QUELQUE 2.000 hôpitaux et maisons de retraites publics
publieront dès février des « indicateurs de transparence », portant en
particulier sur les sous-effectifs, afin de prévenir les cas de maltraitance
dénoncés par les médias. La Fédération hospitalière de France (FHF), qui
regroupe environ un millier d'hopitaux et 850 maisons de retraite, espère ainsi
informer les familles des résidents sur les limites que ces sous-effectifs
fixent à l'offre de soins.
« La question de la maltraitance ne peut pas se
résumer à la recherche d'un coupable parce qu'il faudrait trouver un coupable.
Ce qu'on constate aujourd'hui c'est que peu de choses ont été faites pour
évaluer, pour anticiper, pour gérer le risque », a dénoncé hier Claude Evin,
président de la FHF, en présentant ce dispositif.
Les indicateurs de chaque
établissement (nombre d'infirmiers, taux d'encadrement des patients ou encore
turn-over du personnel) seront publiés sur le site internet de la FHF
(www.hopital.fr), qui héberge déjà des données médicales, hôpital par hôpital,
permettant de répertorier l'offre de soins.
Claude Evin a estimé que cette
initiative ne devrait « pas faire plaisir au gouvernement », mais a souligné que
le rôle de la FHF est « d'abord de garantir la qualité ». « Il faut que nous
ayons une démarche de protection envers les usagers, envers les familles et
envers les professionnels », a-t-il ajouté.
La diffusion d'un documentaire en
caméra cachée sur France 2 sur la maltraitance des personnes âgées en maison de
retraite a suscité fin octobre un profond émoi parmi les directeurs
d'établissements, qui refusent d'être stigmatisés et demandent du personnel
supplémentaire.
M. Evin s'est inquiété des conséquences pour les hôpitaux et
les maisons de retraite du budget 2009 de la Sécurité sociale et du dispositif
de formation prévu par la secrétaire d'état à la solidarité Valérie Létard, qui
n'est selon lui « pas à la hauteur des enjeux ».
Lors de la conférence de
presse, un médecin gériatre, une infirmière et un aide-soignante ont témoigné du
manque de formation, de la fatigue psychologique et des difficultés à gérer des
situations tendues dans les établissements, où les besoins en soin de gériatrie
sont « en pleine explosion », du fait du vieillissement de la population.
«
Il manque tous secteurs confondus (public et privé) environ 5.875 places en
soins de suite et de rééducation (SSR) à orientation gériatrie, pour faire face
à l'explosion des besoins » en gériatrie, a expliqué Andrée Barreteau,
responsable du pôle organisation sanitaire et médico-sociale à la FHF.
L'objectif des critères de transparence est simplement de « dire aux familles ce
qu'on a, et ce qu'on peut faire avec », a-t-elle ajouté.
« Ces familles
viennent sur le site de la FHF (un million de visites depuis le lancement, il y
a neuf mois) car elles ne savent pas comment choisir leur hôpital. Nous espérons
que ces indicateurs pourront aussi les informer sur les maisons de retraite »
a-t-elle précisé.
Mais « nous ne cherchons pas à dire qui mérite ou non un
quatre étoiles » a souligné Mme Barreteau, qui a été directrice de l'hôpital
local de Saint-Maixent-l'Ecole (Deux-Sèvres).
La fédération nationale des
associations de personnes âgées et leurs familles (FNAPAEF) et l'AD-PA
(Association des directeurs au service des personnes âgées) ont salué la
démarche de la FHF, en rappelant qu'un plan lancé par Dominique de Villepin,
prévoyait un doublement du nombre de professionnels à domicile et en
établissement d'ici 2011.