Questions à Paul-Éric Blanrue, réalisateur du documentaire « Un Homme »
(Par Rachid Guedjal pour Algérienetwork)
R.G. : Ton documentaire est axé sur une personne controversée : le professeur Robert
Faurisson. Suscitant la polémique à cause de ses positions qui défraient la
chronique, il a été diabolisé pendant des décennies. Ton documentaire nous montre
quelqu'un qui n'a rien à voir avec le diable incarné qu'est Robert Faurisson aux yeux
des médias conventionnels. D'abord, quand et comment as-tu connu le professeur ?
Paul-Éric Blanrue : Au début des années 1990, après diverses expériences de politique
amusante (la question politique de la fin de ce cycle historique n'a toujours été
pour moi qu'un jeu, tant est loin la possibilité d’un nouveau Regnum), me voici
donnant des cours d'histoire dans un lycée privé catho de Nancy. Pour me délasser,
j'écris parfois des articles dans une revue acrate française, un étrange trimestriel
à couverture orange se réclamant de la pensée de Max Stirner, L'Homme libre. Son
directeur est Marcel Renoulet, ancien secrétaire du pacifiste Louis Lecoin, célèbre
pour avoir organisé une grève de la faim ayant permis d'obtenir un statut pour les
objecteurs de conscience. J'y publie à dates irrégulières divers articles, par
exemple sur l'histoire du mouvement libertaire. J'y réalise une interview de
Marc-Edouard Nabe, qui sera reprise plus tard dans son Coup d'épée dans l'eau, chez
Jean-Paul Bertrand. J'y évoque aussi mes activités zététiques dont le Cercle éponyme
vient d'être fondé à ce moment-là. Le Cercle zététique (CZ) est présidé par le
professeur Henri Broch de l'université de Nice, et reçoit en force d'appoint
l'illusionniste Gérard Faier, alias Majax, le créateur quelque peu ringard de
l'émission « Y a un truc ! » qui avait fait les beaux jours de la télé française au
milieu des années 70. Le but du cercle est d'étudier les sujets extraordinaires, en
sciences et en histoire, avec toute la rigueur requise par la méthode scientifique.
L'époque est à la dérive conceptuelle post-moderniste, qu'ont analysée Sokal et
Bricmont dans Impostures intellectuelles, et que René Guénon dénonçait déjà comme «
âge parodique ». Nous sommes soutenus par des gens de la gauche radicale comme le
généticien antiraciste Albert Jacquard ou l'ex-trotskiste pro-palestinien
Marcel-Francis Kahn, dont Serge Thion a montré les limites de la pensée dans Une
Allumette sur la banquise. C'est une époque marquée par l'émission « Mystères » sur
TF1, qui kärcherise à grandes eaux les cerveaux ramollis de foules pétrifiées
(rappelez-vous l'absurde mystification de l'extraterrestre de Roswell) et par divers
scandales mettant en cause des guérisseurs de tiroir-caisse ou des gourous libidineux
qui confondent ashram et boîte à partouze.
Faurisson avait lu un de mes articles de promotion zététique et m'avait envoyé en
retour sa Réponse à Jean-Claude Pressac, opuscule auto-édité et dédicacé à mon nom
comme « essai de zététique ». Plus personne ne se souvient de Pressac aujourd'hui :
c'était un petit pharmacien de banlieue sans compétence holocaustique ni formation
historique. Nazebroque honteux, il possédait à son domicile un buste d'Hitler placé
en haut d’un escalier qui conduisait à une chambre insonorisée où il écoutait à
pleins tubes de la musique militaire allemande. Il avait voulu travailler avec
Faurisson, mais celui-ci l'avait refoulé. Depuis, Pressac lui vouait une haine
tenace. C'était ce spécimen déliquescent qui était devenu en deux temps, trois
mouvements le deus ex machina de la multinationale Klarsfeld and Co, qui allait enfin
prouver au monde l'existence des chambres à gaz ! En France, le fruit de cette
coalition nazioniste, aussi belle que « la rencontre fortuite sur une table de
dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie », comme eût dit Lautréamont,
avait été la parution de son livre aux éditions CNRS sous le titre Les Crématoires
d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse, dans lequel ne figurait ni
photographie ni plan de chambre à gaz. Or personne n'avait bien entendu jamais nié
l'existence des crématoires ! A lui seul le titre de l’ouvrage trahissait l’embarras
de l’empoté potard.
Amusé par les flèches que Faurisson lui décochait avec habileté et une franche bonne
humeur, j'ai aussitôt répondu à ce professeur de l'université de Lyon placardé dans
l'Enseignement à distance parce que la Faculté ne pouvait assurer sa sécurité mise en
péril par les gros bras des associations juives. Nous prîmes rendez-vous durant les
grandes vacances d’été. À mon retour de Cannes, je ne vous cache pas que je craignais
de tomber sur un universitaire bouché à l'émeri, inapte au dialogue et ancré dans ses
certitudes d'amphithéâtre. Au fil d'un déjeuner pris sur les bords de l'Allier, mes
idées préconçues se dissipèrent bien vite. Mon hôte me fit part de sa volonté
d'adhérer au Cercle zététique, dont il partageait les idées essentielles (en
histoire, ce sont celles que l'on trouve dans le volume de la Pléiade consacré à la
Méthode historique). Mais il me précisait qu'il désirait que son nom n'y apparût pas,
afin de ne pas torpiller l'association. Quelque temps auparavant, Faurisson avait été
membre de l'Union des athées et son adhésion s'était terminée par un scandale :
divers membres avaient rendu leur carte, le président avait failli démissionner, etc.
Le professeur voulait éviter que l'expérience funeste se renouvelât. Le bureau du CZ
accepta sa requête et on l’affubla d’un plaisant pseudonyme pour le glisser dans la
liste officielle des nouveaux membres.
Je dois à la vérité de dire que d'autres révisionnistes discrets et de moindre
importance faisaient déjà partie de notre association, avant et après cette
apparition de Faurisson par l'entrée des artistes, et cela sans poser de problème aux
échelons supérieurs. Je connaissais de mon côté les travaux révisionnistes depuis
qu'un certain Pascal-Bernard, proche de François G., devenu par la suite
député-maire pour le parti présidentiel d’une commune en Moselle (comme quoi tout est
possible, comme dit Sarkozy) m'avait mis dans les mains le numéro 1 des Annales
d'histoire révisionniste, qu'on achetait alors en kiosque (c'est vous dire le
changement d'époque !). La Vieille Taupe, qui éditait cette revue, était dirigée par
Pierre Guillaume, dont je fis la connaissance durant ces mêmes années ; il était un
ancien de "Socialisme ou Barbarie", groupe proche du situationniste Guy Debord.
J'avais toujours été scandalisé par le sort que réservait aux révisionnistes, selon
la formule de Bernanos, « l'universelle complicité des lâches ».
Comme le Cercle zététique était une organisation se déclarant sans préjugés ni dogme,
j'ai alors pensé que, peut-être, nous pourrions débattre, en interne pour commencer,
de la question des chambres à gaz et du génocide juif, à l'image de ce qui avait eu
lieu aux États-Unis dans des associations sceptiques de gauche, sous l'égide de
modérateurs d'origine juive, pour éviter tout dérapage intempestif. Hélas cette
tentative s'est révélée impossible de ce côté-ci de l'Atlantique. Affolés, certains
de nos membres (notre meilleur spécialiste des ovnis en tête) sont allés jusqu'à me
dire que, quoi qu'il se fût passé (ou non) durant la Seconde Guerre mondiale, ils ne
voulaient pas en être informés, inventant ainsi une nouvelle branche de la zététique
: la zététique de l'autruche ! D'autres, dans leurs barbes de syndicalistes du
secondaire, marmonnaient que, si par le plus grand des hasards
Faurisson avait raison sur quelque point de détail, notre travail amorcerait la
remontée de l'antisémitisme dans le pays, phénomène désastreux qu'il fallait à tout
prix empêcher. Bref, au Cercle zététique, la pieuse fraude que nos bons laïques
dénonçaient avec fracas dans le cas du Suaire de Turin ne semblait plus les déranger
quand il s'agissait du cœur de la nouvelle religion mondiale. La question de
l'existence de Jésus, que j'avais posée sur le site du Cercle zététique, ne faisait
pas davantage scandale dans nos troupes. Le reste, il n’y fallait point songer. Jésus
n'a pas existé ? Doutons ! Les chambres à gaz ont-elles existé ? En prison ! Instructif.
Les cris de vieilles pucelles hystériques poussés par certains membres du CZ devant
cette proposition de débat n'avaient bien entendu rien de zététique, puisque ces gens
refusaient de prendre connaissance des arguments révisionnistes, ne fût-ce que pour
avoir à les réfuter ensuite. On pouvait difficilement aller plus loin dans
l'autocensure et la bêtise.
Loin de cette chienlit zététique, que je décidai d'ignorer, j'ai, de mon propre chef,
engagé une enquête sur le professeur Faurisson. Je voulais le tester personnellement,
à la façon dont j'expertisais voyants voyous et médiums véreux ou que je visitais des
maisons hantées, l'une de mes spécialités au sein du CZ. Etait-il un habile imposteur
comme l'Israélien Uri Geller, qui jurait tordre les petites cuillers par la seule
force de sa pensée d'élu de Yahvé ? À la suite de ma première rencontre avec
Faurisson, je pris le train de nombreuses fois pour Vichy, pour passer au tamis
l'Absolu Salaud. Vichy : la ville où, rappelons-le, la Bête en question résidait non
pas en vertu d'un quelconque attrait morbide pour le pétainisme, comme le clabaudent
les partisans de Claude Lanzmann, mais parce qu'il y avait été nommé par le ministère
de l'Education nationale et qu'il y avait pris racine…
Chemin faisant, je n'ai cessé d'être bluffé par son sérieux, son courage et sa façon
très méthodique de travailler. Sa rengaine, lors de notre premier entretien, avait
été : « Ne vous lancez pas dans le révisionnisme ! C'est un suicide lent ! ». Je
voyais bien la répression s'abattre sur les troupes révisionnistes du monde entier.
Mais je n'étais pas convaincu que je resterais étranger à cette aventure. Car pour
moi être révisionniste, c'était déjà, dans un premier temps, vérifier les thèses du
Diable, les contester, tenter d'en percevoir les failles. C'était, pour commencer,
lire et étudier tous les travaux de l'école révisionniste !
Mes rapports avec Faurisson se firent plus proches et nos correspondances plus
fréquentes. Nos esprits se combinaient à merveille. Je ne manquais ses procès devant
la XVIIe Chambre pour rien au monde, puisqu'enfin ses adversaires tentaient de le
contredire face à face. Sa ténacité à toute épreuve, ses arguments ultra-référencés,
tout comblait mes attentes.
Je me dois de témoigner que depuis bientôt vingt ans que je le fréquente, je n'ai
jamais surpris Faurisson en flagrant délit de fraude ou de mensonge. S'il a parfois
un fichu caractère, il est le premier à regretter la légère erreur qu'il peut
commettre dans un article et il astreint ses proches à traquer ses coquilles, l'une
après l'autre, comme un jardinier chasse les doryphores de son potager. Faurisson,
c'est le perfectionniste né, le Glenn Gould de l'Holocauste ! Un arrêt méconnu de la
cour d'appel de Paris du 26 avril 1983 prononce d'ailleurs qu'il n'est pas « permis
d'affirmer, eu égard à la nature des études auxquelles il s'est livré, qu'il a écarté
les témoignages par légèreté ou négligence, ou délibérément choisi de les ignorer ;
qu'en outre personne ne peut en l'état le convaincre de mensonge lorsqu'il énumère
les multiples documents qu'il affirme avoir étudiés et les organismes auprès desquels
il aurait enquêté pendant plus de quatorze ans ; que la valeur des conclusions
défendues par M. Faurisson relève donc de la seule appréciation des experts, des
historiens et du public ». C'était sept ans avant la loi Gayssot (promulguée le 14
juillet 1990), laquelle punit désormais les révisionnistes comme s’abat le couperet
de la guillotine, sans bavures et sans se préoccuper des faits mais en remplissant la
tâche infamante que l'Assemblée nationale a confiée aux magistrats : censurer
l'esprit, brider la recherche.
C'est ainsi qu'après bien des années j'ai été la mystérieuse personne qui, un soir,
au Théâtre de la Main d'Or, a présenté Faurisson à Dieudonné, créant indirectement
par la suite l'incident du Zénith. Je ne suis pas peu fier d'y avoir contribué car ce
sketch aux trois-quarts improvisé a fait éclater au grand jour la mauvaise foi des
prétendus défenseurs de la liberté d'expression, qui ne sont que l’un des masques
portés par les professionnels de la délation. Bien mieux, ce happening a été
profitable à la liberté de parole, car grâce au défenseur de Faurisson, Maître John
Bastardi Daumont, l'avocat le plus courageux de France (le faux sulfureux Vergès
n'est qu'un joueur de billes à côté de lui !), l'apologie de révisionnisme n'existe
pas dans la jurisprudence française. Bastardi Daumont a mis le doigt sur les
contradictions du code, soulignant une schizophrénie juridique totale : imaginez-vous
qu'il est légal d'écrire sur vos T-shirt, casquette, mug ou pin's : « Faurisson a
raison ! » ou « Je suis révisionniste ! », mais que vous n'avez pas le droit de
spécifier pourquoi Faurisson serait dans le vrai ni en quoi consiste l'objet du débat
! Sainte-Anne, priez pour nous ! En faisant relaxer Faurisson, Bastardi a obtenu une
jurisprudence actée et définitive, qui nous octroie désormais un peu plus de liberté
et d'aisance dans nos propos.
R.G. : Quand l'idée du documentaire t’est-elle venue ?
Paul-Éric Blanrue : Il y a environ un an. L'idée était d'abord d’écrire un livre
autour de Faurisson. Je m'en étais ouvert à un ami de l’éditeur Jean-Paul Enthoven,
de Grasset, qui m'avait proposé de me présenter à Philippe Sollers, lequel, me
disait-il, serait peut-être intéressé de publier un livre de ce genre dans la
collection L'Infini qu'il dirige chez Gallimard. Après le succès des Bienveillantes
de Jonathan Littell, ouvrage que j’avais analysé dans Les Malveillantes aux éditions
Scali, la voie était ouverte pour une telle expérience littéraire. Mais avec le
Vénitien Sollers, rencontré au Montalembert devant un verre de J&B, la question ne
fut pas abordée… Et puis, plus je relisais l'ouvrage de François Brigneau sur le
sujet (Mais qui est donc le professeur Faurisson ?), plus je me rendais compte que la
petite biographie qu'il avait brossée du prof ne nécessitait pas de grands ajustements.
Au même moment, j'avais conçu l'idée de réaliser un reportage sur l'affaire Vincent
Reynouard, alors condamné à un an de prison pour une brochure sur « l’Holocauste » de
seize pages de photos et croquis. Je voulais la traiter en la comparant à l'affaire
du sioniste pédophile Maurice Gutman, membre du CRIF et webmestre du site du Yad
Vashem-France, qui avait été coincé par des journalistes en train de draguer sur le
net ce qu'il croyait être une petite fille. Lui, il n'avait été condamné qu'à deux
mois de prison avec sursis ! Mais il m'était difficile d'obtenir des images de cette
ordure, qui se cachait et que sa communauté surprotégeait. J'ai donc décidé de
changer mon fusil d'épaule. Depuis le Zénith, beaucoup de gens, surtout des jeunes
issus de la génération Internet, se demandaient qui était ce grand-père plein
d'humour qui se sentait « Palestinien en France » et que les médias n'interrogeaient
jamais bien qu'il fût professeur d'université, agrégé des lettres et docteur ès
lettres et sciences humaines. Jamais cet homme n'avait bénéficié du plus petit débat
à la télé française ! Et des débats, il y en avait eu des milliers, sur tout et sur
rien, et surtout sur rien : j'avais moi-même participé à plusieurs dizaines de débats
dans des émissions spectaculaires et sans intérêt de Dechavanne, Delarue, Ardisson et
autres Wermus ! Michel Polac avait bien invité Faurisson, avant le scandale des
chambres à gaz, au temps du noir et blanc, pour venir parler de sa thèse sur
Lautréamont. Le 19 avril 1979, à Lugano, invité par la Télévision suisse italienne,
Faurisson avait participé à un débat sur « l'Holocauste » : il avait si manifestement
terrassé ses quatre opposants (deux historiens et deux anciennes déportées, dont
l'une d'Auschwitz) qu'aujourd'hui encore la diffusion publique du débat reste
strictement interdite ! (Faurisson lui-même s'est encore vu notifier cette
interdiction le 3 septembre 2009, soit trente ans après l'émission !). Le 17 décembre
1980, Ivan Levaï se trouva contraint de lui accorder une sorte de droit de réponse
sur les ondes d'Europe 1 : le résultat en fut tel que le journaliste a bien voulu
admettre par la suite que, s'il avait commis une erreur dans sa carrière, c'était
d'avoir un jour invité Faurisson. Depuis cette date, rien, néant. Avait-on peur que
le Salaud convainque l'auditoire en lui fournissant deux ou trois exemples qui
feraient éclater la thèse orthodoxe ? C'était comme si. Le cachant aux yeux de
l'opinion manipulée, on nous montrait toujours les mêmes grands inquisiteurs qui le
brocardaient, l'insultaient, le dépeignaient comme un monstre sans foi ni loi digne
du boucher dément de Massacre à la tronçonneuse. Vous vouliez le connaître ? On
sortait du chapeau son pire ennemi, saint Pierre Vidal-Naquet, qui le présentait
comme un fou antisémite, un psychopathe jouissant la bave aux lèvres des tortures
infligées aux juifs, tortures qu'il se permettait de nier pour jouir plus intensément
encore, un super néo-nazi qui passait sa vie à retuer les morts, et qui n'avait
d'ailleurs aucune légitimité à parler du dossier des chambres à gaz puisqu’il ne
s’occupait que de littérature. On ne nous précisait pas que Vidal-Naquet était prof
d'histoire de la Grèce antique et non de l’Allemagne des années 1930-40, tandis que
Faurisson, lui, s'était spécialisé dans la « Critique de textes et de documents »,
toutes époques confondues ! Vidal-Naquet avait démontré une fois pour toutes à quel
point son esprit critique était en berne lorsqu'il avait soutenu le violeur Luc
Tangorre, dont il avait juré l'innocence dans tous les médias avant que celui-ci ne
récidive et ne prouve sa culpabilité. Mais personne n'avait le courage de rabattre le
caquet de Naquet.
Bref, grâce à cette censure et à ces méthodes, le nom de Faurisson est associé au
génocide des juifs comme s'il avait été le commanditaire et l'organisateur du crime
des crimes, alors qu'il ne conteste pas la réalité des déportations ni l'existence
des fours crématoires ni la répression antijuive du régime hitlérien ; il appelle
notre attention sur les inventions mensongères de la propagande de guerre qui sont
devenues des articles de foi. Il se situe par là dans la tradition de Jean Norton Cru
ou d'Arthur Ponsonby qui ont été les révisionnistes de la Première Guerre mondiale, à
l'époque où l’on faisait croire à l’opinion publique chauffée à blanc par un
patriotisme de roulements de tambour qu'en Belgique « les sales Boches » avaient
coupé les mains de petits enfants. Pour la Seconde Guerre mondiale, Faurisson a
repris l'état du dossier où l'avait laissé à sa mort, en 1967, le déporté socialiste
Paul Rassinier. Ce dernier, qui avait été interné à Buchenwald et à Dora en raison de
son activité dans la Résistance, fut le premier critique légitime de l'image que la
presse donnait des camps. Au lieu d'aller demander à la LICRA ce qu'elle pensait de
Faurisson, j'ai donc décidé de le laisser parler lui-même de son parcours et de son
travail.
R.G. : Combien de temps de préparation t'a-t-il fallu et que penses-tu du résultat ?
Paul-Éric Blanrue : J'ai beaucoup travaillé sur ce sujet parce que je suis un homme
de l'écrit et non de l'image. J'ai dû tout apprendre, le maniement d'une caméra, la
prise de son, le montage, etc. Je me suis formé sur le tas. J'ai bien conscience que
la forme obtenue est imparfaite, mais il fallait absolument réaliser un tel
documentaire du vivant de Faurisson, qui a 82 ans. Comme personne ne semblait prêt à
s'y risquer, j'ai pris le taureau par les cornes. La forme en tant que telle
m'importe peu. Quand Dominique de Roux va filmer sur le transat de son jardin le plus
grand poète du XXe siècle, le vieil Ezra Pound, il ne parvient à obtenir de ce
dernier que de vagues propos énoncés à grand peine mais, même si parfois l'image se
brouille et que le son est coupé, entendre de petits bouts de phrases prononcées par
Pound reste un plaisir sans égal, qui écrase l’impression déplaisante de tous les
discours que Jacques Attali a pu prononcer depuis sa naissance. Alors au diable les
puristes ! Je n'ai pas voulu réaliser un film esthétisant, mais quelque chose qui
ressemble à « Ceux de chez nous » de Sacha Guitry, où l’on voit Rodin ou Auguste
Renoir en plein travail. Mon ambition a été de mettre en bobine la personnalité qui a
été la plus haïe par l’opinion médiatique depuis 40 ans et que nul n'a jamais pensé à
laisser parler librement. Ce reportage est donc réalisé pour l'histoire. Avec les
défauts inhérents aux prises rapides, très exactement comme l'INA a organisé ses
Archives du XXe siècle où les intervenants, parmi les plus prestigieux artistes et
intellectuels du temps, sont parfois coupés par un clap inopportun et où des
techniciens débarquant à l’improviste viennent mettre un peu d'anarchie dans
l'organisation de la scène. L'importance d'un tel document, c'est qu'il existe. Qu'il
existe pour montrer qui est Faurisson, comment il parle, réfléchit, raisonne,
démontre. C'est seulement en lui donnant la parole longtemps, en le laissant
s'exprimer sans le couper à tout instant que l'on parvient à saisir sa personnalité.
R.G. : Quelle a été ton approche pour réaliser ce documentaire?
Paul-Éric Blanrue : Je me suis rendu chez lui durant quelques jours, avec un plan à
peine préétabli. J'avais quelques thèmes en tête, dont je lui avais parlé au
téléphone, c'est tout. Rien n'était réellement préparé. Je voulais lui faire dire des
choses qu'il n'avait pas exprimées auparavant. J'escomptais qu'il évoquerait sa
jeunesse, la politique, sujets dont il se tient éloigné. Je crois que je n'ai pas
trop mal réussi mon affaire. Quand il dit « je suis centriste », par exemple, ce
n'est pas du tout son genre. Il est certain que seule une personne en laquelle il
avait confiance pouvait réaliser un tel document. L'écueil eût été qu'il se ferme
comme une huître. C'est l'une des heureuses surprises de ce film : Faurisson a abordé
de lui-même, parce qu'il se sentait à l'aise, des sujets dont il n'aurait jamais
parlé autrement. Je dois signaler tout de même que sur de nombreux autres sujets
annexes (son enfance, sa vie à Vichy, son jugement sur Pétain, ses rencontres avec
d'autres révisionnistes, etc.), je détiens encore plus de cinq heures de rushes ! Si
un jour nous réalisons un DVD complet, nous y intégrerons tous ces bonus. Ce sera un
gros travail et il va de soi que nous ne pourrons pas, cette fois, le lancer
gratuitement sur Internet. Si des professionnels du DVD nous lisent, qu'ils se
mettent en rapport avec nous pour, cette fois, lancer une vidéo de près de sept heures !
R.G. : Ce document est en libre diffusion. Dans quel but l'as-tu réalisé?
Paul-Éric Blanrue : Pour montrer qui est le vrai Faurisson : un homme à la fois
simple et héroïque, qui parle de ses découvertes sans haine ni violence, avec
sérénité et humour, en n’insultant personne. Saviez-vous que c'est lui qui, le 19
mars 1976, a découvert les plans des crématoires d'Auschwitz, des plans qu'on nous
cachait depuis 1945 ? Ce n'est pas anodin, n'est-ce pas, puisqu'Auschwitz est censé
être au cœur de « la machinerie du meurtre de masse nazi ». Écoutez et lisez tout ce
qu'on a dit de Faurisson - et ensuite passez-vous le documentaire que je vous propose
! La différence vous sautera aux yeux ! Comme disait Nietzsche à propos de Montaigne
: « On est heureux à la pensée qu'un tel homme a existé. »
R.G. : Vu que ton documentaire est un clair défi à la loi Gayssot et à ses défenseurs
tous hauts placés dans le gouvernement français, penses-tu ces derniers capables d'en
entraver la diffusion?
Paul-Éric Blanrue : Ils sont capables de tout, mais l'avenir seul dira ce qu'ils en
auront fait. Je ne risque jamais de prophétie, mais je me tiens prêt à tout, quoi
qu'il arrive. Je sais d'avance que sur ce terrain rien ne me sera jamais pardonné par
ceux qui ont tout à perdre à ce que des vérités soient dites. Comme Lucien Guitry
avait l’habitude de dire à son fils : « Foutons-nous de ça ! »
R.G. : Comme le montre le documentaire, certains révisionnistes ont été victimes
d'agressions et il semblerait, selon les dires de Robert Faurisson, que la police ne
montre pas trop de zèle à appréhender les coupables : avez-vous des craintes pour
votre sécurité, Robert et toi?
Paul-Éric Blanrue : Je n'ai jamais vécu dans la crainte et ce n'est pas aujourd'hui
que ça va commencer. La crainte est de toute façon effacée préalablement par le geste
lui-même. Un hadith dit : « Dieu n’a rien créé qu’il aime mieux que l’émancipation
des esclaves… ». Ce que j’ai fait, c’est pour que les gens s’émancipent du principe
destructeur de la Matrix et se déconditionnent des pensées qui polluent leurs
esprits. Je pense comme Evola que « seul un changement d’attitude, seule une
véritable metanoïa est le moyen efficace si l’on veut concevoir l’arrêt de la pente
». En faisant don de ce document aux internautes (car je rappelle qu'il est diffusé
gratuitement sur le net), je vis en paix avec moi-même. Il m'était impossible de
vivre sans montrer ce que j'avais vu et connu, quoi qu’il m’en coûte. J'ai toujours
pris au sérieux les héros d'Alexandre Dumas, de Cervantès et de Walter Scott, ceux
qui se consument avec la flamme qu'ils ont au fond d'eux-mêmes. J’ai fait mienne la
formule : « Se porter, non là où l’on se défend, mais là où l’on attaque. » Mon
Excalibur, je ne l'ai pas gagnée dans un jeu vidéo en me battant contre une hydre
virtuelle. Je me bats dans la vie concrète contre de vrais salopards, pas dans
l'imaginaire, ni dans un roman écrit par un autre. Je peux me regarder dans un miroir
sans baisser les yeux. Que rêver de mieux, en fin de compte ?
R.G. : Un mot pour finir ?
Paul-Éric Blanrue : Oui, celui de Nietzsche à son amie, la wagnérienne et féministe
Malwida von Meysenbug, en date du 25 octobre 1874, qui correspond en tous points à ce
que j’accomplis en ce moment : « Par chance je suis dépourvu de toute ambition
politique ou sociale, en sorte que je n'ai à craindre aucun danger de ce côté-là,
rien qui me retienne, rien qui me force à des transactions et à des ménagements ;
bref j'ai le droit de dire tout haut ce que je pense, et je veux une bonne fois
tenter l'épreuve qui fera voir jusqu'à quel point nos semblables, si fiers de leur
liberté de pensée, supportent de libres pensées. »
R.G. : Merci d'avoir répondu à nos questions.
(Un grand merci à Salim Bouterfas, Louis Egoine de Large et Nejmeddine Bauche pour
leur aide précieuse)
Rachid Guedjal
AlgerieNetwork
http://algerienetwork.com
PE Blanrue confirme ce que l'on a pu observer dans ce forum; les "zététiciens" chient
dans leur froc lorsque leur "science" est requise pour une approche véritablement
zététique du dogme des chambragazes. J'aime bien son expression "la zététique de
l'autruche". LOL.