http://carfree.fr/index.php/2021/09/09/linsecurite-routiere/?fbclid=IwAR01u6SvN7W2oraTej4bOoduvNQfs0t9ghU3qKewi9u9tcBlJipE7pcNeJk
L’insécurité routière
Le journal Libération a exploré un an de tweets et retweets du compte
officiel de la Délégation à la sécurité routière, ainsi que les messages
et vidéos ainsi relayés. Le résultat est édifiant, dans la plupart des
cas il est demandé aux piétons et cyclistes d’assurer eux-mêmes leur
protection alors que les automobilistes, pourtant responsables de la
grande majorité des accidents impliquant des usagers dits «vulnérables»
(piétons, cyclistes, trottinettes), sont peu mis face à leurs
responsabilités.
Libération a réalisé dans le cadre de sa rubrique « datamalin » une
analyse de données qui fait « parler » un fait bien connu des piétons et
des cyclistes: les discours officiels font porter sur leurs épaules la
responsabilité de leur propre sécurité alors que ce sont pourtant les
motorisés qui sont la plupart du temps responsables des accidents
impliquant les piétons et les cyclistes…
La sécurité routière pratique le victim blaming à l’encontre des usagers
vulnérables
Sur 96 publications sur Twitter de la Délégation à la sécurité routière
concernant la sécurité des usagers vulnérables, 57 demandent à ces
derniers de prendre des mesures pour assurer leur propre sécurité, 32
sont plutôt neutres, et seulement 7 s’adressent aux conducteurs de
véhicules motorisés pour leur demander d’adapter leur comportement.
En psychologie sociale, le victim blaming est l’attitude qui consiste à
blâmer les victimes d’un incident ou d’un accident, et donc à les rendre
responsables de ce qui leur arrive. Le déni de la victime (le report de
la faute sur la victime) est l’une des méthodes classiques de la
neutralisation de la culpabilité identifiée par la psychologie
comportementale et la sociopsychologie de la délinquance.
En simplifiant, on rend responsables les victimes vulnérables
d’accidents pour éviter d’avoir à poser la question de la responsabilité
réelle des accidents, à savoir les automobilistes, ce qui permet
d’éviter de reconnaître leur culpabilité et les risques qu’ils font
encourir aux autres usagers. L’exemple classique est le casque vélo: ce
sont les automobilistes qui en roulant trop vite ou en ne respectant pas
la distance de sécurité mettent en danger les cyclistes et c’est
pourtant aux cyclistes qu’on demande de faire attention et de mettre un
casque vélo qui ne les protège pas vraiment face à un monstre d’acier de
plus d’une tonne souvent à plus de 50 km/heure…
De ce fait, la question qui se pose est: à quoi sert la Délégation à la
sécurité routière si ce n’est maintenir le régime de terreur motorisé
piloté par les automobilistes et les motards? La Délégation à la
sécurité routière n’est donc qu’une émanation de plus de la violence
motorisée.
En une année de tweets et retweets, cette délégation à la sécurité
routière ne rappelle quasiment jamais aux automobilistes l’obligation de
s’arrêter pour laisser passer les piétons, la distance de sécurité
réglementaire en cas de dépassement de cycliste, la nécessité d’adapter
la vitesse en ville ou de respecter la limite des 30 km/h, de plus en
plus adoptée dans les grandes villes de France.
Pire, ce compte officiel de la Délégation à la sécurité routière passe
une partie de son temps à faire la promotion des messages de
l’association Prévention routière, une association en très grande partie
financée par les assurances automobiles… ou tout simplement à cirer les
pompes de l’industrie automobile!
La « sécurité routière » n’a donc pas pour objectif réel d’améliorer la
sécurité routière, mais seulement de mettre le couvercle sur la
responsabilité réelle de l’insécurité routière, à savoir les
automobilistes qui utilisent des voitures dont la vente est vitale pour
les profits de l’industrie automobile…
Source: Libération