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[ANALYSE] "Eyes Wide Shut " (Kubrick)

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© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
"Peut être la meilleure lecture du film jamais écrite
sur cette terre."

© D.A.M.I.E.N :)

__________________________

"EYES WIDE SHUT"


Le Paradis perdu de kubrick

"En effet nous trouvons nos yeux ouverts et trouvons que nous connaissons à
la fois le bien et le mal, le bien perdu, le mal gagné."
--J. Milton, Le paradis perdu, 1. IX.


Kubrick n'a jamais cherché à éclairer ses films. Ils se suffisent à
eux-mêmes. Bien avant sa sortie, Eyes wide shut a suscité les rumeurs les
plus invraisemblables. Un sujet à priori sulfureux, le choix des acteurs,
les rebondissements au cours du tournage, enflammèrent les imaginations et
alimentèrent les chroniques. La mort de kubrick quelques jours après la fin
du montage amplifia le phénomène, et Eyes wide shut est devenu, grâce à la
personnalité secrète de son auteur, un événement unique dans l'histoire du
cinéma. Le film divisa les critiques. Certains l'aimaient, d'autres moins,
beaucoup exprimaient une déception amère. Le maître fatigué nous livrait une
dernière oeuvre décevante, imparfaite, qui manquait singulièrement d'audace.
Les scènes d'orgie tant attendues, se révélaient d'un formalisme convenu,
frôlant le ridicule. Malgré quelques passages brillants, l'ensemble
paraissait décousu, sans unité.

À chaque sortie, les films de kubrick surprennent et donnent lieu à une
kyrielle d'interrogations. Mais le spectateur ou le critique déconcerté peut
à chaque fois se raccrocher à la perfection formelle du genre choisi. En
effet, Kubrick nous a habitués à des films de genre, toujours différents,
dans lesquels il insuffle une idée originale, et à chaque fois en décalage
avec la forme du film. Il y a un côté gigogne ou poupées russes dans ses
oeuvres. Cette fois, Eyes wide shut n'entre apparemment dans aucun genre
cinématographique précis. Ni science-fiction, ni satire sociale, ni fresque
historique, ni film d'horreur, ni, enfin, film de guerre. Toutes les rumeurs
convergeaient vers l'idée que Kubrick faisait un film érotique,
archi-érotique, et avec un peu de chance franchement pornographique. Cela
semblait logique puisque c'était le seul genre, ou presque, auquel kubrick
ne s'était pas encore essayé. Aussi, une fois Eyes wide shut paru sur nos
écrans, on a voulu coûte que coûte y voir encore un film de genre. D'où
peut-être la désorientation du public et des critiques.

Chez Kubrick, la forme, la manière, réputée virtuose, n'est jamais purement
esthétique, mais au contraire profondément indissociable du fond, de la
matière du sujet. Cette forme, kubrick nous la livre de façon immédiate,
c'est le film lui-même, tel qu'il remue, brouille, exalte ou irrite nos
émotions. Le fond, en revanche, n'est donné que de manière médiate,
c'est-à-dire à travers le filtre de l'intelligence. Mais tous ses films sans
exception, y compris 2001 l'odyssée de l'espace, et Barry Lyndon où la
splendeur des images cachait un profond désespoir, traitent de la question
du Mal. Or cette fois-ci, elle semble à peine soulevée, comme si soudain
Kubrick s'en désintéressait. On est loin, semble-t-il, de la violence
d'Orange mécanique et de l'horreur de Shining. Toutes les interprétations
qu'on a pu lire, portant sur une thématique vaguement psychanalytique
(fantasme, désirs, sexe, entre rêve et réalité), et sans doute influencées
par ce qui se rattache à Schnitzler, nous paraissaient maigres et
contradictoires.

Nous avons eu le sentiment de voir un chef-d'oeuvre dont l'explication
relevait d'une toute autre interprétation. Le film raconte l'histoire d'un
couple qui perd son innocence. La simplicité de ce thème nous a paru
biblique. la quête du docteur Bill Harford rappelle la genèse de l'humanité
où l'Homme, chassé du Paradis, démuni et seul, doit ouvrir les yeux pour
affronter le Mal et l'Enfer qui le menacent. L'expression du film est très
simple et Kubrick, cette fois, n'invente aucune technique particulière.

Mais cette expression cache en fait une construction invraisemblable de
complexité:
Elle repose sur cinq parties disposées de manière parfaitement symétrique
dans leur chronologie et dans leur signification l'Éden, la chute, l'Enfer,
la reconquête et la résignation.

¤¤¤¤¤¤¤¤ L'Éden : ¤¤¤¤¤¤¤¤

En quelques secondes, Kubrick nous présente Ève. Le film s'ouvre avec une
valse enivrante de Chostakovitch sur Alice entièrement nue sous une robe
noire qu'elle laisse glisser sur soi, pendant sa séance d'essayage avant le
bal auquel elle se rend avec son mari. Ce n'est pas un hasard, de la part de
Kubrick, s'il nous montre cette femme de dos, comme pour préserver son
intimité, dans une lumière dorée. Elle est belle, nous est offerte dans sa
nudité, mais sans qu'aucune gêne, aucun érotisme ne se glisse dans l'image.
Elle semble heureuse, danse légèrement et ne se soucie pas d'être vue, même
si son narcissisme apparaît déjà en filigrane dans ce simple plan. Elle vit
en "nuditas naturalis".

Dans la séquence suivante, qui appartient à la même scène, Bill, son
mari -dont le nom évoque à la fois le billet de banque, l'addition d'un
restaurant et la note d'hôtel -, en tenue de soirée, demande à sa femme de
l'aider à trouver son portefeuille. Il est jeune, rapetissé tout le long du
film par un jeu de caméra, a presque l'air d'un enfant avec ses traits
souriants, et pourtant, par quelques signes simples on comprend qu'il aura
quelque chose à payer dans son histoire. Il entre dans la salle de bain où
sa femme se tient assise sur les toilettes, ce qui ne gêne ni l'un ni
l'autre. Faut-il voir là un couple désuni, indifférent l'un à l'autre, dans
lequel tout lien charnel est défiguré par un quotidien morne? Cela aurait un
sens si, plus tard, on ne voyait pas Bill, après le bal, désirer sa femme
avec amour. Au contraire, apparaît ici le côté naturel, innocent, à l'image
du premier couple dans la Genèse, c'est-à-dire un homme et une femme qui
connaissent la nudité, mais ne la voient pas entachée par la honte. Bill
coupe la musique, et ils sortent de leur chambre. C'était l'Eden. Dans le
salon, où trône un splendide sapin de Noël, on voit leur fille Helena.

Kubrick, utilise le langage cinématographique à la perfection, en mariant la
combinaison de l'image, de la musique et de la narration, avec une
formidable culture qui rejaillit dans tout son art. La valse interrompue par
Bill symbolise la vie en Eden. Elle suivra Bill avant sa propre chute puis
ne sera retrouvée qu'au générique final pour indiquer une paix retrouvée. On
peut penser que Kubrick a choisi cette pièce de musique car il en existe
deux versions. Il est possible que s'il avait achevé le mixage, il aurait
utilisé la deuxième version, plus mélancolique, pour la fin. Dans la
chambre, on remarque des tableaux représentant des jardins, des fleurs et
des fruits. Dans le couloir, des tableaux plus agressifs, à dominante bleue
et rouge. Enfin, juste avant le salon, un grand chat noir aux yeux ouverts
les regarde. Cette progression avertit le spectateur du danger que courent
déjà Bill et Alice. Dans le salon, la tentation est représentée de façon
géniale, par le sapin de Noël aux boules lumineuses rouges et bleues.
kubrick a eu l'idée époustouflante de mettre l'arbre de la connaissance dans
quasiment toutes les scènes, sous la forme du sapin dont les fruits sont
visibles de tous, et partagés en deux couleurs opposées. Le bleu évoque la
pureté céleste, le Bien, le rouge symbolise le feu de l'Enfer, le Mal. Cette
dualité bleu- rouge va apparaître partout, selon des intensités différentes.
Mais Kubrick, qui utilise la condensation comme principe narratif, introduit
un deuxième symbole dans ces sapins omniprésents, tout simplement
l'omniprésence de Dieu. L'enfant va regarder Casse-Noisette, où il est
question d'une petite fille soumise à des sortilèges inquiétants, à neuf
heures. Les destins d'Alice, de Bill et d'Helena vont basculer. Dans Le
Paradis perdu de Milton, qui est la source principale de Kubrick, la chute
d'Adam et Ève commence à neuf heures "déjà la nuit de son cône ténébreux
avait mesuré la moitié de sa course vers le plus haut de cette vaste voûte
sublunaire ".

¤¤¤¤¤¤¤ La chute : ¤¤¤¤¤¤¤

- Dans l'Éden -

La chute commence par la tentation dans le somptueux hôtel des Ziegler.
Cette scène, comme celle de la fin du film chez les Ziegler, est brillante,
prodigieusement filmée. Il y règne une mélancolie douce-amère, liée à
l'opulence des lieux, à la vanité de leur propriétaire, à Bill et Alice
aussi, qui déploient tous leurs charmes, et qui pourtant ont l'air de deux
petits enfants perdus parmi les grandes personnes, à Szavost enfin, dont on
ne comprend pas tout de suite qu'il est le Diable. L'idée de Kubrick était
de nous montrer l'apparition de celui-ci sous les traits les plus suaves. La
musique sirupeuse du bal souligne ce décalage et le mouvement de caméra
tournoyant saoule jusqu'au spectateur lui-même. Alice un peu grisé se
retrouve seule devant le Diable, qui se présente sous le nom de Szavost, "
voici la femme seule, exposée à toutes les attaques; son mari n'est pas
auprès d'elle ". D'entrée, il l'observe, puis s'empare de ses faiblesses en
buvant sa coupe de champagne située au centre géométrique de l'image, et la
cueille comme un fruit mûr. Il exerce son magnétisme en utilisant son verbe
inversé, flatteur et subversif. Alice ondule comme le serpent autour duquel
elle s'enroule. Tout dans ce personnage rappelle Satan. La haute taille, la
séduction doucereuse, les yeux mi-clos reptiliens, jusqu'aux tempes blanches
qui dessinent deux cornes. Ses origines hongroises trahissent le Diable
voyageur. L'acteur est excellent, il ravit et agace en même temps par
l'extrême onctuosité de ses manières, mais il fascine pourtant. Alice est
exquise dans cette scène. Elle porte une jolie robe de dentelle qui semble
tout droit sortir du bal de Mme Bovary. Sans doute kubrick a voulu faire là
une allusion à Flaubert, sans trop insister cependant sur les traits
hystériques de son héroïne.

De son côté, le Dr Bill est séduit par deux femmes qui s'enroulent autour de
lui comme les serpents autour du caducée. Elles sont étonnantes par leur
mélange de grâce ondulante qui les anime sans cesse, leurs façons mondaines
explicitement entreprenantes. Elles sont l'autre figure de Satan.
L'Arc-en-Ciel dont elles parlent fait référence, dans le film, à la boutique
du loueur de costume qui sera la porte de l'Enfer, mais aussi à la vision
d'Adam au XIè livre du Paradis perdu. En d'autres termes, Kubrick condense
deux prémonitions, celle de la descente de Bill aux Enfers, et celle de la
paix retrouvée avec la première Alliance. Enfin il souligne la construction
du film dont les scènes sur terre se calquent sur deux arcs-en-ciel en
miroir. L'incroyable séduction des deux déesses est sur le point d'opérer.
Bill, ravi et souriant, est tout à fait mûr, mais il est inopinément appelé
au secours de Ziegler dans la salle de bains. Il est sauvé de la tentation
malgré lui.

La scène de la salle de bains est édifiante, parce qu'elle montre d'emblée
la face cachée de Ziegler, la nudité de Mandy, l'innocence de Bill. Mandy
est une prostituée droguée, en overdose, dans un fauteuil rouge, cadrée de
manière indécente. Son corps n'y est pas exalté, bien au contraire. Bill est
aveugle à cette impudeur. Il lui sauve la vie par sa simple présence quand
elle ouvre les veux sur lui. A six reprises, il lui assène: " look at me "
et elle reprend conscience, par une sorte de miracle. Alice sort
simultanément de son envoûtement dans les bras de Szavost. Cependant, elle
noue avec lui un pacte tacite en lui donnant son doigt à baiser.

Mandy est le double d'Alice. Comme Alice, Mandy prend de la drogue, et comme
elle, elle est dans un état second à la fête des Ziegler. Sa nudité est
vidée de toute spiritualité, elle sera vue nue dans toutes les scènes où
elle apparaît. C'est la vérité de la chair.

La scène clef qui suit la tentation d'Alice est celle où dans l'intimité
elle se regarde dans une glace quand Bill l'embrasse. Kubrick s'est inspiré
du Paradis perdu, où Alice rend jaloux le Diable par sa beauté. Elle est
narcissique : " ce que tu vois, belle créature, ce que tu vois là est
toi-même ". Le Diable est figuré dans la chambre par le miroir aux contours
sorcières, derrière lequel il se cache comme un voyeur pervers. Alice, il
faut dire, est extrêmement attirante, alors que nue devant sa glace elle se
dandine doucement sur le thème de Baby did a bad, bad thing, ce qui
d'ailleurs souligne sa faute. L'intention de Kubrick est celle-ci : quand
Alice est embrassée par Bill, son regard vers le miroir indique qu'elle
découvre sa propre chair avec des yeux nouveaux: " ce fruit perfide [...]
alluma pour la première fois le désir charnel ". Bill, dont la tentation est
incomplète, est encore innocent. L'affiche fixe ce moment décisif. Le visage
de Kidman ressemble étrangement à l'Ève de Milton, " sous l'or flottant de
ses tresses éparses ". La lumière dorée et paradisiaque de cette scène
accuse encore la ressemblance. On repère l'alliance brillante de Bill,
tandis que leur union est menacée. Kubrick, qui contrôle ses films jusque
dans les moindres détails, n'a pas choisi cette image pour l'affiche sans
réflexion. Le fond violet est l'exact mélange du rouge et du bleu, comme le
Mal en Ève, et le Bien de Bill. Kubrick propose ici avec une étonnante
audace une représentation moderne d'Adam et Êve. Son originalité tient dans
la réutilisation d'un thème oublié, et surtout dans l'oeil d'Ève, mélange
d'effroi et d'avidité par ce qu'elle est en train de découvrir. En associant
le mythe moderne du couple célèbre Cruisel/Kidman au mythe éternel du
paradis perdu, Kubrick a voulu toucher à l'universel. Il était important que
le thème d'Adam et Êve, toujours représentés nus dans l'histoire de l'art,
ne perde pas de sa force un présentant un couple quelconque à l'écran. Il
lui fallait donc prendre un vrai couple connu de tous pour que l'idée soit
plus lisible. De la même manière, il a transposé la Traumnovelle dans un New
York moderne et fantasmatique pour accentuer l'intemporalité du mythe.

Le lendemain soir, " de grandes tempêtes commencèrent à s'élever au-dedans
d'eux- mêmes, de violentes passions, la colère, la haine, la méfiance, le
soupçon, la discorde... ". Alice prend un joint, soupçonne Bill puis le
torture. Bill se défend et Alice se lève furieuse pour lui cracher au visage
sa stupéfaction de voir que les hommes n'ont pas changé depuis: " millions
of years of évolution, right. " Cette vérité défendue par Kubrick nous
montre qu'en effet l'Homme est immuable et que nous sommes tous, comme Bill,
des Adam. Bill, mûri par sa tentation inachevée, reçoit l'aveu du désir
charnel d'Alice, sous la forme d'un fantasme sexuel. Il éprouve pour la
première fois un immense sentiment d'abandon, "interdit, confondu, [il]
devient blanc, tandis qu'une froide horreur court dans ses veines et
disjoint tous ses os ". Nous-mêmes sommes saisis par la solitude de Bill,
dans un mouvement de compassion que Tom Cruise suscite merveilleusement. Le
mal surgit aussitôt par l'annonce de la mort de Lou Nathanson, un patient de
Bill.

- Hors de l'Éden -

Une longue errance nocturne commence pour lui, qui l'amène par paliers
successifs jusqu'à la porte de l'Enfer. Tout ce que va vivre Bill peut
sembler décousu, et pourtant le film va le suivre maintenant jusqu'à la fin,
dans pratiquement toutes les scènes. En fait le lien conducteur sera la
solitude poignante de Bill. C'est sans doute pourquoi, pour marquer notre
effroi, comme celui de Bill, kubrick insiste encore sur les moments cruciaux
de son isolement en l'accompagnant d'une musique de piano où les notes
semblent disjointes et en souffrance. Trois personnages essentiels ponctuent
cette descente. Marion, la fille du mort, Domino, une jeune étudiante, puis
Nick, un ancien ami de Bill rencontré auparavant chez les Ziegler. Le Diable
va gouverner toute cette séquence, et entraîne bill dans sa chute malgré
lui. Marion et Domino sont deux figures opposées, hantées par le Mal. La
première est terrorisée et veut échapper à l'Enfer. Elle vit cloîtrée dans
un lieu sinistre, et veille le cadavre de son père sans doute damné, Lou.
C'est pourquoi elle s'empresse de faire une absurde déclaration d'amour à
Bill, dans l'espoir d'échapper à son destin, que son fiancé Cari est bien
trop faible à combattre. Le décor effrayant de l'appartement par son côté
cireux, la chambre mortuaire elle-même, pourtant fleurdelisée, mettent mai à
l'aise. L'aspect outré et blafard de certains éléments décoratifs, tels que
les tables de nuit, la tête de lit du mort, sont d'un baroque sinistre. On
observe un masque antique sur une commode. On entend battre au fond une
horloge qui indique que le temps de Marion est compté.


Celle-ci porte un collier noir et ramifié qui donne l'impression que le
temps s'est figé sur elle. La seconde est une envoyée du Diable qui vient
tenter Bill sous le masque de la prostitution. Le sapin de Noël que Bill
remarque chez elle et pour la première fois, mais dont il ignore
l'avertissement spirituel, est le témoignage de son aveuglement. Domino
porte aussi une robe-collier mauve, un serpent en argent autour du poignet.
Sa chambre est tapissée de masques primitifs. En un mot, par leur apparition
successive, Kubrick nous montre les gravités croissantes, morales et
physiques, de la chute. Puis Nick Nightingale se trouve sur son passage.
Bill descend dans un boyau rouge sang pour le rejoindre avec son orchestre.
Nick est le double de Bill, comme Mandy celui d'Alice. Ils ont fait leurs
études de médecine ensemble, l'un a continué à vaincre le mal physique,
l'autre a capitulé. L'opposition de Nick et de Bill est soulignée par la
musique de piano qui les caractérise. L'une, gentille et plaisante, cache la
nature mauvaise de Nick. L'autre, qui figure l'angoisse de Bill, est une
pièce discordante et chaotique de Ligeti que nous retrouverons à chaque fois
que Bill a peur pour sa vie. Chez Ziegler, Bill donne son adage: "once a
doctor always a doctor". Et Nick lui répond "never a doctor never a doctor".
Dans le club, ils se tiennent de part et d'autre d'une table ronde au centre
de laquelle trône une lampe sphérique, sorte de boule luminescente du destin
qui les lie. L'éclairage par en dessous du visage de Nick accentue son
aspect méphistophélique, mettant en valeur son bouc de satyre. L'arbre de
Noël est situé en face de Bill, tel un dernier avertissement, et derrière
Nick. Enfin, quand Nick lui révèle l'existence des soirées clandestines et
costumées, et veut écrire Fidelio, le mot de passe aux Enfers, le papier
glisse et un plan explicite fixe la main de Bill qui l'aide. Ce mot de passe
est une double référence. À Beethoven, bien sûr, où le personnage de
Florestan est délivré de prison par Eléonore; cela annonce la délivrance des
Enfers de Bill par Mandy. Au Paradis perdu de Milton encore, où le Diable se
présente sous le nom de Fidèle, " et oses-tu te donner le titre de fidèle?
dit l'ange guerrier à Satan, Ô nom, ô nom sacré de fidélité profané ". De
plus, il n'est pas difficile d'imaginer tous les damnés, prononçant Fidelio
pour pénétrer aux Enfers, confirmer par là même leur fidélité au Diable.

Si l'on se figure la course de Bill comme une chute combinée au déroulement
du temps, on voit naturellement qu'elle dessine la courbe uniforme d'un
arc-en-ciel descendant. C'est la forme géométrique et merveilleusement
poétique que kubrick a choisie pour son film. On arrive à la porte de
l'Enfer, gardée par Milich, un personnage dont la nature foncièrement
humaine effraie, mais qui n'est pas encore damné. Il est le patron de
L'Arc-en-Ciel, une boutique de costumes de bal masqué.

Milich introduit Bill dans le vestiaire de l'Enfer, et lui loue l'habit, la
cape noire et le masque nécessaires pour y pénétrer. Sa fille dévoyée
rappelle à Bill son innocence perdue et son salut prochain. Elle lui souffle
dans l'oreille qu'il lui faudrait une cape, mais bordée d'hermine, symbole
de la pureté.

Bill tombe ensuite littéralement dans le gouffre des Enfers.

L'Enfer :

Comme il s'agit du péché originel, Kubrick réduit l'Enfer à la passion
sexuelle vidée de toute substance spirituelle. Aussi, il ne s'attarde pas à
nous exposer tous les maux de l'Enfer de Dante, mais les deux derniers
cercles pour que le Diable nous soit dévoilé dans sa personne même. On a
voulu y voir une sorte de secte un peu ridicule, suivie d'une scène d'orgie.
Mais, comme Bill, le spectateur est aveuglé par la nudité élégante et
désagréable des femmes appelées à être damnées. kubrick délaisse ici Milton
pour s'inspirer de Dante et de Casanova. Que voit-on au fond ? Le temple de
l'Enfer, comme toujours isolé, est entouré d'une forêt sombre et
inhospitalière. Bill franchît la grille bleue, dernier rempart avant le Mal,
puis s'engouffre dans une voiture rouge qui l'amène à l'entrée. Là une
double porte, ornée de marteaux à l'effigie de diables, s'ouvre sur un hall
gardé par des majordomes masqués. Dans une salle aux dimensions d'une
cathédrale, un prêtre encapuchonné de rouge et masqué d'or officie
solennellement sur un immense tapis rouge sang. Il est entouré de femmes qui
se dénuderont à son ordre, disposées en cercle, et masquées. D'un encensoir
qu'il fait tourbillonner il les bénit en décrivant des cercles excentriques.
C'est une vision de la source du Mal. Les femmes, apôtres inversés, sont
envoyées choisir des partenaires au hasard dans l'assemblée.
La psalmodie étrange et incompréhensible est la voix même de Satan, le verbe
inversé, la fausse parole. Nick est à l'opposé de Bill, les yeux bandés de
noir, symbole de l'aveuglement spirituel. Il est éclairé d'un rai blanc
tombant de la voûte, c'est le faux Saint-Esprit. Du haut d'un balcon, le
Diable sous sa forme ubiquiste, dont le tricorne suffit à l'identifier,
reconnaît Bill et lui fait un salut de bienvenue. Ici comme ailleurs, le
caractère maléfique de l'Enfer est perceptible par le fait que Bill, dans sa
pureté, est démasqué immédiatement par tous.

Les " scènes d'orgie " proprement dites évoquent immédiatement la Venise de
Casanova. Les masques, les capes noires à capuchon, l'univers feutré,
luxueux et doré, ne sont pas sans rappeler les plaisirs libertins des palais
vénitiens du XVIIIe siècle. Pourtant c'est le lieu de la damnation par la
migration des âmes. La musique ondulatoire de luth est inspirée par celle
des charmeurs de serpents. On sent le Diable dompter les âmes, et les
étourdir de son charme. Une voix de femme suraiguë et fuyante couvre le
tout, et semble aspirée par sa propre migration. On voit des femmes et des
hommes forniquer, dont les gestes violents et mécaniques dans la copulation,
les attitudes arc-boutées, rappellent les représentations païennes des
satyres. Les damnés voyeurs sont attentif à chaque fornication comme les
examinateurs vérifient la stricte observance du rituel de la migration.
Nulle trace de plaisir dans cette " orgie ", où les masques interdisent
toute expression de jouissance même. Les fornicateurs seront symbolisés plus
tard par les billes aux couleurs d'arc-en-ciel qui jonchent le billard rouge
de Ziegler. Dans le dernier tableau, Bill démasqué est mis de force au
centre de deux cercles concentriques d'hommes dont les masques ne sont plus
les mêmes qu'au premier tableau, ils figent les pleurs silencieux de
l'Enfer, et indiquent par leur mutation un changement ontologique dans ceux
qui les portent. Le maître de cérémonie est assis sur un trône décoré de
deux ailes d'aigle bicéphale, et surmonté d'une mitre à la croix atrophiée.
C'est celui de l'Antéchrist. Finalement, l'utilisation apparente de
l'éternel cliché des orgies antiques et du libertinage du XVIIIè siècle, mis
en scène à la manière d'un opéra, est brouillée par l'humour décalé des
strings et talons aiguilles Helmut Newton, ou de la danse franchement kitsch
des couples nus et habillés au son de Strangers in the night. En fait,
Kubrick a masqué la réalité du Mal et l'a travestie en mascarade dérisoire
dont Ziegler se servira pour tromper BiIl. Il nous est très difficile
d'interpréter sans erreur le personnage de Mandy dont le prénom, donné dans
une scène ultérieure, est Amanda. Le plan ascensionnel extrêmement rapide
qui la montre perchée sur un balcon au-dessus de toute l'assistance des
damnés n'est certainement pas gratuit. Aussi, en dépit de cette
transposition visuelle d'une apparition messianique, de son prénom que l'on
peut comprendre comme l'amande, symbole du Christ, et de son masque qui
représente clairement un phénix, autrement dit un autre symbole du Christ il
nous paraît très désagréable de penser que Kubrick ait voulu représenter le
Christ aux Enfers, venant sauver Adam, sous la forme d'une prostituée,
droguée, et toujours toute nue par-dessus le marché. D'autres indices nous
ont convaincus du contraire. Dans la tradition, Êve ne descend pas aux
Enfers; or, elle ne fait qu'une seule chair avec Adam, qui lui dit dans le
Paradis perdu: " si la mort m'associe avec toi, la mort est pour moi comme
la vie [...] nous ne faisons qu'un, une même chair : te perdre, c'est me
perdre moi-même ". Kubrick a donc imaginé un double d'Ève dont le sort est
lié à Adam, le temps de sa chute. Dans ce cas, elle sauve Bill pour racheter
ses propres fautes, et peut-être celles d'Alice en même temps. Aussi,
n'étant pas encore damnée, elle porte le crime de Bill pour ne pas finir ses
jours en Enfer. Son masque de phénix devient le simple signe de la propre
renaissance de ses cendres. On peut mieux interpréter la scène de la salle
de bains des Ziegler, où Bill lui disait qu'elle a eu de la chance, et
qu'elle devrait faire une cure. Amanda répond deux fois: " je sais ",
prémonition de sa sortie des Enfers et de son séjour en purgatoire. Enfin
une dernière interprétation se présente à l'esprit, celle de Fidelio, où
Eléonore travestie libère Florestan de prison. Le caractère théâtral du
premier plan sur Mandy, et les Enfers traités à la façon d'un opéra,
pourraient nous convaincre, mais l'argument est trop mince pour nous
satisfaire.

La descente aux Enfers de Bill est vécue simultanément par Alice dans son
rêve En fait ce n'est pas exactement un rêve. Il s'agit plutôt d'un songe
qui correspond à une réalité spirituelle. C'est pourquoi elle rit si fort en
dormant, puis sanglote à son évocation. Son rêve est construit en trois
temps la honte de la nudité puis l'abandon de Bill la fornication avec
l'officier qui se moque d'elle, puis avec toute la foule; enfin le mépris où
elle se moque de Bill et rit méchamment. Cette scène est très éprouvante car
Alice révèle le viol collectif vécu par Mandy, mais émouvante aussi, et Bill
se montre plein de patience pour sa femme et prend en charge ses
souffrances. Pourtant Alice l'accuse de l'avoir laissée seule, comme l'Ève
de Milton : " Etant ce que je suis, toi, le chef, pourquoi ne m'as-tu pas
défendu absolument de m'éloigner, puisque j'allais à un tel péril comme tu
le dis? " Mais Bill, au lieu de se révolter, prend sa femme dans ses bras
dans une lumière bleutée qui nimbe la chambre des époux. Pour le récit
d'Alice, kubrick a commandé une musique extraordinaire à Jocelyn Pook,
particulièrement évocatrice, qui suggère l'arrivée d'un serpent qui
s'enroule et se déroule, glisse et dégringole de branche en branche, dans
une atmosphère glaciale et effrayante. Puis le serpent disparaît.

La reconquête :

Cette quatrième partie est plus pauvre que les précédentes, parce qu'elle
devait, dans la construction du film, répondre parfaitement à la deuxième.
C'est un peu dommage d'ailleurs, parce qu'il est indéniable qu'à ce moment
le film perd en intensité et en homogénéité. Certes, toutes les scènes
répondent une à une à chaque scène de la deuxième partie, de manière
inversement chronologique. Il n'est pas possible de faire ici la description
complète du film, scène par scène, plan par plan, cela mériterait l'objet
d'un petit livre. Mais il est admirable de voir que dans le travail
d'horlogerie de Kubrick rien, mais absolument rien, n'est laissé au hasard.
L'impression de flottement n'est pas liée à un manque de logique narrative,
mais au contraire à un trop-plein de logique qui supprime toute liberté dans
cette partie. Peut-être est-ce pour cela que kubrick y a introduit, et pas
seulement pour la logique émotionnelle de la narration, des personnages plus
gais et plus ouverts. Ils permettent d'alléger et de rafraîchir la sensation
d'étouffement que le spectateur pourrait éprouver dans un récit gouverné par
la logique. On doit admirer surtout la perfection de chaque tableau.
L'harmonie entre le destin de Bill et l'humeur des personnages est
agréablement respectée. On sent que l'Enfer s'éloigne. De passif, Bill
devient actif et courageux. Il est en pleine reconquête de lui-même. Quand
il se laissait tenter par le Diable, il l'affronte maintenant avec
détermination. Tous ses actes sont en contradiction avec l'ordre qui lui est
donné par le maître de cérémonie des Enfers: abandonner ses recherches, et
taire ce qu'il a vu. Des menaces pèsent sur sa famille, mais sa nature
humaine s'affirme de telle sorte qu'il cherche la vérité à tout prix. Il
continue néanmoins à vivre douloureusement sa solitude, ce qui l'amène à des
tentations plus franches, et d'ordre charnel. La scène avec Sally, par
exemple, la colocataire de Domino, est surprenante pour cela. Domino a
disparu, probablement aux Enfers, et Sally, une gracieuse et séduisante
jeune fille, entreprend immédiatement Bill. Il répond, puis devance même ses
avances, d'un air semi-égrillard. On est presque content de le voir enfin
ressembler à un homme comme les autres. En fait, on en veut à Alice de ne
jamais cesser de l'exaspérer méchamment depuis le début du film. Elle est
agressive, péniblement sûre d'elle-même, souvent à la limite de l'hystérie
dans ses rires forcés et grinçants, bref elle agace un peu. Mais voilà, elle
est une Ève moderne...

Finalement, dans sa reconquête, Bill apprend la vie de tous les jours, avec
ses peines, ses curiosités, ses tourments et ses inquiétantes étrangetés. Il
va partir chronologiquement à la recherche de Nick, dont il apprendra qu'il
s'est évanoui de manière douteuse, de Mandy, ce qui le conduira tout droit à
la grille de l'Enfer, de Marion, puis de Domino. Quatre recherches, quatre
échecs. On comprend vite que Bill ne reverra plus ces personnages pour la
plupart damnés. Un mot cependant: Milich et sa fille. Ils continuent à
s'emplir de noirceur, et Milich, qui porte déjà une cravate de serpent
autour du cou, prostitue maintenant sa fille. Quant au visage de porcelaine
de celle-ci, semblable à ceux des mannequins qui l'entourent dans la scène
précédente, il indique que la métamorphose de la damnation n'est pas loin de
s'opérer pour elle. Hormis cet écart, la logique de la chute répond à sa
propre histoire, celle de la reconquête épouse aussi celle de la chute. Par
ailleurs, on sent bien que Kubrick, qui a bâti son oeuvre sur celle-ci, est
beaucoup plus à l'aise et inventif quand il lui faut parler du Mal et de ce
qui nous y entraîne, que du Bien, et de ce qui nous pousse vers lui. C'est
peut-être pour cela que Bill, dans sa reconquête, semble plus faire face au
Mal qu'être appelé par le Bien.

Au bout de sa reconquête, Bill, suivi par un inconnu menaçant, prend peur.
Son réflexe, qui pourrait être la morale de l'histoire, est de fuir sa
solitude. L'ironie de kubrick est ici délicieuse. Bill, affolé, s'approche
d'un vieux marchand de journaux inoffensif. Cela suffit à chasser le Mal.

La réconciliation :

Bill se réfugie alors dans un café animé. À peine a-t-il franchi la porte
que le Requiem de Mozart, la messe pour la paix des âmes, se fait entendre.
Il annonce la mort de Mandy. Ce glas sonne paradoxalement le retour à la
paix de Bill. Il est à mettre en symétrie à sa sortie de l'Eden, quand,
après l'aveu d'Alice, on lui annonce la mort de Lou Nathanson. kubrick nous
fait un nouveau clin d'oeil lorsque Bill se plonge dans son journal sans
remarquer qu'il est titré en énorme: Lucky to be alive. L'idée de cette
image, qui pour le spectateur n'est pas sans rappeler les astuces de
Hitchcock, a en fait une tout autre signification. Bill ne remarque pas les
tours que lui réserve la Providence.

Dès qu'il apprend par un article l'overdose d'Amanda Curran (Mandy), il se
précipite à l'hôpital, mais c'est à la morgue qu'il doit se rendre. Cette
scène capitale se superpose à celle du miroir dans la construction du film.
Après un long couloir jalonné de tableaux et de damiers au sol, en bleu et
rouge, il parvient à la dépouille de Mandy. Son tiroir mortuaire est ouvert,
et Kubrick nous rassure sur la figure non christique de Mandy, en montrant
le " tombeau " plein. Bill est devant la nudité transfigurée de Mandy, il
observe son visage comme Alice observait le sien dans la scène au miroir, et
s'incline lentement. Par ce geste, Kubrick reconnaît la réalité spirituelle
de l'âme humaine incarnée dans la réalité physique du corps. On comprend
qu'elle est au purgatoire, sauvée de sa damnation par son sacrifice,
difficilement reconnaissable, le visage plus beau qu'elle ne l'avait au
début.

Un personnage reste à étudier: Ziegler. Il intervient naturellement à la
fin. Qui peut donc être ce personnage introduit par Kubrick, puisqu'il est
absent de la nouvelle de Schnitzler, ce personnage richissime, qui avoue
tranquillement à Bill sa présence naturelle aux Enfers, et qui accueille
Satan chez lui ? À quel mythe universel fait référence ici kubrick pour
qu'il soit lisible de tous ? Au Docteur Faust, évidemment. il faut
reconnaître ici le génie de Kubrick qui par seulement deux signes narratifs
nous met sur la voie, mais emploie en revanche son inventivité éblouissante
dans l'utilisation des décors pour apporter la preuve à nos suspicions. Les
deux signes narratifs sont contenus dans son aveu, bien sûr, mais aussi dans
la présentation de sa femme à la première scène où le couple Ziegler
apparaît. Elle s'appelle lliona, c'est-à-dire Hélène, et porte une robe
rouge à plissé grec. Elle est l'amour de Faust, la femme éternelle. C'est
d'ailleurs la seule femme que l'on voit toujours de rouge vêtue, au sein des
Enfers.

kubrick traite les décors avec une précision qui le fait passer pour un
obsessionnel, comme en témoignent souvent ceux qui l'ont approché. Mais ce
soin méticuleux est destiné à concentrer tous les éléments et les faire
converger. À ce titre, la salle de bal, puis celle de billard où Bill
retrouve Ziegler sont un exemple parfait de l'art de Kubrick. Au début du
film, le luxe est affiché avec ostentation. Les rideaux d'ampoules
lumineuses qui tapissent les murs symbolisent la pluie d'or que Faust reçoit
après son pacte méphistophélique. La salle de billard, qui est la pièce
privée de Ziegler, et révèle donc sa vraie nature, raconte l'histoire du
mythe de Faust. Les boiseries aux couleurs chaudes traduisent l'opulence de
Ziegler, et l'enracinement terrestre. Elles comportent à mi-hauteur des
cercles concentriques qui rappellent ceux de l'Enfer. Des portraits anciens
ainsi que des peintures romantiques illustrent les différentes étapes de
l'histoire littéraire du mythe. L'imposante télévision nous fait comprendre
que Faust est toujours vivant. La belle maquette de bateau devant la fenêtre
fait penser au célèbre vers de Marlowe: " Was this face that launch'd a
thousand ships ? " Dans l'angle, le fauteuil dans lequel s'assoit Ziegler
mélange les styles. La forme évoque le XlXè siècle, tandis que le tissu de
brocart rouge brodé de fil d'or (alliance du mal et de la richesse) rappelle
à nouveau la Renaissance. Les nombreux livres anciens qui ceinturent la
pièce symbolisent la connaissance. Le tic-tac métronomique de la pendule,
seul bruit de fond de toute la scène, marque l'écoulement fatal du temps
accordé par le Diable au propriétaire des lieux. Au centre des décorations
de Noël, un noeud écarlate signe le lien de Ziegler et du Diable. Enfin, et
surtout, le billard intrigue. Son immense drap rouge au centre de la pièce
rappelle évidemment le tapis du rituel et les boules de billard américain
représentent la migration des damnés de la nuit. Kubrick a enrichi le
personnage de Faust en Ziegler, dont la vulgarité familière trahit le
proxénète de Satan, celui qui lui procure ses proies féminines. On le voit à
l'oeuvre au cours du bal qu'il donne pour Noël, avec Mandy dans la salle de
bains. Au fond, le grand tableau qui représente une femme sur le point
d'enfanter sur un sofa rouge au-dessus de Mandy inanimée est la traduction
du rôle occupé par cette salle dans l'hôtel de Ziegler. C'est sa salle de
travail... " You saved my ass ", dit-il à Bill dans cette scène sans même
une pensée pour Mandy.

Bill rentre chez lui désemparé, niais victorieux. Il passe au salon, éteint
l'arbre de Noël. Il n'en a plus besoin, le mal est déjà fait. Sur son
oreiller, son masque aux yeux dévorés semble enfoncé par le poids du mal
commis, et de la culpabilité. Il s'effondre et se confie à se femme. Le
lendemain, Alice montre son vrai visage; un oeil trop bleu, mais injecté de
sang, des lèvres trop rouges, gercées par la souffrance. Elle porte les
marques du combat du Bien et du Mal sur sa face, comme Bill quand il rentre
de son aventure nocturne. On admire là un tour de force de Kubrick qui
parvient à utiliser l'opposition du rouge et du bleu dans le visage même des
deux personnages principaux. Ils partent dans un magasin de jouets, pour
Helena. Noël est proche. Alice est habillée couleur terre, Helena en bleu
foncé, Bill a perdu son élégance. Leurs aventures, réelles pour l'un et
"imaginaires"pour l'autre, sont bien finies. Leur descendance figurée par
leur fille Helena est à côté d'eux; ils espèrent pour eux-mêmes, comme pour
elle, qu'ils resteront éveillés le plus longtemps possible. Ils acceptent
avec tristesse leur nature charnelle d'ici-bas. Alice dit l'amour qu'elle
éprouve pour Bill, tout en dévoilant crûment son désir physique.

L'étude du film nous a donné le vertige. Sa construction est masquée à la
façon d'un cryptogramme antique. La grammaire de son contenu est inspirée de
la Renaissance anglaise. Milton bien sûr couvre l'ensemble du film, mais la
vaste culture de Kubrick ne pouvait se satisfaire d'une seule source. Au
fond il nous rappelle Vinci dans sa virtuosité qui touche à des domaines
aussi variés que la poésie, la peinture et la science, mais aussi Poussin
qui s'honorait de n'avoir rien négligé, et enfin Bach qui construisait des
partitions aussi savantes que rigoureuses, et incroyablement simples dans
leur forme. Faire une analyse de Eyes wide shut n'est pas un exercice
commode, parce que kubrick y a accentué plus encore que dans ses autres
films un processus dont il est coutumier : la condensation.

L'audace de son projet, en traitant du péché originel, marque sa volonté de
s'affirmer comme artiste moderne, qui sait que l'art naît de l'art. Sous le
double aspect de la construction et du thème choisi, Kubrick a réalisé un
film unique et totalement original ; c'est sans doute la raison pour
laquelle il a dérouté tout son public. On attendait au fond qu'il réalise un
film, au thème décevant, raconté par la nouvelle de Schnitzler, mais dans
une forme brillante et d'avant-garde. Kubrick choisit tout le contraire. Le
thème majestueux est caché derrière la nouvelle, et la forme
exceptionnellement complexe et rigoureuse donnait l'impression d'un certain
manque d'unité. Sans doute a-t-il voulu que son public ait les yeux grands
fermés sur son art, comme sur son thème caché; sans doute aussi a-t-il voulu
que le même public ait les yeux grands fermés sur le mal qui frappait ses
propres personnages.

Mais pour une fois le public crut discerner en Kubrick un certain optimisme.
Le maître se réconciliait enfin avec le genre humain et son pessimisme
semblait être remplacé par une lucidité triste et mélancolique sur la
condition humaine. Ce sont les derniers mots d'Alice et Bill. Un autre
regard sur le film nous révèle en effet que Bill ne remarque pas les chemins
détournés de la Providence : Il ne sait pas qu'il est sauvé de l'emprise de
ses deux sirènes par l'overdose de Mandy, ni de celle de Marion par
l'arrivée de Cari, ni de celle enfin de Domino par le coup de téléphone de
sa propre femme avec laquelle il vient pourtant de se brouiller. Enfin, le
marchand de journaux éloigne le suiveur. En un mot, il ne se rend pas compte
qu'il est lucky to be alive... Finalement, si nous avons les yeux grands
fermés sur le Mal, nous les avons aussi grands fermés sur le Bien.

SERGE BESANÇON
STANISLAS BOUVIER


© "Commentaire". Volume XXII - 1999/2000 -
Numéro 88 (ISBN 2-259-19049-9)

A+
© D.A.M.I.E.N :)

rits

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
[MEGA-CUT]

>Finalement, si nous avons les yeux grands
> fermés sur le Mal, nous les avons aussi grands fermés sur le Bien.
>
> SERGE BESANÇON
> STANISLAS BOUVIER
>
> © "Commentaire". Volume XXII - 1999/2000 -
> Numéro 88 (ISBN 2-259-19049-9)
>
> A+
> © D.A.M.I.E.N :)

Bonjour !

Tout d'abord un grand merci pour cette grande et belle analyse.
Mais le problème est là, justement : à mes yeux, cette lecture du film
est beaucoup plus belle que le film lui-même.

Non pas belle dans le sens formel du terme : Kubrick sera toujours plus
beau que tout point de vue sur Kubrick. Son sens de la mise en scène, de
l'illustration musicale et de la narration cinématographique en général
est indéniablement formidable, ça en deviendrait presque religieux chez
certains ... ;-)

Belle parcequ'elle ne déçoit pas, et qu'elle a dépassé ce que j'en
attendais, et surtout parcequ'elle souffre des mêmes défauts que le film
qu'elle traite !

Je m'explique : j'ai aimé Eyes Wide Shut, mais je ne comprends toujours
pas pourquoi. Ce film est bancale, presque ridicule par moments,
incongru, bourgeois à l'extrême (caricature de l'homosexuel,
maniérisme). Il me semble qu'il n'est pas fini ...
De plus, la musique, d'habitude utilisée avec talent, est ici assénée,
posée sur l'image sans la spatialiser (la note de piano récurrente).

Le scénario est intelligent, mais sa trame est à mon avis complètement
datée et sans surprises. On a bien quelques scènes "intelligentes",
comme Kubrick avait l'habitude de nous en offrir (2001 est une compil de
scènes cultes ! Et ici, à par Nicole plus photographiée que filmée, et
Tom transparent, qu'a-t-on devant les yeux ? Les réceptions de
l'ambassadeur... beurk !), mais rien de CULTE, AMHA, contrairement à
tous les autres films du Maître.

Donc j'étais déçu du film, ce qui ne m'empêche pas de l'aimer, juste un
peu moins fort que les autres ...

Alors que la critique publiée par "Commentaire ...", longue, maniérée,
lourde, mais bien faite (comme le film .... !), m'a fait revenir sur ce
film avec plus de lucidité que je ne l'aurais voulu, le sujet ayant été
enterré en ce qui me concerne il y a déjà pas mal de temps.

Si je vous ai fait perdre votre temps, désolé, sinon, des réactions me
feraient bien plaisir suite à cet AVIS COMPULSIF que je me suis permis
d'émettre. :-))

A+

Rits/z

Aurélien AMMELOOT

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
© D.A.M.I.E.N, (7/10/00 11:18):

> Le Paradis perdu de kubrick

> [snip TOUT LE RESTE]

Salut... juste pour dire que je ne pense pas qu'une longye dissertation
critique, aussi bonne soit-elle, soit un matériau de base très adéquat pour
lancer une discussion, qui est je vous le rappelle le but originel du forum
;-)

Je ne critique pas l'article (que je n'ai pas encore lu) mais tout
simplement son utilisation unilatérale et imposée... :)

Un lien aurait peut-être été plus adéquat ?
Un résumé aurait peut-être été plus adapté afin de lancer un débat ?

A vous de voir... je devrai rédiger ce type d'articles pour la fac, mais en
aucun cas je ne vous l'imposerai sur frcd...

A+


dda

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
Salut, je ne pense pas que tu m'ais fait perdre mon temps, comme tu dis. Moi
aussi j'ai aimé sans aimer Eyes wide shut. Une façon de filmer qui marque,
quelque chose d'envoûtant. En fait, tourné autrement (et par quelqu'un
d'autre, soyons honnête) je n'aurai pas apprécié du tout ce film, que j'ai
trouvé au final moraliste et mal joué, sans intérêt. On parle de film
"érotique limite porno" là je suis mort de rire (Kubrik nouveau V. Despentes
? :O). Mais la magie de la direction d'acteur rendrait les plus nuls
magnifiques... Et puis il paraît que Kubrik ne trouve son génie que dans le
temps qui passe, alors si ça se trouve dans vingt ans Eyes wide shut sera
revu comme un chef d'oeuvre culte. C'est sans doute encore trop tôt pour
juger.

rits <ri...@wanadoo.fr> a écrit dans le message :
39DF0623...@wanadoo.fr...
> [MEGA-CUT]

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
Salut,


Aurélien AMMELOOT a écrit :


> Un lien aurait peut-être été plus adéquat ?

© Vous avez raison.
Hélas, le texte "le paradis perdu de kubrick" n'existe pas
sur le web à ma connaissance.
Vous pensez bien! sinon je ne me serai pas permis de
polluer ce NG !

> Je ne critique pas l'article (que je n'ai pas encore lu) mais tout
> simplement son utilisation unilatérale

© "unilatérale" ? Je trouve pourtant que l'intervention de Rits est
très interressante et appel une réponse.Cette relation s'appelle donc
bien une "disscusion" ce texte a donc bien produit ce qui vous tiens
tant à coeur: "une discussion" ;)

> et imposée... :)

© "Imposée" ? Pas tant que ça puisque vous ne l'avez pas encore
lu, et que je ne compte pas vous inciter à le lire. :)
Si une seule personne , tombant sur ce texte ,y trouvait
matière à réflexion, je serai comblé.
Et je suis sur que beaucoup serons très heureux de le découvrir,
ou de le redécouvrir et le sauvegarderons, l'imprimerons, puis le
liront avec délectation . Cela suffit à mon bonheur.


> je ne pense pas qu'une longue dissertation critique, aussi bonne


> soit-elle, soit un matériau de base très adéquat pour

> lancer une discussion.

© Pardon, je le ferai plus m'sieur! :'-(


A+
© D.A.M.I.E.N :)

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
Salut,


Rits a écrit :

> Tout d'abord un grand merci pour cette grande et belle analyse.

© You're welcome :)

> Belle parce qu'elle ne déçoit pas, et qu'elle a dépassé ce que j'en
> attendais,

© :-D


et surtout parce qu'elle souffre des mêmes défauts que le film
> qu'elle traite !

© x-(


> Je m'explique : j'ai aimé Eyes Wide Shut, mais je ne comprends toujours
> pas pourquoi.

© Je me pose moi même encore beaucoup de questions.


> Ce film est bancale, presque ridicule par moments,

> incongru.

© Cette visions des choses, vient peut-être du fait que vous regardez
EWS en tant que film parmis les films .Or ce n'est pas un film c'est
une oeuvre .
Ne le prenez pas mal, mais vous me faite penser quand vous dites
cela,(vous et beaucoup d'autres aussi) au non initié critiquant un
totem africain dans un musée et qui dirait: "pfff! c'est quoi cette
horreur ça ressemble a rien! ma mère pourrait en faire autant dans son
cours de poterie!".
Ou encore à un novice qui penserait en regardant un Picasso: "attend
je rêve! le nez est même pas à la bonne place! mon fils en ferait autant!
beurk!"
Je crois que EWS nous parle d'un au-delà du verbe , d'un au-dela de
l'image.
L'envisager plus prosaïquement serait à mon sens faire fausse route.


> bourgeois à l'extrême (caricature de l'homosexuel,
> maniérisme).

© Comme dans la vrai vie (le réel), les "symboles" auquels est confronté
Florestan euh!.. j'veux dire...Bill, sont aussi peu subtiles que
ceux que nous sommes porter à rencontrer dans notre propre vie ou
dans nos rêves.
C'est "gros comme un camion", et si Kubrick arrive avec ses gros
sabots, ce n'est surement pas pour "casser du PD" d'une manière
élégante,ou détourné mais plutot une manière de dire...ou plutot de
montrer...un sens qui n'est accessible que par l'imaginaire.
(L'espace dans lequel évolue cet imaginaire étant l'inconscient,le vehicule
de cet imaginaire étant le signifiant, les images réelles ou fantasmée qui
nous construisent en étant les dépositaires...selon moi j'entend...Tous ceci
fait que ce film nous parle et ne peut pas laisser indifferent )


> Il me semble qu'il n'est pas fini ...

© Je suis moi aussi très circonspect quand à savoir si le film a bien
été achevé par le vieux Stan lui même.(J'ai même lu des ricains disant que
s'était Tom cruise et d'autres qui aurait finit à la va-vite le montage!
no comment!).
Enfin voilà, je m'interroge...je pourrai moi aussi argumenter cette
idée en parlant par exemple du montage parfois surpenant, cassant,voir cassé
qui semble presque maladroit.
Ou encore en parlant de la dernière partie du film qui a comme un parfum de
"coïtus interrompus" et qui nous laisse sur notre faim, et on repart avec un
point d'interrogation sur la tête et la queue entre les jambes (si vous me
permettez l'expression).Ce qui me rend optimiste, c'est que tout les plans
avaient été tournés avant avril 1999, et aussi que le story board avait été
travaillé dans les moindre détails avec ses monteurs habituels. Et que au
pire, Stanley aurait effectivement pu faire quelques modifications, oui,
c'est possible.
(comme il l'a fait pour 2001sur le trajet le menant à New York,
quelques jours avant la sortie du film)
Quand à l'aspect décousu (bien que d'une logique étouffante)
Si vous vous souvenez de vos rêve, eh bien avez-vous déjà remarqué
que les scènes se suivent, et que souvent, le "scénario" change du tout au
tout (lieu, personnage etc...).
Je n'aime pas trop utiliser des ficelles psychanalytique pour
expliquer ce film, mais les rêves changent de sujets, ou se termines
complètement lorsque les sujets abordés sont en contradiction avec la
conscience morale du rêveur.
La scène du "retour au grillage" où un mot est donné a Bill lui suggerant
fortement d'abandonner ses questionnements est tourné dans un décors
naturel.
C'est je crois la seule scène en décors naturel. Car dans cette scène, Bill
est "réveillé". Au cinema, on ressent bien le "reveil" dans cette
scène,comme si quel'qu'un venait d'ouvrir les rideaux alors qu'on était en
plein rêve.
Rappel: titre original = Traumnovell (Traum= rêve , novell =
nouvelle/roman).


> De plus, la musique, d'habitude utilisée avec talent, est ici assénée,
> posée sur l'image sans la spatialiser (la note de piano récurrente)

© Eh oui! déroutant n'est-ce pas?
Ce que vous dite est très vrai,je me suis moi-même interrogé pour
comprendre. mais vous confondez peut être "talent" et "harmonie"?
Je n'ai pas encore trouvé de réponse solide et sûre. Je cherche encore.
Par respect pour Kubrick, je part du principe que ce n'est pas un manque de
talent, mais un effet voulu.A partir de là,à nous de trouver l'astuce!


> Le scénario est intelligent, mais sa trame est à mon avis complètement
> datée et sans surprises.

© OOOOOOH!! Ouiiiiiiiii! ça vous l'avez dis! tellement "datée" que je la
qualifierait même d'ante-diluvien, et tellement "sans surprises", que
ça fait 2000 ans que le scénario est écrit!(dans notre civilisation
judeo-chrétienne j'entend. Quel culot ce kubrick ! ;)

> On a bien quelques scènes "intelligentes",
> comme Kubrick avait l'habitude de nous en offrir (2001 est une compil de
> scènes cultes ! Et ici, à par Nicole plus photographiée que filmée, et
> Tom transparent, qu'a-t-on devant les yeux ?

© Oui, vous mettez le doigt dessus...pour être receptif à ce film, c'est
moins de nos yeux que de notre cerveau et de notre humanité qu'il faut se
munir ...
Et si Kubrick a choisit de rendre Tom Cruise si ostensiblement transparent
dans ce film, c'est peut être ( outre le fait que Bill n'est rien et est a
la merci
des forces qui l'entourent),pour nous laisser la place de nous voir nous
même.

> qu'a-t-on devant les yeux ? Les réceptions de l'ambassadeur ... beurk !

© :o)

> Donc j'étais déçu du film, ce qui ne m'empêche pas de l'aimer, juste un
> peu moins fort que les autres ...

© C'est tout à fait respectable.


> Alors que la critique publiée par "Commentaire ...", longue, maniérée,
> lourde, mais bien faite (comme le film .... !),

© C'est un point de vue.Une partie de la réponse est dans l'analyse:


"dans le travail d'horlogerie de Kubrick rien, mais absolument rien,
n'est laissé au hasard."
L'impression de flottement n'est pas liée à un manque de logique narrative,
mais au contraire à un trop-plein de logique qui supprime toute liberté dans
cette partie. Peut-être est-ce pour cela que kubrick y a introduit, et pas
seulement pour la logique émotionnelle de la narration, des personnages plus
gais et plus ouverts. Ils permettent d'alléger et de rafraîchir la sensation
d'étouffement que le spectateur pourrait éprouver dans un récit gouverné par
la logique. On doit admirer surtout la perfection de chaque tableau."

> m'a fait revenir sur ce


> film avec plus de lucidité que je ne l'aurais voulu,
> le sujet ayant été enterré en ce qui me concerne il
> y a déjà pas mal de temps.

© Est-ce à dire que vous avez tiré un trait sur le film et avez passé votre
chemin sans éprouvé le besoin ou l'envie d'y revenir ???!!


> Si je vous ai fait perdre votre temps, désolé, sinon, des réactions me
> feraient bien plaisir suite à cet AVIS COMPULSIF que je me suis permis
> d'émettre. :-))

© "Perdre votre temps" ?! pas le moins du monde! Je me suis toujours
demander pourquoi ce film déclenche un tel mépris chez beaucoup de gens.
Heureusement, vous vous interrogez et maniez volontier la nuance, ce qui est
sain, voir même intelligent ;)
Vous avez des réserves sur ce film, et elles sont justifiées! nous ne sommes
que des être humain après tout...

EPILOGUE:
Quand je pense à tout ce remue ménages que ce film déclenche, une image me
viens:
C'est l'image des singes de 2001 qui, découvrant le monolithe, s'affolent,
le touche, puis s'éloigne, puis le touche, puis s'éloignent encore puis
crient, puis s'affolent puis se calme, puis s'affolent encore plus, en se
frappant les uns les autres, voir en se frappant eux-même .
Ils y en a même qui font semblant de ne pas le voir, et d'autre qui ne le
voit franchement pas...mais ces derniers n'apparaissent pas ...ils sont déjà
mort...


A+
© D.A.M.I.E.N :)

Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to

dda a écrit :
>
(...)


> magnifiques... Et puis il paraît que Kubrik ne trouve son génie que dans le
> temps qui passe, alors si ça se trouve dans vingt ans Eyes wide shut sera
> revu comme un chef d'oeuvre culte. C'est sans doute encore trop tôt pour
> juger.

Qu'est-ce qu'un film culte? Un film auquel un certain nombre de
personnes rendent régulièrement hommage (merchandising, détournement,
célébration, festivals). Comme, par exemple, "The Rocky horror picture
show".

Voit-on des gens qui se réunissent pour se repasser "Eyes wide shut"?
Voit-on un merchandising "Eyes wide shut"? Y a-t-il des sites web
spécial "Eyes wide shut"? J'ai des doutes... ;-)

Que ce film deviennent, par les propos et exégèses qu'il suscite, une
référence cinéphilique et artistique, sans doute... Mais pour le culte,
il me semble mal parti. J'ai plutôt l'impression de voir un soufflé
retombé. ;-)

--
Jean-Christophe Tardivon <mailto:dej...@wanadoo.fr> ICQ:7399313
Sites à visiter:
Déjà Vu! (histoire des photographies, galerie) <http://deja.vu.free.fr>
A. Bertrand (théâtre en milieu rural) <http://abertrand.coise.free.fr>

Skrol 29

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
Au contraire, je trouve qu'un poste d'anayse de film à tout a fait sa place
dans ce forum.
Tous les post de [fr.rec.cinema.discussion] en comportent, et c'est toujours
d'une analyse personnelle (un point de vue) que démarre une discution.

--------------------------------
Vincent
skr...@freesurf.fr
--------------------------------
"Aurélien AMMELOOT" <aurelien...@wanadoo.fr> a écrit dans le message
news: B604E4DA.B6BE%aurelien...@wanadoo.fr...
> © D.A.M.I.E.N, (7/10/00 11:18):


>
> > Le Paradis perdu de kubrick

> > [snip TOUT LE RESTE]
>
> Salut... juste pour dire que je ne pense pas qu'une longye dissertation


> critique, aussi bonne soit-elle, soit un matériau de base très adéquat
pour

> lancer une discussion, qui est je vous le rappelle le but originel du
forum
> ;-)
>

> Je ne critique pas l'article (que je n'ai pas encore lu) mais tout

> simplement son utilisation unilatérale et imposée... :)


>
> Un lien aurait peut-être été plus adéquat ?

rits

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
"© D.A.M.I.E.N" a écrit :
>
> Salut,
>
> Rits a écrit :
>
[ZAP]

> © Cette visions des choses, vient peut-être du fait que vous regardez
> EWS en tant que film parmis les films .Or ce n'est pas un film c'est
> une oeuvre .
> Ne le prenez pas mal, mais vous me faite penser quand vous dites
> cela,(vous et beaucoup d'autres aussi) au non initié critiquant un
> totem africain dans un musée et qui dirait: "pfff! c'est quoi cette
> horreur ça ressemble a rien! ma mère pourrait en faire autant dans son
> cours de poterie!".
> Ou encore à un novice qui penserait en regardant un Picasso: "attend
> je rêve! le nez est même pas à la bonne place! mon fils en ferait autant!
> beurk!"

Non, non, désolé :-) Je sais regarder l'art, y compris le cinéma; ce qui
ne m'empêche pas d'avoir des goûts pronocés pour le film de style, de
genre. Chaque nouvelle vision de 2001 me fascine encore, comme une
expérience mystique, Clockwork Orange me fait *réflechir*, Shinig me
glace, ... je m'arrête là.
Mais Eyes Wide Shut, ... j'y ai bien repensé quelques fois, avec plus ou
moins de pertinence, mais je n'ai toujours pas envie de le revoir !


> [RITS] : Et ici, à par Nicole plus photographiée que filmée, et


> > Tom transparent, qu'a-t-on devant les yeux ?
>
> © Oui, vous mettez le doigt dessus...pour être receptif à ce film, c'est
> moins de nos yeux que de notre cerveau et de notre humanité qu'il faut se
> munir ...
> Et si Kubrick a choisit de rendre Tom Cruise si ostensiblement transparent
> dans ce film, c'est peut être ( outre le fait que Bill n'est rien et est a
> la merci
> des forces qui l'entourent),pour nous laisser la place de nous voir nous
> même.
>

Je ne crois pas que laisser du vide dans un film permet au spectateur de
s'insérer dans l'histoire ! ;-) Je voulais juste dire que si
Kubrick avait fait ce film au début de sa carrière, ok. Mais une telle
lourdeur de la part d'un tel génie, après ce qu'il nous a déjà montré
dans ses autres oeuvres... ça frôle la Chute. :-))


>
> © Est-ce à dire que vous avez tiré un trait sur le film et avez passé votre
> chemin sans éprouvé le besoin ou l'envie d'y revenir ???!!
>

Ben non, puisqu'on en discute ;-)


>
> EPILOGUE:
> Quand je pense à tout ce remue ménages que ce film déclenche, une image me
> viens:
> C'est l'image des singes de 2001 qui, découvrant le monolithe, s'affolent,
> le touche, puis s'éloigne, puis le touche, puis s'éloignent encore puis
> crient, puis s'affolent puis se calme, puis s'affolent encore plus, en se
> frappant les uns les autres, voir en se frappant eux-même .
> Ils y en a même qui font semblant de ne pas le voir, et d'autre qui ne le
> voit franchement pas...mais ces derniers n'apparaissent pas ...ils sont déjà
> mort...
>
> A+
> © D.A.M.I.E.N :)


Pour moi une des plus grandes scènes du cinéma, tout confondu.

A+
Rits/z

Skrol 29

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
Il n'est pas rare que les analyses d'une oeuvre littéraires dépasse les
intentions de l'auteur.
D'ailleurs l'erreur est facile : si l'on part du principe que Kubrick est
génial est que son film est forcément une ouvre magnifique, on peut alors
tout analyser comme étant calculé, avec un sens voulu. Essayez cela avec le
dernier clip de Madonna, vous y arriverez.

D'abord je ne suis pas d'accord pour dire que le film est inclassable. Ou
alors beaucoup de film sont inclassables. Je rangerais 'Eyes Wide Shut' dans
la catégorie 'étude de moeurs'.

Je crois savoir que le film est tiré d'un bouquin (c'est courant chez
Kubrick) assez ancien, et que le scénario a été remanié par un scénariste, à
la demande de Kubrick, pour l'histoire se passe à notre époque. Cela est
important pour une analyse, même si Kubrick s'approprie l'histoire en
réalisant le film.

Pour finir, une personne qui a fait des études de psychanalyse et avec qui
je suis allé voir le film a eu cette analyse très assez différente sur le
fond :
Le héros rêve du début à la fin. D'où le titre du film.
C'est pourquoi (entre autre) les partouzeurs miment des cunnilingus alors
leur masque rend la chose impossible ; les masques changent de forme ; un
masque a une forme phallique.
Son rêve met en scène beaucoup de clichés connus de la psychanalyse, très
souvent liée à la sexualité comme : la prostituée, la partouze au château,
voir sans être vu, être en danger au milieu de tout le monde, l'homosexuel,
...

Voilà,
--------------------------------
Vincent
skr...@freesurf.fr
--------------------------------

"© D.A.M.I.E.N" <nos...@infonie.fr> a écrit dans le message news:
cTBD5.1077$IV1.3...@nnrp2.proxad.net...


> "Peut être la meilleure lecture du film jamais écrite
> sur cette terre."
>
> © D.A.M.I.E.N :)
>
> __________________________
>
> "EYES WIDE SHUT"
>
>
> Le Paradis perdu de kubrick
>
>
>
> "En effet nous trouvons nos yeux ouverts et trouvons que nous connaissons
à
> la fois le bien et le mal, le bien perdu, le mal gagné."
> --J. Milton, Le paradis perdu, 1. IX.
>

dda

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to

Jean-Christophe Tardivon <dej...@wanadoo.fr> a écrit dans le message :
39DF609C...@wanadoo.fr...

>
>
> dda a écrit :
> >
> (...)
> > magnifiques... Et puis il paraît que Kubrik ne trouve son génie que dans
le
> > temps qui passe, alors si ça se trouve dans vingt ans Eyes wide shut
sera
> > revu comme un chef d'oeuvre culte. C'est sans doute encore trop tôt pour
> > juger.
>
> Qu'est-ce qu'un film culte? Un film auquel un certain nombre de
> personnes rendent régulièrement hommage (merchandising, détournement,
> célébration, festivals). Comme, par exemple, "The Rocky horror picture
> show".

C'est une bonne question : qu'est-ce qu'un film culte ? A part Rocky horror,
y'en a pas des masses... il suffit que des gens se regroupent et rendent
hommage ? Qu'il y ait du merchandising ? Alors peut-on dire que Star Wars
est culte ? Bof. Certains films, lorsqu'ils ressortent, attirent toujours
autant de monde, mais ce sont plutôt des classiques... Alors : qu'est-ce qui
est culte ? A part Rocky horror ?? Et puis "culte", c'est aussi une valeur
personnelle non ? Ce qui est culte pour moi n'est pas culte pour mon voisin.
Ce qui est culte pour tout le monde (ça existe ça ?) n'est pas culte pour ma
soeur ou mon grand père... Film culte = film repère... pour une génération ?
Film d'une époque ? Je vois pas... Si on peut m'éclairer, avec exemples de
films "cultes", merci d'avance.


© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
rits a écrit :

> Non, non, désolé :-) Je sais regarder l'art, y compris le cinéma; ce qui
> ne m'empêche pas d'avoir des goûts pronocés pour le film de style, de
> genre. Chaque nouvelle vision de 2001 me fascine encore, comme une

> expérience mystique, Clockwork Orange me fait *réflechir*, Shining me


> glace, ... je m'arrête là.

© Oui, mais votre ressentit n'est pas la preuve de la valeur d'un film.
mais de la valeur qu'a le film POUR VOUS.
En ce qui concerne l'experience "mystique", je crois qu'on est sur la même
longueur d'onde ;-) (lire ci-dessous)


> Mais Eyes Wide Shut, ... j'y ai bien repensé quelques fois, avec plus ou
> moins de pertinence, mais je n'ai toujours pas envie de le revoir !

© Si vous n'en avez pas l'envie, alors ne vous forcez pas ça serait dommage.
Quant à moi, je crève d'envie de le revoir une troisième fois (2 fois au
cinema)
Et je vais vous faire une confidence: "Si cette journée du Samedi 7 octobre
2000" m'inspire au point de poster du Kubrick sur frcd, c'est que j'ai reçut
Eyes Wide Shut aujourd'hui dans ma boite aux lettres, et j'ai le coeur en
fête ;-D .
J'ai envie de le dévorer illico presto, mais en même temps je tiens à
choisir un soir privilégié où je l'apprecierait davantages.
Je crois que seul les films de Kubrick me font cet effet! mais contrairement
a vous, j'inclus Eyes Wide Shut dans le lot.

Peut être y viendrez vous un jour ?...
Si vous voulez en reparler dans 10, 20 ou 30 ans, gardez mon adresse dans
vos archives ;-)
(remplaçer "nospam" par "damien.fr")

> > Est-ce à dire que vous avez tiré un trait sur le film et avez passévotre
> > chemin sans éprouvé le besoin ou l'envie d'y revenir ???!!

> Ben non, puisqu'on en discute ;-)

© oui c'est vrai .


> > EPILOGUE:
> > Quand je pense à tout ce remue ménages que ce film déclenche, une image
> > me viens:
> > C'est l'image des singes de 2001 qui, découvrant le monolithe,
> >s'affolent, le touche, puis s'éloigne, puis le touche, puis s'éloignent
> > encore puis crient, puis s'affolent puis se calme, puis s'affolent
> > encore plus, en se frappant les uns les autres, voir en se frappant
> > eux-même .
> > Ils y en a même qui font semblant de ne pas le voir, et d'autre qui ne
> >le voit franchement pas...mais ces derniers n'apparaissent pas ...ils

> >sont mort...

> Pour moi une des plus grandes scènes du cinéma, tout confondu.

© j'acquiesce!.... que dis-je!... j'applaudis ! :-D

PS: Je n'ai jamais vu "Shining" et "Barry Lyndon", et j'aime savoir que j'ai
encore ces 2 kubrick à découvrir... :-)


A+
© D.A.M.I.E.N :)

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to
Skrol 29 a écrit :

> Il n'est pas rare que les analyses d'une oeuvre littéraires dépasse les
> intentions de l'auteur.
> D'ailleurs l'erreur est facile : si l'on part du principe que Kubrick est
> génial est que son film est forcément une ouvre magnifique, on peut alors
> tout analyser comme étant calculé, avec un sens voulu. Essayez cela avec
> le dernier clip de Madonna, vous y arriverez.

© C'est dur , mais c'est drôle :o)


> D'abord je ne suis pas d'accord pour dire que le film est inclassable. Ou
> alors beaucoup de film sont inclassables. Je rangerais 'Eyes Wide Shut'
> dans la catégorie 'étude de moeurs'.


© Permettez-moi de qualifier cette catégorie que vous avez choisie
de "très discutable".
Y'a DE ça, mais CE N'EST PAS ça.
Oui beaucoup de film sont inclassables c'est vrai.
En peinture il y a le portrait,
la nature morte, le pointillisme etc... et toute les classifications....
...Et puis il y a les Monnets, les Matisses.
Eh bien nous sommes ici en présence d'un Kubrick.


> Je crois savoir que le film est tiré d'un bouquin (c'est courant chez

> Kubrick) assez ancien.

© Oui, effectivement. ( J'ai le livre ). Tiré de "Traumnovell" de Arthur
Schnitzler
(Vous pouvez d'ailleur lire mon AVIS sur ce livre ( la version Pocket
suivie du scénario de Kubrick ) sur http://www.fnac.com
- rubrique "LIVRES",
- taper "eyes wide shut",
- clicker sur le livre à 28.50Frs
- regarder à droite de l'écran.

> et que le scénario a été remanié par un scénariste, à
> la demande de Kubrick, pour l'histoire se passe à notre époque.

© Oui. ( Frederick Raphael). le film est l'EXACT RETRANSCRIPTION du livre.
Le language cinématographique en plus, la logique kubrickienne vient
structurer la nouvelle.


> Cela est
> important pour une analyse, même si Kubrick s'approprie l'histoire en
> réalisant le film.

© Se "l'approprie", c'est le mot juste puisque qu'il a acheter les droits
dans les années 60 ;)

© Se "l'approprie", c'est juste aussi dans le sens où c'est EXACTEMENT la
même histoire que le livre de Schnitzler, scène par scène, personnages par
personnages .
Le carrosse de 1900 se transforme de en Taxi de 1990, la servante de
Florestan se transforme en portable de Bill :o)
et la fin est un peu differente avec se fameux "fuck".


> Pour finir, une personne qui a fait des études de psychanalyse et avec qui
> je suis allé voir le film a eu cette analyse très assez différente sur le
> fond :
> Le héros rêve du début à la fin. D'où le titre du film.
> C'est pourquoi (entre autre) les partouzeurs miment des cunnilingus alors
> leur masque rend la chose impossible ; les masques changent de forme ; un
> masque a une forme phallique.
> Son rêve met en scène beaucoup de clichés connus de la psychanalyse, très
> souvent liée à la sexualité comme : la prostituée, la partouze au château,
> voir sans être vu, être en danger au milieu de tout le monde,

> l'homosexuel.

© Je connait très bien la psychanalyse (et de très près), et je ne pense
pas que l'interpretation psychanalytique rendent moins credible les autres
interpretations.
Je dirai aussi que la psychanalyse est à l'origine de la nouvelle puisque
Schnitzler était un amis personnel de Sigmund Freud, et que dans les
correspondances de Freud, on a un aperçut de leur relation, et l'on apprend
que pour Sigmund Freud, Arthur Schnitzler était comme un double de lui-même
tellement leur sensibilité de Viennois de l'époque partageant la même
culture, avaient une vision similaire des viscissitudes de l'âme humaine.
Si Freud était déjà le père de la psychanalyse, il n'avait pas pour autant
le monopole de la comprehension de l'âme humaine.
L'interpretation psychanalytique éclaire grandement ce film, mais est loin
d'être suffisante à l'échelle d'une telle oeuvre.Mais sans un avis plus
large, cette interpretation serait trop restrictive.Et on croirait a la
limite en apprendre un peu plus sur Kubrick ou plutot Schnitzler.Mais ça
serait une voie sans issue.
L'interpretation psychanalytique des oeuvres d'art est d'ailleur à l'origine
de nombreuses scissions au seins des écoles psychanalytique d'obedience
Freudienne.

A+
© D.A.M.I.E.N :)

Jean-François Tran

unread,
Oct 7, 2000, 3:00:00 AM10/7/00
to

Skrol 29 <skr...@freesurf.fr> a écrit dans le message :
8rnv3t$c4d$1...@norfair.nerim.net...

Bonjour Skrol 29,

[..]


> D'abord je ne suis pas d'accord pour dire que le film est inclassable. Ou
> alors beaucoup de film sont inclassables. Je rangerais 'Eyes Wide Shut'
dans
> la catégorie 'étude de moeurs'.

C'est une manie bien à nous de tout vouloir classer ! Mais si tu
y tiens vraiment, je propose "film sur le couple".

> Je crois savoir que le film est tiré d'un bouquin (c'est courant chez

> Kubrick) assez ancien, et que le scénario a été remanié par un scénariste,
à
> la demande de Kubrick, pour l'histoire se passe à notre époque. Cela est


> important pour une analyse, même si Kubrick s'approprie l'histoire en
> réalisant le film.

Il est tiré d'une nouvelle d'Arthur Schnitzler "Rien qu'un rêve"
(Traumnovelle)
tu peux la trouver ainsi que le scénario du film (écrit par Stanley Kubrick
et
Frederic Raphael dans le livre de poche "Eyes Wide Shut" (édition Pocket)
(ISBN 2-266-09701-6). Il doit coûter aux environs de 30 F, ce qui est pour
le
moins raisonnable. Cerise sur le gâteau, il y a 16 photos couleurs en insert
au milieu du livre.

> Pour finir, une personne qui a fait des études de psychanalyse et avec qui
> je suis allé voir le film a eu cette analyse très assez différente sur le
> fond :

[..]
Oui ce film doit faire le délice des psychanalystes. Et des kubrikiens bien
entendu.


-- jf

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 7, 2000, 10:21:57 PM10/7/00
to
Salut,

Ahhhhhhhh!!!!!!!!!!!............
Je m'disais bien qu'il manquait quelqu'un dans cette discussion! ;-)
Yannick est là, j'vais p'têtre m'en sortir vivant... :o)

A+
© D.A.M.I.E.N :)


_______________________________________________________
Yannick Rolandeau a écrit :
> Facile à dire, plus difficile à démontrer. Etrangement, au contraire,
> c'est un film de la maturité. Sans doute l'un des meilleurs Kubrick.
> Ce qui est rageant, c'est surtout d'entendre les sempiternelles réflexions
> mécaniques du style "C'est puritain", "La fin est moralisatrice." alors
> que ça n'a rien à voir. Sur ce point, la coupe est pleine.
________________________________________________________


Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 8, 2000, 2:51:33 AM10/8/00
to

dda a écrit :
>
(...)


> C'est une bonne question : qu'est-ce qu'un film culte ? A part Rocky horror,
> y'en a pas des masses... il suffit que des gens se regroupent et rendent
> hommage ? Qu'il y ait du merchandising ? Alors peut-on dire que Star Wars
> est culte ? Bof. Certains films, lorsqu'ils ressortent, attirent toujours

Oui. Star Wars est culte. Je suppose qu'il y a des gens qui ont vu et
revu le film, y compris en communauté. Mais c'est difficile à prouver.
Ce qui assure que c'est un film culte, c'est son merchandising, avec un
élément bien particulier: le jeu de rôle SW, le wargame SW; ils mettent
en avant le culte du film dans sa dimension communautaire (ce que ne
font pas les jeux vidéos me semble-t-il).

> autant de monde, mais ce sont plutôt des classiques... Alors : qu'est-ce qui
> est culte ? A part Rocky horror ?? Et puis "culte", c'est aussi une valeur
> personnelle non ? Ce qui est culte pour moi n'est pas culte pour mon voisin.
> Ce qui est culte pour tout le monde (ça existe ça ?) n'est pas culte pour ma
> soeur ou mon grand père... Film culte = film repère... pour une génération ?

A moins de faire une enquête en demandant au gens si tel ou tel film est
un repère pour eux, on ne peut pas savoir. Je m'en tiens à des
indicateurs concernant des pratiques qui sortent du cadre de ce que fait
un spectateur "normal". Par exemple "Emmanuelle" est resté très très
longtemps à l'affiche, est-ce un film culte? J'en doute.
Mais avec "The rocky..." on voit bien qu'avec les déguisements, par
exemple, on va au-delà du simple fait de regarder un film. On imagine
assez bien ce que cela donnerait si on se déguisait pour aller voir
"Emmanuelle"... ;-)

> Film d'une époque ? Je vois pas... Si on peut m'éclairer, avec exemples de
> films "cultes", merci d'avance.

J'ai du mal à en trouver. Il me semble que c'est un phénomène très
particulier.

Ah si, peut-être "Les bronzés" avec ces cérémonies où l'on psalmodie les
répliques en choeur... ;-)
(Une a eu lieu ces dernières semaines ici même, on a eu droit a de
nombreuses citations du film)

Alexandre Tylski

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to
Skrol 29 <skr...@freesurf.fr> a écrit :
> Au contraire, je trouve qu'un poste d'analyse
> de film a tout a fait sa place dans ce forum.
> Tous les posts de [fr.rec.cinema.discussion]

> en comportent, et c'est toujours d'une analyse
> personnelle (un point de vue) que démarre une
> discussion.

Tout à fait. En l'occurence, l'article de "Damien"
sur "Le paradis perdu dans Eyes Wide Shut" est
très bien... plein de références pertinentes sur la
peinture et la musique. Merci à lui.

-- Alexandre Tylski

dda

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to

Jean-Christophe Tardivon <dej...@wanadoo.fr> a écrit dans le message :
39E01975...@wanadoo.fr...

>
>
> dda a écrit :
> >
> (...)
> > C'est une bonne question : qu'est-ce qu'un film culte ? A part Rocky
horror,
> > y'en a pas des masses... il suffit que des gens se regroupent et rendent
> > hommage ? Qu'il y ait du merchandising ? Alors peut-on dire que Star
Wars
> > est culte ? Bof. Certains films, lorsqu'ils ressortent, attirent
toujours
>
> Oui. Star Wars est culte. Je suppose qu'il y a des gens qui ont vu et
> revu le film, y compris en communauté. Mais c'est difficile à prouver.
> Ce qui assure que c'est un film culte, c'est son merchandising, avec un
> élément bien particulier: le jeu de rôle SW, le wargame SW; ils mettent
> en avant le culte du film dans sa dimension communautaire (ce que ne
> font pas les jeux vidéos me semble-t-il).

Oui, mais le merchandising c'est du commerce, ça fait partie de la grosse
machine américaine... Il y en a quasiment pour chaque grosse production qui
sort sur les écrans. Ca ne veut pas dire que le film est culte, mais juste
qu'il est bien "vendu". C'est aussi des phénomènes de mode (y'a qu'à voir
les pokemons par exemple). A la base, ça sert à attirer les kids, c'est un
marché parallèle qui n'a rien à voir avec la valeur du film en lui-même.
Sauf que pour Star Wars, c'est vrai que ça dure depuis vachement
longtemps...

> > autant de monde, mais ce sont plutôt des classiques... Alors : qu'est-ce
qui
> > est culte ? A part Rocky horror ?? Et puis "culte", c'est aussi une
valeur
> > personnelle non ? Ce qui est culte pour moi n'est pas culte pour mon
voisin.
> > Ce qui est culte pour tout le monde (ça existe ça ?) n'est pas culte
pour ma
> > soeur ou mon grand père... Film culte = film repère... pour une
génération ?
>
> A moins de faire une enquête en demandant au gens si tel ou tel film est
> un repère pour eux, on ne peut pas savoir. Je m'en tiens à des
> indicateurs concernant des pratiques qui sortent du cadre de ce que fait
> un spectateur "normal". Par exemple "Emmanuelle" est resté très très
> longtemps à l'affiche, est-ce un film culte? J'en doute.
> Mais avec "The rocky..." on voit bien qu'avec les déguisements, par
> exemple, on va au-delà du simple fait de regarder un film. On imagine
> assez bien ce que cela donnerait si on se déguisait pour aller voir
> "Emmanuelle"... ;-)

Dans les soirées privées, pourquoi pas ? :O))

> > Film d'une époque ? Je vois pas... Si on peut m'éclairer, avec exemples
de
> > films "cultes", merci d'avance.
>
> J'ai du mal à en trouver. Il me semble que c'est un phénomène très
> particulier.
>
> Ah si, peut-être "Les bronzés" avec ces cérémonies où l'on psalmodie les
> répliques en choeur... ;-)
> (Une a eu lieu ces dernières semaines ici même, on a eu droit a de
> nombreuses citations du film)

Exact. Et pourtant là : pas de merchandising. Les bronzés, le père noël est
une ordure... Disons que ces films là font que des gens se "reconnaissent"
(ça reste un culte purement français ceci-dit...). C'est peut-être ça le
"culte" : se regrouper autour d'une idole.

Aurélien AMMELOOT

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to
© D.A.M.I.E.N, (7/10/00 11:18):

> "EYES WIDE SHUT"

> Le Paradis perdu de kubrick

> déjà Bill et Alice. Dans le salon, la tentation est représentée de façon


> géniale, par le sapin de Noël aux boules lumineuses rouges et bleues.
> kubrick a eu l'idée époustouflante de mettre l'arbre de la connaissance dans
> quasiment toutes les scènes, sous la forme du sapin dont les fruits sont
> visibles de tous, et partagés en deux couleurs opposées. Le bleu évoque la
> pureté céleste, le Bien, le rouge symbolise le feu de l'Enfer, le Mal.

Bon c'est super, c'est bien écrit, c'est souvent pertinent comme analyse, et
en plus ça apporte une lecture inédite au film...

Mais celà ne va-t-il pas un peu trop loin ? Je trouve que ça tombe assez
vite dans la sur-interprétation ! Par exemple, pour le sapin de Noël
symbolisant le bien et le mal !

Dans une longue Interview de Tom Cruise et Nicole Kidman, cette dernière
nous a révélé que Kubrick les avait laissé libres de décorer certains
détails de l'appartement: CD, sapin, foutoir général etc etc...

Juste pour dire que Kubrick n'est pas forcément à l'origine de ces détails
là, et que l'interprétation est peut-être pertinente, mais parfois fausse...

A+


Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to

dda a écrit :


>
> Jean-Christophe Tardivon <dej...@wanadoo.fr> a écrit dans le message :
> 39E01975...@wanadoo.fr...
> >

(...)


> Oui, mais le merchandising c'est du commerce, ça fait partie de la grosse
> machine américaine... Il y en a quasiment pour chaque grosse production qui
> sort sur les écrans. Ca ne veut pas dire que le film est culte, mais juste
> qu'il est bien "vendu". C'est aussi des phénomènes de mode (y'a qu'à voir
> les pokemons par exemple). A la base, ça sert à attirer les kids, c'est un
> marché parallèle qui n'a rien à voir avec la valeur du film en lui-même.
> Sauf que pour Star Wars, c'est vrai que ça dure depuis vachement
> longtemps...

C'est exactement ce qui fait toute la différence. Pour SW, le
merchandising est venu après le succès du film. Si j'en crois ce que
l'on dit, Lucas a fait sa fortune sur le fait d'avoir conservé les
droits des produits dérivés parce que, à l'époque, on n'y croyait pas.
A présent, il y a des produits dérivés partout, cela fait partie du
business du cinéma selon la mentalité consumériste, cela ne fait pas de
chaque film ayant du succès et vendant beaucoup de produits dérivés un
film culte.

(...)


> > Ah si, peut-être "Les bronzés" avec ces cérémonies où l'on psalmodie les
> > répliques en choeur... ;-)
> > (Une a eu lieu ces dernières semaines ici même, on a eu droit a de
> > nombreuses citations du film)
>

> Exact. Et pourtant là : pas de merchandising. Les bronzés, le père noël est
> une ordure... Disons que ces films là font que des gens se "reconnaissent"
> (ça reste un culte purement français ceci-dit...). C'est peut-être ça le
> "culte" : se regrouper autour d'une idole.

Nous sommes d'accord. Enfin il faut entendre idole dans un sens très
faible. La motivation est plus sociale que divine.
Pour le culte franco-français des "Bronzés", ce n'est pas parce qu'à un
film correspond un culte d'un tout petit public que ce n'est pas un
culte. On a trop tendance à confondre "important succès" et "culte".

Aurélien AMMELOOT

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to
Jean-Christophe Tardivon, (8/10/00 13:44):

>> Exact. Et pourtant là : pas de merchandising. Les bronzés, le père noël est
>> une ordure... Disons que ces films là font que des gens se "reconnaissent"
>> (ça reste un culte purement français ceci-dit...). C'est peut-être ça le
>> "culte" : se regrouper autour d'une idole.
>
> Nous sommes d'accord. Enfin il faut entendre idole dans un sens très
> faible. La motivation est plus sociale que divine.
> Pour le culte franco-français des "Bronzés", ce n'est pas parce qu'à un
> film correspond un culte d'un tout petit public que ce n'est pas un
> culte. On a trop tendance à confondre "important succès" et "culte".

En parlant de Kubrick... Il me semble que 2001 ou Orange Mécanique sont des
films cultes, non ?? Et pourtant merchandising zéro ! :-p

A+


Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to

Aurélien AMMELOOT a écrit :
>
(...)


> En parlant de Kubrick... Il me semble que 2001 ou Orange Mécanique sont des
> films cultes, non ?? Et pourtant merchandising zéro ! :-p

Qui rend hommage, à la manière d'une cérémonie, à ces 2 films?
A-t-on déjà évoqué des séances de projection où les spectateurs venaient
déguisés en monolithe? ;-)

Lot5

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to
c'est surtout d'entendre les sempiternelles réflexions mécaniques
> du style "La fin est moralisatrice." alors que ça n'a

> rien à voir. Sur ce point, la coupe est pleine.
Petite question à 10f comme tu les aimes, démontre en moi en quoi la fin de
EWS n'est pas moralisatrice?? Je te demande cela parceque moi dans ce film
je vois que le personnage principal a eu l'idée de tromper sa femme et le
résultat est qu'il a faillit se choper le sida, il a faillit se faire buter,
il a entrainé la mort d'une jeune fille et la disparition d'un pianiste...
mais... y'a sûrement un sens caché, non?
arf, arf, arf :)

Lot5

Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to

Yannick Rolandeau a écrit :
>
(...)
> Bref, en quoi, c'est moralisateur ? Moral sans doute mais moralisateur...
> mais ce n'est pas la même chose. Je sais bien que beaucoup de gens
> attendaient que TC trompe sa femme (et de plus NK, sa vraie femme...) mais
> justement non. Ils ont été privé de ce qu'ils attendaient avec impatience,
> outre de voir du cul. Et oui, il y a des films qui ne vont pas forcément
> dans le sens du poil des spectateurs si je peux dire.

Bof... On a dit, avant la sortie, que EWS allait quasiment être un
porno, et l'on a fait mousser la réputation de Kubrick d'être un
cinéaste qui dérange, qui surprend. On a pris ça, de façon assez
surprenante, en cohérence avec le fait qu'un cinéaste établi face un
porno. On a joué aussi sur la bande-annonce, qui a bien été contrôlée
par Kubrick non, assez "tendue" et vaguement "sensuelle". Passons.
Dès que le film est sorti, on a bien compris que ce n'était pas un porno
et que son intérêt n'était pas de découvrir des anatomies. Peut-être que
les premiers spectateurs (la première semaine) pouvait s'attendre à
quelque chose de "chaud", mais pas les suivants! Ceux qui était informés
de l'aspect éventuellement "chaud" était aussi à même d'être informés de
son aspect "pas si chaud que ça".

R. V. Gronoff

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to

"© D.A.M.I.E.N" <nos...@infonie.fr> a écrit dans le message news:
cTBD5.1077$IV1.3...@nnrp2.proxad.net...

> "EYES WIDE SHUT"
>
>
> Le Paradis perdu de kubrick
>


Une question qui me turlupine sur ce film:

est-ce le récit d'un épisode de la vie du Dr Bill (en anglais: "la note du
médecin"), ou celui d'un rêve de sa femme ?

La scène finale entre Bill et Ziegler est-elle vécue... ou révée ? Si elle
est vécue, qui joue au billard ?

R. V. Gronoff

unread,
Oct 8, 2000, 3:00:00 AM10/8/00
to

"dda" <did...@caramail.com> a écrit dans le message news:
8rnlj7$ba7$1...@news5.isdnet.net...

> Salut, je ne pense pas que tu m'ais fait perdre mon temps, comme tu dis.
Moi
> aussi j'ai aimé sans aimer Eyes wide shut. Une façon de filmer qui marque,
> quelque chose d'envoûtant. En fait, tourné autrement (et par quelqu'un
> d'autre, soyons honnête) je n'aurai pas apprécié du tout ce film, que j'ai
> trouvé au final moraliste et mal joué, sans intérêt. On parle de film
> "érotique limite porno" là je suis mort de rire (Kubrik nouveau V.
Despentes
> ? :O). Mais la magie de la direction d'acteur rendrait les plus nuls
> magnifiques... Et puis il paraît que Kubrik ne trouve son génie que dans
le
> temps qui passe, alors si ça se trouve dans vingt ans Eyes wide shut sera
> revu comme un chef d'oeuvre culte. C'est sans doute encore trop tôt pour
> juger.
>

Eyes Wide Shut. Les yeux grands fermés que voit-on ? Ce qu'on voit ?
Ce qu'on croit voir ? Ce qu'on ne voit pas ? Ce qu'on croit ne pas voir ?

Ou plutôt, ne déduit-on-pas ce qu'on a cru voir à partir de ce qu'on a
entendu ?
Les deux coïncident-ils forcément ?

Kubrick a écrit une histoire. Il a tourné un film.

Les deux ne se recoupent pas !

R. V. Gronoff

unread,
Oct 9, 2000, 3:00:00 AM10/9/00
to

"Yannick Rolandeau" <yr...@freesurf.fr> a écrit dans le message news:
6h12uskgr4g2ft3fq...@4ax.com...
> On Sun, 08 Oct 2000 22:35:10 GMT, "R. V. Gronoff" <rgro...@free.fr>
wrote:

>
>
> >est-ce le récit d'un épisode de la vie du Dr Bill (en anglais: "la note
du
> >médecin"), ou celui d'un rêve de sa femme ?
>
> ?
>
> >La scène finale entre Bill et Ziegler est-elle vécue... ou révée ? Si
elle
> >est vécue, qui joue au billard ?
>
> ? Elle est vécue et c'est Ziegler qui joue au billard mais sur un billard
> au tapis rouge...


Aviez-vous remarqué lors de cette scène que la position des boules sur la
table change à chaque changement de plan et d'interlocuteur ? Il y a
d'autres changements mineurs, à l'arrière-plan, dans le mobilier.

Cette scène me rappelle la confrontation de l'astronaute avec son double (et
le parallélépipède) dans 2001.

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 9, 2000, 3:00:00 AM10/9/00
to
R. V. Gronoff a écrit :

> Aviez-vous remarqué lors de cette scène que la position des boules sur la
> table change à chaque changement de plan et d'interlocuteur ? Il y a
> d'autres changements mineurs, à l'arrière-plan, dans le mobilier.


© Incroyable!!! je n'avais jamais remarqué ça!
Je viens de vérifier, et effectivement, les boules changent de place
(ou/et) de couleur dans au moins 3 plans!
Alors qu'ils discutent simplement ensemble!

© Dis moi Hervé, c'est toi qui a remarqué ça ou tu l'a lu quelque part!!

© C'est un choc quand même, car il n'y a que 3 solutions, et dans les 3 cas
c'est capital pour comprendre ce film:

(1) Soit c'est la preuve indéniable que tout ça n'est qu'un rêve!
car comme dans les rêves les décors changent d'une minute à l'autre.

(2) Soit les boules ont été déplacés par inadvertance par des techniciens,
durant les quelques jours (semaines?) qu'a duré le tournage de cette scène.
Et Kubrick n'a pas été foutu de voir ce détail!

(3) Soit c'est la preuve Kubrick n'a pas finit son film, car lui, n'aurait
jamais laissé ces erreurs !

Personnellement, je pense ABSOLUMENT IMPENSABLE que Kubrick aurait put
être assez négligeant pour laisser passer ça dans quelque scène que ce soit
et encore moins cette scène si importante!
J'opte donc pour la solution (1)
Bien évidemment ! ;-)

Merci Hervé pour cette info en or !

A+
© D.A.M.I.E.N :)

© D.A.M.I.E.N

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Oct 9, 2000, 3:00:00 AM10/9/00
to
© D.A.M.I.E.N a écrit:
> Pour Sigmund Freud, Arthur Schnitzler était comme

> un double de lui-même tellement leur sensibilité de Viennois de l'époque
> partageant la même culture, avaient une vision similaire des viscissitudes
> de l'âme humaine.

J'ai retrouvé le texte exact :

C'est en cela que l'oeuvre du metteur en scène a toujours subi l'influence
décisive de la pensée de Freud. Le psychanalyste viennois écrivait à
Schnitzler, en 1922, une lettre où il se demandait pourquoi, pendant tant d'
années, il n'avait jamais cherché à le fréquenter ou même à parler avec lui,
et d'ajouter : «La réponse à cette question implique un aveu qui me semble
par trop intime. Je pense que je vous ai évité par une sorte de crainte de
rencontrer mon double. Non que j'aie facilement tendance à m'identifier à un
autre ou que j'aie voulu négliger la différence de dons qui nous sépare,
mais en plongeant dans vos splendides créations, j'ai toujours cru y
trouver, derrière l'apparence poétique, les hypothèses, les intérêts et les
résultats que je savais être les miens. Votre détermination comme votre
scepticisme - que les gens appellent pessimisme -, votre sensibilité aux
vérités de l'inconscient, de la nature pulsionnelle de l'homme, votre
dissection de nos certitudes culturelles conventionnelles, l'arrêt de vos
pensées sur la polarité de l'amour et de la mort, tout cela éveille en moi
un étrange sentiment de familiarité ». Les mots mêmes employés par Freud,
les points communs qu'il relève entre ses préoccupations et celles de l'
artiste ne pourraient-ils pas être repris terme pour terme par Kubrick qui
lui aussi a attendu des décennies avant de rencontrer Schnitzler « comme
dans un miroir, obscurément»?

Michel Ciment.

Dans "KUBRICK" (édition définitive) de Michel Ciment (p.257)

A+
© D.A.M.I.E.N

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 9, 2000, 3:00:00 AM10/9/00
to
----- Yannick Rolandeau a écrit ------

> >Ils ont été privé de ce qu'ils attendaient avec impatience,
> > outre de voir du cul. Et oui, il y a des films qui ne vont pas forcément
> > dans le sens du poil des spectateurs si je peux dire.


----- Jean-Christophe Tardivon lui a répondu -----


> Bof... On a dit, avant la sortie, que EWS allait quasiment être un
> porno, et l'on a fait mousser la réputation de Kubrick d'être un
> cinéaste qui dérange, qui surprend.

> Dès que le film est sorti, on a bien compris que ce n'était pas un porno
> et que son intérêt n'était pas de découvrir des anatomies.

Et oui ! C'est un tour de force de Kubrick que d'avoir réussit à choquer ses
contemporain, non pas en montrant du sexe, mais justement en en montrant
pas!
A l'époque des porno stars et des Lolo Ferrari (paix à son âme), certain ne
s'en sont toujours pas remis et en veulent encore à Stanley de leur avoir
imposé une telle "Castration".
Libération en est une bonne illustration avec son "Oeil castré"
http://www.liberation.com/cinema/kubrick/990915eyes.html , mais aussi
toutes les critiques négatives qui ont éclos
Joli pied de nez de la part d'un "cinéaste du regard" comme Kubrick!

PS: Je posterai prochainement des critique négatives Française et
International pas piqués des hannetons
( ainsi que des positives aussi!... :)

> Peut-être que les premiers spectateurs (la première semaine) pouvait
> s'attendre à quelque chose de "chaud", mais pas les suivants! Ceux qui
> était informés de l'aspect éventuellement "chaud" était aussi à même
> d'être informés de son aspect "pas si chaud que ça".


Les mauvaise langues disent que la bande annonce était racoleuse,car tout
était calculé pour attirer les spectateur dans les salles.Mais comme la dit
Sydney Pollack dans une interview:
"Ceux qui pensaient voir un porno y sont allé et sont revenu déçu, ne
conseillant donc pas de voir ce film autour d'eux.Et ceux , plus puritains,
qui pensaient que ce film était un porno, n'y sont pas allé.Mais ce n'est
pas un porno!"
Résultat: Le soufflet est vite retombé aux USA et dans beaucoup de pays.
C'est un peu moins vrai en France où les gens ont un cerveau et s'en
serve... quoique....
( http://perso.wanadoo.fr/kubrick.stanley/boxoffice.htm )


A+
© D.A.M.I.E.N :)

R. V. Gronoff

unread,
Oct 9, 2000, 8:05:37 PM10/9/00
to

"© D.A.M.I.E.N" <nos...@infonie.fr> a écrit dans le message news:
lMpE5.1839$Fd7.3...@nnrp4.proxad.net...

> R. V. Gronoff a écrit :
> > Aviez-vous remarqué lors de cette scène que la position des boules sur
la
> > table change à chaque changement de plan et d'interlocuteur ? Il y a
> > d'autres changements mineurs, à l'arrière-plan, dans le mobilier.
>
>
> © Incroyable!!! je n'avais jamais remarqué ça!

C'est fait pour ! Effet subliminal.

> Je viens de vérifier, et effectivement, les boules changent de place
> (ou/et) de couleur dans au moins 3 plans!
> Alors qu'ils discutent simplement ensemble!
>
> © Dis moi Hervé, c'est toi qui a remarqué ça ou tu l'a lu quelque part!!
>
> © C'est un choc quand même, car il n'y a que 3 solutions, et dans les 3
cas
> c'est capital pour comprendre ce film:
>
> (1) Soit c'est la preuve indéniable que tout ça n'est qu'un rêve!
> car comme dans les rêves les décors changent d'une minute à l'autre.
>
> (2) Soit les boules ont été déplacés par inadvertance par des
techniciens,
> durant les quelques jours (semaines?) qu'a duré le tournage de cette
scène.
> Et Kubrick n'a pas été foutu de voir ce détail!
>

Connaissant le SK, vous savez que c'est impossible !

> (3) Soit c'est la preuve Kubrick n'a pas finit son film, car lui,
n'aurait
> jamais laissé ces erreurs !
>
> Personnellement, je pense ABSOLUMENT IMPENSABLE que Kubrick aurait put
> être assez négligeant pour laisser passer ça dans quelque scène que ce
soit
> et encore moins cette scène si importante!
> J'opte donc pour la solution (1)
> Bien évidemment ! ;-)
>

D'autant que Kubrick avait déjà utilisé un procédé similaire dans The
Shining...


Allez, un autre pendant qu'on y est:

Connaissez-vous beaucoup de bars où le juke-box joue le Requiem de Mozart ?

RVG

P.S.: Mon prénom n'est pas Hervé. ;o)


© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 10, 2000, 12:36:19 AM10/10/00
to
R. V. Gronoff a écrit :
> P.S.: Mon prénom n'est pas Hervé. ;o)

© OK sorry... donc...Mon cher Monsieur R. V. Gronoff... ;-)


> C'est fait pour ! Effet subliminal.

© Complètement!
C'est véritablement "Le jeu des 7 erreurs" quand on regarde la
scène du billard de près !

© Je trouve Yannick bien courageux (voir prétentieux) d'affirmer le
contraire!
A moins qu'il soit le plus lucide et éclairé d'entre nous?...
Si c'est le cas...chapeau bas !


© En effet, je viens de re-re-re-re-visionner le film, et voici un aperçut
du Schmilblick:
(Je sais que pour les sceptiques ça peut ressembler à de la masturbation
intellectuelle, mais bon...moi j'y crois ! )


© illustration ci-dessous :
(les répliques sont mes repères)
__________________________________________________

( A ) # Ziegler: "Parce que je t'ai fait suivre"

1--->Boule blanche présente.
2--->Boule rouge à droite du trou du billard.
3--->Table de chevet à droite du fauteuil rose.
4--->Verre de Whisky près de la main gauche de Ziegler.

PLAN SUIVANT -------->

( A' ) #Ziegler: "Ok, ok, je suis désolé, c'est vrai, je te fais toutes
mes excuses"

1---> Boule blanche disparut
transformée en boule blanche entourée de orange (ou rouge?)
2---> Boule rouge au milieu du trou du billard.
3---> Table de chevet disparut !
4---> Bouteille de Whisky au milieu (au niveau de braguette de Ziegler ;-)

PLAN SUIVANT -------->

( A' ' ) # Ziegler : "A l'heure qu'il est, il est probablement dans sa
famille en train de bourrer Mme Nick! "

1---> Boule blanche revenue.
2---> Boule rouge à gauche du trou du billard.
3---> Table de chevet réapparut

PLAN SUIVANT -------->

(A' ' ' ) # Ziegler: "D'accord, il avait le visage tuméfié"

1+2+3 = retour au (A ' )
sauf 4 , car le Verre de Whisky est placé vers la main droite de Ziegler.

**********************************************************************


( B ) # Ziegler: " Alors là, alors là, bas les masques!"

1--->Boule rouge en retrait (loin de la blanche)

PLAN SUIVANT -------->

( B' ) # Ziegler: "Tout le cinoche qu'on t'as fait"

1--->Boule rouge en avant (près de la blanche)

********************************************************************
( C ) #" Bill se touchant le crâne : " il y avait une femme là bas...qui...à
voulu me prévenir... "

1---> Boule rouge à droite de la boule blanche (c'est au au 1er plan)

PLAN SUIVANT -------->

( C' ) #### Ziegler : "Je sais..."

1---> Boule rouge est passée à gauche de la boule blanche.
(Puis Ziegler se lève et jout avec cette boule rouge)

********************************************************************

© Tu fait remarquer le parallèle avec la rencontre de l'astronaute avec son
double dans 2001 , où les repères spatio/temporels son plus qu'aléatoires,
et je suis entièrement d'accord avec toi !

© En ce qui concerne les doutes de Yannick , ça me rappel une anecdote où
un fan demandait à Kubrick pour EWS si le nom des restaurants de la ville de
New York reconstituée avaient un rapport avec je ne sait plus quelle
interprétation de ce fan, et Kubrick de répondre que il s'était inspiré des
noms de ses techniciens plateaux pour les inscrire comme nom de restos,
bars, hôtels etc...
Je crois que ici, nous ne sommes pas dans de l'interprétation gratuite, mais
plutôt sur une piste sérieuse!
Enfin... c'est mon avis
...et c'est celui de monsieur Gronoff aussi ;-)

> Connaissant le SK, vous savez que c'est impossible !

© Ouai ! IM - PO - SSIBLE !
Je défit Yannick de faire état (preuve à l'appui) de ce genre de négligences
dans toute la filmo de Kubrick! (Même Mocky ferait pas ce genre d'erreur ,
c'est pour dire! )
Fait tourner les magnétos Yannick, on attend... ;-)

A+
© D.A.M.I.E.N :)


Skrol 29

unread,
Oct 10, 2000, 3:00:00 AM10/10/00
to
N'oubliez pas que tout l'acte au château est lui aussi irréaliste par
moment.
Notamment lorsque des gens ont des actes érotiques qui est en réalité
impossible à cause des masques (un homme fait un cunnilingus à une femme
mais son masque n'a pas de trou à la bouche; et il y a d'autres position
imposibles).
Des masques changent aussi.

--------------------------------
Vincent
skr...@freesurf.fr
--------------------------------


"© D.A.M.I.E.N" <nos...@infonie.fr> a écrit dans le message news:
lMpE5.1839$Fd7.3...@nnrp4.proxad.net...

> R. V. Gronoff a écrit :

> > Aviez-vous remarqué lors de cette scène que la position des boules sur
la
> > table change à chaque changement de plan et d'interlocuteur ? Il y a
> > d'autres changements mineurs, à l'arrière-plan, dans le mobilier.
>
>
> © Incroyable!!! je n'avais jamais remarqué ça!

> Je viens de vérifier, et effectivement, les boules changent de place
> (ou/et) de couleur dans au moins 3 plans!
> Alors qu'ils discutent simplement ensemble!
>
> © Dis moi Hervé, c'est toi qui a remarqué ça ou tu l'a lu quelque part!!
>
> © C'est un choc quand même, car il n'y a que 3 solutions, et dans les 3
cas
> c'est capital pour comprendre ce film:
>
> (1) Soit c'est la preuve indéniable que tout ça n'est qu'un rêve!
> car comme dans les rêves les décors changent d'une minute à l'autre.
>
> (2) Soit les boules ont été déplacés par inadvertance par des
techniciens,
> durant les quelques jours (semaines?) qu'a duré le tournage de cette
scène.
> Et Kubrick n'a pas été foutu de voir ce détail!
>

> (3) Soit c'est la preuve Kubrick n'a pas finit son film, car lui,
n'aurait
> jamais laissé ces erreurs !
>
> Personnellement, je pense ABSOLUMENT IMPENSABLE que Kubrick aurait put
> être assez négligeant pour laisser passer ça dans quelque scène que ce
soit
> et encore moins cette scène si importante!
> J'opte donc pour la solution (1)
> Bien évidemment ! ;-)
>

Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 10, 2000, 3:00:00 AM10/10/00
to

MELMOTH a écrit :
>
(...)
> Ce fil sur les boules est tout simplement surréaliste....
> C'est ça...les cinéphiles "critiques".....un type fait un plan tout
> simple...sans aucune arrière-pensée...et ces mecs vont
> dégoiser..analyser...comparer...disséquer....bref....se faire
> plaisir...sur un truc auquel le réalisateur n'a JAMAIS PENSE !!

Qu'en savez-vous? Pour l'instant tous les arguments pour "une
manipulation volontaire" ou pour "une coïncidence" se tiennent.

Je ne vois pas où est le problème de se faire plaisir en parlant de ça?
Vous venez ici pour vous faire mal vous? ;-)

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 10, 2000, 3:00:00 AM10/10/00
to
Yannick Rolandeau a écrit :
> Soit il y a une explication, ce dont je doute, soit Kubrick se moque de
> l'emplacement des boules de billard car il trouve que la scène est bien
> jouée à ce moment.

© Oui, c'est tout à fait possible que ce soit tout simplement de faux
raccords bien sur, je ne dis pas le contraire!
On distingue parfaitement ( en tout cas moi, j'arrive à le lire dans leur
regards, leurs positions etc..) que cette scène est un amas de nombreuses
prises.

© Si on peut retrouver ce genre de "défaut" de montage dans d'autre films de
Kubrick (Comme dans "Shining" d'après Yannick), alors je changerai de
position pour privilégier l'hypothèse que Kubrick s'en foutait.
Mais j'ai vu dans le "A la recherche de Stanley Kubrick" diffusé sur Canal+,
que Kubrick avait condamné l'entrer de cette pièce du billard , avec des
gardiens jour et nuit pendant toute la durée du tournage de la scène.
Quel crétin aurait put sur le plateau :
--> Remplacer une boule blanche au milieu du billard, par une boule
de couleur !? (aucune autre boule ne change de place ni de couleur)
--> Enlever la table de chevet qui est en plein dans l'axe de la caméra !?
(et je ne parle pas du reste (verre etc...) , car là, on PEUT dire que ça
vient du montage effectivement)
-->Sans parler des détails que je n'ai peut être pas encore remarqués.


© Mais comme le dis J-C Tardivon:


> Pour l'instant tous les arguments pour "une manipulation volontaire" ou
> pour "une coïncidence" se tiennent.


© De plus, il n'y a pas qu'une "histoire de boules" (qui semble exciter
notre ami MELMOTH ...), Il y a aussi la table de chevet, le verre de whisky,
Ziegler jouant avec cette fameuse boule rouge etc...


*********** Kubrick se moque des détails ? **************
****A en lire l'anecdote ci-dessous, rien n'est moins sûr!****
*********************************************************************

Il y a une anecdote qui est très révélatrice nous étions en train de tourner
une scène très intense pendant l'orgie où, en gros plan, Tom et la fille
s'embrassent avec leurs masques. Nous avons mis trois jours à la réaliser
pour de multiples raisons, cela ne marchait jamais. Lorsque enfin nous avons
mis la scène en boîte, mon assistante est venue vers moi, livide, pour me
dire que la fille ne portait pas son collier pendant la prise. J'ai tout de
suite appelé Stanley sur son talkie-walkie pour lui raconter ce qui s'était
passé, lui disant que c'était la chose la plus terrible qui pouvait arriver.
Il n'arrivait pas à le croire, m'a rejointe immédiatement pour regarder la
scène sur l'écran vidéo. Nous étions tous là à trembler. J'ai pensé qu'en ce
qui me concernait, c'était la fin de ma participation au film. Je lui ai
dit:
«Je suis responsable. Je suis effondrée. Rejetez tout sur moi. » Il m'a
dit qu'il en prenait bonne note puis il a annoncé à Tom Cruise qu'il fallait
refaire le plan. Tom s'est mis à hurler:
«Comment est-ce possible ? Tu as dit qu'il était dans la boîte!» Stanley lui
a alors répondu : «Oui, mais il y avait quelque chose dans l'éclairage qui
ne me convenait pas tout à fait. » Très élégant. J'étais en pleurs.
J'ai toujours eu le plus grand respect pour l'artiste qu'il était et j'étais
toujours passionnément curieuse de savoir comment il atteindrait son but,
avec toutes ces répétitions lentes et interrninables, et toutes ces
décisions en suspens. Et pourtant, il semblait considérer tout cela avec
une sorte d'humour malicieux, sans se prendre particulièrement au sérieux.
Il acceptait tout de n'importe qui, à condition qu'il comprenne les enjeux
et fasse de son mieux, et en même temps il était exigeant sur tout avec tout
le monde. Je l'ai quitté avec des sentiments très chaleureux à son égard.


Interview de Marit Allen, créatrice des costumes dans "Eyes Wide Shut"
Propos recueillit par M.Ciment le 14 juillet 1999 à Londre.


A+
© D.A.M.I.E.N :)

Aurélien AMMELOOT

unread,
Oct 10, 2000, 6:25:36 PM10/10/00
to
Yannick Rolandeau, (10/10/00 1:47):

>> Personnellement, je pense ABSOLUMENT IMPENSABLE que Kubrick aurait put
>> être assez négligeant pour laisser passer ça dans quelque scène que ce soit
>> et encore moins cette scène si importante!
>> J'opte donc pour la solution (1)
>

> Je crois qu'il s'en foutait.

J'opte pour la solution:

- Kubrick était un être humain comme les autres et a laissé dans tous ses
films quelques "gaffes" diverses.. .voilà ;)

A+

Aurélien AMMELOOT

unread,
Oct 10, 2000, 6:30:23 PM10/10/00
to
Yannick Rolandeau:

> Dans Shining, il y a aussi un faux raccord énorme. Dans la scène où Jack
> fracasse la porte à la hache, il fracasse un panneau de la porte. Jack
> s'arrête en entendant la chenillette du cuisinier. Un plan de coupe nous
> montre la chenillette du cuisinier qui arrive. On revient au plan et là les
> deux panneaux de la porte sont fracassés.

C'est pas des faux raccords mais y'a d'autres gaffes archi-connues et
reconnues:

Orange Mécanique: on voit le reflet du chariot de travelling sur la droite
dans un miroir, pendant le travelling de la scène du disquaire

Shining: l'ombre de l'hélico de tournage sur la version vidéo open mate

Eyes Wide Shut: quand Tom Cruise tape dans ses mains dans, plan qu'il joue
sur place devant un écran d'ailleurs (fait exprès), une ombre de caméra
apparaît sur le côté...

A+

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 10, 2000, 10:40:41 PM10/10/00
to
Aurélien AMMELOOT a écrit :

> J'opte pour la solution:

> Kubrick était un être humain comme les autres et a laissé
> dans tous ses films quelques "gaffes" diverses.. .voilà ;)

Mouai mouai mouai...... :-/

Et comme le disait un certain Arkam:
"Toute choses étant égales, la solution la plus simple est toujours
la meilleure"

Bon bein j'crois qu'on va en resté là....

A+
© D.A.M.I.E.N :)
quoique.... ça fait quand même beaucoup de "gaffes" en une seule scène je
trouve...
- D.A.M.I.E.N ?
- oui ?
- Ta gueule!
- x-(


© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 10, 2000, 10:40:42 PM10/10/00
to
Skrol 29 a écrit :

> N'oubliez pas que tout l'acte au château est lui aussi irréaliste par
> moment.
> Notamment lorsque des gens ont des actes érotiques qui est en
> réalité impossible à cause des masques (un homme fait un cunnilingus
> à une femme mais son masque n'a pas de trou à la bouche et il
> y a d'autres position imposibles).
> Des masques changent aussi.

J'entend souvent des gens demander sur Traumnovell ("la nouvelle rêvée")
si telle ou telle scène est réelle ou rêvée.
A mon avis, comme sont nom l'indique ("Traumnovell") ,tout ça n'est
qu'un rêve de la 1ère image à la dernière image.
C'est : " Un rêve filmé tiré d'une nouvelle rêvée "
Quelqu'un n'es pas d'accord et pense que y'a du réel la dedans ?


----- Kubrick à tous simplement mis en image : un rêve ----
----- Ni plus, Ni moins ------

© En effet : Le film est construit à partir des préoccupations et des
fantasmes (connus ou inconnus de lui) qu'a Bill dans sa vie réelle dont on
ne connaitra rien pendant tout le film, car on ne verra QUE ce qu'il rêve...


© Dans nos rêves, on retrouve comme personnages, des gens qu'on a croisé
dans la journée, ou qui partage notre quotidien, ou qui on croisé notre vie
il y a plusieurs années, pendant des pèriodes importantes de notre vie .
Bill retrouve donc "dans le rôle du pianiste" son amis avec qui il a fait
ses étude de medecine.
Une des 2 filles qu'il rencontre au bal lui rappel qu'il lui avait prêté
sont mouchoir .Car cette fille , il l'a probablement réellement rencontrée
quelque jours auparavant dans la vie réelle, et elle se retrouve intégrée
dans sont rêve, il a dû ne pas être indifferent à son charme par exemple,
mais à refoulé cela, nous assistons donc au "retour du refoulé" selon la
formule consacrée (et cela, tout au long du rêve d'ailleur).


© Ziegler apparait au début du film, puis à la fin, mais dans un rôle
different,on constate que c'est une caracteristique du rêve que de
"recycler" des personnages connu de notre vie (voir même des célébrités du
show business ou autre) et de les mettre à toute les sauces et parfois, dans
le même rêve .
### J'ai moi-même rencontré Laetitia Casta vendredi soir (en tout bien tout
honneur), figurez-vous qu'elle était la gardienne de l'hotel dans lequel
j'était descendu pour la nuit, c'était un hotel paumé je ne sais où, et je
lui est demandé, qu'est-ce qu'elle foutait là ! elle ! Laetitia Casta ! Elle
m'a repondu: "c'est mon métier, ne le dite à personne" et cette reponse m'a
suffit, pour moi c'était normal et j'était flatté qu'elle me fasse confiance
au point de me mettre dans la confidence. Non pas que j'ai une quelconque
passion pour cette fille (quoique...;-), mais j'imagine que mon inconscient
à été
inspiré par les articles et interview qu'on voit en ce moment sur elle, avec
la sortit de sa "Bicyclette bleue" sur France2 etc...)
Enfin voilà, une experience toute fraiche, comme on en vit tous ####
C'est complètement incongru, mais quand on rêve on goberait n'importe quoi !
C'est ce qui arrive pour Bill pendant tout le film.

© Bill est à la merci de son rêve, et tout autour de lui semble être normal
alors que, paradoxalement, lui, ressent profondément le fait d'être un
spectateur "impuissant" de tout ce qui lui arrive,ce décalage n'est autre
que cette fameuse "inquiétante étrangeté" chère à Freud.
Cette impuissance/transparence est interprété par certain comme étant un
mauvais jeu d'acteur de Tom Cruise . L'impuissance de Bill joué par Tom
Cruise est bien expliqué dans cet article du Monde:

EXTRAIT:
"Le réalisateur a offert à Tom Cruise un rôle pour lequel il ne pouvait
manifester que les plus grandes qualités : un homme impuissant, refusant le
passage à l'acte, toujours placé en infériorité vis-à-vis de ses
partenaires. Le nanisme de Tom Cruise est ...." (etc....)
http://www.lemonde.fr/article/0,2320,22346,00.html

© Je ne reviendrait pas sur notre "polémique" des objets qui apparraissent
et disparaissent, mais je reprend cela en exemple,car comme dans les rêves,
les décors sont approximatifs, et il suffit de détourner la tête pour que le
décors change un peu, sans qu'on s'en inquiète le moins du monde, car quand
on rêve, on prend pour argent comptant tout ce qui nous arrive.
C'est seulement au réveil qu'on en rigole.

© Le grain très particulier de l'image,qui donne un rendu unique,un peu
"vaseux", conforte dans l'idée que ce n'est pas la vie réelle qui est filmé,
mais un rêve.

© Les scènes du films sont une succession de possibles non réalisés.
Comme dans les rêves, ça s'arretent là où la morale commence.
(comme le disait Freud, le rêve est le gardien du sommeil, il détourne les
vérités crut et bassement pulsionnel pour les transformer en quelque chose
d'acceptable). Les quelques fantasmes qui apparaissent dans le film
(adultère,pedophilie,homosexualité,necrophilie etc...) sont des scènes qui
s'arrete au bout d'un moment, qui sont avortées en quelque sorte, ne
permettant pas l'avènement du possible, qui , provoquerait une angoisse trop
forte, d'où : réveil.
Tous ces fantasmes font partis de ce que Bill pourrait faire, aimerait
faire, mais lui, ne le saura jamais,et ne les passera jamais à l'acte ses
fantasmes là.
Et c'est mieux pour tout le monde, c'est sur ces "interdits" que se
construit une civilisation, une société.
C'est ça, ce que certain appel : "moralisateur".
Si ce film a une morale, il n'est pas forcément moralisateur.

Voilà rapidement, les quelques raisons qui me font penser que ce film est :
" Un rêve filmé tiré d'une nouvelle rêvée "
de la 1ère à la dernière image.


A+
© D.A.M.I.E.N :)


Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 11, 2000, 3:00:00 AM10/11/00
to

Yannick Rolandeau a écrit :
>
(...)

> Mais comment expliquer qu'il ait laissé passer le faux raccord dans The
> Shining, pourtant énorme ? Tout simplement qu'il s'en fout. A choisir entre
> une scène ou l'acteur est excellent mais où il y a l'ombre de la caméra ou
> une perche dans le champ et une autre moins bonne mais sans problème
> technique, je prends pour ma part sans hésiter la première.

Nous avons quand même eu une discussion récente où vous aviez avancé
(enfin c'est ce dont je me souviens) qu'il fallait le dire quand un
réalisateur était plus mauvais qu'un autre parce qu'il laissait une
scène avec le reflet du matos dans le miroir...
Alors, Kubrick mauvais parce qu'il a relevé le défi d'une scène avec des
miroirs et ne l'a pas réussi? ;-)

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 11, 2000, 3:00:00 AM10/11/00
to
© D.A.M.I.E.N a écrit :
> >Quelqu'un n'est pas d'accord et pense que y'a du réel la dedans ?

Yannick Rolandeau a écrit :
> Oui moi, monsieur ! +

Yannick Rolandeau a écrit :
> Quand il la rencontre au bal, ce n'est pas réel ?

© Non ce serait... (Je parle au conditionnel...moi. Car je comprend le film
differrement aujourd'hui qu'il y a 1 an ou 6 mois, et je le comprendrai
encore très certainement differemment dans 6 mois ou 1 ans , je n'ai donc
pas la prétention d'affirmer mon interprétation comme une vérité réfléchit
et définitive. Je n'affirme rien, je "propose"... je "suggère" )
..."ce serait", disais-je, une seule et même fille dont l'évoquation
apparait de manière differente durant tout le film (Mandy, la prostituée, la
fille dela morgue,la femme qui le sauve a l'orgie, et peut être même sa
propre femme dans le rêve...) et pendant son rêve , c'est sur l'image
( je parlerai même d'archétype, je veux parler de : l'anima )qu'il a
retenue de cette femme qu'il a aidé(en donnant son mouchoir dans
la vie réelle ), qui apparait durant tout le rêve de Bill .(on ne verra rien
de sa vie réelle durant tout le film)


> ? C'est au contraire très réel ce qu'il vit.

> Dire que le film est un rêve n'explique rien à mon avis.

> rêve ou réalité, peu importe.

> L'impuissance ? D'où il est impuissant ?

> Ce n'est pas parce qu'il ne passe pas à l'action qu'il est impuissant.

> Le grain de l'image est plutôt

> J'ai plutôt l'impression que

> Ca n'a rien d'un rêve.

> "La fraternité de tous les hommes ne pourra être fondée que sur le
kitsch." Milan Kundera

© " La résistance du sujet, quand elle s'oppose à la suggestion, n'est que
désir de maintenir son désir." J. Lacan

A+
© D.A.M.I.E.N :)

Aurélien AMMELOOT

unread,
Oct 11, 2000, 3:00:00 AM10/11/00
to
Yannick Rolandeau, (11/10/00 15:50):

> Ce plan dans shining est un faux raccord manifeste. En si peu de temps,
> Jack n'a pas eu le temps de fracasser un second panneau et surtout, il ne
> l'a pas fait puisqu'il s'arrête en entendant la chenille.

Je n'ai pas contredit le fait que c'était un faux raccord (que je n'avais
jamais vu) je précisais que la liste de "gaffes" énumérées n'en contenait
pas :-)

A+


Skrol 29

unread,
Oct 11, 2000, 3:00:00 AM10/11/00
to
> ----- Kubrick à tous simplement mis en image : un rêve ----
> ----- Ni plus, Ni moins ------
> Voilà rapidement, les quelques raisons qui me font penser que ce film est
:
> " Un rêve filmé tiré d'une nouvelle rêvée "
> de la 1ère à la dernière image.

Incroyable ! On est maintenant bien loin du :

> "EYES WIDE SHUT" Le Paradis perdu de kubrick

Et moi qui te disait au début que :

>Pour finir, une personne qui a fait des études de psychanalyse et avec qui
>je suis allé voir le film a eu cette analyse très assez différente sur le
>fond :
>Le héros rêve du début à la fin. D'où le titre du film.

Finalement ça ne fait plus de doute pour la plupart de nous.
Enfin une bonne analyse du film :)
--------------------------------
Vincent
skr...@freesurf.fr
http://www.rezo.net/skrol29/
--------------------------------

© D.A.M.I.E.N

unread,
Oct 11, 2000, 3:00:00 AM10/11/00
to
Skrol 29 a écrit :

> Le héros rêve du début à la fin. D'où le titre du film.

© C'est ce que je pense oui...Cette hypothèse est très claire dans ma tête ,
et comme je l'ai expliqué succintement, tout se tient , jusqu'è preuve du
contraire.

> Finalement ça ne fait plus de doute pour la plupart de nous.

© Oulaaah!.... pas si vite! "MOI" , je doute.
J'ai toujours une préference pour la "lecture" du film comme transposition
du "paradis perdu" et pour moi, cela n'exclut pas, en parrallèle, la vision
psychanalytique de la chose ("rien qu'un rêve"), ni enfin l'opinion de
Yannick que je partageait encore il y a de ça 2 ou 3 mois,ou bien encore
d'autres lectures du film que j'ai lu ou entendu.
Chacune des ces hypothèses est dans un coin de mon ptit cerveau, et je
privilégie l'une ou l'autre selon mon inspiration du moment, ou les éléments
que j'ai en ma possession.
Mais je ne me fait pas trop d'illusion, et je remet très souvent tout ça en
question.
Kubrick s'est approprié la nouvelle, il l'a fait sienne, et à partir de là,
il nous a pondu une oeuvre unique et paradoxalement : "personnelle" ,que
lui-même n'aurait peut être pas sût expliquer comme ça,comme on le fait ici,
sur commande, avec des mots, des idées construites, des devellopements,des
arguments, des preuves et des conclusions.


> Enfin une bonne analyse du film :)

© Oui, elle me convient aussi ;-)
Juste un bémol: ça me dérange d'employé le mot "analyse" pour un film de
Kubrick.
(oui je sais , c'est la [balise] de mon 1er post,mais je n'allai quand même
pas mettre: [LECTURE] à la place de [ANALYSE] ,car c'est moins parlant).
Tous ça pour dire que en matière de "Kubrick", je préfère employer les mots:
"lecture" , "interpretation" , "hypothèse" , "avis" , "opinion" plutot que
le mot "Analyse".Car dans le mot analyse il y a comme une idée de finitude,
d'accomplissement, hors , on n'arrive jamais a comprendre VRAIMENT et
DEFINITVEMENT une oeuvre d'art, on en viens jamais à bout.

Pour moi ce n'est pas un film, c'est une oeuvre, une oeuvre d'art,
et plus exactement : un -CHEF- d'oeuvre.


A+
© D.A.M.I.E.N :)

Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 12, 2000, 3:00:00 AM10/12/00
to

Yannick Rolandeau a écrit :
>
(...)

> ? Ah, bon ? De quoi il était question car je ne crois pas avoir changé dans
> ce que je considère comme le plus important dans un film (scénario, le jeu
> des acteurs, la photographie, la bande son, la mise en scène...). Les
> faux-raccords ou erreurs de ce genre sont quasi inévitables. On peut les
> réduire, pas les éliminer mais j'ai toujours préféré une scène réussie au
> niveau du jeu des acteurs que technique. Le jeu des acteurs, trop dur à
> refaire quand on tient une scène excellente.

Je ne dis pas le contraire. Je n'ai pas dit que vous aviez dit que
c'était très très important.
Mais quand même, vous êtiez assez sévère à propos de réalisateurs qui
gaffaient. On avait parlé d'une scène avec des mirois précisément, c'est
un peu plus grave et un peu plus évitable qu'un faux raccord. Je me
souviens bien que vous aviez dit qu'il fallait considérer un réalisateur
mauvais entre autre parce qu'il n'arrivait pas à faire ce genre de chose
(alors que rien ne l'y oblige).
Mais puisque vos messages ne sont pas archivés... ;-)

Jean-Christophe Tardivon

unread,
Oct 12, 2000, 3:00:00 AM10/12/00
to

Nicolas Rialland a écrit :
>

> Mmh... En lançant une recherche sur les 12.000 derniers articles sur frcd,
> je n'ai pas trouvé où Yannick aurait parlé de faux raccord. Vous devez
> confondre avec Sébastien Morin, qui vous disait :

Oui, c'est ça, en recherchant moi-même le message tout à l'heure, j'ai
retrouvé. C'est bien de propos de S. Morin dont il s'agissait. Mea
maxima culpa... :-(

Lot5

unread,
Oct 12, 2000, 3:00:00 AM10/12/00
to

> Il n'a pas l'idée comme ça...
L'idée comme quoi?????

>
> >résultat est qu'il a faillit se choper le sida, il a faillit se faire
buter,
>Le film ne dit pas : si vous trompez
> votre femme, vous allez attraper le sida.

Ha ça non, il ne le dit pas textuellement, mais de nouveau, tu joues sur les
mots. Il est clair que les choses ne sont pas dites textuellement, ce serait
trop facile, mais elles sont on ne peut plus sous-entendue.


>
> >il a entrainé la mort d'une jeune fille et la disparition d'un
pianiste...

> Il n'a pas entraîné la mort d'une jeune fille, celle-ci meurt d'une
> overdose.
Allez, stp, pas de ça, hein? Même si le coup de l'overdose est bien sûr
envisageable, tu crois pas que c'est un peu niais, non? De plus une
explication de ce type fait encore redescendre l'intrigue du film.
>Et le pianiste n'a pas vraiment disparu. Il est retourné chez
> lui. Donc, déjà, c'est autre chose.

Idem que en haut. De toute manière, deux personnes disparaissent
mystérieusement, alors...

> Bref, en quoi, c'est moralisateur ? Moral sans doute mais moralisateur...
> mais ce n'est pas la même chose. Je sais bien que beaucoup de gens
> attendaient que TC trompe sa femme (et de plus NK, sa vraie femme...) mais

> justement non. Ils ont été privé de ce qu'ils attendaient avec impatience,


> outre de voir du cul. Et oui, il y a des films qui ne vont pas forcément
> dans le sens du poil des spectateurs si je peux dire.

Jolie métaphore mais ce n'est pas là que j'attaque le film, rien à foutre du
fait qu'il trompe sa femme ou pas, mais les sous-entendus moralisateurs
m'énvervent. De plus, après la vision de ce film, j'ai eu l'impression que
ce film avait tout foutu par terre avec sa fin. Il arrive à monter un
suspens assez bon jusqu'au milieu du film et la fin, fout tout en l'air à
tel point qu'on se dit que ce film n'est pas fini, qu'il manque quelque
chose. Je ne parlerais pas de la morale de Kidman tellement elle est
déplorable.

Lot5

Lot5

unread,
Oct 15, 2000, 3:00:00 AM10/15/00
to
> Tu confonds morale et moralisateur. Par contre, le film est moral.

Oui peut-être... ;o(

>Eh oui,
> si tu es avec quelqu'un, tu ne peux pas faire n'importe quoi et tu dois
> être responsable de tes actes et de ton engagement. Au moins de douter de
> ce que tu vas faire plutôt que de te laisser aller à tes pulsions. Le film
> aurait été non moralisateur si Bill avait trompé sa femme ?

Pas forcément, tout dépend comment l'histoire repart après cela, mais de
toute façon, la question n'est pas là pour moi. Personnellement, j'en avais
rien à fouttre de ces petites préoccupations de petit bourgeois mal dans sa
peau. L'intrigue et le suspens m'intéressait beaucoup plus (voir plus bas).

> ? Ou alors tu voulais simplement voir une tromperie ou tu attendais à ce
> que le film aille dans ton sens.

Non non, comme je l'ai dit plus haut, je m'enfoutais completement à la vison
du film. Par contre, à partir de la scène de l'orgie et jusqu'avant la fin,
j'étais complétement pris par le film et je trouve que cette partie là a un
suspens quasi intenable. J'avais l'impression de me retrouver devant
"Vertigo" ("Sueurs froides") d' A. Hitchcock, mais malheureusement, la
fin -qui d'ailleurs fait aussi un parallèle avec ce film (tout n'est
qu'illusion)- est décevante parceque alors que dans Vertigo, on est surpris
de la solution apportée par le réalisateur tellement elle nous semble
invraisemblable et tellement on s'est fait floué par l'intrigue, mais dans
EWS on est pas surpris. C'était une solution possible qu'on aurait pu
concevoir avant de la voir à l'écran. La seule surprise que cette fin
procure, c'est de se rendre compte comment Kubrick s'est auto-lynché, alors
que cela semblait inconcevable.

Lot5

Lot5

unread,
Oct 22, 2000, 3:00:00 AM10/22/00
to
Comme ça fait un certain temps que je n'ai pas répondu, je ne sais pas si ce
message aura une suite, mais tant pis, j'essaye.

> En quoi ces petites préoccupations sont-elles uniquement d'un petit
> bourgeois ?

La question n'est pas là. Le propos de base (tromper/pas tromper sa femme)
est inintéressant.


>
> >Non non, comme je l'ai dit plus haut, je m'enfoutais completement à la
vison
> >du film. Par contre, à partir de la scène de l'orgie et jusqu'avant la
fin,
> >j'étais complétement pris par le film et je trouve que cette partie là a
un
> >suspens quasi intenable. J'avais l'impression de me retrouver devant
> >"Vertigo" ("Sueurs froides") d' A. Hitchcock, mais malheureusement, la
> >fin -qui d'ailleurs fait aussi un parallèle avec ce film (tout n'est
> >qu'illusion)- est décevante parceque alors que dans Vertigo, on est
surpris
> >de la solution apportée par le réalisateur tellement elle nous semble
> >invraisemblable et tellement on s'est fait floué par l'intrigue, mais
dans
> >EWS on est pas surpris.
>

> C'est plus ou moins ce que je disais. Tu veux ou attends du suspense
> jusqu'au bout avec une fin extra-super-génial. Etait-ce l'intention de
> Kubrick que de poser cette équation ?

Ben oui, puisqu'il prend l'option d'une fin qui dit "tout n'était que
supercherie", comme dans Vertigo. D'ailleurs plus j'y pense, plus je me dis
que K s'est vraiment basé sur ce film pour réaliser EWS. Mais de nouveau,
ici ça ne vaut pas et ça ne passe pas. D'ailleurs, c'est bien simple, si le
réalisateur n'avait pas été Kubrick (en gardant comme hypothèse que le film
serait exactement le même), on n'en parlerait plus dans ce forum!.


>
> >C'était une solution possible qu'on aurait pu
> >concevoir avant de la voir à l'écran. La seule surprise que cette fin
> >procure, c'est de se rendre compte comment Kubrick s'est auto-lynché,
alors
> >que cela semblait inconcevable.
>

> En quoi la fin est lamentable ou le personnage de la femme est lamentable
> comme tu le disais ?

Si je me souviens bien, la morale de Kidman était "il faudrait qu'on baise",
ou qqchose du genre. Moi je dis pourquoi pas, mais pour balancer des
répliques pareilles, qu'elle se taise, ça vaudra mieux. Mais ce n'est qu'un
détail, la fin en général est décevante et ça je l'ai expliqué dans le post
précédent.

Lot5


- lain -

unread,
Oct 29, 2000, 4:14:39 PM10/29/00
to

> > ? Ou alors tu voulais simplement voir une tromperie ou tu attendais à ce
> > que le film aille dans ton sens.
>
> Non non, comme je l'ai dit plus haut, je m'enfoutais completement à la vison
> du film. Par contre, à partir de la scène de l'orgie et jusqu'avant la fin,
> j'étais complétement pris par le film et je trouve que cette partie là a un
> suspens quasi intenable. J'avais l'impression de me retrouver devant
> "Vertigo" ("Sueurs froides") d' A. Hitchcock, mais malheureusement, la
> fin -qui d'ailleurs fait aussi un parallèle avec ce film (tout n'est
> qu'illusion)- est décevante parceque alors que dans Vertigo, on est surpris
> de la solution apportée par le réalisateur tellement elle nous semble
> invraisemblable et tellement on s'est fait floué par l'intrigue, mais dans
> EWS on est pas surpris. C'était une solution possible qu'on aurait pu

> concevoir avant de la voir à l'écran. La seule surprise que cette fin
> procure, c'est de se rendre compte comment Kubrick s'est auto-lynché, alors
> que cela semblait inconcevable.
>
> Lot5

il n'a rien lynché du tout, et l'illusion n'en est pas une, c'est un chemin parcouru,.

lain

© D.A.M.I.E.N

unread,
Nov 1, 2000, 2:34:57 PM11/1/00
to
"Sebastien Morin" a écrit plein de choses interressantes
et a finit par:
> Ouala ouala.
> Alors, je suis en tête du concours ?

Salut Seb,


© Bon... mouai....mmmm...
je vois où tu veux en venir.... :-/

© Mon post date du 10 octobre (presque 1 mois)
Depuis, j'ai cogité et ai regardé la vérité en face:

"OUI ! ce sont des faux raccords, d'innombrables plans
qui se sont tournés en plusieurs semaines, et comme
le disait Yannick R., Kubrick à préféré garder les scènes
qui lui semblaient les plus justes, sans se soucier de ce
qu'il a du considéréer comme de simple détails".


© Pour en revenir, à ma démonstration, je l'avais faite le soir
où j'ai appris (dans ce même [thread]) qu'il y avait ce genre
de phénomènes "occultes" dans cette scène ;-)
J'ai regardé la scène, et écrit ma démonstartion pour la
poster illico sur le le NG.

© Depuis, j'ai "retravaillé" la chose, et ton post me donne l'occasion
de porter à la connaissance de ceux qui suivent toujours ce
[thread] les quelques retifications que j'avais faite quelques jours
plus tard , et voici le résultat.
Bien sur, comme le sens n'y est plus,cette énumeration en
devient stérile,insignifiante, voir même ridicule ... :'-(

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


DEMONSTRATION :
2ème édition remasterisé ;-)


- Les répliques sont mes repères temporels.

------------------------------------------------------------------


LA SCENE DU BILLARD :

-------------------------------------------------------------------


( A ) Ziegler: "Si je vous ai demandé de passer, c'est qu'il y a quelque
chose dont il faut que je vous parle"

1--->Boule blanche à droite de la main de Bill.

PLAN SUIVANT -------->

( A' ) Bill: "J'vous écoute..."

2---> La boule blanche est passée à gauche de la main de Bill.


----------------------------------------------------------------------------
----


( B ) Ziegler: "Tu as une idée du monde que tu as côtoyé? "

1---> Table de chevet présente.
(entre la télévision et le fauteuil rose)

2 OU 3 PLANS PLUS TARD ---------->


( B' ) Ziegler: "Mais parce qu'il n'y avait pas de 2ème mot de passe "

1---> Table de chevet disparu


----------------------------------------------------------------------------
----

( C ) Ziegler: "Parce que je t'ai fait suivre"

1--->Boule blanche présente.
2--->Boule rouge à droite du trou du billard.

3--->Table de chevet à droite du fauteuil rose.(près de l'accoudoir
droit)


4--->Verre de Whisky près de la main gauche de Ziegler.

PLAN SUIVANT -------->

( C' ) Ziegler: "Ok, ok, je suis désolé, c'est vrai, je te fais toutes
mes excuses "

1---> Boule blanche disparu


transformée en boule blanche entourée de orange (ou rouge?)
2---> Boule rouge au milieu du trou du billard.

3---> Table de chevet disparu !
4---> Verre de Whisky au milieu (au niveau de braguette de Ziegler )

PLAN SUIVANT -------->

( C' ' ) Ziegler : "A l'heure qu'il est, il est probablement dans sa


famille en train de "bourrer" Mme Nick! "

1---> Boule blanche revenue.
2---> Boule rouge à gauche du trou du billard.
3---> Table de chevet réapparut

PLAN SUIVANT -------->

(C' ' ' ) Ziegler: "D'accord, il avait le visage tuméfié"

1+2+3 = retour au ( C ' )
sauf 4---> car le Verre de Whisky est placé vers la main droite de Ziegler.


----------------------------------------------------------------------------
----

( D ) Ziegler: " Alors là, alors là, bas les masques! "

1--->Boule rouge en retrait (loin de la blanche)

2--->Rien vers les mains de Ziegler (posées sur le billard)

PLAN SUIVANT -------->

( D' ) Ziegler: "Tout le cinoche qu'on t'as fait "

1--->Boule rouge en avant (près de la blanche)

2--->Un "truc" est apparut vers la main gauche de Ziegler
(je pense que c'est le carré de craie qui sert à entretenir l'embout
des queues de billard)

----------------------------------------------------------------------------
----

( E ) Bill se touchant le crâne : " il y avait une femme là bas...qui...à
voulu me prévenir... "

1---> Boule rouge à droite de la boule blanche (ça se passe au 1er plan)

PLAN SUIVANT -------->

( E' ) Ziegler : "Je sais..."

1---> Boule rouge est passée à gauche de la boule blanche.
(Puis Ziegler se lève et jout avec cette boule rouge)


¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


A+
© D.A.M.I.E.N

*************************************************
"CONTRE" la peine de mort?...Agissons !
http://www.ecart-type.com./fr/petition.htm
*************************************************


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Ricardo Proseti

unread,
Oct 7, 2014, 5:38:02 PM10/7/14
to
Pour ma part j'ai remarqué un faux raccord qui me laisse songeur.

Dans le couloir de l'appartement de Marion, Bill passe devant 2 buffets qui entourent la porte de la 'chambre mortuaire'. Sur chacun d'eux des scultures.
Sur le premier buffet une sculture claire, sur l'autre une petite claire mais surtout une sombre.

Exactement le même plan est proposé mais cette fois avec Cari.
La sculture claire à disparue.

Lorsqu'on remonte les 2 plans séquences on se rends compte qu'il y a une autre différence. L'arrivée de chaque personnage est filmée en miroir (Bill arrive à gauche et Cari à droite). Pourtant si on ne fait pas attention (1er visionnage par exemple) on a réellement l'impression qu'ils sont identique.
Kubrik a même apparement déplacé les 2 sièges rouges et les deux tables avec des pots de fleurs pour qu'ils se retrouvent au même endroit sur le plan alors que ces 2 plans sont justement filmés en 'miroir'.

Pourtant la statue ensuite n'est plus là !

On connais les penchants pour le subliminal de Kubrik, il a même rencontré des spécialistes du domaine.

Tous ceci me fait dire que ce faut raccord est volontaire,
libre à vaux interpretations ... inconscientes !

https://lh5.googleusercontent.com/Hxcw-QXK7Nzf6BQmYSkUNXHHtFaqIQ0JxDJDHIe5zUk_fuU7wqwdwq5kCQ-LXurDOSKK3jADNvo=w1575-h835

RVG

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Oct 8, 2014, 6:32:02 PM10/8/14
to
Le 07/10/2014 23:38, Ricardo Proseti a �crit :
> Pour ma part j'ai remarqu� un faux raccord qui me laisse songeur.
>
> Dans le couloir de l'appartement de Marion, Bill passe devant 2 buffets qui entourent la porte de la 'chambre mortuaire'. Sur chacun d'eux des scultures.
> Sur le premier buffet une sculture claire, sur l'autre une petite claire mais surtout une sombre.
>
> Exactement le m�me plan est propos� mais cette fois avec Cari.
> La sculture claire � disparue.
>
> Lorsqu'on remonte les 2 plans s�quences on se rends compte qu'il y a une autre diff�rence. L'arriv�e de chaque personnage est film�e en miroir (Bill arrive � gauche et Cari � droite). Pourtant si on ne fait pas attention (1er visionnage par exemple) on a r�ellement l'impression qu'ils sont identique.
> Kubrik a m�me apparement d�plac� les 2 si�ges rouges et les deux tables avec des pots de fleurs pour qu'ils se retrouvent au m�me endroit sur le plan alors que ces 2 plans sont justement film�s en 'miroir'.
>
> Pourtant la statue ensuite n'est plus l� !
>
> On connais les penchants pour le subliminal de Kubrik, il a m�me rencontr� des sp�cialistes du domaine.
>
> Tous ceci me fait dire que ce faut raccord est volontaire,
> libre � vaux interpretations ... inconscientes !
>
> https://lh5.googleusercontent.com/Hxcw-QXK7Nzf6BQmYSkUNXHHtFaqIQ0JxDJDHIe5zUk_fuU7wqwdwq5kCQ-LXurDOSKK3jADNvo=w1575-h835
>

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� Les autres continents ont des singes ; l'Europe a des Fran�ais. Ceci
compense cela.� - Arthur Schopenhauer

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http://bluedusk.blogspot.fr/
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rogergonnet

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Oct 11, 2014, 2:01:51 PM10/11/14
to

"Ricardo Proseti" <valer...@gmail.com> a �crit dans le message de news:
29a7dd7d-fb77-4298...@googlegroups.com...
Pour ma part j'ai remarqu� un faux raccord qui me laisse songeur.

Dans le couloir de l'appartement de Marion, Bill passe devant 2 buffets qui
entoure la porte de la 'chambre mortuaire'. Sur chacun d'eux des scultures.
Sur le premmier buffet une sculture claire, sur l'autre une petite claire
mais surtout une sombre.

Exactement le m�me plan est propos�e mais cette fois avec Cari mais la
sculture claire � disparu.

Lorsqu'on remonte les 2 plans s�quences on se rend compte qu'il ya une autre
diff�rence. L'arrive de chaque personnage est film� en miroir (Bill arrive �
gauche et Cari � droite). Pourtant si on ne fait pas attention (1er
visionnage par exemple) on � r��lement l'impression qu'il sont identique.
Kubrik a m�me apparement d�plac� les 2 si�ges rouges et les deux tables �
fleures pour qu'il se retrouvent au m�me endroit sur le plan alors que ces 2
plans sont justement film�s en 'miroir'.

Pourtant la statue ensuite n'est plus l� !

On connais les penchant pour le subliminale de Kubrik, il � m�me rencontr�
des sp�cialiste du domaine.

Tous ceci me fait dire que ce faut raccord est volontaire,
libre � vaut interpretations ... inconscientes !

<<<Personnnellement, j'ai trouv� de film chiant. Pas du vrai K�brick comme
ceux que j'avais aim�s pr�c�demment.

<<<Vieillissement?,

<<<Cruise racolant sa fille et lui vers la secte criminelle scientologie
l'yant perturb�?

<<<Un truc o� K�brick, un peu comme pour l'auteur de l'Empire des sens,
n'aurait soit pas os� donner dans le cul, soit par r�ussi � pousser ses
acteurs l� o� il aurait voulu. Vieillissant de toute fa�on, pas assum� de
mon point de vue, ce qui n'emp�che pas l'admiration que j' ai port�e �
d'autres de ses productions - je pr�cise ne pas �tre un expert!



RVG

unread,
Oct 12, 2014, 12:42:50 PM10/12/14
to
Le 11/10/2014 20:01, rogergonnet a écrit :
> "Ricardo Proseti" <valer...@gmail.com> a écrit dans le message de
> news: 29a7dd7d-fb77-4298...@googlegroups.com... Pour
> ma part j'ai remarqué un faux raccord qui me laisse songeur.
>
> Dans le couloir de l'appartement de Marion, Bill passe devant 2
> buffets qui entoure la porte de la 'chambre mortuaire'. Sur chacun
> d'eux des scultures. Sur le premmier buffet une sculture claire, sur
> l'autre une petite claire mais surtout une sombre.
>
> Exactement le même plan est proposée mais cette fois avec Cari mais
> la sculture claire à disparu.
>
> Lorsqu'on remonte les 2 plans séquences on se rend compte qu'il ya
> une autre différence. L'arrive de chaque personnage est filmé en
> miroir (Bill arrive à gauche et Cari à droite). Pourtant si on ne
> fait pas attention (1er visionnage par exemple) on à réélement
> l'impression qu'il sont identique. Kubrik a même apparement déplacé
> les 2 sièges rouges et les deux tables à fleures pour qu'il se
> retrouvent au même endroit sur le plan alors que ces 2 plans sont
> justement filmés en 'miroir'.
>
> Pourtant la statue ensuite n'est plus là !
>
> On connais les penchant pour le subliminale de Kubrik, il à même
> rencontré des spécialiste du domaine.
>
> Tous ceci me fait dire que ce faut raccord est volontaire, libre à
> vaut interpretations ... inconscientes !
>
> <<<Personnnellement, j'ai trouvé de film chiant. Pas du vrai Kübrick
> comme ceux que j'avais aimés précédemment.
>
> <<<Vieillissement?,
>
> <<<Cruise racolant sa fille et lui vers la secte criminelle
> scientologie l'yant perturbé?
>
> <<<Un truc où Kübrick, un peu comme pour l'auteur de l'Empire des
> sens, n'aurait soit pas osé donner dans le cul, soit par réussi à
> pousser ses acteurs là où il aurait voulu. Vieillissant de toute
> façon, pas assumé de mon point de vue, ce qui n'empèche pas
> l'admiration que j' ai portée à d'autres de ses productions - je
> précise ne pas être un expert!
>


C'est le seul film de Kubrick qui n'aurait pas pu être en noir & blanc.
Kubrick atteint la couleur pour filmer les "terribles passions
humaines", comme van Gogh, et comme lui il en est mort.

J'en suis à cinq visionnages d'Eyes Wide Shut - loin derrière les 25 de
2001 - et j'y vois d'abord une peinture marxiste du monde actuel, dix
ans à l'avance, où la prostitution est le statut de l'exploité, y
compris la pseudo classe moyenne incarnée par les Harford qui est
complètement le jouet des possédants.
Accessoirement la scène d'orgie a été tournée dans le château des
Rothschild près de Londres - le même dont Nolan fera la demeure de Bruce
Wayne dans sa trilogie de Batman.
L'axe du sexe et de l'argent est à la fois celui de l'aliénation sociale
(le loueur de costumes qui prostitue sa fille malgré un métier honnête)
et de la schizophrénie comme instrument de pouvoir (l'emprise de Ziegler
sur Bill Harford qui nourrit sa psychose dans le dialogue final dans la
salle de billard).

--
« Les autres continents ont des singes ; l'Europe a des Français. Ceci
compense cela.» - Arthur Schopenhauer

RVG

unread,
Oct 12, 2014, 12:48:32 PM10/12/14
to
Le 12/10/2014 18:42, RVG a ᅵcrit :
> Le 11/10/2014 20:01, rogergonnet a ᅵcrit :
>> "Ricardo Proseti" <valer...@gmail.com> a ᅵcrit dans le message de
>> news: 29a7dd7d-fb77-4298...@googlegroups.com...
>> Pour ma part j'ai remarquᅵ un faux raccord qui me laisse songeur.
>>
>> Dans le couloir de l'appartement de Marion, Bill passe devant 2
>> buffets qui entoure la porte de la 'chambre mortuaire'. Sur chacun
>> d'eux des scultures. Sur le premmier buffet une sculture claire,
>> sur l'autre une petite claire mais surtout une sombre.
>>
>> Exactement le mᅵme plan est proposᅵe mais cette fois avec Cari mais
>> la sculture claire ᅵ disparu.
>>
>> Lorsqu'on remonte les 2 plans sᅵquences on se rend compte qu'il ya
>> une autre diffᅵrence. L'arrive de chaque personnage est filmᅵ en
>> miroir (Bill arrive ᅵ gauche et Cari ᅵ droite). Pourtant si on ne
>> fait pas attention (1er visionnage par exemple) on ᅵ rᅵᅵlement
>> l'impression qu'il sont identique. Kubrik a mᅵme apparement dᅵplacᅵ
>> les 2 siᅵges rouges et les deux tables ᅵ fleures pour qu'il se
>> retrouvent au mᅵme endroit sur le plan alors que ces 2 plans sont
>> justement filmᅵs en 'miroir'.
>>
>> Pourtant la statue ensuite n'est plus lᅵ !
>>
>> On connais les penchant pour le subliminale de Kubrik, il ᅵ mᅵme
>> rencontrᅵ des spᅵcialiste du domaine.
>>
>> Tous ceci me fait dire que ce faut raccord est volontaire, libre ᅵ
>> vaut interpretations ... inconscientes !
>>
>> <<<Personnnellement, j'ai trouvᅵ de film chiant. Pas du vrai
>> Kᅵbrick comme ceux que j'avais aimᅵs prᅵcᅵdemment.
>>
>> <<<Vieillissement?,
>>
>> <<<Cruise racolant sa fille et lui vers la secte criminelle
>> scientologie l'yant perturbᅵ?
>>
>> <<<Un truc oᅵ Kᅵbrick, un peu comme pour l'auteur de l'Empire des
>> sens, n'aurait soit pas osᅵ donner dans le cul, soit par rᅵussi ᅵ
>> pousser ses acteurs lᅵ oᅵ il aurait voulu. Vieillissant de toute
>> faᅵon, pas assumᅵ de mon point de vue, ce qui n'empᅵche pas
>> l'admiration que j' ai portᅵe ᅵ d'autres de ses productions - je
>> prᅵcise ne pas ᅵtre un expert!
>>
>
>
> C'est le seul film de Kubrick qui n'aurait pas pu ᅵtre en noir &
> blanc. Kubrick atteint la couleur pour filmer les "terribles
> passions humaines", comme van Gogh, et comme lui il en est mort.
>
> J'en suis ᅵ cinq visionnages d'Eyes Wide Shut - loin derriᅵre les 25
> de 2001 - et j'y vois d'abord une peinture marxiste du monde actuel,
> dix ans ᅵ l'avance, oᅵ la prostitution est le statut de l'exploitᅵ,
> y compris la pseudo classe moyenne incarnᅵe par les Harford qui est
> complᅵtement le jouet des possᅵdants. Accessoirement la scᅵne d'orgie
> a ᅵtᅵ tournᅵe dans le chᅵteau des Rothschild prᅵs de Londres - le
> mᅵme dont Nolan fera la demeure de Bruce Wayne dans sa trilogie de
> Batman. L'axe du sexe et de l'argent est ᅵ la fois celui de
> l'aliᅵnation sociale (le loueur de costumes qui prostitue sa fille
> malgrᅵ un mᅵtier honnᅵte) et de la schizophrᅵnie comme instrument de
> pouvoir (l'emprise de Ziegler sur Bill Harford qui nourrit sa
> psychose dans le dialogue final dans la salle de billard).
>

Accessoirement Kubrick a choisi le nom Harford comme une abrᅵviation de
Harrison Ford. Il l'a expliquᅵ ᅵ Michel Ciment et ᅵ Spielberg. Pour deux
raisons: H. Ford reprᅵsentait pour Kubrick l'Amᅵricain moyen par
excellence, et il est mi-juif mi-irlandais, ᅵ cheval sur deux cultures
et complᅵtement dans aucune comme le Dr Harford est ᅵ cheval sur deux
classes sociales sans appartenir ᅵ aucune.
Simple mᅵdecin gᅵnᅵraliste, il se trouve habiter un appartement dont le
loyer dᅵpasse de trᅵs loin ses honoraires, ce qui veut dire qu'il est
hᅵbergᅵ par Ziegler - et que donc il en est totalement dᅵpendant.

--
ᅵ Les autres continents ont des singes ; l'Europe a des Franᅵais. Ceci
compense cela.ᅵ - Arthur Schopenhauer
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