Enseigner en milieu carcéral

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Robert Jeannard

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Aug 10, 2019, 5:06:32 AM8/10/19
to Forum Freinet-Adultes
Bonjour.


Extraits 

Au niveau social, intervenir en prison peut permettre de ne pas rester dans une bulle sociale privilégiée, de mieux comprendre certains fonctionnements de la société qui nous concerne toutes et tous (la justice, la prison), de prendre conscience de certains parcours sociaux, etc. Enfin, il y a certaines raisons plus intimes, c’est sans doute une manière de gérer un rapport à la violence, à la résilience, à la réinsertion, etc.

Je continue parce que c’est une pratique fondamentale pour moi, qui peut être difficile mais qui m’apporte toujours beaucoup. C’est essentiel pour moi de ne pas enseigner qu’à l’université mais de garder un pied dans un monde très différent.

J’enseigne ce qu’on me demande d’enseigner, ça peut être les lettres, l’histoire géographie ou l’éducation civique. Mais ce que je préfère enseigner, c’est le français. Parce qu’au-delà de la préparation aux examens, le français pour moi c’est apprendre tout simplement à réfléchir, à mettre des mots sur ses émotions, à s’exprimer, à communiquer avec les autres. Et je trouve que le biais de la littérature peut permettre d’aborder beaucoup de sujets importants (sociétaux, politiques, existentiels) sans brusquer les gens. 
 
 Les intervenants FLE et alpha auprès d'adultes reconnaîtront des points communs avec leurs conditions d'exercice: 
La difficulté, encore une fois, est surtout de s’adapter, notamment au fait que 1) on est jamais sûr·e de faire cours 2) on n’est jamais sûr·e d’avoir les mêmes étudiant·e·s 3) on a des groupes mélangés, avec des personnes qui viennent ponctuellement, d’autres qui viennent sur le long terme, certaines qui viennent pour passer des examens (qu’il faut donc entraîner à l’écrit), d’autres qui veulent surtout échanger et qui préfèrent nettement l’oral. J’aimerais que les choses soient plus claires et avoir des groupes distincts selon si les étudiant·e·s passent des examens ou non. 

 Laélia Véron vient de publier  "Le français est à nous, Petit manuel d'émancipation linguistique" (éditions La Découverte, 12,99 € au format numérique, 18 € au format papier). C'est un panorama décapant de l'histoire de la langue française, incontournable pour tout enseignant de français, pour se libérer de l'obsession normative et des clichés entretenus par l'école. 

Présentation:

À force de le lire et de l’entendre, cela semble admis : la langue française serait en péril. Diverses menaces contribueraient à la dégrader : les argots, les anglicismes, les barbarismes, le langage SMS, le politiquement correct, etc. De fait, défendre la langue est devenu un prétexte facilement recevable pour tempêter contre la société contemporaine (forcément décadente).

Mais qu’est-ce donc qu’aimer la langue française ? C’est passer du temps à lire, parler, écrire et surtout s’interroger : sur la langue, mais aussi sur les discours qui la concernent et sur ceux qui sont tenus en son nom. Le français n’est pas figé, il a une histoire, qui continue à s’écrire. Si la langue est un dispositif de maintien de l’ordre social, elle est aussi une construction politique qu’il est possible de se réapproprier.

Entrons ensemble dans l’histoire sociopolitique du français et dans les débats citoyens qui y ont trait ! Ce sera l’occasion de découvrir les liens subtils entre langue, politique et société. De voir qu’on peut à la fois aimer le français, sa richesse, sa complexité et son histoire, et avoir confiance dans sa vitalité, sans se complaire dans la nostalgie d’un passé mythique. Avoir l’ambition de se saisir de la langue française est une démarche exigeante, mais c’est une exigence joyeuse. Alors n’ayons pas peur de le proclamer : le français est à nous !

 
Bonnes lectures !

Robert Jeannard 
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