Extraits du discours de l'abbé Sieyès (assemblée nationale, 7 septembre 1789)

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Quentin Grimaud

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Aug 6, 2012, 5:08:24 PM8/6/12
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Discours du 7 septembre 1789 - Abb� Siey�s

Emmanuel-Joseph Siey�s, Discours � l'Assembl�e nationale du 7 septembre
1789.

Abb� Siey�s : Chanoine et grand vicaire de Chartres (Assembl�e nationale
- Tiers-�tat - Paris)



http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k495230/f660.image.r=Archives+Parlementaires,+tome+VIII.langFR

d�but du discours : page 592



Extraits



"Les peuples europ�ens modernes ressemblent bien peu aux peuples
anciens. Il ne s'agit parmi nous que de commerce, d'agriculture, de
fabriques, etc. Le d�sir des richesses semble ne faire de tous les �tats
de l'Europe que de vastes ateliers : on y songe bien plus � la
consommation et � la production qu'au bonheur. Aussi les syst�me
politiques aujourd'hui sont exclusivement fond�s sur le travail ; �
peine sait-on mettre � profit les facult�s morales, qui pourraient
cependant devenir la source la plus f�conde des plus v�ritables
jouissances. Nous sommes donc forc�s de ne voir, dans la plus grande
partie des hommes, que des machines de travail. Cependant vous ne pouvez
pas refuser la qualit� de citoyen, et les droits du civisme,� cette
multitude sans instruction qu'un travail forc� absorbe en entier.
Puisqu'ils doivent ob�ir � la loi tout comme vous, ils doivent aussi,
tout comme vous, concourir � la faire. Ce concours doit �tre �gal.

Il peut s'exercer de deux mani�res. Les citoyens peuvent donner leur
confiance � quelques-uns d'entre eux. Sans ali�ner leurs droits, ils en
commentent l'exercice. C'est pour l'utilit� commune qu'ils se nomment
des repr�sentations bien plus capables qu'eux-m�mes de connaitre
l'int�r�t g�n�ral, et d'interpr�ter � cet �gard leur propre volont�.



L'autre mani�re d'exercer son droit � la formation de la loi est de
concourir soi-m�me imm�diatement � la faire. Ce concours imm�diat est ce
qui caract�rise la v�ritable d�mocratie. Le concours m�diat d�signe le
gouvernement repr�sentatif. La diff�rence entre ces deux syst�mes
politiques est �norme.



Le choix entre ces deux m�thodes de faire la loi n'est pas douteux parmi
nous.



D'abord,la tr�s-grande pluralit� de nos concitoyens n'a ni assez
d'instruction, ni assez de loisir pour vouloir s'occuper directement des
lois qui doivent gouverner la France ; leur avis est donc de se nommer
des repr�sentants ; et puisque c'est l'avis du grand nombre, les hommes
�clair�s doivent s'y soumettre comme les autres. Quand une soci�t� est
form�e, on sait que l'avis de la pluralit� fait loi pour tous.

Ce raisonnement, qui est bon pour les plus petites municipalit�s,
devient irr�sistible quand on songe qu'il s'agit ici des lois qui
doivent gouverner 26 millions d'hommes ; car je soutiens toujours que la
France n'est point, ne peut pas �tre une d�mocratie ; elle ne doit pas
devenir un �tat f�d�ral, compos� d'une multitude de r�publiques, unies
pas un lien politique quelconque. La France est et doit �tre un seul
tout, soumis dans toutes ses parties � une l�gislation et � une
administration communes. Puisqu'il est �vident que 5 � 6 millions de
citoyens actifs, r�partis sur 25000 lieues carr�es, ne peuvent point
s'assembler, il est certain qu'ils ne peuvent aspirer qu'� une
l�gislature par repr�sentation. Donc les citoyens qui se nomment des
repr�sentants renoncent et doivent renoncer � faire eux-m�mes
imm�diatement la loi : donc ils n'ont pas de volont� particuli�re �
imposer. Toute influence, tout pouvoir leur appartiennent sur la
personne de leurs mandataires ; mais c'est tout. S'ils dictaient des
volont�s, ce ne serait plus cet �tat repr�sentatif ; ce serait un �tat
d�mocratique."



�



"Il est donc incontestable que les d�put�s sont � l'Assembl�e nationale,
non pas pour y annoncer le v�u d�j� form� de leurs commettants directs,
mais pour y d�lib�rer et y voter librement d'apr�s leur avis actuel,
�clair� de toutes les lumi�res que l'Assembl�e peut fournir � chacun.

Il est donc inutile qu'il y ait une d�cision dans les bailliages ou
dans les municipalit�s, ou dans chaque maison de ville ou village" ; car
les id�es que je combats ne m�nent � rien moins qu'� cette esp�ce de
Chartreuse politique. Ces sortes de pr�tentions seraient plus que
d�mocratiques. La d�cision n'appartient et ne peut appartenir qu'� la
nation assembl�e.

Le peuple ou la nation ne peuvent avoir qu'une voix, celle de la
l�gislature nationale. Ainsi, lorsque nous entendons parler d'un appel
au peuple, cela ne peut vouloir dire autre chose, si ce n'est que le
pouvoir ex�cutif pourra appeler de la nation � elle-m�me, et non pas
des repr�sentants � leurs commettants, puisque ceux-ci ne peuvent se
faire entendre que par les d�put�s nationaux. L'expression d'appel au
peuple est donc mauvaise, autant qu'elle est impolitiquement prononc�e.
Le peuple, je le r�p�te, dans un pays qui n'est pas une d�mocratie (et
la France ne saurait l'�tre), le peuple ne peut parler, ne peut agir que
par ses repr�sentants."



�



"Nous aurons pour principe fondamental et constitutionnel, que la
l�gislature ordinaire n'aura point l'exercice du pouvoir constituant,
pas plus que celui du pouvoir ex�cutif. Cette s�paration de pouvoirs est
la plus absolue n�cessit�. Si des circonstances imp�rieuses, si le
mandat sp�cial de nos commettants nous obligent � remplir simultan�ment
ou successivement des fonctions constitutives et l�gislatives, nous
reconnaissons au moins que cette confusion ne pourra plus avoir lieu
apr�s cette session ; l'Assembl�e nationale ordinaire ne sera plus
qu'une Assembl�e l�gislative. Il lui sera interdit de toucher jamais �
aucune partie de la Constitution. Lorsqu'il sera n�cessaire de la revoir
et d'en r�former quelque partie, c'est par une Convention expresse, et
born�e � cet unique objet, que la nation d�cr�tera les changements qu'il
lui para�tra convenable de faire � sa Constitution. Ainsi, la
Constitution de chaque pouvoir sera immuable jusqu'� une nouvelle
Convention nationale. Une partie quelconque de l'�tablissement public
n'aura point � craindre l'entreprise d'une autre. Elles seront toutes
ind�pendantes dans leur constitution."




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