C’est Yuval Pick, ancien danseur du Ballet de l’Opéra de Lyon, qui
devrait être nommé à la direction du Centre Chorégraphique national de
Rillieux-la-Pape. Choisi par un jury sur une short-list de six noms –
dont Mourad Merzouki, Rachid Ouramdane et Mathurin Bolze – Yuval Pick
devrait succéder à Maguy Marin. Si le ministre de la Culture confirme
bien le choix du jury…
Le jury, par 4 voix sur 5, a clairement fait son choix vendredi
dernier pour succéder à Maguy Marin à la tête du Centre Chorégraphique
national de Rillieux-la-Pape : ce sera Yuval Pick, ancien danseur du
Ballet de l’Opéra de Lyon né en Israël en 1970. Le chorégraphe, doté
d’une grande ouverture et d’un véritable "don de sympathie" dit-on, a
séduit les membres du jury par son charisme.
Son parcours de danseur contemporain ayant travaillé avec les plus
grands (Tero Saarinen, Carolyn Carlson, Russel Maliphant…), sa très
bonne connaissance du CCN de Rillieux, dont il est un habitué, voire
un résident, depuis son ouverture, et son attention marquée à l’emploi
permanent artistique, ont également séduit le jury qui l’a préféré à
cinq autres candidats, pour la plupart issus de la « diversité ».
Certains n’ont pas manqué de souligner en effet le côté très «
discrimination positive » de la short-list retenue pour la direction
du CCN de Rillieux-la-Pape, comme si ce type de banlieue de l'est
lyonnais rimait forcément avec « jeunes – ou moins jeunes - issus de
l’immigration ». C’est aussi une caractéristique du monde de la danse,
largement irrigué depuis plus de 20 ans par de jeunes chorégraphes
issus des banlieues et venus à l’institution chorégraphique par le hip
hop et les danses urbaines. Figuraient en effet sur les rangs de la
succession de Maguy Marin les chorégraphes : Abou Lagraa, Mourad
Merzouki, Rachid Ouramdane, Nacera Belaza, Mathurin Bolze et Yuval
Pick.
La Région avait à cœur de soutenir Mourad Merzouki, chorégraphe issu
du hip-hop originaire de Bron. Très apprécié dans la région et au-
delà, Mourad Merzouki est au cœur des réseaux : il s‘entend très bien
avec Guy Darmet, qu’il a secondé à la direction artistique de la
Biennale de la danse, comme il est très proche de Dominique Hervieu,
nouvelle directrice de la Maison et de la Biennale de la Danse. Il a
commencé à fédérer toute une dynamique autour des danses urbaines à
Bron et dans l'agglomération lyonnaise au sein du Pôle Pik qu'il a
créé.
Mais le ministère de la Culture l’a nommé en septembre 2009 à la
direction du CCN de Créteil, et ne souhaitait pas se livrer trop vite
à un nouveau jeu de chaises musicales. Et tant pis si Mourad Merzouki
ne semble guère heureux à la direction du CCN de Créteil, qu’il doit
partager bon an mal an avec Bianca Li.
L’association qui gère le Centre chorégraphique national n’avait pas
de candidat affiché mais préférait, symboliquement, voir arriver dans
ce lieu militant et exigeant un chorégraphe qui n’avait jamais dirigé
d'institution. Avec le Lyonnais Mathurin Bolze, surdoué du nouveau
cirque, le CCN aurait accordé toute sa place à la transversalité – de
plus en plus à l’œuvre dans les arts et la danse -, ce qui aurait été
assez novateur. Mais le trampoliniste semble avoir été jugé trop
jeune. Avec Rachid Ouramdane, le CCN aurait accueilli un artiste
audacieux, engagé dans une réflexion artistique sur les identités
contemporaines, intégrant les arts visuels et notamment la vidéo. Avec
Yuval Pick, c’est la « pure » danse contemporaine qui a été choisie
par le jury. Très exigeante mais aussi très ouverte.
Echaudé par de récentes interférences dans des nominations (à
Marseille ou Angoulême) qui ne correspondaient plus vraiment au choix
du jury, le milieu culturel reste prudent. A raison. D'après nos
informations en toute fin d'après-midi, et contre toute attente, le
ministre de la Culture pourrait préférer Mourad Merzouki à Yuval Pick.
Anne-Caroline JAMBAUD
14/02/2011
http://www.libelyon.fr/