Chers amis,
Ce jeudi 2 octobre 2014 ramène un triste anniversaire, celui du massacre de 30 000 haïtiens par le régime criminel et fasciste de Trujillo. Malheureusement, ce drame est presque entièrement tombé dans l'oubli. L'État haïtien, après avoir trahi ses propres enfants, n'a jusqu'à présent pas pensé à honorer leur mémoire. A 80 ans de la perpétration de ce crime contre l'humanité
qui révolte les consciences, un groupe d'intellectuels de la ville de Ouanaminthe, a fait cette déclaration publique à laquelle je vous demande, en tant que fils, filles et amis de Ouanaminthe et du pays de donner la plus large diffusion possible.
Ce petit comité de réflexion va étendre son appel à tous les secteurs organisés de la vie civile, à tous les intellectuels et leaders concernés afin de monter un collectif du 2 décembre qui va porter tous les projets et toutes les revendications de la communauté sur cette question.
Voici le texte. Dans les prochaines heures, nous vous enverrons une copie scannée avec les signatures. Vous pourrez les faire parvenir aux agences de presse et aux médias pour nous.
DÉCLARATION
DU 2 OCTOBRE 2014
Pour
la Vérité et pour l’Histoire
Nous,
hommes et femmes de la ville de Ouanaminthe, professionnels engagés dans une
réflexion intellectuelle et citoyenne autour du symbolisme du 2 octobre,
faisons en ce jour du jeudi 2 octobre 2014, cette Déclaration
publique et solennelle.
Nous
rappelons que le 2 octobre 1937, un massacre sanglant avait commencé sur la
frontière dominicano-haïtienne, massacre planifié et exécuté par le régime
fasciste du dictateur dominicain Raphael Leonidas Trujillo y Molina inspiré
d’une idéologie haineuse, raciste et anti-haïtienne. Ce crime horrible coûta la
vie à plus de 30 000 haïtiens : hommes, femmes et enfants, tués à l’arme
blanche, horriblement mutilés et jetés sans humanité dans le cours de la
rivière du Massacre qui sépare les villes haïtienne et dominicaine de
Ouanaminthe et Dajabon. Cet acte abominable et inhumain constitue un crime contre l’humanité.
Nous
constatons que l’État dominicain n’a jamais reconnu officiellement le génocide
et n’a jamais présenté ses excuses à la nation haïtienne, aux victimes du
drame, aux rescapés et à leurs descendants.
Nous
regrettons que les différents gouvernements haïtiens n’aient jamais pris des
mesures pour dénoncer le crime et honorer la mémoire des disparus.
Nous
croyons, qu’en dépit des violences qui ont marqué leur histoire commune, il est
important de promouvoir une culture de paix et d’entente entre les deux peuples
qui partagent l’île d’Haïti.
En
vertu de toutes ces considérations,
Nous
demandons à l’État haïtien de consacrer le 2 octobre, Journée nationale du souvenir, en mémoire des victimes du
massacre de 1937.
Nous
demandons à la Mairie de Ouanaminthe de consacrer, par un acte solennel et
public, le 2 octobre comme Journée communale du souvenir en
mémoire des victimes du massacre de 1937.
Nous
demandons aux universités, aux écoles, aux organisations de la société civile,
aux associations et, aux églises d’engager chaque année autour de cette date des
activités de souvenir en mémoire des victimes du massacre de 1937.
Nous
demandons au gouvernement haïtien et aux collectivités territoriales locales de
commencer des initiatives concrètes en vue de l’érection dans la commune de
Ouanaminthe d’un Mémorial en
souvenir des victimes.
Nous
invitons les intellectuels de la commune, les leaders communautaires, les secteurs
organisés de la société civile et tous ceux qui sont intéressés par notre
démarche à se joindre à nous pour la création d’un Collectif du 2 décembre qui
portera ce projet.
Le
crime de 1937 est une douloureuse leçon d’histoire qui montre jusqu’où peut
aller une idéologie fasciste. Les générations présentes et futures doivent se
souvenir pour que la mémoire de ces femmes, de ces enfants et de ces hommes sacrifiés sur
l’autel de la haine et du racisme, assassinés parce qu’ils étaient des haïtiens
et des haïtiennes, fils et filles de Dessalines, ne tombe dans un oubli
inacceptable.
La
République ne saurait oublier ceux qui sont morts pour la patrie. La République
ne saurait oublier ceux qui sont morts, abandonnés, trahis et vendus par leur
propre gouvernement. Le pays leur doit une réparation morale et une
reconnaissance éternelle. La nation ne doit jamais les oublier.
Ouanaminthe,
le 2 octobre 2014.
Professeur
Maismy-Mary Fleurant
Professeur
Wiltone Elva
Professeur
Jacxorne Arné
Professeure
Marie-Claire Charles
Me
Eliot Arvelo
Dr.
Nicot Pierre
Professeur
Lemoine Élie
M.
Jéthro-Claudel Pierre Jeanty
Professeur
Volvick Pierre
Révérend
Père Jean Beauduis Joseph
Agronome
Philomé Surfin.
Cordialement,
Maismy-Mary Fleurant
La Nouvelle Haïti est possible. Des hommes et des femmes de coeur, des jeunes pleins de rêves et d'audace, des gens intègres et résolus veulent la construire.