L’épigénétique se définit par l’étude des changements dans l’activité des gènes, c’est-à-dire comment ces derniers sont utilisés ou non par une cellule, et quelle fonction ils induisent selon le type de cellule. Contrairement aux mutations, les modifications épigénétiques sont réversibles et n’induisent pas une modification de la séquence d’ADN.
Transmissibles par le biais de la division cellulaire, les modifications épigénétiques sont influencées par l’environnement. Les cellules y reçoivent notamment différents stimuli induisant la manière dont elles se différencient ou s’activent, selon l’organe où elles se situent. Ces stimulus peuvent alors être liés aux comportements et aux modes de vie, notamment l’alimentation, le tabagisme, le stress, la pollution, etc.
Malgré leurs génomes identiques, les différences épigénétiques expliquent également les différences (même très subtiles) que l’on peut remarquer chez les jumeaux homozygotes. De plus, si ces jumeaux étaient vraiment parfaitement identiques, ils devraient développer plus ou moins les mêmes maladies et les mêmes troubles de santé indépendants du mode de vie, or ce n’est pas le cas. « Cela signifie donc qu’il doit y avoir un impact environnemental sur l’un des jumeaux pour provoquer le développement d’une maladie », explique dans un communiqué Michael Skinner, biologiste à l’Université d’État de Washington (États-Unis) et auteur correspondant de la nouvelle étude.
Se basant sur ces influences environnementales, les scientifiques de la nouvelle étude ont observé comment une bonne hygiène de vie (avec des exercices physiques réguliers) pouvait influencer les différences épigénétiques des jumeaux homozygotes. Leurs observations suggèrent que l’exercice physique peut réduire l’incidence du syndrome métabolique (ensemble de maladies liées à l’accumulation de masse graisseuse au niveau du ventre) en influençant le comportement des gènes au niveau moléculaire. Il faut donc bien comprendre ici qu’il ne s’agit pas de l’effet direct du sport, mais bien de répercussions génétiques indirectes induites par le sport.
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont prélevé des échantillons de cellules à l’intérieur des joues de 70 paires de vrais jumeaux. Entre 2012 et 2019, des données ont également été collectées pour mesurer le niveau d’activité physique, le tour de taille et l’indice de masse corporelle de chaque participant. Des sondages sur les modes de vie et les quartiers dans lesquels ils vivaient ont aussi été effectués.
Les chercheurs ont alors constaté que beaucoup des jumeaux présentaient d’importantes différences, sur la base notamment de leurs activités physiques et de leurs indices de masse corporelle. Des différences épigénétiques ont également été observées chez ces jumeaux « discordants ». Le jumeau ayant l’habitude de faire au moins 150 minutes d’exercice physique par semaine présentait des différences épigénétiques par rapport à son jumeau, au niveau de régions de méthylation de l’ADN.
Cette variation de méthylation serait apparemment liée à un indice de masse corporelle et de tour de taille réduit par rapport au jumeau n’effectuant que peu d’exercice physique. Les régions de méthylation sont également liées à plus de cinquante gènes préalablement identifiés comme spécifiques à une activité physique vigoureuse et à des facteurs de risque de syndrome métabolique.