Je rappelle l’adresse de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=_6Y5J4wONfk
J'ajouterai que le genre de travail qu'on voit dans la vidéo n'est pas la totalité du travail d'un apprenant: en autonomie ou en semi-autonomie, l'apprenant va aussi, comme dans n'importe quelle approche pédagogique, converser, lire, écouter des chansons, regarder des vidéos, etc. Ce qui est montré dans la vidéo, c'est cette partie du travail que l'apprenant ne peut pas faire seul.
J'espère que ces quelques explications vous paraîtront éclairantes.
Robert
Le 18 févr. 2017 à 20:38, Robert Jeannard <robert....@gmail.com> a écrit :
Bonjour à tous.
Le principe de Gattegno que je connais, ce n'est pas « Cessez d’enseignez, laissez les apprendre », mais « Subordonnez votre enseignement à leur apprentissage ». C'est différent et plus complexe.
En effet, dans cette vidéo comme dans la centaine d'heures de Silent Way que j'ai observées, l'enseignant est très actif et communique beaucoup mais non-verbalement. Je ne dirai pas pour autant qu'il est directif car les phrases produites viennent des apprenants, il ne donne jamais de modèle à reproduire, il n'y a aucune répétition mais des essais multiples et tout est improvisé, minute après minute. Si on emploie le mot « répétition », il faut le comprendre comme les répétitions des acteurs ou des musiciens. Les interventions de l'enseignant sont fonction des besoins ici et maintenant de l'apprenant. Son rôle est de provoquer des prises de conscience, phénomène psycho-physique observable (tressaillement, exclamation « Ah ! ») et comptable : un bon cours est un cours avec beaucoup de « Ah ».
Gattegno a appelé « Silent Way » son approche pédagogique de l'apprentissage des langues. Le silence de l'enseignant, c'est pour ne pas interférer par la parole dans un apprentissage qui porte sur la parole, c'est pourquoi ses interventions se font par d'autres voies (visuelle et gestuelle).
Ce qui m'a le plus étonné dans cette approche lorsque je l'ai découverte en 1984 en observant des cours d'anglais au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon, c'est que même pour enseigner la prononciation, l'enseignant reste silencieux, alors que je croyais comme tout le monde que la prononciation s'acquiert par imitation.
La seconde surprise, c'était la qualité de la présence des participants, enseignant et apprenants.
L'enseignant Silent Way ne s'interdit cependant pas toute parole, mais ses paroles ne sont pas sur le même plan que les productions de l'apprenant. Ce sont des interventions brèves comme « C'est une question ? » si l'apprenant à mis à tort une intonation interrogative ou « Ta phrase est correcte mais elle n'est pas vraie », ou « Ta phrase est vraie mais elle n'est pas correcte » ou « Il y a deux erreurs ». La liste de ces interventions verbales est donnée et explicitée dans cet article : Ce que disent quatre enseignants SW, article qui reste pour moi un guide essentiel parce qu'il décrit concrètement le rôle de l'enseignant avec les débutants en langue étrangère, bien loin du « Laissez-les se débrouiller ».
Dans la vidéo que je vous ai transmise, il faut comprendre que les apprenants viennent d’assister à quelques manipulations de réglettes (les réglettes sont des jokers qui permettent de se concentrer sur la syntaxe en éliminant la difficulté du vocabulaire) et qu'ils sont invités à parler sur cette situation simple réellement observée en groupe, de telle sorte que les phrases produites devront être à la fois vraies et correctes. L'action vient d'avoir lieu, c'est une situation où le present perfect est requis pour raconter.
Dans la vidéo, le tableau avec des mots dont les graphies sont en couleurs fournit le vocabulaire dont on a besoin, les couleurs indiquent la prononciation.
J'ai observé personnellement des cours SW avec un effectif allant jusqu'à 50 personnes adultes et cela se passait très bien. Par la suite, j'ai eu l'occasion de m'apercevoir qu'avec des apprenants ados "captifs", ce n'est pas aussi simple et qu'on peut alors difficilement dépasser 15. Lorsque j’utilisais l’approche SW en collège à Mayotte il y a une dizaine d’années, cela se passait bien lorsque je travaillais en classe dédoublée, mais en classe entière, c'était presque impossible. Le comportement des ados occidentaux (ou en voie d’occidentalisation) est un vrai problème pédagogique.