Sur la vingtaine de forums que je fréquente, aucun n'a un mot sur la
disparition de Bébel. Comme mon histoire est liée à l'aviation, c'est
dans ce forum que j'évoques ce témoignage.
Oui, je connaissais Bébel et nous avions eu presque deux heures de
conversation en tête-à-tête. Alors, allons-y !
Je m'étais engagé au Rallye Aéronautique International de Tanger, en
1963. Le programme était fort alléchant, puisqu'il suffisait d'arriver
à Tanger en avion de tourisme; à une date et une heure fixées par les
Organisateurs, pour se trouver, le Commandant de bord et ses
passagers, les invités pour une semaine du Ministre du Tourisme
Marocain et logés dans les meilleurs hôtels !
Sitôt lu, sitôt inscrit et nous voilà partis, mon épouse et moi, pour
Biarritz, dont l'entrecôte à la moelle du resto du terrain, nous
attirait irrésistiblement. Puis l'après-midi, le saut de puce
Biarritz-San Sébastian, pour faire la douane espagnole et avoir liberté
de manœuvre en Espagne. Puis nous repartons San Sébastian-Madrid avec
le difficile atterrissage sur l'aéroport international et soirée à la
Torre de Madrid.
Le surlendemain Madrid-Tanger, avec escale à Séville où, pris entre des
orages gigantesque, nous déboulons enfin vers le ciel bleu. Devant
nous, la fin de l'Espagne et… le détroit de Gibraltar, avec la ville et
son rocher Spectacle inoubliable avec les sillages blancs de tous les
bateaux sur cette mer si bleue ! En face : la barre ocrée : l'Afrique,
cette destination si mythique pour les pilotes de tourisme.
On se tape les épreuves techniques : précision d'heure d'arrivée et
précision d'atterrissage à Tanger. On est pas mal placés, 3ème ou 4ème
sur 125 participants. Puis thé à la menthe, sous la tente, au pied de
la tour !
Le lendemain, départ pour Marrakech avec escale à Fès. Vols sans
histoire. Puis départ pour les hôtels… Tenez-vous bien, nous sommes
affectés à la Mamounia, dans la suite occupée autrefois par le général
Eisenhover…
A Marrakech, si l'on veut s'imprégner de la ville : il faut marcher !
Et nous avons beaucoup marché ! Rentrant à la Mamounia, les yeux
remplis d'images, mon épouse fonce se rafraichir dans notre suite,
cependant que moi, je recherche et trouve un bar bien frais et en
sous-sol.
Je n'y étais pas seul et deux gars étaient déjà juchés sur les
tabourets. Il n'y avait que nous… On se regarde, on se salue et je
découvre avec beaucoup de surprise qu'il s'agissait de Lino Ventura et
de J-P Belmondo ( qui tournaient 100 000 $ au Soleil). On échange des
banalités, si je connaissais déjà Marrakch etc Mais quand ils ont su
que nous étions du Rallye, les rapports ont changé : nous étions
devenus des vedettes.
"Quoi, vous avez traversé la baille avec vos trapanelles ! Vous êtes
gonflés, les mecs !". Quand ils ont su que nous n'avions que 180 CV,
ils étaient vraiment surpris. A quelle vitesse vous volez ? Comment
faites-vous pour naviguer ? Ce que j'ai retenu, c'est leur extrême
simplicité. Juste des gars qui appréciaient fort les lieux et
l'ambiance , des boissons bien fraîches et une conversation nouvelle
pour eux et pour nous !
C'est tout !
Enfin presque… Dans la Mamounia, il y avait un bazar pour touristes…
Passant devant, je me suis fait harponner et retrouvé costumé en
authentique marocain, du fez aux babouches…
Bon, autant en profiter pour faire une blague à mon épouse ! Toc-toc
"Oui, entrez…" Je réitère et la porte s'ouvre… Surprise de la dame, qui
baratine en un mauvais anglais "Demandez à mon mari. Il n'est pas là,
mais vous le trouverez sûrement dans le hall" !
Incapable de conserver mon sérieux plus longtemps, j'ai éclaté de rire,
avec reconnaissance immédiate et coups de gilet sur la tête…
Et le lendemain, Madrid-Barcelone. Le surlendemain,
Barcelone-Perpignan, puis Perpignan-Royan où nous avons retrouvé notre
famille en vacances.
Ah oui, l'avion : Ryan "Navion", métallique; 188 CV, train rentrant,
hélice Hamilton à pas variable. VHF, VOR, gonio. Equipé vol de nuit.
Une bonne barquasse.
http://archaero.com/TAMPON/Mamounia.jpg
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Jacques DASSIÉ
Toujours sçavoir plus
http://archaero.com/