Bernard Perrin
Eduardo Rozsa Flores, le chef des mercenaires séparatistes de Santa
Cruz abattu en avril par la police bolivienne, avait déjà sévi en ex-
Yougoslavie. Rozsa et l’un de ses lieutenants, incarcéré à La Paz,
sont suspectés d’avoir torturé et assassiné en 1992 un journaliste
suisse infiltré dans leur milice.
Il ne fait pas encore jour à Santa Cruz, la capitale des basses-terres
de Bolivie. En plein centre-ville, les forces spéciales de la police
investissent silencieusement le quatrième étage de l’Hôtel Las
Americas. Cinq mercenaires soupçonnés de préparer une série
d’attentats, dont un contre le président Evo Morales en personne,
dorment encore, mais ils sont armés jusqu’aux dents. Pour la police,
les consignes sont claires: ne pas leur laisser le temps de faire
exploser l’immeuble. Il est un peu plus de cinq heures du matin, la
police enfonce les portes, et ouvre le feu...
En ce petit matin du 16 avril, le mercenaire Eduardo Rozsa Flores
meurt comme il a vécu depuis dix-huit ans, par une rafale de
mitrailleuse, et dans un bain de sang. L’homme ne répondra jamais de
ses crimes devant la justice, et notamment de la mort du journaliste
bâlois Christian Würtenberg, torturé et étranglé près d’Osijek
(Croatie) en janvier 1992.
Insaisissable
Eduardo Rozsa Flores... Un personnage insaisissable, sorti du plus
sombre des romans noirs. Un personnage qui aura hanté pendant presque
deux décennies les théâtres de conflits les plus abjects, des Balkans
à l’Angola.
Un personnage «fanatique de toutes les causes», qui semble avoir
construit sa vie «pour dérouter le plus entêté des enquêteurs», comme
le souligne Pablo Stefanoni, directeur de l’édition bolivienne du
Monde diplomatique: né à Santa Cruz d’un père juif hongrois et d’une
mère espagnole et catholique, il est tout d’abord membre des jeunesses
communistes de Hongrie avant d’être peu à peu attiré par le
séparatisme ethnique et le marcenariat; fidèle de l’Opus Dei, il se
convertira ensuite à l’islam (...). Il soutient les groupes
séparatistes et racistes de Santa Cruz, opposés au gouvernement d’Evo
Morales, comme l’organisation Nacion Camba.
Journaliste infiltré
Eduardo Rozsa Flores débarque en Croatie en 1991 comme journaliste
pour le quotidien catalan La Vanguardia. Mais rapidement, exalté par
les champs de bataille, il décide de s’engager «corps et armes» pour
défendre cette terre en quête d’indépendance. En octobre, appuyé par
le président Franjo Tudjman, le milicien hongro-bolivien fonde la
Brigade internationale des volontaires, qui regroupera des anciens de
la Légion étrangère et des aventuriers de la droite radicale, venus de
toute l’Europe participer à cette guerre aussi brutale qu’anarchique.
C’est dans cette Brigade internationale que s’incorpore en novembre
1991 un jeune Bâlois de 27 ans, Christian Würtenberg, collaborateur de
l’ATS, l’Agence télégraphique suisse. «Avant de retrouver Christian à
Osijek, en Croatie, je l’avais déjà croisé en Tchétchénie et en
Géorgie. Dans notre groupe de journalistes de guerre, tout le monde
l’adorait. C’était le plus jeune, le plus intrépide. Et il nous
faisait rire, son sac était toujours parfaitement ordonné: un vrai
Suisse!», se remémore Julio César Alonso.
Ce reporter espagnol spécialiste des Balkans se souvient avec émotion
du courage et de la fougue de Christian Würtenberg, avide de dénoncer
les injustices et les crimes de ce monde: «Il avait infiltré la
Brigade internationale, qui combattait alors aux côtés de l’armée
croate, afin d’enquêter sur le mode de financement de ces mercenaires,
sur leurs liens et sur les réseaux de trafics d’armes et de drogue.
Les Balkans se trouvaient sur la route de l’héroïne, entre la Turquie
et l’Europe, et durant le conflit, le prix de cette drogue avait
fortement baissé en Suisse.»
Mais Christian Würtenberg, comme en témoigne son frère Michael, avait
surtout mis le doigt dans un engrenage qui allait lui être fatal,
liant notamment le financement de la milice internationale à l’Opus
Dei, dont Rozsa Flores était un adepte à cette époque, comme en
témoignent ses fréquents voyages à Vienne au bureau de «L’Œuvre».
«Au début de 1992, Eduardo Rozsa Flores a soupçonné Christian d’être
un espion. Et il a ordonné son arrestation puis son exécution.
Christian a été torturé et étranglé à mains nues et à l’aide d’une
corde», raconte Julio César Alonso. Ce dernier ne doute pas une
seconde de la culpabilité d’Eduardo Flores Rozsa: «Lors d’une
rencontre à Zagreb, Rozsa m’a confié que Christian s’était infiltré au
sein de son unité, et que cette situation n’allait pas durer. J’ai
tenté de rallier Osijek, base de la Brigade, au plus vite pour le
prévenir. Mais quand je suis arrivé, je suis tombé sur Rozsa, qui m’a
dit en souriant: c’est bon, le problème suisse est réglé!»
Lâcheté suisse
Eduardo Rozsa Flores n’en restera pas là, abattant quelques jours plus
tard, d’une balle dans la nuque, le photographe britannique de
l’agence AP Paul Jenks, venu enquêter sur le décès de Christian
Würtenberg.
La famille de Christian Würtenberg réclamera un procès en Suisse. Mais
le journaliste ne jouira d’aucun soutien dans son pays. Son employeur,
en direct sur la DRS, s’en distanciera publiquement, estimant ne pas
être responsable de la prise de risque «inconsidérée» de son
collaborateur. Quant au système judiciaire suisse, il dissuadera la
famille d’entreprendre toute poursuite, considérant Christian comme un
mercenaire, portant un uniforme militaire étranger: un outrage à la
Constitution fédérale.
Eduardo Rozsa Flores continuera, lui, ses basses besognes en Bosnie,
où il se battra au sein de la Brigade croate Tomislav, et participera
au nettoyage ethnique des musulmans à Mostar notamment. En Angola, il
se battra ensuite pour l’UNITA de Jonas Savimbi. «Après la mort du
rebelle, Rozsa réapparaît au Kossovo notamment sous l’uniforme de
l’UCK. Un de ses objectifs: Korenica, où il assassine cinq policiers
serbes désarmés. But de l’opération: déclencher une réplique et faire
dégénérer le conflit», poursuit Alonso.
Selon ce dernier, Rozsa Flores aurait ensuite fait des offres au
gouvernement soudanais et proposé de «travailler au Darfour, pour
nettoyer la région de l’ethnie Fur et des ONG présentes».
Le journaliste espagnol a ensuite perdu sa trace... Jusqu’à ce 16
avril 2009 à Santa Cruz: «Je ne suis pas partisan de la peine de mort.
Mais je suis sûr que ce jour-là, en Suisse, en Angleterre, en Bosnie,
en Angola ou au Kossovo, de nombreuses familles ont remercié la police
bolivienne.»
Source : Le Courrier http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=443271
Paru le Vendredi 21 Août 2009
> Eduardo Rozsa Flores d�barque en Croatie en 1991 comme journaliste
> pour le quotidien catalan La Vanguardia. Mais rapidement, exalt� par
> les champs de bataille, il d�cide de s�engager �corps et armes� pour
> d�fendre cette terre en qu�te d�ind�pendance.
C'�tait l'�poque o� les Catho d'extr�me-droite europ�enne
ou sud-am�ricaind s'engageaient dans l'arm�e croate pour
combattre le vil agresseur serbe dans les Balkans...
> En octobre, appuy� par le pr�sident Franjo Tudjman,
Un homme � poigne et � la justice exp�ditive qui ne se contentait pas
de demi-mesure, et qui r�ussit � redresser et � sauver son pays
du nationalisme serbe de Milosevic...
--
Jacqueline "Jade" Devereaux - http://jacqueline-devereaux.blogspot.com/
antisp...@skynet.be [remplacez antispam.cool par jacquie.devereaux]
Victor: "Tsahal correctionne grave, disperse menu, et ventile loin!"
Broc_Ex_Co: "Ah ces Am�ricains, m�me quand ils s'excusent,
ils nous font la le�on!"