Le 25 juin à 20 h 50, la ferme a soudainement été frappée par un très violent orage de grêle. La rivière fumait sous l’impact de grêlons de 3 centimètres de diamètre qui hachaient la végétation, le vent tordait les arbres et arrachait les tuiles. Un spectacle qui évoquait les cyclones tropicaux, en plus bref heureusement. Mais ces quelques minutes ont suffi à métamorphoser la ferme.
La pluie a relancé l’inondation qui commençait à se résorber. Notre ferme étant située dans un fond de vallée, nous notons que la fréquence de ces inondations ne cesse de croître : c’est la troisième de l’année, noyant notre meilleur champ dont les cultures sont à nouveau détruites. Nos petits champs de céréales sont quasiment anéantis. Nos serres ont tenu bon, grâce aux nombreux arbres qui les entourent probablement. D’autres agriculteurs proches ont souffert bien plus que nous.
Pour paraphraser l’écrivain Gabriel Garcia Marquez, ces phénomènes sont la « chronique de désastres annoncés ». J’ai un sentiment mêlé : une part de colère et d’incompréhension devant l’inertie gouvernementale – et sociétale en général – qui néglige tant la lutte contre les changements climatiques. Mais aussi le désir de mettre à profit ces turbulences pour tester l’adaptabilité de la ferme aux épisodes extrêmes. C’est du reste le thème de l’un des programmes de recherches que nous sommes en train de lancer : comment la ferme est-elle affectée par les changements climatiques, et quelles solutions pouvons-nous trouver ?
Nous sommes persuadés qu’il ne sert à rien de lutter contre les forces de la nature, mais qu’il est plus pertinent d’apprendre à « danser sous les orages », comme le suggérait un auteur antique dont j’avoue avoir oublié le nom. La ferme est régulièrement inondée ? Et bien accueillons cette eau et acceptons qu’une partie du territoire redevienne une zone humide, elles sont détruites un peu partout bien qu’elles soient tellement précieuses pour leur capacité à séquestrer du carbone et accueillir la biodiversité ! Nous apprenons donc à cultiver l’adaptabilité et nous sommes en train de revoir notre design.
Charles
Le champ de l’étang
Ce petit champ cultivé en traction animale bénéficie de la meilleure terre de la ferme. Mais il a été inondé 5 fois au cours des dernières années, nous renonçons donc à le cultiver. Tout en réfléchissant à un aménagement pertinent. Le pré-verger adjacent est lui aussi régulièrement sous l’eau.
Solidarité
Nous remercions celles et ceux qui nous ont adressé des messages d’amitié ! Et notamment nos merveilleux·ses stagiaires qui ont œuvré pour que la ferme redevienne rapidement accueillante !
Se former à la ferme
Nos formations 2025 nous permettent de retrouver tous les mois nos stagiaires et l’équipe d’animation. Beaucoup nous disent qu’ils ont l’impression de revenir à la maison, on se connaît bien maintenant et l’ambiance est exceptionnelle. C’est une joie et une fierté de voir ces groupes si motivés apprendre et partager, dans un climat de joie et de bienveillance. Les formations 2026 sont en ligne, n’hésitez pas à vous inscrire si l’aventure vous tente ! Elles se remplissent bien, si vous êtes motivé·e n’attendez pas qu’elles soient complètes !
Hommage à la Terre Mère
Nous explorons les liens entre l’art et l’agriculture. Cela fait partie des orientations que l’équipe souhaite donner à la ferme : tendre vers une agriculture « sensible et radicale » ! Les solutions aux crises contemporaines ne seront pas que technologiques. Nous avons besoin de revisiter en profondeur notre relation au vivant. Notre amie plasticienne Carmen Boyer réalise depuis 3 ans une « résidence artistique » autour de la mini forêt-jardin. Elle a réalisé des œuvres en utilisant des teintures végétales, autour du thème de la déesse Terre, en s’inspirant de statues et représentations féminines préhistoriques.
Portes ouvertes… sur le monde !
Nous organisons chaque vendredi après-midi un marché à la ferme, qui accueille également les visiteurs. Et une fois par mois, grande opération Portes ouvertes ! Des amie.es contribuent aux succès de ces journées en exposant leurs créations : Morgane la vannière, Justine la boulangère, Blandine la sculptrice sur bois, Carmen déjà évoquée, Martine la naturopathe, sans oublier Yannis responsable de la zone Natura 2000… Je suis tellement touché de rencontrer tant de personnes venues du monde entier : Suisse, Allemagne, Luxembourg, Belgique, mais également Côte d’Ivoire, Colombie et même Corée ! Les messages reçus sont si chaleureux, cela nous permet de réaliser à quel point les travaux conduits au Bec Hellouin touchent de nombreuses personnes sur tous les continents. Raison de plus pour persévérer, même si le financement de nos programmes de recherches est difficile à pérenniser.
Les prochaines Portes ouvertes auront lieu le 5 et le 18 juillet.
Des visites, encore et toujours !
La ferme accueille une biodiversité importante et les inventaires naturalistes reprennent, dans le cadre d’un nouveau programme de recherches portant sur le lien entre biodiversité et santé des cultures. Ces derniers jours une vingtaine de cigognes fréquentent la ferme, pour la première fois, une source d’émerveillement !
Nous recherchons des volontaires en service civique…
Nous sommes si heureux d’accueillir actuellement 3 jeunes en service civique. Ils contribuent tellement à la vie de la ferme, en particulier aux programmes de recherches, tout en acquérant de nombreuses compétences. Voici le témoignage de Line (à gauche sur la photo, en compagnie de Swan et de Mathilde, qui gère la ferme). Line réalise son stage de master 2 de Sciences Po, doublé de son engagement en service civique.
« Cela fait déjà 6 mois pour moi à la Ferme du Bec Hellouin, l'endroit où je suis restée le plus longtemps jusqu'à présent (dans ma petite vie d'adulte). Et pourquoi ? La vie y est très douce. Pendant ce service civique, j'ai pu tisser des liens très profonds avec une merveilleuse équipe, bienveillante et engagée. J'ai beaucoup appris, sur le maraîchage bien sûr, mais aussi sur les plantes, la cuisine, le travail du bois, la biodiversité... et puis beaucoup sur moi et sur la vie. Je me languis déjà de ce lieu dans lequel il ne me reste que deux petits mois... J'ai été absolument ravie de pouvoir vivre plusieurs saisons ici, de rester assez longtemps pour voir évoluer les jardins, les plantes, les cultures, assez longtemps pour manger des courges en janvier et des tomates en juillet.
La ferme est un grand morceau de bonheur. Lilliam, Lila, Mathilde, Rose, Charles et toute l'équipe sont d'une douceur et d'un amour absolu. Je ne peux que recommander à celleux qui souhaitent s'engager de faire leur service civique ici. D'apprendre ensemble, de s'y nourrir et d'aider à porter ce projet qui a besoin de jeunes motivé.e.s pour construire collectivement un monde meilleur. »
…Et des jeunes en formation agricole !
Nous recherchons également des jeunes en formation agricole, naturaliste ou de transition écologique. Voici le témoignage de Noémie, qui vient de nous quitter non sans quelques larmes !
« Mon stage d’un mois à la Ferme du Bec Hellouin a été une expérience d’une grande richesse autant sur le plan des connaissances que des relations humaines. A travers cette aventure de terrain concrète j’ai pu m’immerger dans le monde agricole pour mieux comprendre les enjeux liés à ces questions tout en découvrant des pratiques durables et respectueuses de la terre. Les activités étaient diverses : repiquage, désherbage, semis, récoltes, fauchage, mise en place du stand de maraîchage, menuiserie… Chaque jour à la ferme porte un visage nouveau ! Les moments que j’y ai vécus étaient remplis d’humanité, de bienveillance et d’apprentissages. Je garderai un souvenir fleuri de cette étape de vie qui m’a permis de savoir que je souhaite entretenir un lien profond avec le monde agricole. »
Abondance du vendredi
Les ventes du vendredi ont repris. Nous sommes plein·e·s de gratitude de retrouver nos client·e·s, certain·e·s fidèles depuis 20 ans ! Ces dernières années, la production était essentiellement destinées à l'autoconsommation, aux stagiaires en formation et le surplus était donné aux Resto du Cœur. Quelle joie de nourrir à nouveau la communauté locale ! Nous continuerons naturellement à donner les surplus aux associations caritatives et nous transformerons ce qui peut l'être pour vous proposer confitures, pickles, tartinables, compotes et soupes. Restez à l'affût !
Rendez-vous tous les vendredis, de 15h à 19h en juillet, août et de 16h à 19h à partir de septembre.
En savoir plus
Pour découvrir le programme des portes ouvertes et des formations, rendez-vous sur notre site www.fermedubec.com