BOUDIAF, KHIDER,
&
LE TRÉSOR DU FLN...
Recueilli par PA Barisain
EXTRAITS
Anissa Boumediène solde les comptes
Nous nous sommes faits l'écho, il y a quelques jours, d'un courrier transmis
par Me Bouzida dans lequel il prenait à partie violemment Mme Anissa
Boumediène, suite à la publication par cette dernière d'articles critiques
relatifs au Président défunt Mohamed Boudiaf. Estimant qu'il est de son
droit de répondre aux accusations portées contre elle, Mme Boumediène s'
explique longuement et en détail sur le rôle joué par les uns et les autres
pendant et après la Révolution.
L. S.
...
Dans la lettre que Mezerna, tombé en disgrâce, écrit du Caire à Aïssa
Abdelli, trésorier du MNA, le 12 mars 1955, il dit notamment : "Je comprends
que vous viviez dans une autre atmosphère et je ne pense pas être
responsable de l'acte déloyal de Smaïn. Vous auriez pu attendre une
explication de ma part, un criminel a droit à sa défense (document n°22, Les
Archives de la Révolution algérienne , page 117)."
Un autre moudjahid allait se plaindre des agissements déloyaux de Mohamed
Boudiaf, il s'agissait de Moussa Hassani, ministre des P et T dans le
premier gouvernement Ben Bella. Ancien officier de la wilaya I, il
démissionnait de ses fonctions de député au début du mois de juin 1964.
...
Le 6 juillet de la même année était constitué un Comité national de la
défense de la Révolution (CNDR) où siégeaient Aït Ahmed, Boudiaf, Moussa
Hassani, le colonel Chaâbani et le commandant Si Moussa (Ben Ahmed).
En effet, le banquier suisse François Genoud, qui fut administrateur à la
Banque commerciale arabe de Genève, où étaient entreposés les fonds du FLN,
et qui, par conséquent, a eu une bonne connaissance de la gestion de ces
fonds, témoigne, dans la biographie que lui a consacrée Pierre Péan
(intitulée L'Extrémiste, page 317) que Boudiaf, qui avait reçu six millions
de francs suisses, "a pris la part de Moussa sans rien lui dire (Boudiaf ne
lui a fait parvenir que 200 000 francs français)". Moussa Hassani fut
révolté par l'attitude de Boudiaf si bien, comme l'écrit Pierre Péan, "qu'
une violente altercation éclata entre les deux hommes devant l'hôtel" d'
Angleterre à Ouchy. "Tu m'as trahi !", hurlait Moussa à l'adresse de
Boudiaf.
Précisons que des gens qui ont bien connu Moussa Hassani peuvent confirmer
le témoignage de Genoud. Ramdane Redjala qui, comme il le signale lui-même
dans son livre L'Opposition en Algérie depuis 1962, a été dix ans membre du
PRS (parti de Boudiaf) de 1968 à 1978, a bien connu celui-ci et confirme les
propos du banquier suisse à l'égard de Boudiaf (page 114) qui "s'est
constitué une fortune colossale au Maroc, à l'abri des menaces de
nationalisations avec des capitaux dont l'origine est pour le moins suspecte
et sur laquelle Boudiaf ne s'est jamais expliqué franchement et
publiquement", et il précise encore (pages 167 et 168) que "Mohamed Khider a
généreusement subventionné le FFS, le PRS/CNDR et l'OCRA de 1964 pour les
deux premiers et de 1966 pour le dernier.
Ces mouvements ne connaîtront donc pas les graves difficultés de trésorerie
qui affectent généralement les partis d'opposition.
...
Mohamed Boudiaf et ses amis se sont constitués une solide fortune au Maroc."
En quoi suis-je une calomniatrice lorsque je cite ces auteurs et que Nacer
Boudiaf reconnaît lui-même que son père a bénéficié de l'argent du FLN (qui
fut donné par les États à l'Algérie en guerre) dans une interview donnée à l
'hebdomadaire Ech-Chourouk du 29 janvier ?
Ramdane Redjala, membre durant dix ans du PRS, a vu comment fonctionnait le
parti. Il le décrit lui-même dans son livre et il dit que cela a nécessité
beaucoup d'argent. Comment pourrais-je accepter que l'on compare le
Président Boumediène à Mohamed Boudiaf qui, jusqu'à la mort de mon époux, a
dénigré toutes les réalisations de l'Algérie indépendante, sans exclusive,
et mentionné à l'encontre du Président les plus noires calomnies dans la
revue française Paris Match alors qu'il se trouvait dans le coma.
...
Boudiaf quitte l'Algérie le 26 octobre 1954. Il n'y remettra jamais les
pieds durant toute la durée de la guerre et ne reviendra qu'en juin 1962.
"Ce qui explique ce jugement de Larbi Ben M'hidi lui reprochant de "traîner
la souveraineté du FLN à la semelle de ses souliers" " , écrit Mohamed Harbi
(FLN, mirage et réalité, page 166).
...
Abdelkrim Hassani, qui saisit n'importe quelle occasion pour lancer des
insinuations perfides et mensongères à l'égard du Président Boumediène, (on
se souviendra de son article dans El Moudjahid qui soutenait la politique
gazière de Nabi qui fit perdre à l'Algérie 40 milliards de dollars de
contrats gaziers ; on se souviendra de ses basses attaques tentant de semer
la suspicion sur des cadres compétents et honnêtes) a, lui aussi, la mémoire
courte. Il a sans doute oublié que Larbi Ben M'hidi et Abane Ramdane, deux
héros au cour pur et que je respecte infiniment, n'ont pas voulu de Boudiaf
et de Ben Bella au congrès de la Soummam.
On constate, en effet, que suivant les termes d'une lettre dont la copie a
été saisie sur Ben Bella, le jour de son arrestation, le 22 octobre 1956,
que Boudiaf et Ben Bella ont été jugés indésirables au congrès de la
Soummam, puisque ce dernier écrit : "Ceux de l'extérieur qui ont attendu
patiemment huit jours à Rome d'abord et quinze jours à Tripoli ensuite le
signal promis par Hansen pour rentrer au pays, n'ont pas participé à l'
élaboration d'un travail si capital." Hansen était le pseudonyme de Abane.
(Document n° 34, Archives de la Révolution algérienne, page 168).
Il faut savoir que, selon les propos mêmes de Boudiaf, la répartition des
tâches au sein de la délégation extérieure faisait que lui et Ben Bella se
chargeraient des questions militaires et donc de l'approvisionnement en
armes, tandis que Khider et Aït Ahmed s'occupaient des questions politiques.
Boudiaf dit : "Je n'ai pu entrer en contact avec Mohamed Larbi Ben M'hidi qu
'au mois de mars 1955. Nous nous sommes rencontrés à Oued Mellouya et il
demandait avec insistance des armes. Il disait : "Des armes ! Des armes !
Sinon, c'est l'asphyxie !" ( Complot sur scène, page 45). Or, les
participants au congrès de la Soummam en août 1956 vont formuler des
reproches justifiés contre Boudiaf et Ben Bella en ces termes :
"Permettez-nous après cet exposé de vous faire part d'une critique de fond
qui vous est faite par tous les frères congressistes et les combattants en
général. Il s'agit du problème du matériel - des frères vous reprochant de n
'avoir pratiquement pas fait grand-chose pour ravitailler les maquis en
armes... Il est de notre intérêt à tous de ne pas vous cacher la vérité même
si elle est amère. Au congrès et dans le maquis, les frères combattants ont
été furieux de votre carence dans ce domaine, d'autant qu'on nous réclame
des armes de partout." (Document n° 35, Archives de la Révolution
algérienne, page 169)
La réponse de Ben Bella est saisie sur un des dirigeants de la Fédération de
France en février 1957. Dans cette lettre, adressée aux dirigeants du FLN,
Ben Bella, tout en cherchant à minimiser cette carence confirme
implicitement la justesse des accusations portées contre lui et Boudiaf par
les congressistes de la Soummam en août 1956. Il écrit en effet : "De quel
droit décrétez-vous d'autorité que nous n'avons pratiquement pas fait
grand-chose pour ravitailler les maquis en armes par le seul prétexte que
les wilayas II, III, IV et VI n'ont rient reçu, alors que les autres
wilayas, plus favorisées pour des raisons indépendantes de notre volonté
(géographie), ont reçu le matériel annoncé ci-dessus ?
Il faut donc déduire que pour vous, l'Algérie ce sont les wilayas II, III,
IV, VI et seulement ces wilayas ? Vous me permettez alors de vous dire que
ça ne serait pas penser en responsables présidant aux destinées d'une
Révolution nationale. Le congrès ayant rassemblé précisément ces seules
wilayas II, III, IV et VI défavorisées sans que nous y soyons pour rien, et
pour reprendre vos propres termes "les frères congressistes et combattants"
nous reprochent de n'avoir pratiquement pas fait grand-chose pour
ravitailler le maquis en armes." Je vous dis fraternellement que
personnellement :
1- Je récuse votre jugement. Je le récuse d'autant plus que Abbane, dans une
de ses lettres que nous gardons toujours, avait prétendu que les frères de
Kabylie et du Nord-Constantinois avaient l'impression que Ben Bella et
Boudiaf "faisaient du favoritisme" et que le même Abane a écrit, comme je le
soulignais plus haut en parlant de nous : "Ils ne pensent pas à nous, parce
que nous sommes des Kabyles."
2- Je considère que vous nous fournissez la meilleure preuve de la
non-représentativité du congrès, quand, faisant fi du jugement des autres
frères des zones non représentées au congrès, vous dites les frères
congressistes et combattants vous reprochent de n'avoir pratiquement pas
fait grand-chose pour ravitailler le maquis (document n°35, Archives de la
Révolution algérienne, page 171).
Boudiaf comme Ben Bella ont toujours contesté le Congrès de la Soummam du
fait qu'ils n'y avaient pas assisté et qu'ils y avaient été fortement
critiqués pour n'avoir pas approvisionné en armes quatre wilayas sur six.
Dans un document adressé au journal français Le Monde, du 18 avril 1964, Ben
Khedda assurait que lors du congrès de la Soummam, les chefs de maquis y
dressèrent le bilan de la délégation extérieure et que ce bilan fut jugé
négatif : pas d'armes, pas d'hommes, pas d'argent, comme promis.
Boumediène a vécu sur le terrain la Révolution. Le rapport militaire qu'il a
rédigé et lu lors de la réunion des Dix qui se tient à Tunis du 11 août au 9
novembre 1959 et qui se groupe les principaux chefs militaires de la guerre
de Libération, nous renseigne sur le remarquable travail d'organisation qui
a été accompli sous son commandement.
Pendant ce temps, Boudiaf et ses compagnons sont en prison et ne connaissent
de la Révolution que ce que l'on veut bien leur faire connaître. D'ailleurs,
Aït Ahmed reconnaîtra honnêtement, lors de la réunion du CNRA, qui se tient
à Tripoli, après la signature des accords d'Evian : "Quelqu'un qui a
contribué en 1957 d'une manière effective a contribué plus que moi qui suis
resté en prison. Lorsqu'on n'a pas participé pleinement, on n'est qu'un
figurant au sein de la direction." (procès-verbal du 29 mai 1962, page 136).
...
Faut-il rappeler que depuis juillet 1962, chaque mois, les vivres américains
(farines et céréales, lait condensé, huile) parvenaient à l'Algérie où ils
étaient distribués à la population nécessiteuse ? On estimait à Alger en
1963 que près de quatre millions de citoyens (sur une population de dix
millions de personnes) bénéficiaient de ces distributions de vivres ( Le
Monde 21 août 1964, page 3).
Combien de milliers de citoyens aurait-on pu faire vivre avec ces milliards
confisqués ?
Car, que cela plaise ou non, les faits sont têtus. Comme le signale Le Monde
du 21 avril 1964, la gestion financière de Khider d'août 1962 à avril 1963
est mise en cause au congrès du parti où plusieurs fédérations lui réclament
des comptes.
Le 5 juillet 1964, haranguant la foule du balcon du forum, Ben Bella dit de
Khider :
"Il a quitté l'Algérie et emporté avec lui six milliards qu'il a déposés en
Suisse. Lui et ses semblables relèvent désormais des tribunaux de droit
commun."
Puis, s'adressant en français à Khider, il a ajouté :
"Monsieur Khider, vous ressemblez à un animal bien nourri qui s'appelle la
hyène.
Vous croyez sentir l'odeur du cadavre, mais vous avez un mauvais odorat, car
l'Algérie se porte bien. Nous allons maintenant exécuter les traîtres", a
poursuivi Ben Bella ( Le Monde 7 juillet 1964).
Le 4 juillet 1964, le gouvernement algérien et le parti du FLN ont requis un
séquestre civil sur les biens dans les banques où il est vraisemblable que
ces fonds ont été déposés. Deux jours plus tard, le gouvernement algérien et
le FLN déposent une plainte pour abus de confiance et détournement de fonds
entre les mains du procureur de la République du canton de Genève.
Après avoir entendu M. Aït Hocine, membre du bureau politique du FLN et
délégué du gouvernement algérien qui confirme sa plainte, le juge d'
instruction genevois Roger Dussaix ordonne immédiatement le séquestre pénal
de tous les fonds déposés, soit au nom du bureau politique, soit au nom de
Khider, soit au nom d'un tiers avec procuration de Khider et ce, dans toutes
les banques fonctionnant sur le territoire de la Confédération ( Le Monde 9
juillet 1964).
Khider se rend le 18 juillet chez le juge d'instruction. Entendu pendant
sept heures, dit Le Monde du 21 juillet 1964, M. Khider, qui s'était
présenté seul devant le juge, a affirmé qu'il a détourné ces fonds à bon
escient.
Toutes les tendances de l'opposition doivent, selon lui, être en possession
de ces sommes qui sont l'argent de l'Algérie et non de " son gouvernement
actuel. Auparavant, Khider a tenu une conférence de presse à Genève où il
déclare : "Instruit par les tripotages de Ben Bella, j'ajoute que l'argent n
'est pas là où il le croit. Il est en sécurité. Ben Bella a parlé de six
milliards. Il est possible qu'il y en ait beaucoup moins. Il est possible qu
'il y en ait beaucoup plus."( Le Mondedu 6 juillet 1964).
Le 13 novembre 1964, M e Antoine Hafner, avocat de Khider, indique que ce
dernier "a effectivement retiré avant l'ouverture de la procédure d'
instruction déclenchée par la plainte du gouvernement algérien les quelque
60 millions de francs qu'il avait en dépôt à la Banque commerciale arabe de
Genève" ( Le Monde du 15-16 novembre 1964).
Lors d'une autre conférence de presse tenue en août, Khider déclare à propos
de ces fonds qu' "une partie importante a pu être remise à l'opposition qui
a déjà un début de budget et le reste lui parviendra au fur et à mesure des
possibilités. Ces fonds sont à la disposition de l'opposition jusqu'au
dernier centime. Ils ne sont d'ailleurs pas là où M. Ben Bella pense les
trouver." ( Le Mondedu 29 août 1964).
Sur le plan strictement pénal, il s'agit bien d'un détournement de fonds qui
ont été partagés du vivant de Khider qui est lui-même sous le coup d'une
plainte pénale, et les juristes (non les avocats marrons) savent fort bien
que lorsqu'une personne reçoit des fonds détournés en le sachant, elle est
considérée aux yeux de la loi comme un receleur.
Une perquisition est effectuée le 26 octobre 1964 au domicile de Khider à
Lausanne où plusieurs documents sont saisis.
Le Conseil fédéral suisse, se fondant sur l'article 70 de la Constitution,
décide, le 27 octobre 1964, d'expulser Khider. Par la suite, des
sauf-conduits lui seront accordés pour qu'il puisse se rendre aux
convocations qui lui seront adressées par le parquet genevois ( Le Monde du
29 octobre 1964).
Après son expulsion de Suisse, Khider, qui se trouve en France, déclare à
propos des papiers saisis à son domicile : "Ce sont ceux qui ont trait aux
fonds du FLN et qui constituent la preuve qu'une importante partie de cet
argent a été versée à l'opposition." ( Le Monde du 30 octobre 1964).
Khider demande au Conseil fédéral suisse de rapporter la mesure d'expulsion
qui le frappe, car "il est extrêmement rare qu'une décision de ce genre y
soit prise directement à l'échelon suprême sans laisser ouverte une voie de
recours" Le Mondedu 3 novembre 1964). La mesure d'expulsion est maintenue.
Khider, qui se trouve après cette expulsion de Suisse, à Paris, apprend
également qu'il n'est plus autorisé à séjourner en France, cependant on le
laisse libre du choix de sa destination ( Le Monde du 20 novembre 1964).
Il est connu en droit que lorsqu'une personne qui fait l'objet d'une plainte
pénale meurt, l'action pénale est éteinte. Mais le gouvernement algérien
relancera l'affaire sur le plan civil face à la BCA, qui est en principe
responsable du fait qu'elle n'a pas appliqué les mesures de séquestre civil
qui furent prises avant celles de séquestre pénal.
L'affaire sera portée devant des juridictions successives et elle n'était
pas encore résolue à la mort du Président Boumediène. Je ne m'étonne pas que
ceux qui furent d'éternels perdants depuis l'été 1962 déversent encore leurs
rancours et leurs jalousies sur ma personne et sur celle de mon mari, parce
que tout au fond d'eux-mêmes, ils se savent bien insignifiants.
Qu'ils écrivent des mensonges gros ou petits, qu'ils fabriquent des faux en
cherchant désespérément à faire parler d'eux à défaut de travaux éminents,
qu'ils inventent les histoires les plus abracadabrantes, même pas dignes d'
émailler de vulgaires romans de gare ils ne m'impressionnent nullement et ne
méritent de ma part que le plus grand mépris.
Après tout, les prétoires ont leurs avocats marrons tout comme les églises
leurs prêtres défroqués.
Le proverbe arabe ne dit-il pas : "Les chiens aboient et la caravane passe."
ANISSA BOUMEDIÈNE
Avocate et chercheur universitaire
http://algerie-francaise.net/enquete/anissa.shtml
Corruption et Démocratie en Algérie
DJILLALI HADJADJ
Journaliste au quotidien El Watan, Djillali Hadjadj démonte les mécanismes
de la corruption en Algérie. Les premiers détournements y ont eu lieu avant
l'indépendance. Dès le début de la guerre, le « trésor du FLN », cagnotte de
toutes les cotisations versées par les sympathisants en Europe, est l'objet
de toutes les convoitises. Placé dans une banque suisse, il sera
mystérieusement dilapidé, le Trésor algérien ne récupérant, en 1979, que 2
millions de francs suisses sur un total estimé à 43 millions en 1962. Suit
une analyse sur la propagation de la corruption, d'abord au sein des
premiers cercles du pouvoir (présidence de Houari Boumediène) puis dans
l'ensemble des rouages de l'économie (présidence de M. Chadli Bendjedid).
Mais l'intérêt majeur de cet ouvrage est qu'il contient nombre de
révélations sur la puissante mafia « politico- financière », où se côtoient
anciens responsables du régime, militaires et même islamistes.
AKRAM ELLYAS
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/03/ELLYAS/11812
A Alger, les rumeurs les plus folles courent sur Khalifa.
On le soupçonne tantôt d'avoir hérité d'une partie du trésor de guerre du
FLN, tantôt d'être l'homme de paille d'un des parrains de l'économie
nationale, ou encore d'être la société écran d'un émirat du Golfe.
L'homme d'affaires, qui n'a pas souhaité nous rencontrer, ne manque pas d'
humour: lorsqu'on lui pose la question sur l'origine de ses capitaux, il s'
esquive volontiers, paraît-il, d'une pirouette: «C'est l'argent des
Saoudiens, le blanchiment de l'argent des militaires et, quand il faut, le
pavot!», sans pour autant lever le voile. Khalifa Group, en effet, ne publie
ni comptes ni bilan. Conseillé par Raghid el-Chammah, le patron de la
société de communication Euromed Liban, un lobbyiste très introduit dans le
Tout-Paris, le groupe diffuse simplement des brochures édifiantes vantant
les «capacités de rêve du stratège implacable, ce mélange optimal d'
intuition et de savoir-faire» du fondateur, «sollicité par d'innombrables
leaders économiques et politiques de multiples pays».
Tout a commencé à la fin des années 1980. L'Algérie s'avance à pas hésitants
vers l'économie de marché, qui ressemble encore, comme on dit à Alger, à « l
'économie de bazar». Le pays manque de tout. Les besoins sont immenses.
Grand cacique du FLN qui a participé à la mise en place des services secrets
algériens en 1962, ex-ministre de l'Industrie, Laroussi Khalifa, reconverti
sur le tard dans la pharmacie, meurt en laissant une petite officine
familiale dans la banlieue d'Alger. Son fils Rafik, formé chez les jésuites
et lui aussi diplômé de pharmacie, s'ennuie ferme derrière le comptoir. Il
se lance dans le business du médicament. Cela tombe bien: le monopole d'Etat
sur l'importation vient de tomber. C'est l'époque de la libéralisation sans
contrôle.
Le jeune pharmacien obtient le précieux sésame: l'agrément sur l'importation
de médicaments. Bingo! «L'Algérie est le seul pays au monde qui ne négocie
pas les prix des produits pharmaceutiques à l'importation: les médicaments y
coûtent excessivement cher, explique le journaliste Djilali Hadjadj dans son
essai "Corruption et démocratie en Algérie" (2). C'est aussi le seul pays
dont la Sécurité sociale continue à rembourser tous les médicaments, même
ceux de confort.»
http://www.nouvelobs.com/articles/p1967/a22080.html
Polémique autour d'un assassinat politique
L'affaire khider
Le 14 décembre 1967, mohamed Khider, personnalité emblématique du mouvement
national algérien, était assassiné dans une rue de Madrid. Pionnier de la
militance révolutionnaire, cadre éminent du MTLD, fondateur du FLN, Mohamed
Khider était surtout connu après l'indépendance du pays comme un
irréductible opposant aux pouvoirs établis. Il s'était d'abord heurté à
Ahmed Ben Bella qui l'avait destitué de son poste de secrétaire général du
FLN avant de l'en exclure en même temps que Mohamed Boudiaf et Hocine Aït
Ahmed. Comme il était également le trésorier du parti, il avait la haute
main sur les fonds du FLN évalués à quatre milliards de francs de l'époque.
Qualifiée de trésor de guerre, cette somme colossale pouvait permettre à
Mohamed Khider de déstabiliser le régime en place à Alger. Il n'y a pas d'
indices probants pouvant conforter cette hypothèse. En outre, le coup d'Etat
du 19 juin 1965 ne réconcilia pas Mohamed Khider avec la nouvelle équipe
dirigeante. Le colonel Houari boumediène, qui venait de renverser Ahmed Ben
Bella, ne trouva pas plus de grâce aux yeux de l'exilé algérien qui restait
obstinément rivé à son rejet d'un système avec lequel il était
définitivement en désaccord. Profondément croyant, hostile aux options
marxisantes que Ben Bella avait imprimées à la marche du pays, Mohamed
Khider, avec les moyens financiers qu'il détenait par ailleurs, pouvait
devenir le chef consensuel et charismatique d'une opposition qui ne pouvait
s'exprimer et s'affirmer qu'en dehors d'un pays alors totalement verrouillé.
Par Amine Lotfi
http://www.elwatan.com/journal/html/2002/12/11/sup_html.htm
Chefs de la révolution
Les 11 chefs historiques de la révolution, fondateurs en mars 1954 du
Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua).
Nés entre 1912 et 1932 (moyenne d'âge 33 ans).
Origine : ruraux ou de souche rurale de l'est du pays (Alger, Kabylie,
Constantinois), sauf Ben Bella (de Marnia, frontière marocaine).
Descendants de grandes familles déclassées (Boudiaf, Aït-Ahmed, Ben M'Hidi),
et d
es petits notables (Ben Boulaïd, meunier et entrepreneur de transports ;
Belkacem Krim, fils d'un colporteur devenu caïd ; Didouche, fils d'un
cafetier-restaurateur ; Khider et Bitat étaient de modestes salariés).
Langue parlée : 4 étaient berbérophones (Abane, Aït-Ahmed, Krim, Ben
Boulaïd), les autres, arabophones, maîtrisaient l'arabe écrit (Aït-Ahmed et
Khider).
Tous avaient une éducation musulmane (Khider et, dans une moindre mesure,
Ben Bella étaient profondément musulmans ; Aït-Ahmed et Boudiaf étaient de
tendance laïque).
D'instruction primaire française, Ben M'Hidi, Ben Bella, Aït-Ahmed avaient
entamé des études secondaires, Boudiaf, Ben Bella (qui fut décoré) et Krim
avaient servi dans l'armée française : Boudiaf, Abane, Krim dans
l'administration.
Tous s'étaient engagés dans le ppa-mtld et dans l'OS : ils avaient connu la
clandestinité, certains la prison (Ben Bella s'en était évadé).
Le 22-10-1956, Ben Bella, Boudiaf, Khider et Aït-Ahmed, les 4 responsables
de l'extérieur, furent arrêtés à la suite du détournement de l'avion
marocain les transportant à Tunis ; Abane (qui, libéré de prison en janv.
1955, avait rejoint le fln) put imposer au congrès de la Soummam les
décisions qu'il avait inspirées en leur absence : primauté de l'intérieur
sur l'extérieur, du politique sur le militaire, représentation des anciens
partis ralliés dans les instances dirigeantes du fln.
Après le transfert de la direction d'Alger à l'extérieur en 1957, Abane fut
abandonné par Krim, et assassiné par ordre du colonel Boussouf.
Le pouvoir exécutif revint aux colonels de wilayas, Krim, Boussouf et Ben
Tobbal, associés et rivaux.
Sur les 11 chefs historiques,
3 sont morts au combat ou en captivité (Didouche 1955, Ben Boulaïd 1956, Ben
M'Hidi 1957) ;
3 ont été assassinés par des compatriotes (Khider 1967, Krim 1970, Boudiaf
1992) ;
5 ont été emprisonnés ou exilés après l'indépendance.
3 étaient en vie en août 1999 (Bitat, Ben Bella et Aït-Ahmed).
Hocine Aït-Ahmed (né 1926). 1956 membre du fln au Caire et du CNRA, 1er
responsable de l'OS (Organisation spéciale).
-22-10 arrêté avec Ben Bella.
1962 libéré.
1964-19-10 arrêté pour avoir créé le 29-9-1963 le ffs (Front des forces
socialistes), levé des troupes et organisé l'" insurrection kabyle "
(lorsque les Marocains lançaient " la guerre des sables " pour reprendre la
région de Tindouf), condamné à mort pour " menées contre-révolutionnaires ",
gracié.
1966-30-4/1-5 s'évade de la prison d'El-Harrach : exilé.
1989 amnistié (15-12 retour en A., juillet 92 en Suisse).
http://www.quid.fr/WEB/ETATS/DZ/Q025460.HTM
BOUDIAF, KHIDER, TRESOR DU FLN...
Anissa Boumediène solde les comptes
Nous nous sommes faits l'écho, il y a quelques jours, d'un courrier transmis
par Me Bouzida dans lequel il prenait à partie violemment Mme Anissa
Boumediène, suite à la publication par cette dernière d'articles critiques
relatifs au Président défunt Mohamed Boudiaf. Estimant qu'il est de son
droit de répondre aux accusations portées contre elle, Mme Boumediène s'
explique longuement et en détail sur le rôle joué par les uns et les autres
pendant et après la Révolution. L. S.
ANISSA BOUMEDIENE
Avocate et chercheur universitaire
Le Soir d'Algérie.21 et 22 02 2001
http://pourinfo.ouvaton.org/actualites/social%20et%20politique/boumedienne.h
tm
Le syndicat du crime :
Le premier Président de l'ère de la guerre utilisait le terme de « la mafia
plitiquo-finançière », le dernier en fonction a utilisé cette même formule à
Tipaza le 20 octobre 1999 pour dénoncer « l'action destructive des clans d'
intérêts qui détiennent de main de fer l'économie du pays ». il accuse même
en les citant les services de sécurité, les douanes, les hauts
fonctionnaires et les officiers supérieurs.
Mais sans citer de nom, il déclare seulement « n'ayez pas peur, ils ne sont
que 4 chats ». Il cite M. Sucre, M. café pour dénoncer les importateurs sans
foi ni loi, qui importent et commercialisent des produits contrefaits,
avariés et parfois même toxiques, » notamment dans le secteur pharmaceutique
et agroalimentaire. Il ne dit pas que ces importateurs sans foi ni loi
représentent la loi, car il le dit pour gagner la foi des foules. NB : le 20
octobre était un jour de compagne électorale. La « lessive » qu'il disait
aller faire pour le régime s'est avérée une opération de blanchiment.
L'essentiel est qu'une réalité fut dévoilée : une caste de barons, officiers
supérieurs et apparatchiks, la plupart en retraite, ou en retrait, se
partagent l'Algérie. Une nomenklatura de loups dont chacun chasse pour son
propre compte mais s'unissent pour se défendre. Et même pire que les loups,
car les loups ne s'entre-tuent pas. L'affaire Betchin est là pour rappeler.
Son prédécesseur à la tête des services est aussi là pour le rappeler. Kasdi
Merbah, fut liquidé car il s'est mis à critiquer de plus en plus ceux qu'il
appelait « les rats du système ».
Déjà, avant la guerre, les responsables se comportaient comme des mafiosi.
Tout était sujet au pillage, même le sable des plages. Chaque nouveau maire
refaisait les trottoirs pour masquer les détournement des deniers publiques.
Les gourbis pullulaient et les somptueuses résidences d'Etat se vendaient au
dinar symbolique. Le gaspillage et le laisser-aller sont devenus un mode de
gestion, le détournement et la corruption monnaie courante.
Avec la guerre, d'autres modes d'enrichissement sont apparus : les milices,
les suppléants des élus communaux et nationaux, les sociétés d'
import-import, et surtout le terrorisme comme alibi pour le pillage. Du
simple fait qu'un simple ouvrier détourne la cargaison de son camion ou le
coffre de son agence, puis l'incendie en accusant les terroristes, aux
grands crimes économiques comme l'incendie de l'ENIEM : les assassins
virtuels lavent les mains des voleurs réels. Pis, le pillage et la
corruption se servent même de La lutte contre la corruption.
Pour détourner la légitimité et s'accaparer le pouvoir, le président Chadli
a créé la Cours des Comptes pour neutraliser son rival Bouteflika. Pendant
la guerre, la question de la distribution du pouvoir était réglée mais pas
celle de la richesse, une nouvelle structure fut crée en 1994 : l'ONSPC. L'
Observatoire contre la Corruption a jeté en prison des milliers de cadres
pour casser les entreprises nationales et introniser les sociétés d'
importation. Les plus célèbres furent les dirigeants de SIDER pour que le
général importateur du rond à béton puisse écouler sa marchandise, risquée
car ukrainienne, sans concurrence ni critique. La guerre épure l'économie.
« La tempête n'épargne ni l'écume, ni la lie » selon la formule de HHC, l'
ancien porte parole du gouvernement. Les repêchés par le filet social sont
liquidés et les cadres sont remerciés par des menottes aux mains. On renvoie
les cols bleus des usines et on envoie les cols blancs en prison ; et
dit-on, il ne faut jamais se plaindre tant que son col n'est pas rouge. La
crise atteint toutes les professions, tous les gagne-pains, même la
présidence de l'Etat, sauf celle des fossoyeurs et des Seigneurs de la
guerre. Quand même, une grande différence : les ballets ministériels ou
diplomatiques sont un réaménagement au sein du palais, pendant que les coups
de balai jettent sur le pavé des populations entières. Des laissés pour
compte qui devraient s'estimer chanceux car vivants.
http://www.algeria-watch.de/farticle/argent.htm
République Internationale des Lettres : Etienne : Bruno Etienne
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La nouvelle Bataille d'Alger
http://www.republique-des-lettres.com/e1/etienne.shtml
A propos de Mohamed Boudiaf : réponse à Anissa Boumediène
Le Matin a publié dans une précédente édition le communiqué par lequel la
fondation Boudiaf annonçait qu'elle intentait un procès contre Anissa
Boumediène, accusée d'avoir attenté à la mémoire de Mohamed Boudiaf par son
intervention jugée « calomnieuse » lors du colloque sur Boumediène, tenu à
Skikda. La veuve du Président Boumediène a tenu à s'expliquer,
dans notre édition du jeudi 25 janvier. Explication à laquelle ont tenu à
répondre Ahmed Doum et Mohamed Mechati.
« Pas de polémique inutile »
Madame,
Vos dernières déclarations ont profondément choqué des hommes auxquels les
hasards et les circonstances de la lutte de Libération ont permis de
connaître assez intimement Mohamed Boudiaf pour les autoriser à en parler en
connaissance de cause.
Comme vous n'avez pas eu l'occasion d'approcher, durant la longue période du
combat pour l'Indépendance, et encore moins durant sa préparation, les
hommes qui l'ont déclenché, nous nous présentons :
1) Ahmed Doum, militant du PPA-MTLD depuis 1945, membre du comité de kasma à
Sochaux en France. Membre fondateur de la Fédération de France du FLN
1955-1956, et à ce titre, en contact régulier avec Boudiaf. Détenu à la
prison de la Santé et de Fresnes de 1956 jusqu'au cessez-le-feu, dont
plusieurs années avec Boudiaf, qui tentèrent ensemble une remarquable
évasion. Membre fondateur du PRS.
2) Mohamed Mechati, militant du PPA-MTLD depuis 1945. Responsable de section
de l'OS à Constantine, puis responsable de l'OS dans le département d'Alger
en 1949 sous la direction de Boudiaf, responsable national en 1949-1950.
Responsable du MTLD pour l'Oranie, membre du CRUA, membre des « 22 », membre
fondateur de la Fédération de France du FLN 1955-1956. Détenu aux prisons de
la Santé et de Fresnes jusqu'au cessez-le-feu.
Vous voyez bien que ceux qui s'adressent à vous ont quelque droit, sinon le
mérite d'en parler, et croyez, Madame, qu'ils ne le font pas de gaieté de
cur, car la polémique que vous avez suscitée en nous obligeant à rectifier
vos contrevérités en dévoilant la face cachée de certains des hommes qui ont
contribué à faire notre histoire récente, n'aboutirait qu'à déconsidérer
indistinctement tous ses acteurs, au seul bénéfice des ennemis de notre
Révolution.
En relisant vos articles parus dans la presse nationale, nous relevons des
propos que notre conscience ne saurait tolérer.
1- Vous écrivez qu'au cours du colloque de Skikda, « le conférencier eut
l'inconvenance de comparer le Président de la République algérienne Houari
Boumediène au Président du comité d'Etat (et non de la République
algérienne) Mohamed Boudiaf ».
L'inconvenance ne se trouve pas là où vous la situez, car un bref rappel du
parcours de Boudiaf
- que vous semblez ignorer - laisse percevoir que la comparaison honore
infiniment plus Boumediène que Boudiaf.
Membre du PPA dès l'âge de 18 ans, Boudiaf est chargé de l'OS en 1947-1948
(Organisation spéciale paramilitaire préparant l'insurrection armée) pour le
Constantinois. Clandestin, poursuivi et condamné par les tribunaux de
l'ordre colonial, il est, en 1953, responsable de la Fédération de France du
PPA-MTLD, avec comme adjoint Mourad Didouche. Après l'implosion du MTLD, il
crée, en mars 1954, avec quelques membres de l'OS, le Comité révolutionnaire
d'unité et d'action (CRUA), dont 22 membres se réunissent, en juillet 1954,
au Clos Salembier (aujourd'hui El-Madania) pour décider du principe du
déclenchement du combat de libération.
Les « 22 » votent pour Boudiaf, avec mission de choisir les cinq autres
membres de la direction de l'organisation chargée de mener ce combat. Et
c'est Boudiaf qui, bénéficiant de la confiance des « 22 », choisira Larbi
Ben M'hidi, Mostefa Benboulaïd, Rabah Bitat, Mourad Didouche et Krim
Belkacem, formant ainsi le « Comité des six » chargé de fixer le jour du
déclenchement et de mener le combat sur le terrain. Et c'est encore Boudiaf
qui, de sa propre main, annonce à la délégation extérieure la date et
l'heure du premier coup de feu de la Révolution (voir le livre de Mabrouk
Belhocine, Correspondance Alger-Le Caire 1954-1956).
Ainsi, jusqu'à son arrestation, le 22 octobre 1956, Boudiaf aurait été le
principal initiateur, promoteur et, en fin de compte, le « père de la
Révolution ». Ce n'est pas sans raison que les jeunes qui l'ont bien connu
lui attribuèrent l'épithète de « Tayeb El Watani ».
Ainsi, le déclenchement de la Révolution n'a pas été « un coup de tonnerre
dans un ciel serein », et des hommes d'une trempe exceptionnelle ont préparé
cette Révolution.
Ceci étant brièvement rappelé, voudriez-vous nous dire quel était, à cette
date, le parcours de l'homme qui sera un jour votre époux ?
Pour notre part, nous le connaissons. Mais pour la dignité du pays et du
symbole qu'il a représenté nous préférons nous taire. Alors, où est
l'inconvenance, s'il vous plaît ?
2- Vous affirmez, par ailleurs, que « l'Algérie indépendante n'a connu, de
1962 à ce jour, que cinq Présidents de la République élus par le peuple
algérien » dont Boumediène. Nous ne parlerons que de lui puisqu'il vous
intéresse, et parce qu'il nous paraît vain d'entrer en polémique avec
certains autres que vous citez.
Le colonel Boumediène, chef d'état-major déchu par le Président Ben Bella
(que vous citez vous-même dans la même phrase comme « Président de la
République élu par le peuple algérien »), s'empare de ce Président élu, le
séquestre pendant quatorze ans, et dissout l'Assemblée populaire nationale,
elle aussi régulièrement élue, appréhendant aussi les représentants de la
nation et l'expression de la volonté nationale.
Pendant de longues années, il imposera sa propre volonté en légiférant par
ordonnances, après avoir suspendu la Constitution. Lorsque, des années plus
tard, les institutions d'une République étranglée se trouvent à merci, le
colonel en question se présente comme candidat unique d'un parti unique dont
il est le maître incontesté. Il est alors « élu » à une majorité frisant les
100 %.
Exemple édifiant d'un Président de la République élu par le peuple algérien.
Quant à Boudiaf, il n'a jamais séquestré personne, ni ne s'est imposé par la
force au fauteuil présidentiel. Au contraire, on est allé le supplier de
venir remplir un vide constitutionnel pour sauver une Algérie au bord du
gouffre. Il a accepté provisoirement la responsabilité de Président du Haut
Comité d'Etat en attendant des élections présidentielles.
Vous voyez, Madame, que sur ce point encore l'inconvenance de la comparaison
n'est pas là où vous le croyez.
3- Vous évoquez, par ailleurs, les réalisations du régime Boumediène.
Personne de bonne foi ne saurait les contester, sous deux réserves toutefois
:
- aucune liberté d'expression n'était permise.
- aucune opposition politique n'était tolérée : les assassinats de Krim
Belkacem et Mohamed Khider en témoignent.
De plus, de ses réalisations, telles la révolution agraire, la révolution
culturelle, l'industrie industrialisante, on peut aujourd'hui légitimement
s'interroger sur leur efficacité.
4- Rappelant les propos du Président Boumediène tenus à Constantine, lors de
la conférence des cadres, le 6 mars 1966, à propos du trésor détourné du
FLN, vous écrivez : « Ce que nous ne pouvons admettre - déclarait
Boumediène - c'est que sous le couvert d'une divergence avec un autre
leader, quelqu'un vole les biens des militants, des travailleurs et du
peuple, et place sept milliards dans les banques d'Europe. »
L'allusion est on ne peut plus claire au différend opposant Ben Bella à
Khider. Ce dernier, trésorier du FLN, détenait en cette qualité les fonds du
mouvement. Après la brouille intervenue entre les deux hommes et
l'élimination de Khider du Bureau politique, Ben Bella demande à celui-ci de
les lui restituer. La restitution n'a pas encore eu lieu que Ben Bella est
détrôné par Boumediène dans les conditions que l'on sait. Dès lors, qui, de
ces trois hommes, peut-il légitimement réclamer ces fonds ?
Pour Khider, ces fonds appartiennent au FLN, c'est-à-dire, d'abord et avant
tout, aux militants et aux hommes qui fondèrent et dirigèrent le mouvement.
Parmi eux, un certain nombre se trouve alors à l'étranger, dans l'opposition
au régime en place à Alger. Il estime juste de consacrer ces fonds à
financer cette opposition, au motif que le régime, issu du coup d'Etat du 19
juin, du moment n'est pas plus l'héritier historique que les partis
d'opposition, constitués également de militants de ce même FLN historique.
Il s'agit donc nettement ici, d'un différend politique. Chaque fraction du
mouvement qui détient un bien considère le détenir régulièrement, accusant
au surplus l'autre fraction d'usurpatrice. D'où l'accusation de vol proférée
par Boumediène à Constantine, le 6 mars 1966.
5- Madame, vous signez votre article comme « avocate et chercheur
universitaire ». En cette qualité, vous devez certainement attribuer aux
termes employés par vous leur sens exact.
Pour notre part, les juristes auxquels nous nous sommes adressés nous ont
précisé que « le vol est l'appréhension frauduleuse de la chose d'autrui ».
Comment appréciez-vous l'appréhension de la totalité du pouvoir par le
colonel Boumediène, dès lors que l'on sait que la chose la plus précieuse
pour un peuple est l'expression libre de la volonté nationale, celle qui,
précisément, fut appréhendée par la violence, le 19 juin 1965, violence
aggravée par la détention, sans jugement, d'un Président régulièrement élu,
durant plus de quatorze ans ?
Quelle réponse feriez-vous au Président Ben Bella, victime de ce crime de
séquestration ?
Quand vous rappelez les propos du Président Boumediène du 6 mars 1966,
disant : « Nous ne sommes pas prêts de pardonner ce vol des biens, et tôt ou
tard, il sera du devoir de chaque militant d'en réclamer la restitution »,
vous rendez-vous compte que cette phrase peut déjà s'interpréter comme la
condamnation capitale du prétendu voleur ? Quelle réponse feriez-vous alors
à la famille de Mohamed Khider ?
Vous vous posez la question de savoir pourquoi Fatiha Boudiaf n'a pas
poursuivi les auteurs, que vous citez abondamment, et qui n'ont pas manqué
de diffamer certains responsables historiques dont Mohamed Boudiaf.
Il y a, voyez-vous, certaines allégations qu'il faut traiter par le mépris,
et des supputations qui ne méritent pas l'honneur d'une réplique.
Mais vous, auréolée du titre de « Première Dame d'Algérie », il ne vous
appartenait pas de hurler avec les loups, dont le but, avoué ou non, est de
ronger jusqu'à l'os notre histoire nationale, et spécialement notre
Mouvement de Libération, qui constitua, sous la conduite d'hommes
exemplaires, une véritable épopée malgré les faiblesses des uns, les
insuffisances des autres, et les excès de certains.
En traitant si légèrement de « voleurs » nos dirigeants historiques, ce
n'est pas seulement ces hommes que vous atteignez, mais l'histoire dont ils
furent les acteurs, et finalement le pays, dans ce qu'il a de symbolique.
7- Enfin, une remarque de simple objectivité morale : votre insinuation
liminaire, quant à la situation matrimoniale de Boudiaf, rédigée avec
ambiguïté, est tout à fait choquante, car vous êtes mieux placée que
quiconque pour savoir que l'on peut être divorcée et reprendre une vie
normale avec un nouveau conjoint, sans que cela prête à une quelconque
interprétation médisante.
De grâce, Madame, et justement pour préserver la mémoire de votre défunt
époux, arrêtez vos polémiques, et plutôt que de politique, occupez-vous de
poésie.
Ahmed Doum
Mohamed Mechati
http://www.lematin-dz.net/polemiques/a_propos_de_mohamed_boudiaf.htm
(quot d'oran 01032001
vos diatribes !"
Ayant été pris à partie dans la mise au point dans Le Soir d'Algérie ,
intitulé "M me Boumediène solde les comptes" , messieurs Nacer Boudiaf, fils
du président du HCE, et Mohamed Mechati, l'un des compagnons d'armes de
Mohamed Boudiaf, nous ont transmis les droits de réponse suivants.
NACER BOUDIAF
"Laissez donc le peuple vous poser certaines questions !"
1)- Vous entamez votre plaidoirie par cette phrase : "Me voici confrontée
depuis quelques semaines aux cabales d'un groupuscule de personnes ivres de
jalousie et de rancour, qui tentent par tous les moyens, de jeter le
discrédit sur ma personne et sur celle de mon époux..." Votre technique - de
l'agresseur qui devient l'agressé - a commencé à Skikda, lors du colloque
sur votre époux, en provoquant les sentiments du peuple, en discréditant des
hommes comme Boudiaf, Aït Ahmed et Khider, et rappelle curieusement la
technique des Juifs qui assassinent et se plaignent ensuite devant la
communauté internationale. Loin de moi était l'idée de me voir un jour
polémiquer avec l'épouse d'un ancien chef d'État au sujet d'un homme de l'
envergure historique de Mohamed Boudiaf. Mais puisque vous avez repris en
interprétant à votre compte comme bon vous a semblé et déformé certains
passages de mon entretien avec Echourouk, je me vois dans l'obligation, pour
des raisons de dignité et d'honnêteté, de rompre le silence et de vous faire
part de certaines vérités. Dans la deuxième partie de votre contribution,
parue dans Le Soir d'Algérie du 22 février 2001, vous écrivez : "Faut-il
rappeler aussi que le nom de Boudiaf était inconnu de la jeunesse algérienne
qui constitue la grande majorité de ce peuple que l'on n'a pas consulté pour
lui demander s'il souhaitait le retour de Boudiaf." Déjugez-vous ceux qui l'
ont appelé en 1992 ? Passons, là n'est pas la question ! A ce niveau déjà,
une série de questions devrait vous venir à l'esprit, si l'esprit était
honnête-te. En effet, qui est le premier responsable du fait que la grande
majorité de ce peuple n'a connu Boudiaf qu'en 1992 ? Boumediène a une grande
responsabilité dans cette lamentable situation. Quel est le pays au monde
qui ne connaît pas les grandes figures de son histoire ? C'est bien l'
Algérie dont Boumediène a présidé la destinée pendant treize années, en
occultant des pans entiers de notre histoire contemporaine et de notre
histoire tout court. A ce sujet, lors de l'inauguration du Centre national
des études historiques, en mars 1975, Boumediène avait déclaré sans ambages
que "le but de cette structure n'était pas d'écrire une histoire
"officielle", mais de composer une histoire de l'Algérie sur des bases
scientifiques".
2)- Par base scientifique, Boumediène entendait "mettre l'histoire sous
surveillance", comme l'a dit Ahmed Rouadjia dans son livre Grande et
décadence de l'État algérien (Karthala, 1994, p. 41). Écoutons Ferhat Abbès,
une autre grande figure de I'histoire de l'Algérie et qui a subi les affres
du régime de Boumediène . Dans son livre L'Indépendance confisquée
(FIammarion 1984, p.114 ), le regretté Ferhat. Abbès nous confirme : "Pour l
'instant, et après vingt ans d'indépendance, nous sommes encore dans le
tunnel. On comprend que Boumediène, qui n'a pas fait la guerre, voulait
effacer le sou-venir des terribles années de guerre et nos propres
souffrances." Dans une autre partie de ce même ouvrage (p.45 ), F. Abbès
nous informe que Boumediène a dépêché un émissaire en secret au château d'
Aulnoy, "pour trouver parmi les cinq prisonniers (1) un éventuel allié. Il s
'adressa d'abord à Boudiaf. Celui-ci déclina l'offre. Il condamna l'
indiscipline de l'état-major et se refusa à toute action fractionnelle".
Interrogez-vous, Madame, pour savoir pourquoi dans ce contexte historique
précis, le choix de Boumediène s'était porté d'abord sur Boudiaf ?
Désavouez-vous le choix de votre mari ? Le peuple appréciera ! Par ailleurs,
juriste que vous êtes, vous n'êtes pas sans savoir que dans les pays où le
Droit est respecté, il y a un principe universel qui veut qu'une femme ne
peut pas témoigner contre son mari. Cette situation est doublée de celle de
votre qualité d'avocat. On comprend aisément que l'avocat, dans sa
plaidoirie, ne reprend que les aspects positifs du dossier de son client.
Laissez donc le peuple vous poser certaines questions et vous rappeler
certaines réalités qui vous feront, si vous êtes honnête, reconnaître toutes
les souffrances que le peuple algérien a endurées sous Boumediène. Vous
accusez Boudiaf d'avoir pris une partie des fonds du F.L.N., sans preuve
aucune, mais vous ne pourrez jamais l'accuser d'avoir été derrière l'
assassinat de qui que ce soit. En revanche, la liste des victimes d'
assassinat sous la présidence de Boumediène est malheureusement longue pour
ne citer que Khider, Krim, Chabou, Medeghri, Saïd Abid, etc. Ne serait-il
pas légitime de s'opposer, par tous les moyens, à quelqu'un dont le régime
fait de l'assassinat une expression politique ?
3)- A ce propos, dans l'Extrémiste, Pierre Péan, que vous citez vous-même
(Fayard, 1996, pp.304/305),rapporte ceci : Au cours d'une conférence de
presse, réunie à Londres le 2 février 1967, Aït Ahmed a raconté les
circonstances de l'assassinat de son beau-frère (Mobamed Khider) et désigné
le vrai coupable, le colonel Boumediène. "J'accuse le régime de Boumediène d
'avoir conçu, organisé et perpétré l'assassinat. Cette honteuse pratique de
gangsters politiques porte le sceau de ce clan d'aventuriers sans scrupules
qui ont usurpé le pouvoir et détruit dans notre pays les principes de
liberté, de démocratie et de justice pour lesquels des mil-lions d'
Algériens, parmi les-quels Khider, ont donné le meilleur d'eux-mêmes."
Évoquant Krim Belkacem, Alistaire Home dans Histoire de la guerre d'Algérie
(Albin Michel, 1987, P 573 ) nous rapporte ceci: "Le sort de Khider devait
être partagé par le plus chevronné de tous les maquisards, Belkacem Krim,
ancien ministre des Affaires étrangères du GPRA, l'homme qui avait conduit
pour l'Algérie les négociations d'Evian. Dégoûté de la poli-tique et de la
révolution, Krim s'était mis, pour gagner sa vie, dans le commerce. Lorsque
Boumediène, ennemi de Krim depuis les premiers jours, arriva au pouvoir en
exil et forma un groupe d'opposition. Après qu'il eut déclaré publiquement,
en 1969, que "sept ans d'indépendance avaient été pires que sept ans de
guerre" , Krim fut condamné à mort par contumace pour trahison et connivence
avec des puissances étrangères. La fin de Krim est connue, un crime de plus
sous la présidence de Boumediène." Interpellé un jour sur la torture (cf. L'
affaire Mecili de Hocine Aït Ahmed p. 133) Boumediène, "froid, calculateur"
(c'est comme cela que vous le décrivez vous-même dans Le Soir d'Algérie du
21 février 2001), répond : "Alors, comment voulez-vous avoir des
informations ?" Les juristes, les vrais juristes, apprécierons ! Vous vous
posez égale-ment la question de savoir si le peuple a été consulté pour le
retour de Boudiaf en 1992. Croyez-vous sincèrement que ce même peuple avait
été consulté le 19 juin 1965 ? Et après le 19 juin, Boumediène avait eu
treize ans pour apprendre à son peuple et à son système d'éduquer le peuple
dans le sens de la consultation. Il ne l'a pas fait.
4)- Si le peuple n'a pas été consulté en 1992, c'est parce que l'héritage du
pouvoir personnel de Boumediène n'a jamais permis la moindre lueur de la
consultation. Le peuple appréciera. Ce même peuple qui n'a pas été consulté
pour la révolution agraire, qui a vu ses terres s'exproprier sans défense
aucune, pour lesquelles terres il venait de sacrifier un million et demi de
chouhada. Pour quels résultats ? Le peuple a-t- il été consulté quand d'
imaginaires bénéfices étaient distribués aux domaines autogérés et aux
entreprises déficitaires ? A qui appartenaient ces fonds dilapidés pour le
seul prestige d'un homme ? Étaient-ils des fonds privés de Boumediène ? Le
peuple avait-il eu la moindre chance de donner son avis quand Boumediène
avait, d'autorité, décidé que la personnalité de l'Algérien se définissait
seulement comme arabo-musulmane, et occulté, en conséquence, tout un tiers
de la composante de l'Algérien, à savoir sa berbérine dont il est fier. Qui
a été le premier, et du fauteuil de chef de l'Etat, après seulement cinq
mois, à remettre les pendules à l'heure, en réconciliant l'Algérien avec sa
propre personnalité. C'est, bien sûr, Boudiaf qui a défini, dès ses premiers
jours au pouvoir, la triple dimension : islamité, arabité et amazighité. Y
a-t-il pire crime que d'occulter l'identité de tout un peuple ? Savez-vous
aussi, Madame, que Boumediène faisait de l'Algérie une terre d'accueil pour
des terroristes notoire-ment reconnus et mondiale-ment poursuivis. L'
Occident, qui guettait nos premières faiblesses et égarements pour se venger
de la politique de Boumediène dans ce contexte, n'attendait que l'occasion
de la crise en Algérie pour ouvrir les portes de ses capitales aux
égor-geurs de bébés algériens et aux commanditaires des assassinats en
Algérie. Le peuple appréciera. Je ne souhaitais pas entrer dans cette
polémique, mais l'ai fait ayant constaté une haine que je ne m'explique pas
contre mon père, disparu dans des circonstances reprises par toutes les
télévisions du monde. J'espérais de l'avocate que vous êtes un soutien pour
revendiquer vérité. Mais, en fait, vous me semblez avoir choisi votre camp,
celui de ne laisser l'Algérie aucune figure propre, aucun espoir, le camp de
vouloir solder les comptes avec les morts, alors que beaucoup de vivants
mériteraient que les juristes se penchent sur leurs méfaits, le camp de
salir tout un peuple et son histoire.
5)- A moins que vous ne participiez, sans le savoir, une campagne de
diversion tendant à occulter les vrais problèmes de l'Algérie, sur lesquels
une contribution de votre talentueux style serait bienvenue pour éclairer la
jeunesse algérienne qui souffre de ces vrais problèmes, une jeunesse qui n'a
cependant pas encore oublié l'autorisation de sortie du territoire national
imposée par Boumediène en témoignage de la confiance qu'il avait dans cette
même jeunesse algérienne. Devant cette situation, je ne pouvais me taire.
Moralité : quand on habite dans une maison de verre, fragile de surcroît, il
n'est pas sage de lancer des pierres sur les maisons des autres.
Alger, le 22 février 2001
Nacer Boudiaf
(1) Aït Ahmed, Ben Bella, Boudiaf, Khider et Lacheraf (le Soir 080320021)
http://pourinfo.ouvaton.org/actualites/social%20et%20politique/Bo.boud.htm
La Sécurité militaire au cour du pouvoir
Quarante ans de répression impunie en Algérie, 1962 - 2001
Salah-Eddine Sidhoum * , publié par algeria-watch en septembre 2001
Violence et terrorisme d'Etat (1962-2001) - Chronologie
http://www.algeria-watch.de/mrv/mrvrepr/repression_1962_2001.htm
et pour conclure alors je cite un rappel á lella la pleurnichette Anissa qui
dort avec les quelques milliards en francs francais que son mari avait mis á
coté pour sa securité á un moudjahid en Tunisie sur une question pourquoi
avoir assassiné Abane Ramdane alors que ceux sont les kabyles qui detiennent
l'argent.....et surtout le FLN de France.