Nicolas Delsaux
unread,Nov 10, 2023, 12:45:25 PM11/10/23You do not have permission to delete messages in this group
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Un étranger en Olondre
Sofia Samatar, Patrick Dechesne (Traduction)
Literary awards Nebula Award Nominee for Best Novel (2013), Locus Award
Nominee for Best First Novel (2014), World Fantasy Award for Novel
(2014), IAFA William L. Crawford Fantasy Award (2014), British Fantasy
Award for Best Fantasy Novel (the Robert Holdstock Award) (2014)
Format 512 pages, Mass Market Paperback
Published September 6, 2023 by J'ai Lu
ISBN 9782290379646 (ISBN10: 2290379646)
Language French
Un étranger en Olondre, c'est un roman bizarre, qui commence par la vie
simple de Jevick dans sa ferme de poivre, loin du pays d'Olondre. Et
lorsqu'on lui amène un précepteur venant de ce pays, et amenant avec lui
sa littérature, sa culture, le jeune Jevick se découvre un amour pour ce
pays. Cet amour l'amènera à partir pour le pays de ses rêves à la
première occasion. Une première occasion qui commencera comme une lune
de miel avant de devenir une histoire plus sombre, que je ne détaillerai
pas plus.
J'ai beaucoup aimé ce livre pour tout un tas de raisons.
La première, et la plus typique, est que ce livre écrit sur l'amour des
livres et des histoires. On y parle de poésie, de romans, d'essais.
Jevick, comme d'autres personnages, nous relatent des histoires qui les
ont construit, qui illustrent leurs constructions, qui mettent en scène
des moments clés du récit. Evidement, pour un grand lecteur, il y a un
biais : un livre qui me parle d'un élément important culturellement pour
moi ne peut pas ne pas me plaire.
La deuxième raison qui me fait aimer ce livre, c'est le dépaysement. Des
champs de poivre à la ville de Bain, de la vallée d'Olondre au plateau
désertique, chaque lieu, presque chaque bâtiment, évoque le voyage,
décale le lecteur (en tout cas, moi) d'une manière qui aide le récit à
s'imprégner. Et les bâtiments ne sont qu'une chose. La culture d'Olondre
est elle aussi particulièrement mise en avant. Et cette culture sonne
vrai. Sans doute parce que, contrairement à bien des personnages de
récits, Jevick ne visite pas les châteaux et les champs de bataille,
mais plutôt les hôtels, les bars, les places, les villages, les chemins
de ce pays. Et le fait de visiter ce pays "à hauteur de touriste" donne
du corps à ce pays qui n'en manque déjà pas.
La troisième raison, et c'est mon coeur de midinette qui parle, c'est
qu'une histoire d'amour originale, c'est toujours très agréable à lire.
Et en fait, ce qui est magique, c'est que ça n'est pas une vraie
histoire d'amour. Parce que le récit est raconté par Jevick. Et de son
point de vue, le fait de découvrir l'histoire de l'autre est
semble-t-il, un moteur suffisant pour faire éclore un sentiment
amoureux. Mais l'histoire d'amour, la réciprocité des sentiments, n'est
pas visible dans le récit. Et je trouve cette dissymétrie
particulièrement intéressante.
La quatrième raison, c'est que l'écriture de cette histoire est, à mon
avis, un authentique prodige. Bien des phrases dans ce livre m'ont
profondément touché. Et pas seulement des phrases fortes en sentiment,
avec lesquelles il est facile de soulever le coeur du lecteur, mais
parfois, certaines descriptions de paysage, certaines évocations d'un
autre temps, d'un autre lieu, qui, par la grâce d'une construction
habile, ont su mettre en mot plus qu'une image, une sensation perçue par
le personnage principal. Et si il est simple de dire "Jevick est
heureux", il est sans doute moins évident de nous faire comprendre que
Jevick est heureux simplement en nous expliquant comment la lumière du
soleil fait vibrer le paysage devant lui.
Est-ce qu'il y a des défauts dans cette oeuvre ? Je ne sais pas trop.
Peut-être une forme de déséquilibre. Peut-être que l'enchaînement des
péripéties est un peu artificiel. Mais pour moi, il s'agit de défauts
mineurs.
J'ai lu quelques livres intéressants cette année. Mais franchement, je
crois qu'il s'agit de ma meilleure lecture de cette année. Je la
recommande à tous les lecteurs souhaitant un dépaysement dans un pays où
la violence existe peut-être, mais loin de notre personnage principal.
Je la recommande surtout à ceux qui veulent faire un beau et long voyage.
--
Nicolas Delsaux
"Putain, mais quelle fichue imagination je peux avoir " - John Brunner -
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