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unread,Mar 24, 2011, 9:40:42 PM3/24/11Sign in to reply to author
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to infos : administration, production et politique culturelle
Bernard Latarjet quitte la direction générale de Marseille-Provence
2013. Il explique au Monde les raisons de cette décision et revient
sur les difficultés rencontrées par la capitale européenne de la
culture.
Pourquoi partez-vous ?
Je ne pars pas. Je reste investi dans le projet, et exclusivement,
c'est-à-dire que je n'aurai pas d'autre activité. Simplement je change
de fonction parce que, dans cette phase opérationnelle, à moins de
deux ans de l'ouverture, il y a un ensemble de tâches d'organisation
que je ne peux pas conduire seul. J'avais prévu depuis plusieurs mois
la mise en place d'un tandem, avec un directeur opérationnel plus
jeune et plus disponible, moi dans une fonction de conseiller, plus
centrée sur le contenu et la programmation que sur le management
quotidien.
Cette solution a été pratiquée dans d'autres capitales culturelles. A
Liverpool, Bob Scott, qui avait fait la candidature et le début de la
mise en oeuvre, a passé la main à quelqu'un de plus jeune, plus
costaud. Je vais avoir 70 ans, ce n'est pas le bon âge pour le sprint
final. Jean-François Chougnet a vingt ans de moins, nous avons
travaillé ensemble pendant des années à La Villette, je sais qu'on se
complétera parfaitement.
Difficile de croire à cette belle histoire de transition douce...
C'est pourtant la réalité. Si j'en avais marre, je partirais. Je suis
investi dans ce projet, j'y tiens, je veux aller jusqu'au bout. Mais
l'équipe doit être renforcée.
Pourquoi ne pas avoir pris un adjoint ? Cette mise en retrait ne
signifie-t-elle pas autre chose, alors que les problèmes se
multiplient depuis six mois ?
Six mois, vous plaisantez ! Je suis là depuis quatre ans et demi, nous
avons toujours rencontré des problèmes. Ensuite, dans cette phase
finale, je voulais que les choses soient claires, avec un directeur
général présent vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur
sept à Marseille, alors que moi-même je suis contraint de rentrer le
week-end à Paris. Je serai là pour l'aider mais il ne peut pas y avoir
deux patrons.
Refus de Toulon de s'associer au projet, conflits politiques, grogne
des acteurs culturels, bataille de logo... Tout est sujet à conflit.
N'est-ce pas fatigant ?
Je vous dirais le contraire, vous ne me croiriez pas. Mais la
réorganisation n'a rien à voir avec ça.
Ni avec vos difficultés avec le maire UMP de Marseille ?
Jean-Claude Gaudin m'a toujours soutenu. Il ne m'a jamais empêché de
faire quoi que ce soit, n'est jamais intervenu dans le contenu. J'ai
eu des discussions sur les programmes avec certains adjoints. Avec
Gaudin, jamais.
Des institutions culturelles en déshérence, une ville sans directeur
des bibliothèques ni directeur des musées, ça ne doit pas faciliter la
tâche ?
C'est vrai. Mais là encore, ça n'a rien à voir avec la réorganisation.
Ma proposition date de septembre.
Vous avez affronté une vive contestation locale...
Elle a eu lieu dans toutes les capitales, de tous les pays, c'est
inhérent à la manifestation. Partout, le tissu culturel est fragile.
Tout à coup débarque un projet, avec un patron venu de l'extérieur,
censé avoir beaucoup d'argent. C'est un élément perturbateur par
nature. Il ne peut pas ne pas y avoir d'interrogation sur le thème :
il va nous piquer l'argent. La réalité, c'est que jusqu'à présent il
n'y a eu aucun siphonnage, je le garantis. A l'intérieur des
collectivités locales, il y a sûrement eu des redéploiements entre
leurs différents projets. Mais les budgets de la capitale européenne
n'ont pas été alimentés par les réductions des budgets culturels.
Gardons en tête que le budget global de fonctionnement de la capitale
culturelle, c'est 10 % de l'ensemble des budgets culturels d'une
année. C'est une toute petite marge supplémentaire.
L'arrivée de Jean-François Chougnet, que vous proposez, est-elle
décidée ?
Non, la décision appartient au conseil d'administration.
Un refus serait un désaveu ?
Bien sûr. Mais je ne partirais pas en claquant la porte. Le chantage à
la démission n'est pas mon genre. Si le conseil ne me suit pas, nous
chercherons quelqu'un d'autre.
Propos recueillis par Nathaniel Herzberg Article paru dans l'édition
du Monde 24.03.11