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Dickens : histoires de fantômes

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PaulAubrin

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Jan 27, 2023, 6:36:35 AM1/27/23
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Les fantômes semblent beaucoup moins à la mode qu'autrefois

https://www.gutenberg.org/files/1289/1289-h/1289-h.htm

La première apparition qui se présenta fut tôt le matin, alors qu'il
faisait tout juste jour et rien de plus. J'étais en train de me raser
devant mon verre, lorsque je découvris soudain, à ma consternation et à
ma stupéfaction, que je rasais - non pas moi-même - j'ai cinquante ans -
mais un garçon. Apparemment Maître B. !

Je tremblais et regardais par-dessus mon épaule ; rien. J'ai regardé de
nouveau dans la glace, et j'ai vu distinctement les traits et
l'expression d'un garçon qui se rasait, non pas pour se débarrasser
d'une barbe, mais pour en avoir une. Extrêmement troublé dans mon
esprit, je fis quelques tours dans la pièce, et revins au miroir, résolu
à calmer ma main et à achever l'opération dans laquelle j'avais été
dérangé. En ouvrant mes yeux, que j'avais fermés en retrouvant ma
fermeté, je rencontrai dans le miroir, me regardant droit dans les yeux,
les yeux d'un jeune homme de 24 ou 25 ans. Terrifié par ce nouveau
fantôme, je fermai les yeux, et je fis un grand effort pour me remettre.
En les rouvrant, je vis, rasant sa joue dans la glace, mon père, mort
depuis longtemps. Non, j'ai même vu aussi mon grand-père, que je n'ai
jamais vu de ma vie.

Bien que naturellement très affecté par ces remarquables visites, je
décidai de garder mon secret, jusqu'au moment convenu pour la révélation
générale actuelle. Agité par une multitude de pensées curieuses, je me
retirai dans ma chambre, cette nuit-là, prêt à faire une nouvelle
expérience de caractère spectral. Cette préparation n'était pas
inutile, car en me réveillant d'un sommeil agité à deux heures du matin
exactement, quelles furent mes impressions en découvrant que je
partageais mon lit avec le squelette de Maître B. !

Je me suis levé, et le squelette s'est levé aussi. J'ai alors entendu
une voix plaintive qui disait : "Où suis-je ? Qu'est-ce que je suis
devenu ?" et, regardant avec insistance dans cette direction, j'ai
aperçu le fantôme de Maître B..

Le jeune spectre était habillé d'une manière désuète : ou plutôt, il
n'était pas tant habillé que placé dans un étui de tissu poivre et sel
de qualité inférieure, rendu horrible au moyen de boutons brillants.
J'ai observé que ces boutons passaient, en double rangée, sur chaque
épaule du jeune fantôme, et semblaient descendre le long de son dos. Il
portait un jabot autour du cou. Sa main droite (dont je remarquai
distinctement qu'elle était encrée) était posée sur son estomac ; en
associant cette action à quelques faibles boutons sur son visage, et à
son air général de nausée, je conclus que ce fantôme était celui d'un
garçon qui avait l'habitude de prendre beaucoup trop de médicaments.
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