Nous vivons un
printemps exceptionnel. Pluviométrie et fraîcheur relatives
concourent à conserver une végétation qui garde ses qualités
esthétiques dans le temps.
Ce printemps, c’est le blanc qui
semble submerger le reste de la gamme chromatique. Outre les brassées
de sureaux qui nous font des tonnelles charmantes, les talus des
chemins et les lisières des bois sont envahis par la masse neigeuse
des aubépines, ombelles des carottes sauvages, stellaires, silènes,
trèfles blancs, arabettes, primevères acaules qui nous offrent des
murs et des tapis d’un satin blanc, si pur, délicat, presque
virginal me laissant imaginer ce que peut être le paradis des
premiers jours de la création. Lorsqu’au détour d’une promenade
je me trouve dans une de ces nombreuses trouées de la Gâtine et
qu’enfin, un silence sépulcral m’est offert… alors je suis
heureux d’écouter…ce silence immaculé si rare que
le vide qu’il nous laisse peut nous surprendre...voire même
de nous laisser apercevoir évanescente, une fée tout de blanc vêtue
à peine cachée derrière un rinceau d’asphodèles. Bien sûr, les
oiseaux et leur joyeux tintamarre m’arrivent
bien vite aux oreilles ainsi que le souffle d’une brise si
légère qu’elle berce calmement peupliers et frênes têtards. Ces
derniers tendent leurs bras vers le ciel semblant implorer un
armistice d’abattage. Ici et là, une bringuebalante barrière de
châtaigner adossée à la haie, tente bien de fermer quelque
parcelle imaginaire. Sorti de mes ornières et de mes pensées, je
retrouve le bleu limpide du ciel et découvre un haut de coteau
devenu plaine semée d’orges dont les épis échevelés ondulent à
la caresse du vent. Dans le ciel, de modestes nuages s’effilochent
doucement laissant disparaître des lambeaux de leur chaire si
tendre. Le soleil décline doucement et la galerne semble hésiter
sur la suite à donner au temps de demain. La fraîcheur me tombe sur
les épaules, il est temps de rentrer. De cette flânerie bucolique,
me restent, une fée à la longue chevelure, un goût de beauté,
d’éternité, de paix et de simple tranquillité.
La vie
paraît alors si douce, si sereine…
Portez-vous bien. p