Dans le baromètre 2021 de la Fédération des Usagers de la Bicyclette,
Strasbourg perd la première place au profit de Grenoble. Le résultat
d’un changement de méthode pour ce classement… et d’une politique moins
pro-vélo entre la fin du mandat précédent et l’installation de la
nouvelle équipe.
La capitale du vélo déraille, au point de se faire doubler. Jeudi 10
février, la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) a publié les
résultats de son baromètre biannuel. Strasbourg avait remporté les
éditions 2017 et 2019, mais la capitale alsacienne n’est plus sur la
première marche du podium de sa catégorie. Pour son baromètre 2021, dans
la catégorie Grandes Villes, Strasbourg arrive deuxième, derrière
Grenoble. La ville de l’écologiste Éric Piolle (EELV) obtient une note
de 4,21 contre 4,18 pour celle de Jeanne Barseghian. En troisième
position, plus loin derrière, Rennes obtient une moyenne de 3,74. Au
total, ce sont plus de 275 000 Français qui ont participé au
questionnaire pour donner leur ressenti.
Une nouvelle classification
Le président de la FUB relativise d’emblée ce déclassement. Le
Strasbourgeois Olivier Schneider explique qu’avec la participation de
communes de plus en plus nombreuses (300 en 2017, 750 en 2019 puis 1625
en 2021), la fédération a été contrainte de « regrouper les deux plus
grandes catégories de communes, donc Strasbourg et Grenoble se sont
retrouvées dans la même catégorie. Si ce changement de méthodologie
avait eu lieu dès 2019, Strasbourg aurait déjà perdu la première place
depuis deux ans. »
D’après Olivier Schneider, les cyclistes grenoblois bénéficient aussi de
la réélection d’Éric Piolle (EELV) :
« Dès la première année de son deuxième mandat, le maire de
Grenoble a continué sa politique favorable au cyclisme. À Strasbourg, la
nouvelle équipe a préparé des budgets et fait des planifications. Elle
n’a pas encore pu livrer de nouveaux aménagements au moment où les
cyclistes ont voté, entre septembre et novembre 2021. »
Des projets votés, pas encore réalisés
En début de mandat, l’Eurométropole a voté la création de 120 kilomètres
de pistes cyclables d’ici 2026. Les nouveaux kilomètres devraient
surtout concerner des liaison dans les communes de première et deuxième
couronne. À Strasbourg, les écologistes ont comme principal projet le «
ring », c’est-à-dire un contournement cyclable de la Grande-Île. Il a
été amorcé avec le Marché de Noël, mais n’est pas encore achevé
notamment au Sud et aux Halles. Au début du mandat, des bandes cyclables
ont été ajoutées sur l’allée de la Robertsau. Elles sont décriées par
l’opposition.
Velo_strasbourg_ring_cyclable_contournement_martin_lelievre_rue89_strasbourg
Les associations de cyclistes craignent qu’en contrepartie du
contournement cyclable, la traversée du centre soit encore plus
compliquée. (Photo ML / Rue89 Strasbourg / cc)
Un autre projet important à Strasbourg est de créer une liaison le long
de l’eau place de l’Étoile, pour éviter les carrefours encombrés avec la
place de la Bourse. Enfin, la réforme de la politique stationnement
résidant vise à réduire le nombre de places dans l’espace public, pour
créer entres autres des passages apaisés pour les cyclistes. Les efforts
seront concentrés dans les quartiers de la Neustadt, Montagne Verte et
Neudorf. Face aux progrès de nouvelles municipalités, il en faudra
peut-être plus pour reprendre le maillot jaune.
Le secrétaire général de la FUB avance une autre explication pour cette
perte de la première place :
« Strasbourg se retrouve coincé par sa politique historique en
faveur du vélo et ses aménagements sur les trottoirs qui créent des
conflits avec les piétons. Le réseau strasbourgeois est assez complet
mais il doit être réaménagé. Cela prend parfois plus de temps de refaire
une rue que d’y installer une piste cyclable. Grenoble a comblé son
retard rapidement parce qu’elle manquait clairement n’y avait pas
d’aménagement. »
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Directeur de l’association de cyclistes CADR67, Frédéric Masson
relativise lui aussi le résultat du dernier baromètre de la FUB :
« La note de Strasbourg est stable par rapport aux précédents
baromètres. Strasbourg a beaucoup fait il y a 20 ans pour les cyclistes.
Ces dernières années, la ville était moins volontariste, mais la
dynamique va se relancer prochainement, notamment grâce au plan de 100
millions d’euros pour les pistes cyclables. »
Pour la conseillère déléguée au vélo, l’écologiste Sophie Dupressoir, ce
classement n’est « pas une sanction mais un encouragement » :
« La note de Strasbourg, qui arrive au début du mandat, augmente
tout de même légèrement. Cela nous conforte dans notre volonté de
changer de braquet. Les projets sont votés, financés, notamment le fait
de relier les quartiers entre eux ou améliorer les axes Velostras. Avec
la réalisation de ces projets, on espère remonter à la première place.
Mais ce n’est pas une compétition entre villes mais contre le changement
classique. »
Illkrich-Graffenstaden sort du Top10
Autre perdante de cette nouvelle organisation, la commune
d’Illkirch-Graffenstaden. Première en 2019 pour les villes entre 20 000
et 50 000 habitants, voici la 3è commune de l’Eurométropole éjectée du
top10 de sa catégorie « communes de banlieue ». Elle récolte une note de
3,71, soit une classification C, alors que la notation va de A à G.
C’est tout de même mieux que Schiltigheim, l’autre grande commune
périphérique de l’Eurométropole qui hérite d’un E.
Dans le Grand Est, le podium est constitué de trois villes alsaciennes.
Oberhausbergen et Turckheim complètent le classement derrière
Strasbourg, qui reste donc la « capitale du Grand Est du vélo », toutes
catégories confondues. L’honneur est sauf.
https://www.rue89strasbourg.com/strasbourg-capitale-velo-barometre-cyclistes-227210?fbclid=IwAR298DKx2-sv-U2IH9Auzh_mgSeiTZzzaiHuwJcGUHvQ44ghU2Eggc3Jbto