Il n’a pas pu aller à Gaza : « Trop compliqué, trop dangereux ». Il en a cependant ramené les mots d’un prêtre rattaché à la paroisse de l’enclave palestinienne. Avec émotion, l’archevêque de Tours lance l’enregistrement de l’échange de neuf minutes qu’il a eu depuis Jérusalem avec le père Romanelli. « Il nous a demandé de témoigner : la situation est terrible, la faim est partout, le manque de soin, rapporte Mgr Vincent Jordy, de retour à son bureau de la rue des Ursulines à Tours. Selon lui, il n’y a même pas un signe d’espoir. »
Après un voyage de quatre jours en Terre Sainte, entre Israël et Palestine, effectué entre le 16 et le 20 août 2025 avec la présidence de la Conférence des évêques de France – dont il est vice-président –Mgr Vincent Jordy témoigne. Auprès des médias d’abord ; auprès du Pape Léon XIV lors d’un échange prévu ce lundi. « Je pense que l’Église doit parler, qu’il faut que les gens s’engagent, même politiquement, pour que les institutions s’en emparent », engage-t-il.
L’émotion à fleur de peau, l’homme d’église raconte le passage des check-points entre les territoires palestiniens et la partie israélienne de Jérusalem, ses rencontres avec des membres de la communauté chrétienne « et des personnes de toutes confessions ». « Il y a une tristesse partout », a ressenti Mgr Jordy. Et d’évoquer cet informaticien de l’université de Bethléem, en Cisjordanie, qui n’avait pas vu sa fiancée qui habitait de l’autre côté de la frontière depuis plusieurs mois. Cette fillette souffrante, en route pour l’hôpital, bloquée à un check-point. Ces sœurs qui s’occupent de personnes lourdement handicapées sous les bombes. Ces communautés chrétiennes attaqués par des groupes de colons. « Il n’y a plus rien de rationnel », lâche l’archevêque de Tours./.../
L’archevêque de Tours Mgr Vincent Jordy a été à la rencontre de membres de la communauté chrétienne, mais aussi juive et musulmane. /.../
Dans cet enchevêtrement de « situations dramatiques et de souffrance », l’homme d’église a pourtant saisi une lueur d’espoir. « Il y a parmi les membres de la communauté juive, jusque dans l’armée, et quelques hommes politiques, des gens qui ne sont pas d’accord avec le gouvernement d’Israël », a-t-il constaté au fil de ses rencontres. « J’ai été particulièrement ébranlé par (les?) échanges avec des personnes du Forum des familles [la plus importante association de proches d’otages en Israël] », glisse l’archevêque de Tours. « Il y a de la souffrance, mais aussi des gens réfléchis, pondérés, remarque-t-il encore. Je suis reparti en me disant que tant qu’il y aura des hommes comme ça, peut-être qu’il y a quand même de l’espoir. »