''L'humain a une prédisposition à l'altruisme'' (Matthieu Ricard)

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Gabriel CHEL

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Nov 26, 2025, 4:36:49 PM (10 days ago) Nov 26
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Et puis, il y a Marie-Laure. Marie-Laure [bénévole en soins palliatifs], qui est venue tous les lundis soir depuis vingt-cinq ans. Vingt-cinq ans. Vous ne connaissez pas Marie-Laure : elle n’a pas de blog, elle n’a pas de chronique et vous ne verrez pas de selfies « Marie-Laure en soins pals » sur Insta. Elle n’a pas de médaille non plus. Elle ne communique pas et n’a pas attendu de récompenses pour agir.

Mais durant vingt-cinq ans, Marie-Laure a été incroyablement fidèle pour prêter une oreille discrète et anonyme aux récits de vie, aux angoisses, aux demandes anodines, pour tenir une main, rapprocher une tablette, ramasser une sonnette, entendre la détresse d’un proche, laisser sortir les mots, alléger le fardeau d’un conjoint pour qu’il puisse être fort encore, et écouter à son tour.

« si les choses ne vont pas pour vous et moi aussi mal qu’elles auraient pu aller, nous en sommes redevables en partie à ceux qui ont vécu fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes délaissées ».

écouter absolument :

https://www.youtube.com/shorts/Wgu5JGYhxrA
Matthieu Ricard
[3 minutes]

Ce qui précède est un extrait de ce qui suit

https://www.youtube.com/watch?v=9BvUxt4qFPs&t=2022s
Matthieu Ricard : l'humain a une prédisposition à l'altruisme [45 minutes]



https://www.la-croix.com/a-vif/ca-se-traite-la-tristesse-de-bientot-mourir-20251124?utm_term=edito&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=NEWSLETTER__CRX_ESSENTIEL_MIDI_EDITO&utm_content=20251126

« Ça se traite, la tristesse de bientôt mourir ? »

Erwan Le Morhedec 
Avocat, essayiste et chroniqueur pour La Croix – le 24 novembre 2025

Article réservé à nos abonnés.

Erwan Le Morhedec relève combien nous sommes redevables aux soignantes anonymes des services de soins palliatifs. Dans notre actualité faite de menaces à conjurer, il nous propose de nous asseoir avec lui un instant et contempler cette bienveillance discrète de celles qui vivent fidèlement une vie cachée.

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Il n’est pas 6 heures, déjà elles sont levées. Manuela, Sophie, Maria, Cécile, Patricia et tant d’autres. Il fait encore nuit et déjà froid, elles viennent souvent de loin. Anonymes dans nos trains matinaux, elles convergent vers un lieu que nous nous appliquons plutôt à ne pas connaître, vivre une réalité que nous fuyons mais qui fait leur quotidien.

Au même moment, partout en France, d’autres font de même. Mais celles-là rejoignent ce grand établissement parisien de soins palliatifs que je connais bien, où elles soigneront des plaies que l’on ne détaillera pas, prépareront à la paillasse les traitements qui soulageront les douleurs et permettront à une mère ou à un fils de partager ce qui peut et doit encore l’être dans ces derniers moments – des mots d’amour, des demandes de pardon, des regards, la pression d’une main.


Une colère injuste

Elles seront là pour des attentions simples, rire dans une chambre où les visiteurs ne pénètrent souvent plus qu’empesés. Elles reçoivent aussi la colère, colère des patients, colère des proches, contre la maladie mais parfois aussi contre les soignants. C’est une colère injuste mais il faut bien la diriger contre quelqu’un. La mort, elle, n’a pas de visage. Elles le savent et l’acceptent. Seulement des femmes ? Soyons justes : il y a Jean aussi et Sacha, Arnaud, David, Jérôme chez les médecins. Il n’empêche que nous autres hommes avons du mal à exprimer le soin.

À lire aussi Fin de vie : soulager la douleur et les angoisses, récit d’une nuit en soins palliatifs

En réunion de transmissions, on entend même les soignants s’inquiéter de la tristesse d’un patient. Parce que ça se traite, la tristesse de bientôt mourir ? Il ne serait pas normal d’être triste ? Eh bien non, on l’entend, la tristesse, on l’entoure, on l’écoute, on la soigne. Un autre jour, un médecin s’est inquiété de préserver l’alimentation-plaisir d’un patient pourtant nourri désormais par sonde naso-gastrique. Gourmet, cet homme avait confié que son dernier plaisir était d’imaginer la saveur des recettes qu’il ne pouvait plus préparer ni goûter.

S’il arrive d’être surpris par la dégradation fulgurante de l’état de santé d’un patient, celui-ci, avec sa sonde dans le nez, son visage profondément émacié, ne pouvait faire illusion. Arrivé un lundi, il est décédé le mercredi. Mais en l’espace de seulement 48 heures, contre toute idée de rentabilité, des soignants ont débattu du moyen de sauvegarder pour lui un plaisir.


Marie-Laure n’a pas attendu de récompenses pour agir

Autour des patients, elles s’appellent aussi Cyprienne, Maï, Béatrice ou encore Marie. Elles sont bénévoles. Soyons justes : il y a un homme aussi, Étienne.

Et puis, il y a Marie-Laure. Marie-Laure, qui est venue tous les lundis soir depuis vingt-cinq ans. Vingt-cinq ans. Vous ne connaissez pas Marie-Laure : elle n’a pas de blog, elle n’a pas de chronique et vous ne verrez pas de selfies «
Marie-Laure en soins pals
» sur Insta. Elle n’a pas de médaille non plus. Elle ne communique pas et n’a pas attendu de récompenses pour agir.

À lire aussi   J’ai peur de mourir

Mais durant vingt-cinq ans, Marie-Laure a été incroyablement fidèle pour prêter une oreille discrète et anonyme aux récits de vie, aux angoisses, aux demandes anodines, pour tenir une main, rapprocher une tablette, ramasser une sonnette, entendre la détresse d’un proche, laisser sortir les mots, alléger le fardeau d’un conjoint pour qu’il puisse être fort encore, et écouter à son tour.

Autorisez-moi cette pause. Dans notre actualité faite d’inquiétudes et de menaces à conjurer, m’asseoir un instant et contempler cette bienveillance discrète. N’oublions pas, comme l’écrivait George Eliot, citée à la fin d’
Une vie cachée, le film puissant de Terrence Malick, que

« si les choses ne vont pas pour vous et moi aussi mal qu’elles auraient pu aller, nous en sommes redevables en partie à ceux qui ont vécu fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes délaissées ».

Trêve de tombes ! Soyons-en redevables aujourd’hui alors qu’ils (elles) sont là, bien vivant(e)s, parmi nous.

Toutes les semaines, retrouvez la chronique d’Erwan Le Morhedec

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