Le 10 Novembre 2008 - (APM International) : Le directeur des
soins sera bien membre du futur directoire qui sera mis en place dans les
hôpitaux publics dans le cadre de la réforme de la gouvernance, a assuré la
ministre de la santé, lors de son déplacement au centre hospitalier de Dreux
(Eure-et-Loir).
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Roselyne Bachelot s'est rendue vendredi matin à l'hôpital de Dreux où elle a
visité des services, dont l'unité neurovasculaire, puis a participé à une séance
de questions-réponses sur le projet de loi hôpital, patients, santé, territoires
(HPST) avec une cinquantaine de membres du personnel médical et non médical de
cet établissement et d'hôpitaux voisins, dont ceux de Chartres et de
Verneuil-sur-Avre (Eure).
La ministre a inauguré ainsi le tour de France
qu'elle va effectuer au cours des prochaines semaines pour présenter son projet
de loi à travers différents thèmes (organisation des soins, permanence des
soins, agence régionale de santé, alcoolisation des jeunes,
médico-social...).
A Dreux, vendredi matin, après avoir présenté le
contenu de son projet de loi, elle a répondu à une dizaine de questions posées
par des médecins, des infirmières et des directeurs.
Certaines questions
concernaient directement le contenu du projet HPST et étaient relatives par
exemple au calendrier d'application, aux communautés hospitalières de territoire
(CHT) et aux rôles des médecins et des directeurs hospitaliers dans le cadre de
la réforme de la gouvernance.
D'autres interrogations n'avaient pas de
lien direct, portant par exemple sur la maîtrise des dépenses liées aux
médicaments et dispositifs médicaux financés en sus des tarifs ou sur la réforme
Licence master doctorat (LMD).
S'agissant de la réforme de la gouvernance
de l'hôpital, inscrite dans le projet de loi, répondant à une question d'une
cadre de santé, la ministre a assuré que le directeur des soins "sera membre du
directoire".
Sa présence, qui n'est pas explicitement mentionnée dans le
projet actuel, sera inscrite dans le texte, a indiqué Roselyne
Bachelot.
Cette inscription sera proposée dans le cadre d'un amendement
au projet de loi lors de la discussion parlementaire du texte prévue en janvier,
a précisé à l'APM un membre du cabinet de la ministre. Si cet amendement n'est
pas voté, la disposition figurera dans le décret qui sera ensuite rédigé sur le
directoire, a-t-on ajouté.
INQUIETUDES
SUR LA PLACE DES MEDECINS VIS-A-VIS DU DIRECTEUR
Lors du débat, la
ministre a également répondu aux "interrogations et inquiétudes" exprimées
auparavant, dans un discours, par le président de la Commission médicale
d'établissement (CME), le Dr Nicolas Letellier, sur l'instauration d'un
directeur "tout puissant" à la tête de chaque hôpital, ayant notamment un
pouvoir de nomination des médecins.
"Jusqu'à présent, mes confrères et
moi-même n'avons jamais eu l'habitude de dépendre d'aussi près d'un directeur,
si excellent soit-il, pour exercer notre art", a remarqué le Dr
Letellier.
Il a précisé qu'il entretenait lui-même "d'excellents
rapports" avec Patrice Lorson, directeur du CH de Dreux. "Mais qu'adviendrait-il
si ce n'était plus le cas?", s'est-il interrogé.
Le président de la CME a
également demandé à la ministre si les médecins allaient devenir des "ingénieurs
de production de soins, mettant, pour chaque traitement, en balance le
coût/bénéfice" de leur décision.
"C'est avec vous, par vous et pour vous,
professionnels de l'hôpital public, que ce projet va vivre", a répondu Roselyne
Bachelot.
Le corps médical jouera aux côtés du "vrai patron" que devra
être le directeur de l'hôpital, "un rôle essentiel dans la conception du projet
médical", a-t-elle affirmé.
"Le projet médical sera élaboré par la
communauté médicale. Le directeur aura à mettre ses capacités de gestionnaire au
service de ce projet", a-t-elle insisté.
La ministre a réaffirmé par
ailleurs que les CHT ne comprendront que des hôpitaux publics. "Le statut public
de l'hôpital public ne sera pas remis en cause", a-t-elle
assuré.
Interrogée sur la manière dont "l'engagement" des médecins sera
favorisé, Roselyne Bachelot a estimé que les personnels médicaux, paramédicaux,
administratifs et techniques étaient déjà bien engagés. La question est
davantage de leur donner des outils de gestion, a-t-elle
considéré.
Interrogée sur le manque de moyens financiers, elle a rappelé
que le taux de progression des dépenses hospitalières serait fixé à 3,3% pour
2009, soulignant qu'il s'agissait d'un taux important en cette période de crise
mondiale.
Les hôpitaux qui sont en déficit et doivent revenir à
l'équilibre, doivent se poser la question de "l'existence de marges de
progression et d'efficience", a-t-elle estimé.
"Il n'y aura plus de
guichet ouvert" pour obtenir des subventions, a prévenu la ministre. "Je ferai
un effort si les hôpitaux en font aussi".
UNE REFORME DE TOUT LE SYSTEME
Pour
Roselyne Bachelot, le "challenge" du projet HPST est de mener une "réforme de la
santé et non une énième réforme de l'hôpital".
La réforme passera
notamment par l'élaboration d'un projet territorial de santé avec les ARS et les
élus locaux, dans le but d'assurer une "plus juste répartition de l'offre de
soins", a-t-elle expliqué.
Elle traitera de différentes questions, y
compris des coopérations, des transferts de tâches, tout en tenant compte des
questions de santé publique.
"C'est pour répondre aux problèmes de nos
concitoyens que mon projet de loi a été conçu", a-t-elle indiqué.
"Nous
ne pouvons admettre que les plus démunis, les plus fragilisés (...) soient moins
bien soignés" et que "les Français continuent à se rendre aux urgences parce
qu'ils ne trouvent pas de médecin près de chez eux, ni que, faute de structure
adaptée, ils restent par défaut à l'hôpital", a martelé la
ministre.
S'agissant du calendrier d'application des dispositions de la
loi, Roselyne Bachelot a indiqué que tout un travail réglementaire aura lieu en
2009, après la discussion parlementaire et le vote du projet de loi.
Le
recrutement des directeurs d'ARS et leur nomination aura également lieu en 2009
pour un "top départ" de ces agences le 1er janvier 2010, a-t-elle
confirmé.
Dans le domaine hospitalier, certaines dispositions, comme
celles sur le pouvoir du directeur, seront opérationnelles immédiatement, tandis
que celles sur les CHT "prendront plus de temps".