Richard Hachel wrote:
> > > > > > Non, la dette, c'est quand tu empruntes à d'autres et à taux
> > > > > > toxique de l'argent que ta propre banque pourrait te prêter
> > > > > > elle-même sans intérêts.
> > > > >
> > > > > Non, ceux qui croient cela ne comprennent rien au crédit,
> > > > > rien au métier de banquier, rien à l'économie.
> > > > >
> > > > > Celui qui finance se doit de connaitre et comprendre celui
> > > > > qui est financé.
> > > > >
> > > > > La Banque Centrale connait et comprend les banques
> > > > > commerciales, leurs bilans, leurs profils de risque.
> > > > >
> > > > > Quand à elle, la banque commerciale du coin de la rue connait
> > > > > son client, Mr Duchemol, elle connait ses revenus,
> > > > > patrimoine, profil de risque.
> > > > >
> > > > > Chaque transaction se fait dans le cadre d'une analyse de
> > > > > risque, ce sont ces analyses qui produisent de la richesse
> > > > > car elles permettent de financer ceux qui peuvent rembourser
> > > > > et de ne pas financer ceux qui ne peuvent pas rembourser.
> > > > >
> On n'a jamais parlé de rejeter la finance, on a simplement dit qu'il
> est mieux, pour un état, de se financer à taux gratuit auprès de sa
> propre banque, plutôt que de s'engager dans des dettes toxiques
> privées auprès de banksters.
>
> R.H.
Comme je le rappelle ci-dessus, l'intelligence du modèle repose sur le
fait que le prêteur peut dire "non" à l'emprunteur.
Le prêteur analyse la demande, c'est-à-dire qu'il va utiliser ses
neurones pour juger de l'utilisation qui sera faite des capitaux prêtés.
C'est ce travail qui produit de la richesse CAR CELA permet d'éviter de
financer des projets non rentables.
Si le prêteur à l'obligation de dire "oui", alors il doit toujours
prêter, il ne fait plus le travail d'analyse...ok...qui fait le travail
d'analyse ?
Je suppose dans ton cas que c'est l'état lui-même qui détermine ce qui
est bien et ce qui ne l'est pas. En gros, l'exécutif (Président, PM,
Minefi) se concertent et disent "on augmente les impots? on réduit les
dépenses? on emprunte ?". La BC obéit de son coté.
Le travers permanent de cette approche, c'est bien évidement que
l'exécutif aura recours à l'emprunt, à la dette au lieu de réfléchir à
des solutions plus intelligentes de réformes, de restructuration.
Notamment car une forte dépense publique soutient l'économie à court
terme, sur quelques années, exactement ce que recherchent les
politiciens pour leur ré-élection (cf la Grèce qui est en plein boom
après son entrée dans l'euro pendant plusieurs années).
Donc l'état va d'abord vouloir emprunter avant de réduire les dépenses,
de réformer ou d'augmenter les impots.
Que va t-il se passer ?
Au bout de 7 ans, puis 15 ans puis 20 ans... (maturités habituelles
pour un état), il va se produire quelque chose d'étrange.... les
recettes de l'état ne pourront plus se maintenir (et pour cause, les
choses financées ne rapportent rien), il faudra augmenter les
prélèvements, les impots et taxes pour trouver les moyens de rembourser
la dette.
L'état va donc commencer à étouffer l'économie réelle pour
servir/compenser/payer les décisions absurdes prises 10, 15, 20 ans
auparavant.
Dans la pratique, l'état peut faire pire encore: ré-emprunter pour
rembourser sans rien réformer.
A ce moment là, le marché constate que l'état en question sort de route
et la monnaie de cet état chute, baisse inexorablement.
La BC augmente alors les taux courts pour tenter de prendre un vague
controle sur la descente... ce faisant, elle étouffe l'économie
davantage.
Etc... etc... tout cela finit dans l'inflation, le chomage etc...
L'idée d'un financement direct d'un état auprès de sa BC n'a du sens
que si la BC peut dire "non". Il faut donc que la BC soit protégée
constitutionnellement afin d'échapper au pouvoir politique du moment.
La constitution pourrait dire "Stop au delà de 100% du PIB".
Mais c'est un peu idiot car pourquoi 100% et pas 150% ? d'autant plus
qu'il s'agit d'un financement purement domestique, donc la limite n'a
pas de sens.. une économie peut très bien avoir 200% de dette sur PIB
dès lors que ce sont des créanciers domestiques.
Le vrai sujet est ailleurs.
Le vrai sujet, c'est le problème du too big too fail. Le problème est
que les banques commerciales prennent des risques énormes car elles
savent qu'elles seront sauvées in extemis par la puissance publique du
fait qu'elles sont la charpente de l'économie réelle.
Voilà le vrai sujet.
Comment faire pour que les banques commerciales recouvrent de
l'intégrité ? il faut reformer les normes prudentielles, il faut
pénaliser davantage les dirigeants, il faut imposer de la transparence,
de la responsabilité. Il faut qu'en cas de problème, on puisse remonter
25 ans en arrière sur les opérations et faire payer les dirigeants sur
leurs deniers propres.
Certes, prendre 95% du patrimoine de la moitié des dirigeants d'une
institutions sur les 25 dernières années représentent une goutte d'eau
par rapport au refinancement...mais cela va les calmer sérieusement et
c'est ainsi que tu évites la dérives vers des prises de risques
délirantes des banques commerciales.
Donc si je résume.. la monnaie était dans les mains de l'état... elle
est passée dans les mains de la banque centrale avec une protection
vis-àvis de l'état... manque de chance, la banque centrale s'est fait
flouer par les banques commerciales... il faut donc protéger la banque
centrale des banques commerciales au lieu de redonner la monnaie à
l'état.