Il existe, depuis le tout début des années quatre-vingt, et dans la
variété française, un genre musical
plutôt médiocre et pourtant très prisé par certains jeunes qui y
puisent, au milieu de thèmes arrogants
et revendicatifs, la haine et la suffisance dont ils ont besoin pour
satisfaire leur ego. Cette mode étrange
n'est rien qu'un de ces tristes nivellements par le bas dont souffre
aujourd'hui la chanson en général,
nivellement dont Madeleine venait justement de se plaindre, et que
l'inspecteur américain n'avait pas
contredit. En effet, Columbo s'était simplement contenté de tirer une
nouvelle fois sur son cigare et de
regarder négligemment les poules gratter le sol de la volière pour y
picorer quelque insecte ou quelque
verdure ci et là.
On appelle cette nouvelle sous-culture autoproclamée "art" : le rap.
Pour faire plaisir aux adeptes de ces compositions sans notes, sans
mélodie ; aux rimes douteuses et
aux textes vulgaires; à l'accent lourdement traînant des banlieues et
aux jeux de doigts ésotériques; nos
politiciens ont joué la carte de la collaboration et de la soumission -
feignant l'intérêt et l'admiration -
pour maintenir un semblant de paix sociale, ou pour grappiller quelques
voix électorales: sorte de pacte
avec le diable. Le diable ne faisant pas crédit - disons-le crûment -
lorsque la haine ne sera plus dans les
voix, elle passera, par fait naturel, dans les mains.
Il existe dans l'univers des lois ; comme celle de la gravitation ou
celle de la covariance relativiste; et
chaque loi a sa logique. Une logique veut que les mêmes causes engendrent
toujours les mêmes effets;
c'est une vérité mathématique : la tolérance et la permissivité
face à l'intolérance et la violence sera
toujours considérée comme de la faiblesse, et ne pourra qu'aggraver
des comportements intolérants
pour les rendre toujours plus violents. Comme le disait Churchill :
"Vous avez choisi le déshonneur
pour éviter la guerre, et vous aurez, et le déshonneur, et la guerre".
Etudions ce courant : Que propose cette mode ouvertement
revendicative? Quels sont ses dogmes?
Qu'enseigne cette propagande délibérément agressive? Il n'y a pas à
gratter bien loin pour le découvrir:
sous son tempo monocorde et affligeant, le rappeur appelle à la honte de
soi, de sa peau, de sa nation,
de son histoire, de son drapeau, de sa culture, de sa langue, de sa
civilisation. Pour lui, le génie créatif
consiste à faire table rase de tout cela, tout en multipliant les moues
ridicules et les gestuelles abstraites
dont les érudits du comportementalisme humain ont vainement cherché à
décoder le sens.
Le rapeur répète, martèle, oeuvres après oeuvres, qu'il faut
niquer la France, pisser sur le drapeau,
buter du flic ou casser du bâtard.
Rien que cela.
L'auditeur curieux a du souvent se demander comment un tel
effondrement de la culture musicale
avait pu se mettre en place, jusqu'à tomber si bas.
Nous allons y répondre.
A la fin des années cinquante, la France, doublement empêtrée dans
son ancienne constitution et la
guerre d'Algérie, rappelle au pouvoir celui qui s'était mis en marge de
l'état, après avoir sauvé son pays
du déshonneur de l'armistice et de la défaite militaire lors de la
seconde guerre mondiale;celui qui avait
rétabli les libertés fondamentales, crée la sécurité sociale, et
instauré le droit de vote pour les femmes.
Poursuivant son action, Charles de Gaulle avait alors, dès son
arrivée au pouvoir, fait voter une
nouvelle constitution par référendum ; effectué le remboursement la
dette de guerre française ; fait
cesser la guerre d'Algérie ; redressé l'économie; réalisé le plein
emploi ; parrainé la télévision en couleur
par le procédé Secam; placé des bombes thermonucléaires sous les
Mirage IV français en insistant sur
cette dissuasion terrible ; refusé la dictature des deux
superpuissances ; imposé la souveraineté et
l'indépendance de la France ; terminé la construction de ce
formidable oiseau franco-britannique : le
Concorde, capable de relier Paris à New York en moins de trois heures ;
et réussi à faire acclamer dans
une multitude d'états lors de visites internationales : bref, fait
rayonner la France dans le monde.