Asie. L’ultranationalisme de la Thaïlande face au Cambodge, un danger pour l’économi
samlot chit
L’ultranationalisme de la Thaïlande face au Cambodge, un danger pour l’économie
Les investisseurs étrangers en Thaïlande pourraient être échaudés par la virulence du nationalisme thaïlandais dans le conflit frontalier qui oppose le pays au Cambodge, alerte un média thaïlandais.
Depuis juin, la frontière entre la Thaïlande et le Cambdoge est fermée. Entre le 24 et le 28 juillet, les armées des deux pays se sont violemment affrontées à la frontière, marquant le paroxysme de la résurgence, depuis quelques mois, d’un conflit ancestral. Dans quelle mesure l’ultranationalisme thaïlandais comporte un risque pour l’économie et les investissements étrangers en Thaïlande ? C’est la question que se pose le journaliste et observateur Pravit Rojanaphruk dans le média Khaosod.
Il évoque notamment les attaques des internautes contre l’ambassade du Japon en Thaïlande, après que le gouvernement japonais a tenté de persuader cette dernière de rouvrir sa frontière avec le Cambodge. Le Japon soulignait les difficultés des entreprises japonaises dans leur chaîne d’approvisionnement. Car la fermeture de cette frontière déstabilise complètement les opérations des entreprises implantées dans les deux pays, la Thaïlande étant souvent le centre névralgique des composants nécessaires pour finaliser la production au Cambodge.
Inquiétude à long terme
“L’ultranationalisme a pris le dessus sur ces Thaïlandais, estime le commentateur. Leurs réactions contre l’ambassade du Japon n’étaient pas seulement myopes, elles témoignent également d’une incapacité à percevoir la situation dans son ensemble et même à défendre leurs intérêts nationaux.”
Au point, poursuit-il, que des “internautes thaïlandais se sont réjouis en lisant que certaines entreprises japonaises envisageaient de quitter le Cambodge pour s’installer ailleurs en raison des répercussions négatives de la fermeture prolongée de la frontière”. Pourtant, analyse-t-il, ce n’est “certainement pas une bonne nouvelle pour la Thaïlande”.
Car, “si les sentiments politiques ou nationalistes locaux peuvent si facilement perturber une fonction essentielle de la chaîne d’approvisionnement”, les investisseurs japonais pourraient s’interroger sur la fiabilité de la Thaïlande comme espace d’investissement.
Exceptionnalisme thaïlandais
Le sentiment nationaliste thaïlandais puise dans la fierté d’être “exceptionnel”, commente le journaliste, née du fait, selon lui, “qu’on nous répète sans cesse que nous n’avons jamais été directement colonisés”. Le royaume de Siam, ancêtre de la Thaïlande moderne, n’est en effet jamais passé sous le contrôle d’une puissance coloniale. L’auteur regrette toutefois que ses concitoyens réagissent avec véhémence “à tout ce qui est perçu comme la moindre menace à l’intégrité du territoire national”.
C’est un traité signé en 1907 entre l’Indochine française (dans laquelle le Cambodge était englobé) et le royaume du Siam qui a acté la frontière entre les deux pays. Mais, depuis l’indépendance du Cambodge en 1953, ce tracé est régulièrement contesté par la Thaïlande.
Malgré l’accord de cessez-le-feu signé en Malaisie le 28 juillet dernier entre les deux États, la situation dans les zones litigieuses demeure très tendue, avec un face-à-face entre les forces armées thaïlandaises et les villageois cambodgiens vivant à la frontière.