Jos Tontlinger / LE DISCOURS DE L IMAGE

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Frans Tassigny

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Nov 12, 2010, 3:08:04 AM11/12/10
to la libraire de germinalyse
Approche picturale.

Les discours sur l’image sont légion, hors limite, et n’épuisent pas
l’impossibilité perpétuelle d’en saisir quelque chose d’arrêté. Et si
on posait qu’une image – et surtout une photographie – est et n’est
pas une image ? On produit tout simplement déjà de l’ironie. Et
justement.

L’ironie désigne un décalage entre le discours et la réalité, entre
deux réalités ou plus généralement entre deux perspectives qui produit
de l'incongruité.

Défini ainsi, l’ironie concerne couramment les échanges verbaux entre
personnes, mais par extension n’y verrait-on pas aussi le rapport
entre l’individu et son environnement par exemple ; environnement qui,
en se montrant à la personne lui « parle » par image interposée.
L’ironie de cette « monstration » pouvant être produite par le fait
que ce qui est vu ou montré diffère de ce qui est signifié. L’ironie
est un discours non-littéral permettant ainsi à exprimer simultanément
plusieurs significations, mais ce qui distingue l’ironie de
l’ambivalence ou de la moquerie, c’est peut-être le fait que le réel à
l’état brut ne saurait être qu’ironique puisque échappant à toute
symbolisation et devant donc se montrer autrement qu’il ne l’est,
devant se trouver d’autres représentants. Le Réel semble pouvoir être
le prototype même de l’ironie.

Le titre « paysages ironiques » valant comme fil conducteur de mes
travaux photographiques cherche à traduire cela. Ce qui est montré
n’est pas ce qui est, tout aussi réaliste ou banal que cela
apparaisse. Ce qui est montré n’est pas l’objet vu, mais le paysage
intérieur qu’il signifie. L’environnement urbain est multiple,
intérieur et concentrique ramenant à l’individu qui le regarde. Ces
paysages urbains et ironiques ne sont finalement que des portraits
humains qui décrivent les individus non pas en vision directe mais à
travers ce qui est façonné par lui et ce avec quoi il est en
interaction. L’ironie est là sans doute aussi : rien ne signifie en
soi, mais seulement par une interprétation de celui qui y est
attentif. Dans ce sens, l’ironie semble propice à donner accès à
d’autres paysages que ceux que l’on croit voir.

Mes images privilégient les basses lumières, les profondeurs
visuelles, les géométries rigoureuses, l’ouverture des espaces, une
déconstruction du mouvement afin de proposer un autre temps, un
réalisme sans fard ni transformations pour y prêter attention à
l’ordinaire pouvant parfois être perçu de laid ou même d’hostile de
prime abord, mais pouvant ensuite se découvrir dans un registre
profondément humain et finalement pacifiant.
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