Après mûre réflexion, UBUjean-jacques viala a écrit :
> Lisez oui, mais où?
>
> c'st introuvable vos trucs, vous êtes sûr que ça existe?
C'est ce qu'on appelle monter son ignorance en argument théorique, vous
avez encore perdu une occasion de vous taire.
Surtout que les appels à la haine de l'immigré viennent en priorité de
l'extrême-droite, même si d'autres courants peuvent y mêler leur voix à
l'occasion.
Quelques exemples, parmi des milliers (et je ne cite même pas les
torchons racistes et antisémites qui se sont déchainés pendant
l'occupation) :
"
Serge Berstein : « jugé à l'heure présente comme un proche parent,
l'Italien a suscité jusqu'à l'extrême fin du XIXe siècle des réactions
très hostiles qui ont fréquemment dépassé les frontières du verbe et de
l'écrit. À Marseille en juin 1881, à Aigues-Mortes en aout 1893, à Lyon
l'année suivante (...) les Transalpins on fait l'expérience cruelle de
ce que nous appelons aujourd'hui ratonnade », Histoire de la France au
XXe siècle, Serge Berstein, Pierre Milza, Éditions Complexe, 1999, t1,
p.111
« Contrairement à des clichés répandus, l'intégration des Belges, des
Italiens et des Polonais, aujourd'hui considérés comme proches
culturellement des Français, s'opère dans la douleur. Relégués dans
certains quartiers, accusés par les ouvriers français de prendre leur
travail, ces immigrés sont fréquemment visés par des violences
xénophobes dès la fin du XIXe siècle. Les Belges, majoritaires dans la
population de Roubaix vers 1880, sont traités de « pots de beurre » et
de « vermines ». De Liévin à Tourcoing, sévissent des émeutes
anti-Belges dans les années 1890. Parallèlement, le comportement
religieux très ostentatoire des premiers arrivants italiens les éloigne
des prolétaires français touchés par la déchristianisation. À
Marseille, les dockers transalpins (...) sont surnommés péjorativement
« christos », avant d'être gratifiés, dans l'entre-deux-guerres, des
aimables surnoms de « macaronis » et de « ritals ». Les émeutes
anti-italiennes se multiplient : à Marseille en 1881, elles font trois
morts, lorsque la foule organise la chasse aux Italiens, accusés
d'avoir sifflé les soldats français qui défilaient après avoir imposé
le protectorat à la Tunisie ; à Lyon en 1894, après l'assassinat du
président Sadi Carnot par Jeronimo Santo Caserio, anarchiste italien.
Entre-temps, un véritable pogrom anti-italien s'est produit
Aigues-Mortes, en 1893, alors que les ouvriers français des Salins du
Midi, furieux de la concurrence transalpine, se lancent dans une
terrible chasse à l'homme dont le bilan officiel fait état de huit
morts. Dans l'entre-deux-guerres, les thèmes de l'invasion et de
l'inassimilabilité, les références aux « barbares » se répandent. En
dépit des discours officiels sur la « Pologne amie », les ouvriers
polonais des cités minières, bons catholiques, sont traités de « polaks
», voire d'Allemands quand ils parlent cette langue », Philippe
Bernard, Immigration : le défi mondial, Gallimard, 2002, pp.72-73
Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France;
Philippe Ariès en 1948 sur l'immigration polonaise : « une véritable
invasion, méthodique, où les émigrés arrivaient groupés, avec leurs
prêtres, leurs instituteurs, leurs religieuses. Des cités entières leur
furent affectées, qui constituent de véritables villages étrangers, où
le français n’est pas compris, où les relents de cuisine rappellent les
odeurs de l’Europe centrale. Cette population est composée de beaucoup
d’étrangers inassimilables, qui vivent en groupes fermés, avec leurs
églises, leurs écoles, leurs magasins, leurs jeux, étrangers au reste
de la population. », Histoire des populations françaises (1948),
Philippe Ariès, éd. Seuil, 1971, p. 110-111
Gustave Le Bon en 1895 sur l'immigration européenne principalement
italienne : « Il est en Europe un État, la France, qui en est menacé.
C’est un pays riche, dont la population ne s’accroît plus, entouré de
pays pauvres dont la population s’accroît constamment. L’immigration de
ces voisins est fatale, et d’autant plus fatale que les exigences
croissantes de nos ouvriers la rendent nécessaire pour les besoins de
l’agriculture et de l’industrie. Les avantages que trouvent ces
émigrants sur notre sol sont évidents. [...] un travail plus facile et
mieux rétribué que sur leur territoire natal. Ils se dirigent vers
notre pays, non seulement parce qu’il est plus riche, mais aussi parce
que la plupart des autres édictent chaque jour des mesures pour les
repousser. L’invasion des étrangers est d’autant plus redoutable, que
ce sont, naturellement, les éléments les plus inférieurs, ceux qui
n’arrivaient pas à se suffire à eux-mêmes dans leur patrie, qui
émigrent. Nos principes humanitaires nous condamnent à subir une
invasion croissante d’étrangers. Ils n’étaient pas 400 000 il y a
quarante ans, ils sont plus de 1 200 000 aujourd’hui, et ils arrivent
en rangs chaque jour plus pressés. Si l’on ne considérait que le nombre
d’italiens qu’elle contient, Marseille pourrait être qualifiée de
colonie italienne.[...] Si les conditions actuelles ne changent pas,
c’est-à-dire si ces invasions ne s’arrêtent pas, il faudra un temps
bien court pour qu’en France un tiers de la population soit devenu
allemand et un tiers italien. Que devient l’unité, ou simplement
l’existence d’un peuple, dans des conditions semblables ? », Lois
psychologiques de l'évolution des peuples (1895), Gustave Le Bon, éd.
Félix Alcan, 1907, chap. III, p. 124
Louis Bertrand à propos de son roman L'Invasion paru en 1907 sur
l'immigration italienne : « La grande affaire pour moi, c’étaient les
immigrants italiens. [...] Mais je dus constater bientôt qu’ils
n’étaient pas les seuls immigrants et qu’ils avaient des concurrents
venus de toutes les régions méditerranéennes et même du monde entier.
[...] Cette plèbe arrivait à Marseille avec ses tares et ses vices, ou
avec des intentions d’espionnage et de propagande subversive. », Mes
années d’apprentissage, Louis Bertrand, Paris, Fayard, 1938, p. 236-237
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