Le 18/04/2022 à 12:23, Olivier Miakinen a écrit :
> Bonjour,
Bonjour,
> Le 18/04/2022 08:01, Hibou a écrit :
>>
>> Autrefois, pendant l'âge de la page imprimée, il y avait
>> une langue standard, sous le contrôle de gens éduqués, qui connaissaient
>> les conjugaisons, avaient un grand vocabulaire, connaissaient d'autres
>> langues, savaient enfin manier les nuances. Aujourd'hui, à l'époque de
>> la Toile, c'est la foule qui dirige, et elle ignore beaucoup de nuances,
>> qui se perdent en conséquence.
>
> Ces « gens éduqués » de l'époque dont tu parles (laquelle d'ailleurs ?)
L'âge de la page imprimée. Je crois l'avoir dit.
> étaient-ils au moins plus nombreux qu'aujourd'hui ? Ou bien est-ce que
> tu regrettes qu'à une époque bénie il y ait eu une minorité de gens bien
> éduqués, ayant un grand vocabulaire, et ayant laissé des belles œuvres
> littéraire, tandis que la majorité n'avait tout simplement pas les moyens
> de s'exprimer ce qui fait qu'ils n'ont laissé aucune trace ?
Non. Si c'était ma position, je l'aurais dit.
> Est-ce que tu regrettes qu'aujourd'hui de plus en plus de gens sachent
> lire et écrire, quoique peut-être imparfaitement selon tes critères, et
> aient l'outrecuidance de le faire ?
Non. Si c'était ma position, je l'aurais dit.
>> La langue reflète la pensée de ceux qui l'utilise. Plus cette pensée est
>> grande, plus capable devient la langue.
>
> J'ajouterai : plus il y a de locuteurs différents, utilisant des vocabulaires
> et des niveaux de langue différents, plus capable devient la langue. Et il
> ne faut pas sous-estimer la productivité linguistique des banlieues, même
> (ou surtout) si elle diffère de la langue des élites.
J'attire ton attention sur le titre de ce fil : on y parle de langues,
pas seulement du français (qui a une histoire particulière) ; on dit
qu'elles ne déclinent pas, mais évoluent.
Je ne suis pas d'accord. Il me semble que les langues peuvent décliner,
et c'est ce qui se passe avec nos langues standard.
Je ne dis pas que les langues doivent rester figées. Nous vivons une
époque de changements, et les vocabulaires doivent s'agrandir en
conséquence. Mais beaucoup reste inchangé ou évolue plus lentement - la
gamme d'émotions humaines, par exemple. (Je ne dirais pas que cette
gamme n'évolue pas, car il me semble que l'esprit humain est bien
malléable.)
Un exemple français : peu de gens aujourd'hui sont à l'aise avec les
temps classiques pour raconter une histoire - le passé simple, le passé
antérieur, l'imparfait du subjonctif.... On les perd - ce qui est
dommage, car ils sont précis et bien adaptés à cette tâche. On ne peut
pas dire ça du passé composé, qu'on emploie parfois maintenant.
Un exemple anglais : il y a quelque temps, j'ai lu un auteur qui a dit
que l'islam /proscrit/ tout. Il a sans doute voulu dire /prescrit/
(enfin, peut-être pas). Il me semble que de telles erreurs étaient moins
fréquentes sur la page imprimée par le passé, car les auteurs et les
correcteurs étaient mieux éduqués. On perd les nuances.
Je parle enfin de la puissance de la langue standard, qui a décliné, je
crois. Je ne dis pas que tout le monde doit l'utiliser, mais je veux
qu'elle existe pour ceux qui veulent s'en servir.
J'aime certains textes du passé, qui utilisent un langage simple et
correct, un langage standard sans enjolivures, qui se lisent facilement,
quel que soit leur sujet, et n'agacent point. De tels textes sont de
plus en plus rares, je crois.