L'initiative des présidents des CCM est d'autant plus notable qu'elle provient de médecins ayant tous accepté le principe de la gestion médico-économique qui s'impose désormais à l'hôpital : ils sont pour la plupart à la tête des nouveaux pôles (réunion de services pour mutualiser les moyens) et mettent en oeuvre la tarification à l'activité (T2A, qui conditionne le financement des hôpitaux au nombre d'actes cliniques effectués). Mais l'enthousiasme des débuts a fait place au désenchantement. "On se sent mal, explique Laurent Brochard, président du CCM du CHU Henri Mondor, à Créteil (Val-de-Marne). On ne voudrait pas être victimes d'un marché de dupes, en ne gérant que la pénurie."
Bénéficiant d'un budget de 6 milliards d'euros, l'AP-HP est sous tension budgétaire permanente : d'ici à 2012, 300 millions d'euros devront être économisés au titre des "efforts de convergence" (réduction des coûts structurels). Dans les services, cette contrainte est vécue comme une logique de rationnement. "D'année en année, on nous oppose des plans de redressement de plus en plus drastiques, explique le Pr Denis Devictor, président de la collégiale des présidents de CCM. On nous rogne du personnel médical et paramédical en permanence. On ne peut plus travailler, les files d'attente de malades s'allongent."
Au ministère de la santé, on récuse l'idée d'un "étranglement financier des hôpitaux". En 2009, leur dotation budgétaire augmentera de 2,3 milliards d'euros pour la France entière. La spécificité de l'AP-HP, qui accueille un nombre croissant de personnes précaires et âgées, sera prise en compte par la réforme "Hôpital, patients, santé, territoire", fait valoir l'entourage de Mme Bachelot. La T2A sera majorée en fonction d'un critère de précarité et de la sévérité des pathologies prises en charge.