Le terrorisme régresse

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Musulmans du Québec

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May 27, 2008, 4:43:38 PM5/27/08
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25 mai 2008

La Presse
Le terrorisme régresse

Vous serez sans doute surpris de l'apprendre, mais le terrorisme est en régression, révèle une étude d'un centre de recherche canadien. Normal. La lutte contre le terrorisme fonctionne et les groupes terroristes se divisent.

La menace terroriste, principalement islamiste, ne cesse de croître, dit-on. C'est du moins le message diffusé par l'administration républicaine à Washington et ses quelques affidés dans les médias et les centres de recherche. Le climat d'hystérie et de paranoïa entretenu autour de la menace terroriste sert des intérêts.

Il justifie une guerre criminelle en Irak et permet au Pentagone, mais aussi aux appareils militaires en Russie, en Chine et ailleurs dans le monde, d'augmenter leurs budgets pour acheter des armes qui n'ont strictement rien à voir avec la lutte contre le terrorisme.

Pourtant, le terrorisme est en retrait. Les spécialistes commençaient à s'en douter depuis quelques années. John Mueller, de l'Université d'État de l'Ohio, l'avait déjà souligné dans un livre polémique publié en 2006 sous le titre accrocheur de Overblown. How Politicians and the Terrorism Industry Inflate National Security Threats, and Why We Believe Them. Aujourd'hui, nous disposons de statistiques minutieusement compilées qui confirment la thèse de Mueller. Le Human Security Centre de Vancouver a publié mercredi au siège des Nations unies une étude détaillée sur la chute spectaculaire du nombre d'attaques et de victimes du terrorisme de toute sorte et particulièrement du terrorisme islamiste.

Le professeur Andrew Mack et son équipe de chercheurs commencent par définir ce dont on parle. Le terrorisme est « le recours intentionnel à la violence à des fins politiques par des acteurs non étatiques contre des civils ». Cette définition fait consensus. Même pour les instituts de recherche américains dont les publications ne cessent de prétendre que les actes terroristes et le nombre de leurs victimes sont à la hausse.

Erreur conceptuelle

Alors, pourquoi ce fossé entre l'étude du Human Security Centre et les chiffres diffusés par ces instituts ? Parce que, selon les chercheurs canadiens, ces instituts font une erreur conceptuelle majeure. Leurs statistiques « comportent un pourcentage élevé de victimes civiles découlant de la violence intentionnelle au cours de la guerre civile en Irak parmi les décès imputables au terrorisme ». Or, cette façon de procéder ne tient pas la route et pour deux raisons.

Premièrement, « le meurtre intentionnel de civils en temps de guerre n'est normalement pas décrit comme un acte de terrorisme, mais comme un crime de guerre ou un crime contre l'humanité », écrivent les chercheurs. Deuxièmement, et pour le moins étrangement, ces instituts qui comptabilisent les victimes civiles irakiennes ignorent complètement les victimes des conflits en Afrique.

Or, « si le meurtre intentionnel de civils n'est pas comptabilisé en tant qu'acte de terrorisme dans les guerres civiles d'Afrique, alors il ne faudrait pas le comptabiliser ainsi en Irak non plus », écrivent-ils. Cet « oubli » n'a rien d'un hasard et s'explique. Ces instituts sont influencés par le département d'État pour qui une organisation est terroriste lorsqu'elle « menace la sécurité des intérêts américains, ou la sécurité nationale des États-Unis ». Bien des organisations en Afrique ne tombent pas sous cette définition même si elles tuent des dizaines de milliers de personnes chaque année.

Après avoir disqualifié la méthodologie de ces instituts, l'équipe de recherche du Human Security Centre déconstruit leurs statistiques pour en dévoiler les vérités. Lorsque l'Irak est éliminé des statistiques, la hausse spectaculaire des victimes enregistrée par ces instituts de recherche (de 40 à 75% entre 2004 et 2006) disparaît complètement et même se transforme en chute. Et lorsqu'on y regarde de plus près, les attaques partout dans le monde liées au terrorisme islamiste ont baissé de 65% entre 2004 et 2007.

L'équipe du professeur Mack identifie trois raisons au déclin du terrorisme en général et du terrorisme islamiste en particulier. Premièrement, la lutte antiterroriste fonctionne. Elle est devenue mondiale et elle réussit à prévenir les attaques, à démanteler les groupes, et à assécher leur financement.

Deuxièmement, de nombreux groupes, islamistes pour la plupart, s'entredéchirent sur des questions idéologiques, comme le montre le violent débat opposant les membres dirigeants du groupe Al-Qaeda et certains de leurs anciens compagnons de route aujourd'hui militants de la non-violence. Le schisme est maintenant intelligemment exploité par les services secrets américains et autres afin d'entretenir la discorde et d'affaiblir les groupes. Troisièmement, le monde musulman bouge, se modernise et rejette de plus en plus la violence aveugle d'Al-Qaeda et des cellules qui s'en réclament.

Les nouvelles sont donc bonnes de ce côté, même si on ne peut exclure une autre tragédie comme le 11 septembre. Le terrorisme sera toujours présent dans nos sociétés, mais en aucun cas, écrivent les auteurs, sa version islamiste ne pose un danger comparable au fascisme des années 30, comme le laissent entendre l'administration républicaine et certains intellectuels surexcités.




Jocelyn Coulon est directeur du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, affilié au Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal. Il dirige depuis ses débuts le Guide du maintien de la paix publié annuellement chez Athéna Éditions
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