Ce genre d'information est déjà une crainte plus crédible que de
nombreuses autres que l'on peut lire sur Usenet. Il est bien dommage que
personne n'en parle.
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La proposition française de bloquer les sites web via le navigateur nuira
gravement à l’internet ouvert mondial – Open Policy & Advocacy
7–9 minutes
Dans une tentative louable, mais périlleuse de lutter contre la fraude en
ligne, la France s’apprête à obliger les créateurs de navigateurs à mettre
en œuvre une fonctionnalité technique relevant de la dystopie. L’article 6
du projet de loi SREN obligerait les développeurs de navigateur à créer
les moyens de bloquer obligatoirement les sites web figurant sur une liste
fournie par le gouvernement et intégrée directement dans le navigateur.
Une telle mesure renverserait des décennies de normes établies en matière
de modération des contenus. Celle-ci fournira également aux gouvernements
autoritaires un moyen de minimiser l’efficacité des outils qui peuvent
être utilisés pour contourner la censure.
Malgré sa motivation légitime, cette mesure qui vise à bloquer des sites
web directement dans le navigateur serait un désastre pour un Internet
libre et serait disproportionnée par rapport aux objectifs du projet de
loi, à savoir la lutte contre la fraude. Elle instaurerait également un
précédent inquiétant et des capacités techniques que d’autres régimes
exploiteront à des fins bien plus néfastes. Pour atteindre les objectifs
de cette législation, il serait plus judicieux de tirer parti des outils
de protection existants contre les logiciels malveillants et l‘hameçonnage
(phishing) plutôt que de les remplacer par des listes de blocage de sites
web imposées par le gouvernement.
Un précédent mondial
Forcer les navigateurs à créer des fonctionnalités permettant de bloquer
des sites web au niveau du navigateur est une pente glissante. Bien
qu’elle ne soit envisagée aujourd’hui en France que pour les logiciels
malveillants et l’hameçonnage, cette mesure créera un précédent et donnera
aux navigateurs la capacité technique de réaliser tout ce qu’un
gouvernement pourrait vouloir restreindre ou criminaliser dans une
juridiction donnée, et ce, pour toujours. Un monde dans lequel les
navigateurs peuvent être forcés d’incorporer une liste de sites web
interdits au niveau logiciel qui ne s’ouvrent tout simplement pas, que ce
soit dans une région ou dans le monde entier, est une perspective
inquiétante qui soulève de sérieuses préoccupations en matière de liberté
d’expression. Si cette loi est adoptée, le précédent qu’elle créerait
rendrait beaucoup plus difficile pour les navigateurs de rejeter les
demandes de ce type émanant d’autres gouvernements.
De meilleures solutions existent
Plutôt que d’imposer un blocage basé sur le navigateur, nous pensons que
la législation devrait se concentrer sur l’amélioration des mécanismes
existants déjà utilisés par les navigateurs – des services tels que Safe
Browsing et Smart Screen. La loi devrait plutôt se concentrer sur
l’établissement de délais clairs et raisonnables dans lesquels les
principaux systèmes de protection contre l’hameçonnage devraient traiter
les demandes légitimes d’inclusion de sites web émanant d’agences
gouvernementales autorisées. Toutes ces demandes d’inclusion devraient
être basées sur un ensemble solide de critères publics limités aux sites
d’hameçonnage/escroquerie, faire l’objet d’un examen indépendant par des
experts et expertes et contenir des mécanismes d’appel judiciaire au cas
où une demande d’inclusion serait rejetée par un éditeur. Un tel cadre
juridique créerait un mécanisme de coordination bien plus équilibré qu’une
proposition de blocage de sites web, et qui protégerait les utilisateurs
non seulement en France mais dans le monde entier. Tirer parti des offres
déjà présentes sur des milliards d’appareils et de logiciels pour lutter
contre la fraude est une solution bien plus efficace que de tenter de
réinventer la roue avec un blocage de sites web basé sur le navigateur.
<
https://blog.mozilla.org/netpolicy/2023/06/27/francaise-bloquer-sites/>
Loi SERN :
<
https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000047533100/>