Les rencontres sont destinées à revenir sur le regard et les travaux qu’Albert Ogien (Directeur de recherche émérite au CNRS, CEMS-EHESS) a consacré à la normativité. Le sociologue reviendra pendant 4 séances thématiques sur ce qui caractérise sa démarche et ce que constitue, dans une sociologie des raisonnements pratiques, l’horizon de la normativité sociale.
Chaque séance se déroule de 12:00 à 14:00 et nécessite une inscription préalable auprès de Nils Lepennetier (nils.lep...@ulb.be). Le nombre de places est limité. Les séances ont lieu au CHDAJ, Avenue Jeanne 58-60, dans la Salle Dekkers, au 1e étage.
Albert
Ogien revisite des classiques de l’anthropologie du droit (Max
Gluckman, Paul Bohannan, Leopold Pospisil et Sally Falk Moore). La
découverte de cette littérature consacrée à une approche processuelle
des normes et du droit a accompagné ses premières recherches en Afrique
du Sud,
ainsi que sa réflexion sur le «
droit » produit par le régime de l’apartheid. Le détour par
l’anthropologie du droit, lors de la première séance, permet de situer
les enjeux qui caractérisent le choix entre objectivisme et
subjectivisme pour traiter sociologiquement des normes. Il annonce
l’apport de l’analyse des raisonnements pratiques dans la saisie du
droit et des normes.
Cette séance sera
également l’occasion de questionner la façon dont cette littérature
anthropologique rencontre ou non d’autres courants sociologiques voisins
(phénoménologie, analyse des discours, ethnographie, ethnométhodologie,
interactionnisme, etc.) susceptibles d’approfondir notre compréhension
de la normativité.
Depuis
ses travaux sur le « raisonnement psychiatrique » et la sociologie de
la déviance, Albert Ogien prête une attention toute particulière à la
description rigoureuse de l’exercice quotidien de pratiques
professionnelles et cherche à restituer la parole et l’action des
acteurs dans la constitution de leurs activités professionnelles. Pour
ce faire, il prend notamment appui sur l’approche des dossiers dans leur
matérialité observable pour rendre compte des « procédures qui
constituent pas à pas l’action en train de se faire ».
Les
raisonnements pratiques deviennent, par conséquent, le cœur d’une
enquête sociologique qui s’attache à restituer les manières ordinaires
d’appréhender le monde. Une telle ligne analytique appliquée au droit
permet de prendre au sérieux le travail juridique lui-même sans le
réduire à des déterminations sociales ou économiques plus englobantes,
déconnectées de la réalité des opérations juridiques. Elle met en
lumière les « structures formelles des actions pratiques » en droit.
Albert
Ogien s’est engagé dans une réflexion sur les rapports entre État et
quantification, sur le pouvoir et la valeur sociale des chiffres. Cette
séance est l’occasion de revenir sur le rôle que prennent l’existence et
la mobilisation des données quantifiées dans la vie des institutions
juridiques et judiciaires.
Afin
d’éclairer les débats actuels sur la managérialisation de la justice et
sur les politiques juridiques de l’État, on tentera de saisir comment et
jusqu’à quel point les chiffres sont dotés d’importance pour les
professionnels du droit et des agents de l’État.
Albert Ogien a développé, notamment, avec Sandra Laugier, une réflexion nourrie sur la démocratie et la désobéissance. Lors de cette séance, on s’interrogera sur ce que la désobéissance fait au/du droit. Le droit n’est-il pas mis en échec par certaines formes de désobéissance civile ? Dans quelle mesure la désobéissance constitue-t-elle un test pour l’État de droit et l’état des droits ? Est donc proposé, dans cette dernière séance, un détour par la désobéissance pour saisir la normativité.
Voir le lien suivant : https://chdaj.ulb.ac.be/conference/masterclass-autour-des-travaux-dalbert-ogien-comprendre-la-normativite-a-partir-des-sciences-sociales
Delphine Griveaud
Attachée temporaire d'enseignement et de recherche (ATER), ISP-UPNanterre
Collaboratrice scientifique, ISPOLE- UCLouvain
Collaboratrice scientifique, CRDP-ULBruxelles
+33 6 72 32 20 56