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unread,Mar 30, 2011, 4:53:36 AM3/30/11Sign in to reply to author
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to infos : administration, production et politique culturelle
Bibliothèques sans directeur, musées en manque de visiteurs et budgets
émiettés: plusieurs dossiers alimentent le mécontentement à l'égard de
la politique culturelle marseillaise, dont les lacunes sont mises en
lumière par Marseille-Provence 2013.
La presse locale fustige une culture qui "bafouille", l'opposition n'a
de cesse de dénoncer promesses non tenues et retards interminables, et
nombre d'acteurs déplorent un "long déclin" après le "bouillonnement"
des années Robert Vigouroux, maire de Marseille de 1986 à 1995.
"La vie culturelle marseillaise est sinistrée. Drôle de façon de se
préparer à 2013", assène Alain Hayot, ancien vice-président à la
culture de la Région, pour qui la récente décision de Bernard Latarjet
de quitter, à mi-parcours, la direction de l'association chargée
d'organiser l'année de la capitale européenne, révèle un "malaise".
Malaise du côté des bibliothèques tout d'abord, privées de
conservateurs d'Etat depuis décembre. Gilles Eboli et son adjointe
Sophie Bernillon ont claqué la porte, refusant de se voir imposer par
la mairie un organigramme différent de celui qu'ils avaient mis un an
à élaborer avec le personnel.
Deuxième point noir: les musées, dont la directrice Marie-Paule Vial
vient de partir. Dotée de 14 musées, la cité phocéenne souffre de
l'éparpillement des collections et d'un manque de notoriété, pour une
fréquentation bien maigre (209.552 entrées en 2010).
"Ils ne sont peut-être pas à la hauteur de la deuxième ville de
France", reconnaît l'adjoint à la culture Daniel Hermann, mais un
vaste programme de rénovation a été lancé. Tout sera "prêt en 2013",
assure l'élu qui place beaucoup d'espoirs dans le Musée des
civilisations d'Europe et de Méditerranée, en construction sur le
front de mer.
Au menu également, une meilleure formation du personnel, la
réorganisation du système de billetterie et le renforcement de la
sécurité, après la disparition fin 2009, au musée Cantini, d'un
tableau de Degas et la révélation de dysfonctionnements dans la
gestion des recettes.
La situation marseillaise correspond à un désengagement global en
France, selon l'universitaire Françoise Taliano-des Garets, auteur de
l'ouvrage "Les métropoles régionales et la culture", qui note que
l'arrivée de Jean-Claude Gaudin à la municipalité, en 1995, coïncide
avec une "décrue sur le plan culturel partout, après l'euphorie des
années Lang".
Cependant, Marseille a toujours accusé un "retard absolument
saisissant" par rapport aux autres villes. Quand elle y consacre 9,5%
de son budget, Bordeaux se situe à environ 18%. Ce décalage, poursuit-
elle, s'explique à l'origine par "sa sociologie ouvrière et la
proximité de la ville bourgeoise d'Aix-en-Provence qui a concentré les
activités culturelles".
Ce n'est pas pour autant un désert culturel: elle foisonne de
festivals pointus, tels que MIMI (Mouvement international des musiques
innovatrices) ou Marsatac, s'est fait un nom dans les arts de la rue
auxquels une cité est dédiée et s'affiche deuxième place théâtrale de
France avec 40 scènes.
"On a préféré nourrir le territoire, injecter notre argent dans les
associations plutôt que de créer des événements, dans le sens où
Marseille n'est pas une ville excessivement riche", se justifie M.
Hermann.
Cette stratégie a conduit à "un émiettement des budgets", à "une
politique de guichets", sans aucune "lisibilité autour de l'identité
culturelle", regrette Bernard Millet, ancien directeur des Rencontres
photographiques d'Arles et conseiller à la culture du président (PS)
du conseil général des Bouches-du-Rhône.
"Résultat: on a des outils, auparavant de grande renommée, qui n'ont
plus du tout les moyens d'exister", conclut-il.
de Anne BEADE (AFP) 29 mars 2011