Foucault et la psychanalyse

[Frans Tassigny]

IV. Foucault et la psychanalyse17Ce serait toutefois par ce biais que
la problématisation de la psychanalyse s’imposerait à présent dans ce
parcours. Ainsi, comment le discours psychanalytique s’inscrirait-il
dans le champ de ce débat, polarisé entre les registres de l’éthique
et de la connaissance ? Quelle serait la spécificité théorique de la
psychanalyse ?
18 Birman, J. Foucault et la psychanalyse. Lyon, Parangon /Vs, 2007.
18Foucault a entrepris diverses lectures différentes au sujet de la
psychanalyse au cours de son oeuvre. Je n’ai pas l’intention de les
évoquer ici, pour ne pas m’éloigner de ce qui est en cause.18
Cependant, malgré les multiples commentaires concis qu’il a faits, et
où la psychanalyse a été critiquée, Foucault a énoncé deux
formulations qui doivent être mises en évidence :
19 Foucault, M. “Qu’est-ce qu’un auteur?” (1969). In : Foucault, M.
Dits et Écrits, Vol. I, Op. cit. (...)
19Dans l’essai intitulé « Qu’est-ce qu’un auteur ? », de 1969, il a
affirmé que la psychanalyse n’était pas une science, mais une forme de
discursivité. Si dans la première les concepts énoncés n’exigeaient
pas qu’on se réfère à leurs auteurs, dans celle-ci, par contre, les
concepts seraient toujours des concepts d’auteurs. Ce qui expliquait
pourquoi le mouvement de retour aux textes originaux des formations
discursives était fondamental - ce que réalisa Lacan dans son retour
à Freud et d’autres interprètes par rapport à Marx, ce qui n’aurait
pas lieu dans le champ du discours scientifique ;19
20 Foucault, M. Les mots et les choses. Op. cit.
20Dans « Les mots et les choses », publié en 1966, Foucault fait un
éloge à la psychanalyse et à l’anthropologie structurelle, pour avoir
promu le décentrement du sujet du registre du moi.20 En d’autres
termes, dans cette opération théorique la critique de la tradition de
la philosophie du sujet a été menée de façon convaincante.
21 Foucault, M. Le gouvernement de soi et des autres (1982-83).
Paris, Gallimard/Seuil, 2008.
22 Foucault, M. Le courage de vérité (1984). Paris, Gallimard/Seuil,
2009.
21Ce qui s’impose à présent à nous est la question de savoir comment
la psychanalyse s’articule avec le discours de la science, et quel est
le destin devant être donné à l’idée de décentrement du sujet. Par ce
double questionnement, ce qui serait tout d’abord en cause est la
question suivante : la psychanalyse s’inscrit-elle dans le champ de
l’éthique, et pas dans celui de la science ? Et ensuite: l’expérience
psychanalytique esquisse-t-elle, pour le sujet, un champ qui serait
semblable aux pratiques de soi de l’Antiquité ? Finalement,
l’impératif de dire la vrai (parrêsia)21 , 22 du discours
philosophique de l’Antiquité est-il l’équivalent de l’impératif de la
vérité en psychanalyse ?