommes de la politique en les poussant vers les affaires. Mais ni lui,
ni d'autres ne résisteront à cette offre.
De la même génération, Mustapha Aït-Adjedjou s'est forgé en dehors de cet
environnement. En Syrie d’abord dans les années 70, grâce à ses entrées au
sein du régime à Damas, puis en Guinée, où il a commercé dans les produits
pharmaceutiques. Il est aujourd'hui propriétaire en Algérie de LPA
(Laboratoires pharmaceutiques d'Algérie), une firme qui pèse 350 milliards
de centimes. Aït-Adjedjou a soutenu, lui aussi, le président Bouteflika. Il
a, avec Hadjas Brahim, un autre milliardaire, co-fondateur de l'Union Bank,
un point commun: les deux hommes éprouvent une certaine sympathie pour les
réformes politiques et économiques entreprises par le gouvernement
Hamrouche.
Les nouveaux patrons du transport aérien privé, Ecoair (Mahfoud Belhadj),
Antinéa Airlines (Areski Idjerouidene) et Khalifa Airways (Rafik Khelifa)
sont présentés succinctement. Rafik Khelifa, « apothicaire» de village
jusqu'en 1992 (sic), est aujourd'hui, également, propriétaire d'une banque
privée et d'un laboratoire pharmaceutique. Il pèse autour de 200 milliards
de centimes…
Les auteurs abordent également, mais de façon sommaire, les parcours de
Hassani Abdelkrim (industriel), Mohamed Bouteldja (Concessionnaire
automobile), Zaïm Mohamed (Orangina-Algérie), Chafik Benbrahim (promoteur
immobilier) et Abbas-Torki Mahmoud (homme d'affaires). Le livre est ponctué
d'anecdotes, et parfois d'accusations lancées par ces capitaines d’
industrie.
Ainsi, le promoteur immobilier M'hamed Sahraoui s'en prend à l'ex-ministre
gouverneur d'Alger, Chérif Rahmani, devenu récemment ministre de
l'Aménagement du territoire et de l'environnement. Il estime que c'est «
l'homme aux projets fantômes » qui a permis à « tous les parasites de
réaliser des affaires sur le dos de la communauté ». Si la situation se
stabilisait, selon les auteurs, ce « dynamique promoteur » pourrait créer 15
000 emplois pour un chiffre d’affaires de huit mille milliards de centimes.
Toujours dans le créneau du bâtiment et du commerce, ce livre révèle au
public l'existence de Mohamed Bouferache, un homme qui a été proche du FIS,
qui « touche à tout » et qui est, selon les les deux journalistes « l'un des
hommes d'affaires algérien les plus obscur ».
« Les Milliardaires Algériens » est un essai réalisé par touches
impressionnistes, parfois très légères, qui laisse le lecteur sur sa faim.
Dans une Algérie des passe-droits, où règnent les puissants qui ont souvent
amassé leurs fortunes à l’ombre de la guerre et des généraux, l’enquête
menée par les auteurs pêche par son imprécision. Elle a toutefois la vertu
d'exister et de lever un tout petit pan de l'épais voile qui entoure le
monde des Algériens fortunés.
Tarik Rezzak
Les Milliardaires algériens, Tome I
Septembre 2000 (Éditions Lalla Sakina)
* 10 dinars = env. 1 franc français
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