En lisant ... Stephane Vial

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Yann Leroux

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May 8, 2009, 7:51:52 AM5/8/09
to Mondes Numériques
PP7 En lisant Stephane Vial

En lisant Stephane Vial, je me disais que j'ai vu deux communautés
mourir sur le net. La premièret était psyapsy.net, un forum qui
tournait sous phpBB et la seconde était PP7. Dans les deux cas, je
suis arrivé au moment de la mort du groupe. Dans les deux cas, je
n'étais pas assez ancien pour recevoir de plein fouet la déflagration,
mais suffisament pouren ressentir les effets.

Stephane Vial raconte l'histoire d'une communauté en ligne, de ses
commencements a sa fin. Je ne connais pas d'autres témoignage en
langue française qui fasse un tel récit. Certes, il est parcellaire,
et orienté : c'est le fondateur qui raconte et d'autres voix nous
raconteraient d'autres histoires. Mais c'est précisément parce que
c'est un récit subjectif, écrit en première personne, que c'est un
témoignage précieux qui enseigne autant par ce qu'il éclaire que par
ce qu'il laisse dans l'ombre.

Il y a quelque chose de mythologique dans ce récit : un homme, seul,
enfermé dans une pièce, volets fermés, perdant que le monde vibre et
meurt sous les dardances du soleil. C'est là, dans la pénombre, qu'il
explore les entrailles de l'informatique, et c'est là qu'il y fait une
rencontre décisive qui l'àmène à forger le rêve d'une "intelligence
collective". Le 20 septembre 2003, ce rêve a un contenant : un site
est en ligne

Il y a discuter les relations que le rêve entretient avec les espaces
numériques. Si l'internet, ou le virtuel, puisque Stephane Vial fait
sienne la définition de Lévy, est la réalité sans être tout à fait
elle, quel place occupe t il vis à vis du rêve ? L'espace onirique est
il superposable à l'espace virtuel ? Voilà le genre de question de
l'on croise avec Stephane Vial. Ce sont des questions redoutables :
elles n'ont pas été résolues. Elles sont les Charrybe et les Scylla
des penseurs de ces espaces.

Je vous laisse découvrir l'histoire de PP7 - on a envie de dire, comme
dans les anciens romans : Ou l'on apprend l'histoire de PP7 telle que
Stephane Vial la raconta - pour me center sur les réflexions qu'en
tire l'auteur Comment se forme la vie d'un groupe en ligne ? Elle
part d'un dispositif - ici un forum phpBB - qui fait "naitre
brutalement et massivement des identités". Du noir premier avait
émergé La Connaissance puis la rencontre avec un Idéal - GNU,
Stallman... Ce temps est celui de la solitude et des lentes
maturations. Le second temps est celui des foules, et de la rapidité.
Quelque chose émerge brutalement et massivement d'un et par un
dispositif. Le forum est ce qui peut contenir cette foule. Il est fait
pour cela. il permet de à chacun de présenter ce que Stephane Vial
appelle un "personnage virtuel", c'est à dire, si j'ai bien compris,
la façon dont chacun peut habiter son identité en ligne

A ce propos, je ne suis pas tout a fait convaincu qu'une adresse IP ne
puisse servir de soutien a nos identités en ligne. Je connais mon
adresse IP par coeur, et je connais celles des différents ordinateurs
de mon réseau personnel. Je connais aussi chaque machine par le nom
que je lui ai donné et chaque nom correspond a une histoire. Reboot,
par exemple s'appelle reboot parce qu'il ne faisait que rebooter suite
a une infection virale

Une fois que la vie groupale a "pris" dans le forum, celle ci ne
demande qu'à se développer. Ce développement tire sa force de deux
sources. La première est que "un site internet, en tant que document
hypertexte et hypermédia, n'est rien d'autre qu'un support numérique
de représentations verbales et imagées ayant la forme de pages web, de
messages échangés, de textes mis en commun, deprofils de forum,
d'avatars, de photos ou vidéos partagées, etc." La seconde raison est
que le dispositif en ligne offre aux étudiants une alternative à
l'anonymat des campus

Je pense que l'on pourrait sans problème étendre cette reflexion a nos
mégapoles et a l'internet en général. Si l'anonymat est possible sur
le réseau, ce dernier est en premier lieu l'espace d'une vie sociale
d'autant plus vibrante que les "non-lieux" contaminent de plus en plus
les espaces publics

Enfin, il y a un point que j'aimerais discuter - il en est d'autres :
la gestion des conflits, la différentations des membres du groupe, la
compétition des fils de discussion, bref la cuisine du forum, - c'est
ce que Stephane Vial appelle le "personnage virtuel". Sur un forum,
remarque, Stephane Vial, on s'autorise de choses que l'on ne
s'autorise pas ailleurs. Cela tiendrait à la mise en parenthèse du
corps qui ne fonctionnerait plus alors comme "lest" a la
fantasmatisation. Il s'en suivrait une fluidification de la vie
psychique, donc (?) une pente vers du toujours plus

Stephane Vial cite alors une expérience montrant que l'on attribue
bien plus de fausse croyances au mail qu'au téléphone. Privé des
signes de la présence de l'autre, on aurait tendance à remplir cette
absence de nous-même.

C'est là une expérience que nous faisons tous : les discussions
s'échauffent vite en ligne. Elles se refroidissent vite aussi,
d'ailleurs. Mais je ne vois pas le lien avec le corps. Lorsque je lis
un texte de Kierkegaard, je n'ai pas sa présence "en corps", et je ne
vis pas cette impression de fluidité. Ne faut il pas cherche les
causes de cette expérience vécue non pas dans nos corps mais dans le
dispositif d'écriture ? Avec le numérique, tout glisse : j'écris, et
les lettres apparaissent successivement sur mon écran. Je me trompe et
je les efface sans difficulté. Il n'u a pas grand effort a faire pour
écrire, et il est le même pour l'effacement. Cela est unique :
souvenons nous de nos cahiers d'écolier, du plaisir du stylo qui
glisse et de l'effaceur qui efface sans (presque) laisser de trace.
C'est - je le propose à la discussion - du fait de la particularité
avec laquelle nous faisons trace sur le net - que nos interactions
prennent cette coloration.
--

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