Leçon d'anglais sur le present perfect, approche Silent Way

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Robert Jeannard

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Feb 11, 2017, 3:00:07 PM2/11/17
to Forum Freinet-Adultes
Bonsoir.

Pour découvrir l'approche Silent Way, voici une vidéo de 13 minutes montrant une leçon d'anglais sur le present perfect;

Pas de manuel, une présence et une implication maximales des personnes.

Amicalement.

Robert

Sybille Grandamy

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Feb 14, 2017, 5:53:14 AM2/14/17
to freinet...@googlegroups.com
Bonjour,

Merci pour ce partage, Robert. C'est très intéressant de découvrir d'autres façons d'enseigner les langues. Gattegno était un grand pédagogue, je me souviens en particulier d'une de ses recommandations : 'Cessez d'enseigner, laissez-les apprendre !'. Est-ce que c'est selon ces préceptes qu'il a élaboré le Silent Way ? - le fait que l'enseignant ne parle presque pas et laisse parler les apprenants. Il est vrai que l'on recommande maintenant 'less TTT' (teacher talking time) dans les formations d'enseignants de langue.
J'analysais pour ma part la citation de Gattegno comme une injonction pour l'enseignant à se retirer le plus possible pour laisser l'apprenant apprendre à son rythme, n'être qu'un accompagnateur, un facilitateur, si besoin. Il me semble que cela rejoint la dévolution chez Freinet, où l'enseignant remet son pouvoir à l'apprenant. Or, sur la vidéo, on voit que l'enseignant est très présent, il conduit la partition. Donc j'ai peut-être mal interprété les paroles de Gattegno...?

J'ai plusieurs questions concernant la vidéo :
- est-ce que cette approche est envisageable quand il y a plus d'apprenants (ils étaient cinq - je pense que les autres étaient des apprentis ?) ?
- est-ce que les personnes parviennent à mobiliser ce qui a été vu en cours pour des situations de la vie quotidienne, avec du vocabulaire courant ?
- est-ce qu'il y a de l'écrit ?
- est-ce qu'il y a un travail sur la prononciation, l'accent tonique (indispensable en anglais) ?

Merci par avance,
Sybille


Roger Favry

unread,
Feb 14, 2017, 10:21:45 AM2/14/17
to freinet...@googlegroups.com, roger...@wanadoo.fr
« Cessez d’enseigner, laissez-les apprendre » (Gattegno). Belle formule, du mai-1968 dans le texte…  mais que recouvre-t-elle pratiquement ?
La formulation « la dévolution chez Freinet, où l’enseignant remet son pouvoir à l’apprenant » me paraît moins claire que « la part du maître » formule de Freinet, complétée après sa mort, en « part aidante du maître ». Ce qui signifie qu’il y a chez l’élève (« l’apprenant » !) le désir, la volonté d’apprendre. D’où la formule inverse, toujours de Freinet : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. » 
Les questions de Sybille concernant la vidéo sont aussi les miennes.
Amitiés
Roger
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- "Je m'avance vers celui qui me contredit, qui m'instruit." (Montaigne)


Françoise VASSORT

unread,
Feb 18, 2017, 6:23:31 AM2/18/17
to freinet...@googlegroups.com, roger...@wanadoo.fr
Bonjour,
Je ne connais pas Gattegno, donc difficile de se faire une idée de sa pédagogie avec juste la vidéo. 
Le prof même s' il est silencieux est très directif ( pointage des mots au tableau avec la baguette pour que les apprenants répètent) la phrase correcte) et cela parait en contradiction avec le «Cessez d’enseignez, laissez les apprendre ». 
Mais c’est peut-être juste un moment de systématisation.
J’ai les même questions que Sybille, plus une sur la signification de ce tableau avec plein de mots et de couleurs.
Merci pour le partage qui nous permet de nous questionner et d’apprendre !
Amicalement
Françoise

Robert Jeannard

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Feb 18, 2017, 2:38:53 PM2/18/17
to freinet...@googlegroups.com, roger...@wanadoo.fr
Bonjour à tous.
 
Le principe de Gattegno que je connais, ce n'est pas « Cessez d’enseignez, laissez les apprendre », mais « Subordonnez votre enseignement à leur apprentissage ». C'est différent et plus complexe.
 
En effet, dans cette vidéo comme dans la centaine d'heures de Silent Way que j'ai observées, l'enseignant est très actif et communique beaucoup mais non-verbalement. Je ne dirai pas pour autant qu'il est directif car les phrases produites viennent des apprenants, il ne donne jamais de modèle à reproduire, il n'y a aucune répétition mais des essais multiples et tout est improvisé, minute après minute. Si on emploie le mot « répétition », il faut le comprendre comme les répétitions des acteurs ou des musiciens. Les interventions de l'enseignant sont fonction des besoins ici et maintenant de l'apprenant. Son rôle est de provoquer des prises de conscience, phénomène psycho-physique observable (tressaillement, exclamation « Ah ! ») et comptable : un bon cours est un cours avec beaucoup de « Ah ».
 
Gattegno a appelé « Silent Way » son approche pédagogique de l'apprentissage des langues. Le silence de l'enseignant, c'est pour ne pas interférer par la parole dans un apprentissage qui porte sur la parole, c'est pourquoi ses interventions se font par d'autres voies (visuelle et gestuelle).
Ce qui m'a le plus étonné dans cette approche lorsque je l'ai découverte en 1984 en observant des cours d'anglais au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon, c'est que même pour enseigner la prononciation, l'enseignant reste silencieux, alors que je croyais comme tout le monde que la prononciation s'acquiert par imitation.
La seconde surprise, c'était la qualité de la présence des participants, enseignant et apprenants.
L'enseignant Silent Way ne s'interdit cependant pas toute parole, mais ses paroles ne sont pas sur le même plan que les productions de l'apprenant. Ce sont des interventions brèves comme « C'est une question ? » si l'apprenant à mis à tort une intonation interrogative ou « Ta phrase est correcte mais elle n'est pas vraie », ou « Ta phrase est vraie mais elle n'est pas correcte » ou « Il y a deux erreurs ». La liste de ces interventions verbales est donnée et explicitée dans cet article : Ce que disent quatre enseignants SW, article qui reste pour moi un guide essentiel parce qu'il décrit concrètement le rôle de l'enseignant avec les débutants en langue étrangère, bien loin du « Laissez-les se débrouiller ».
 
Dans la vidéo que je vous ai transmise, il faut comprendre que les apprenants viennent d’assister à quelques manipulations de réglettes (les réglettes sont des jokers qui permettent de se concentrer sur la syntaxe en éliminant la difficulté du vocabulaire) et qu'ils sont invités à parler sur cette situation simple réellement observée en groupe, de telle sorte que les phrases produites devront être à la fois vraies et correctes. L'action vient d'avoir lieu, c'est une situation où le present perfect est requis pour raconter.
 
Dans la vidéo, le tableau avec des mots dont les graphies sont en couleurs fournit le vocabulaire dont on a besoin, les couleurs indiquent la prononciation.
 
J'ai observé personnellement des cours SW avec un effectif allant jusqu'à 50 personnes adultes et cela se passait très bien. Par la suite, j'ai eu l'occasion de m'apercevoir qu'avec des apprenants ados "captifs", ce n'est pas aussi simple et qu'on peut alors difficilement dépasser 15. Lorsque j’utilisais l’approche SW en collège à Mayotte il y a une dizaine d’années, cela se passait bien lorsque je travaillais en classe dédoublée avec 12-15 élèves, mais en classe entière c'était presque impossible. Le comportement des ados occidentaux (ou en voie d’occidentalisation) est un vrai problème pédagogique.
 
Les autres questions de Sybille :
- Est-ce que les personnes parviennent à mobiliser ce qui a été vu en cours pour des situations de la vie quotidienne, avec du vocabulaire courant ?
Ce n’est pas l’observation des cours qui permet de répondre à cette question. Je suis persuadé qu’un apprentissage bien fait, c’est-à-dire basé sur des prises de conscience, est définitif. Quant au vocabulaire, ce n’est pas l’aspect de la langue le plus difficile ni celui qui requiert l’effort de l’enseignant : le vocabulaire nécessaire à une situation s’apprend facilement dans cette situation.
- Est-ce qu'il y a de l'écrit ?
Oui, bien sûr, et presque dès le début, notamment avec les panneaux de mots en couleurs qu’on aperçoit en arrière-plan dans la vidéo.
- Est-ce qu'il y a un travail sur la prononciation, l'accent tonique (indispensable en anglais) ?
Oui, c’est le premier travail, méticuleux et intensif, dans l’approche SW, notamment avec une aide gestuelle. Dans cette vidéo, je vois que l’essentiel de ce travail a déjà été fait avec ces apprenants.

Je rappelle l’adresse de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=_6Y5J4wONfk


J'ajouterai que le genre de travail qu'on voit dans la vidéo n'est pas la totalité du travail d'un apprenant: en autonomie ou en semi-autonomie, l'apprenant va aussi, comme dans n'importe quelle approche pédagogique, converser, lire, écouter des chansons, regarder des vidéos, etc. Ce qui est montré dans la vidéo, c'est cette partie du travail que l'apprenant ne peut pas faire seul.


J'espère que ces quelques explications vous paraîtront éclairantes.


Robert

Roger Favry

unread,
Feb 19, 2017, 3:59:24 AM2/19/17
to Robert Jeannard, Favry Roger, Forum Freinet-Adultes
Merci Robert pour toutes ces informations. La formule de Gattegno n’a en effet rien de post-mai 68. « Ce que disent quatre enseignants SW » est tout-à-fait éclairant. Ainsi que ton commentaire.
Amitiés
Roger
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Le 18 févr. 2017 à 20:38, Robert Jeannard <robert....@gmail.com> a écrit :

Bonjour à tous.
 
Le principe de Gattegno que je connais, ce n'est pas « Cessez d’enseignez, laissez les apprendre », mais « Subordonnez votre enseignement à leur apprentissage ». C'est différent et plus complexe.
 
En effet, dans cette vidéo comme dans la centaine d'heures de Silent Way que j'ai observées, l'enseignant est très actif et communique beaucoup mais non-verbalement. Je ne dirai pas pour autant qu'il est directif car les phrases produites viennent des apprenants, il ne donne jamais de modèle à reproduire, il n'y a aucune répétition mais des essais multiples et tout est improvisé, minute après minute. Si on emploie le mot « répétition », il faut le comprendre comme les répétitions des acteurs ou des musiciens. Les interventions de l'enseignant sont fonction des besoins ici et maintenant de l'apprenant. Son rôle est de provoquer des prises de conscience, phénomène psycho-physique observable (tressaillement, exclamation « Ah ! ») et comptable : un bon cours est un cours avec beaucoup de « Ah ».
 
Gattegno a appelé « Silent Way » son approche pédagogique de l'apprentissage des langues. Le silence de l'enseignant, c'est pour ne pas interférer par la parole dans un apprentissage qui porte sur la parole, c'est pourquoi ses interventions se font par d'autres voies (visuelle et gestuelle).
Ce qui m'a le plus étonné dans cette approche lorsque je l'ai découverte en 1984 en observant des cours d'anglais au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon, c'est que même pour enseigner la prononciation, l'enseignant reste silencieux, alors que je croyais comme tout le monde que la prononciation s'acquiert par imitation.
La seconde surprise, c'était la qualité de la présence des participants, enseignant et apprenants.
L'enseignant Silent Way ne s'interdit cependant pas toute parole, mais ses paroles ne sont pas sur le même plan que les productions de l'apprenant. Ce sont des interventions brèves comme « C'est une question ? » si l'apprenant à mis à tort une intonation interrogative ou « Ta phrase est correcte mais elle n'est pas vraie », ou « Ta phrase est vraie mais elle n'est pas correcte » ou « Il y a deux erreurs ». La liste de ces interventions verbales est donnée et explicitée dans cet article : Ce que disent quatre enseignants SW, article qui reste pour moi un guide essentiel parce qu'il décrit concrètement le rôle de l'enseignant avec les débutants en langue étrangère, bien loin du « Laissez-les se débrouiller ».
 
Dans la vidéo que je vous ai transmise, il faut comprendre que les apprenants viennent d’assister à quelques manipulations de réglettes (les réglettes sont des jokers qui permettent de se concentrer sur la syntaxe en éliminant la difficulté du vocabulaire) et qu'ils sont invités à parler sur cette situation simple réellement observée en groupe, de telle sorte que les phrases produites devront être à la fois vraies et correctes. L'action vient d'avoir lieu, c'est une situation où le present perfect est requis pour raconter.
 
Dans la vidéo, le tableau avec des mots dont les graphies sont en couleurs fournit le vocabulaire dont on a besoin, les couleurs indiquent la prononciation.
 
J'ai observé personnellement des cours SW avec un effectif allant jusqu'à 50 personnes adultes et cela se passait très bien. Par la suite, j'ai eu l'occasion de m'apercevoir qu'avec des apprenants ados "captifs", ce n'est pas aussi simple et qu'on peut alors difficilement dépasser 15. Lorsque j’utilisais l’approche SW en collège à Mayotte il y a une dizaine d’années, cela se passait bien lorsque je travaillais en classe dédoublée, mais en classe entière, c'était presque impossible. Le comportement des ados occidentaux (ou en voie d’occidentalisation) est un vrai problème pédagogique.

Sybille Grandamy

unread,
Mar 9, 2017, 6:03:08 AM3/9/17
to freinet...@googlegroups.com, roger...@wanadoo.fr
Merci Robert pour ces précisions.
Tu parles d'élèves captifs et c'est bien là une des grandes différences entre notre travail avec des adultes motivés et volontaires et le travail des enseignants de l'institution scolaire classique. En pédagogie Freinet, on voit très souvent que la classe entière est motivée et heureuse de travailler. En primaire, mais aussi au collège où l'exemple du collège-lycée CLEF (collège et lycée d'enseignement Freinet) à La Ciotat montre des ados contents au travail. Le proviseur du lycée dit qu'il reconnait les "Freinet" le matin, car ils ont le sourire (il y a une classe Freinet de pour chaque niveau de la 6ème à la Terminale, au sein d'un établissement d'enseignement traditionnel).
Sais-tu s'il existe des expérimentations de la pédagogie Gattegno sur d'autres classes/établissements de l'institution scolaire ?


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