Le 25/01/2023 à 18:05, K. a écrit :
> Le 24/01/2023 à 23:36, Cardinal de Hère a écrit :
>> Si ! Le but affiché par Borniche
>
> La déformation patronymique est une stratégie courante de l'extrême droite.
Médème Bornstein serait d'extrême-droite ? Ça alors, qui s'en serait douté !
>> au début du premier quinquennat de Macron était de fermer la moitié
>> des réacteurs nucléaires d'ici 2035
>
> Oui. À l'origine c'était 2025.
>
>> et l'autre moitié à l'horizon 2050-2055.
>
> Non, cela n'a jamais été dans le programme de Macron ni annoncé par
> Borne quand elle était Ministre de la Transition écologique.
La moitié des scénarios envisagés par RTE (chargé de la gestion du
Réseau de Transport de l'Électricité) envisageaient l'abandon total du
nucléaire. RTE annonçait sans rire qu'en 2050 le 100% renouvelables ne
posait aucun problème :
https://www.actu-environnement.com/ae/news/mix-energetique-transition-enr-nucleaire-renouvelables-36953.php4
Or en France jamais RTE qui est lié par contrat à l'état n'avancerait 4
scénarios sur 8 sans nucléaire s'il n'avait reçu l'aval du gouvernement
et de médème Bornstein ministre de l'écologie.
Source pour l'utilisation par Macron des scénarios de RTE sur les 100%
renouvelables en 2050 :
"En 2020, il ferme les deux réacteurs de Fessenheim. En décembre 2020,
s'il reconnaît, au Creusot, que le nucléaire est incontournable, mais il
reporte à 2023 le lancement de nouveaux EPR et évoque encore une étude
sur l'utopie des 100% ENR en 2050."
tiré de cet article :
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/bernard-accoyer-emmanuel-macron-fait-volte-face-au-sujet-du-nucleaire-20220317
Bernard Accoyer: «Emmanuel Macron fait volte-face au sujet du nucléaire»
Par Aziliz Le Corre
Publié le 17/03/2022
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Emmanuel Macron a présenté son programme ce
jeudi17 mars, et proposé un mix entre nucléaire et énergies
renouvelables. La guerre en Ukraine oblige le président à revoir en
urgence sa politique énergétique, explique l'ancien président de
l'Assemblée nationale.
Bernard Accoyer, ancien président de l'Assemblée nationale de 2007 à
2012, ancien député de Haute-Savoie, dirige l'association Patrimoine
nucléaire et Climat (PNC)-France. Il publie Une affaire d'État - La
tentative du sabordage du nucléaire français (janvier 2022, Hugo Doc).
FIGAROVOX.- Emmanuel Macron a affirmé lundi 14 mars dans l'émission de
TF1, «Face à la guerre», qu'il avait rétabli une doctrine nucléaire dès
2018. Est-ce une réalité ?
Bernard ACCOYER.- Non. En 2018 c'est seulement l'échéance de la
fermeture de 14 réacteurs nucléaires qui a été repoussée de 2025 à 2035,
ce qui n'a rien changé à la doctrine antinucléaire de François Hollande
qu'Emmanuel Macron avait reprise dans son projet.
En 2018 non seulement la Programmation pluriannuelle de l'Énergie (PPE)
prévoit un ruineux programme de développement d'énergies renouvelables
(ENR), elle spécifie en outre que les deux réacteurs de Fessenheim
seront fermés en 2020, sans attendre le couplage de l'EPR de Flamanville
comme l'avait pourtant concédé François Hollande.
Jusqu'au discours du Creusot fin 2020, toutes les déclarations
d'Emmanuel Macron et toutes ses décisions auront été défavorables au
nucléaire.
En 2019 il décide sans consulter le Parlement comme la loi le prévoit,
d'arrêter le projet expérimental Astrid de réacteur de 4ème génération,
le nucléaire du futur qui utilise comme combustible les déchets des
réacteurs des générations antérieurs.
En 2020, il ferme les deux réacteurs de Fessenheim. En décembre 2020,
s'il reconnaît, au Creusot, que le nucléaire est incontournable, mais il
reporte à 2023 le lancement de nouveaux EPR et évoque encore une étude
sur l'utopie des 100% ENR en 2050.
En février 2021, la France, qui n'a pas défendu son nucléaire à
Bruxelles, se réveille enfin elle obtiendra péniblement de l'Allemagne
l'inclusion transitoire du nucléaire dans la taxonomie de la finance
durable – comme le gaz - alors que le gaz émet 70 fois plus de CO2 que
le nucléaire par KWh produit.
En novembre 2021, Emmanuel Macron annonce que la France devra construire
de nouveaux réacteurs, il développe ce changement de cap le 10 février
2022 à Belfort à quelques semaines de la présidentielle, avec la
construction de 3 paires d'EPR2 et une option pour 8 autres. Avec ces
délais, la France sera restée 40 ans sans construire de réacteurs en
dehors de Flamanville qui a hélas montré cruellement les conséquences du
désinvestissement dans la filière et la perte de savoir-faire.
Aurait-il dû s'opposer à la fermeture de Fessenheim ? Qui en est
responsable ?
Oui. L'Autorité de sûreté (ASN) considérait Fessenheim comme une des
centrales les plus sûres, François Hollande lui-même en avait repoussé
la fermeture après le couplage de Flamanville 3, sa production de 1,8 GW
étant indispensable pour répondre aux pointes de consommation hivernale.
Nous l'avons payé très cher cet hiver en importation d'électricité.
La fermeture de Fessenheim a été estimée à 10 milliards d'euros a été
personnelle et purement politique. Emmanuel Macron est responsable de la
fermeture de la centrale de Fessenheim.
La fermeture de Fessenheim a été estimée à 10 milliards d'euros, en
réalité, c'est beaucoup plus avec la hausse du prix de l'électricité.
Cette décision exigée par ses alliés de l'écologie politique : Nicolas
Hulot, Pascal Canfin, Barbara Pompili et autres Matthieu Orphelin…, a
été personnelle et purement politique.
Comment expliquez-vous le revirement d'Emmanuel Macron au sujet du
nucléaire, en novembre 2021 ?
La sous-évaluation des besoins en électricité et de l'intermittence de
la production d'électricité par les ENR a permis aux utopistes et aux
lobbyistes d'imposer leurs objectifs avec la complicité de la passivité
d'une administration, au ministère de l'environnement et de l'énergie,
militante et carriériste. Les deux derniers présidents du gestionnaire
du réseau (RTE), François Brottes et Xavier Piechaczyk, des nominations
politiques, ont été acteurs de cette stratégie en empêchant les équipes
d'ingénieurs de travailler sur d'autres hypothèses de consommation et de
production que celles avancées, sur des bases utopiques, par la loi de
transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015.
Mais on ne peut jamais tricher longtemps avec les chiffres et la
technique : l'évidence est apparue, le scénario de la LTECV, c'est le
black-out assuré puis la déroute économique et sociale.
Le désinvestissement depuis surtout 10 ans dans le nucléaire, le
développement à marche forcée des ENR, que l'intermittence de production
oblige à doublonner avec des centrales à gaz, est dangereux. La hausse
du prix du gaz depuis 6 mois et maintenant la guerre en Ukraine ont
rendu cette utopie idéologique intenable.
De nombreuses voix se sont exprimées pour donner l'alarme : déjà en 2007
André-Charles Lacoste, Président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
avertissait que de ne pas disposer de marges de sécurité de production
pilotable, c'est-à-dire nucléaire ou fossile, pourrait conduire au choix
vertigineux entre approvisionnement et sûreté. Les présidents successifs
de l'ASN n'ont jamais cessé de répéter cet avertissement. Pourtant c'est
ce que Barbara Pompili a envisagé en évoquant cet hiver de demander
qu'EDF modifie son programme de maintenance des réacteurs.
Des scientifiques et techniciens aux compétences incontestables ont
exprimé leurs inquiétudes, des associations apolitiques et scientifiques
crédibles, comme des politiques lucides de tous bords se sont joints à eux.
Emmanuel Macron ne pouvait qu'en tirer les conséquences et changer son
discours, c'est ce qui explique son revirement.
Ce 14 mars, Marine Le Pen a quant à elle présenté son «Plan Marie Curie»
pour 80 % de nucléaire en 2050. Est-ce envisageable, selon vous ? Si
elle souhaite renforcer l'hydroélectricité, développer fortement
l'hydrogène et faiblement le photovoltaïque, les éoliennes seront
«progressivement démontées», promet-elle. Ne faut-il pas, en parallèle
du nucléaire, développer les énergies renouvelables, comme l'a évoqué
Emmanuel Macron dans son discours de Belfort en février dernier ?
L'objectif de ramener le nucléaire de 70 % à 50 % retenu par RTE en 2050
n'est pas raisonnable, il s'inscrit dans la logique de repli du
nucléaire alors qu'elle est une énergie d'avenir, la seule qui puisse à
la fois répondre en permanence aux besoins et décarboner notre économie.
Un socle nucléaire minimal de 70 % dans notre mix électrique, laissant
environ 30 % de renouvelables y compris l'hydraulique est celui qui
prévaut pour beaucoup d'experts.
La guerre en Ukraine doit-elle conduire à revoir la politique
énergétique française et européenne ?
Oui. C'est urgent. À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle.
Pour la France elle doit, face à ce choc gazier encore plus grave que le
premier choc pétrolier, comme en 1973, et pour les mêmes raisons réagir
avec rapidité, audace et courage afin de reconquérir son indépendance
énergétique, c'est-à-dire sa souveraineté et relancer sans délai sa
filière nucléaire.
Un plan ferme visant 50 à 60 réacteurs à l'échéance 2050 à 2060 peut
être lancé immédiatement. La montée en charge se faisant progressivement
avec une décision politique immédiate ferme et non susceptible d'être
remise en cause car l'énergie, et spécialement l'énergie nucléaire est
une industrie de temps long. Il faut d'abord ne plus fermer un réacteur
dont la prolongation d'exploitation aura été autorisée par l'ASN.
C’est-à-dire réviser la LTECV et la PPE. Simultanément réduire les
délais administratifs d'obtention d'autorisations, sauf pour la sûreté,
de construction allongée de deux ans en 2014 et engager l'instruction
des dossiers d'autorisation de construction de 3 paires d'EPR2. En
visant d'abord un réacteur par an, puis le plus vite possible au moins 2
par an.
Mais pour se libérer de la dépendance au gaz qu'implique le
développement important des ENG, c'est aussi l'Union européenne qui doit
revoir sa politique pour l'électricité.
Le marché de l'électricité européen est aberrant, comme l'a dit Bruno
Lemaire, il doit être profondément réformé. À l'avenir les États-membres
doivent faire supporter à leurs citoyens les conséquences de leurs choix
énergétiques et les interconnexions européennes ne jouer un rôle que
pour la solidarité d'approvisionnement.
Ainsi la France retrouvera l'atout d'une électricité fiable et
accessible, c’est-à-dire, une condition essentielle pour sa compétitivité.
Avec le tragique conflit ukrainien, les choix énergétiques européens
faits depuis 25 ans vont coûter très cher. L'Europe va comme le reste du
monde affronter la hausse des prix des matières premières, mais elle
sera la seule à voir le prix de son électricité s'envoler tout en ne
disposant pas de la sécurité d'approvisionnement. Voilà l'urgence !