Par FLORIANE LECLERC
Ils étaient près de 200 à défiler, samedi
après-midi, dans les rues de la capitale. Les Indignés, rejoints par des
anonymous et des clownactivistes, se sont rassemblés aux Halles, vers
14 heures, avant de s'élancer en direction du Trocadéro. Partis à pied
il y a quelques semaines de Marseille, Lille, Toulouse, Bayonne ou
Paris, tous sont venus dénoncer «un simulacre de démocratie».
A la veille du premier tour de la présidentielle, ils tiennent à
préciser que leur action s’inscrit en marge du calendrier électoral,
mais les échéances sont dans toutes les têtes. «Ils ne nous représentent pas» pouvait-on lire sur des affiches en carton à l’effigie des candidats.
Devant l'Assemblée nationale, samedi
Dans le cortège mené par une camionnette des marcheurs de
Marseille, David, Tourangeais de 30 ans, un cœur rouge dessiné sur le
front, paraît désabusé. «Nos dirigeants, on ne les a pas choisis.
Qu’importe les partis, ça ne changera pas. Tous essayent de s’accaparer
nos votes à des fins personnelles.» Autour de lui, Jérôme, 25 ans, venu de Bretagne et Germain, 30 ans, de Marseille, renchérissent : «On
assiste à une mascarade électorale. Les électeurs ne votent plus pour
un candidat aujourd’hui, mais contre un autre. C’est un vote par défaut». Dimanche, David glissera une enveloppe vide dans les urnes. Ses deux compagnons de route, eux, s’abstiendront. «Nous nous sentons davantage citoyens en manifestant qu’en allant voter, lancent-ils. Au moins, nous sommes sûrs de défendre nos propres valeurs».
«Révoltés mais pas résignés»
Devant la Banque de France, place de la Bourse, de la Madeleine, ou Boulevard des Italiens, à chaque fois, ces citoyens, «révoltés mais pas résignés», ont organisé de brefs sitting pour dénoncer le pouvoir d'«une oligarchie financière dictant sa loi aux hommes politiques» et appelé à refonder «une démocratie réelle».
Invitant les passants et les policiers, dépêchés sur place, à les
rejoindre ils sont arrivés en masse, brandissant des banderoles
colorées, sous les fenêtres de l’Assemblée nationale, vers 18 heures.
Une étape symbolique. «Nous voulons convoquer une Assemblée constituante», explique Laurent, un indigné de Tours, citant en exemple le mouvement citoyen qui a émergé en Islande, fin 2010.
En attendant, est organisée chaque jour une assemblée populaire
dans les villes où passe «la marche» afin de recueillir les doléances
de ses habitants. «Echec scolaire à Saint-Denis, prix prohibitifs du
logement à Montreuil, violences policières à Villiers-le-Bel et
Argenteuil... Chaque ville a des revendications spécifiques», témoigne Délia, 48 ans, qui participe à la marche des Banlieues, qui regroupe les Indignés de la région parisienne. «Mais le gouvernement ne veut pas les entendre», se désole-t-elle.
Il est 21 heures. Les manifestants, qui s'étaient réunis en
cercle en haut des jardins du Trocadéro afin de tenir une assemblée
populaire, se retrouvent encerclés par la centaine de gendarmes et de
policiers nationaux qui les a suivis tout l’après-midi. C'est finalement
vers 23 heures qu'ils seront autorisés à rejoindre le métro par groupe de dix, sous escorte policière.