J'aimerais connaître la prononciation correcte de « taon ».
Certains Tourangeaux qui, dit-on, habiteraient dans une ville où on
parlerait le français le plus « pur », prononcent « ton » au lieu de «
tan ». Je croyais que cette prononciation n'était que régionale. Or,
j'ai regardé dans l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert dans
l'article « François, langue françoise » dans la partie « Règles de
prononciation et d'orthographe ». Voici un extrait de cet article :
« ae se prononce comme a seul dans Caen ; ai comme un é fermé dans
ferai, plairai, &c. comme un è ouvert à la fin des mots, paix, mais,
plaies, &c. comme un e muet dans nous faisons, je faisois, &c. ils
faisoient : ao comme un a dans paon, faon, Laon, ville : comme un o
dans taon, août, Laon saint : au comme un o dans étau, haut, &c. ea,
eo comme un a & un o simples dans la terminaison des verbes, dont
l'infinitif est en ger, juger, il jugea, nous jugeons ; & dans
bourgeois, bourgeon, pigeon, plongeon : ei comme un e plus ou moins
ouvert, plein, peine : aei dans oeil, oeillade, oeillet, comme eui
dans deuil : oeu comme eu dans boeuf, oeuf, moeuf, coeur, choeur,
soeur : oi comme oi dans boire, moite, loin, joigne, paroisse, doit ;
& dans presque tous les noms de nation, Danois, Suédois, &c. comme un
è ouvert dans François, Anglois, croire, &c. j'aimois, tu aimois, &c.
eau comme o dans beau, eau, &c. uei dans orgueil, écueil, comme eui
dans seuil, deuil. On écrit ainsi uei & non eui après g & c, afin de
ne pas changer leur prononciation naturelle en j consonne & en s. »
Comment doit-on prononcer ce mot finalement ?
Merci.
Ariel.
L'usage actuel est manifestement "an". En 1913, Ph. Martinon écrivait :
Pour "taon", c'est "ton" et non "tan" qui s'est prononcé longtemps et se
prononce encore dans certaines provinces, mais cette prononciation, admise
par Domergue [1] et Mme Du-puis [2], est aujourd'hui dialectale » ("Comment
on prononce le français", Larousse).
[1] Domergue, "Manuel des étrangers amateurs de la langue française" (1805)
;
[2] Mme Dupuis, "Traité de prononciation ou Nouvelle Prosodie française"
(1836).
Pierre Fouché, "Traité de prononciation française" (Paris 1956) confirme à
trois endroits différents la prononciation "tan" ; il connaît Saint-Laon
comme "lon".
Léon Warnant, "Dictionnaire de la prononciation française dans sa norme
actuelle" (Paris-Gembloux 1987), confirme.
Jean Poulain
Actuellement, " tan "comme ses homonymes et comme le " vocal " de Bob le
prononce :
taon n. m. . 1175 toon; bas lat. tabo, onis, class. tabanus
Grosse mouche piqueuse et suceuse (tabanidés), dont la femelle se nourrit
du sang des animaux. « L'air bourdonne de taons » (Colette). « nos mains
saignent sous la morsure des taons » (Genevoix).
HOM. Tan, tant, temps.
« - Un sandwich à la mouche, au moustique ?
- Au taon pour moi. »
--
« Coin coin coin, coin ! Coin coin : coin. » Saturnin le canard.
On prononce «tan». Idem pour la ville de Laon
Jacques
> Au Québec, c'est « ton » partout. En Acadie, comme ils prononcent
> déjà « maisan », « j'étians », « bessan », etc., ça ne m'étonnerait
> pas qu'ils disent « tan ».
La prononciation des nasales par les Canadiens est particulièrement
déroutante pour les Français.
Un célèbre humoriste d'ici parodie Céline Dion ("Silène Djian" !) disant
"J'suis tellement contente !" : ça donne à peu près "Chu telmin cantsinte !"
:-)
Mais j'ignorais qu'il y eût, en plus, des différences entre le Québec et
l'Acadie...
___
Camille
(désolée si ce sont des banalités, je suis relativement nouvelle ici)
>>Au Québec, c'est « ton » partout. En Acadie, comme ils prononcent
>>déjà « maisan », « j'étians », « bessan », etc., ça ne m'étonnerait
>>pas qu'ils disent « tan ».
> j'ignorais qu'il y eût, en plus, des différences entre le Québec et
> l'Acadie...
Il y a même des différences d'accents entre les régions, comme partout
dans le monde.
--
Anne
En France, j'ai toujours entendu "tan" sauf dans certain coin du Jura où
j'ai entendu "tahin" ! J'ai fait répéter plusieurs fois avant de comprendre
de quoi il s'agissait !
Thierry.
>« - Un sandwich à la mouche, au moustique ?
> - Au taon pour moi. »
Ce que confirme :
<http://langue-fr.net/index/A/au_temps-bis.htm#09-2000>.
--
Luc Bentz
http://www.langue.fr.net/
« Le blanc qui sépare les mots aide à la compréhension du texte écrit ;
et toute la ponctuation est à son image. » (Jacques Drillon)
<cit.>
Les gens d'alors avaient eu recours à un éxpédient: dans les
rassemblements de la bonne société en plein air, on avait engagé es
hommes du peuple dont la charge exclusive était de pourchasser les taons
et les écraser afin de protéger les invités. Ils étaient payés à la
pièce, c'est à dire au nombre de taons tués. Un comptable était donc
appointé pour suivre le travail des hommes. Il utilisait une grande
ardoise sur laquelle il notait le nom des hommes engagés et le nombre de
taons tués. La méthode qui avait fini par s'imposer consistait à brandir
bien haut la mouche tuée entre le pouce et l'index et crier : « Un taon
pour moi ! », et le comptable notait.
</cit.>
Ce que Laurent Francheschetti a oublié de préciser, c'est que cette
pratique n'a pas duré très longtemps, les chasseurs de taon ayant très
vite essayé de profiter du système : ils venaient avec toute une
collection de taons cachés dans leurs vêtements, leurs bottes, etc. et
faisaient semblant de les attraper(*) en direct.
Olivier.
--
(*) Merci, Luc, de m'avoir corrigé dans mon article précédent. Je
tâcherai de me rappeler qu'il n'y a qu'un seul P.
> ... on trouve dans la correspondance de Berlioz, ceci (à propos
> des Troyens -- cité dans le Télérama hors-série consacré au
> compositeur) :
> « On me pousse, on me talonne, on me taonne même, pour écrire
> une grande machine théâtrale. »
> Comment prononce-t-on ce _taonne_ ? Est-ce un hapax ?
En québécois, on eût lu « tanne ».
--
Anne
pas tannante, bientôt tannée
>
> Comment prononce-t-on ce _taonne_ ? Est-ce un hapax ?
Sapristi, il existe réellement ce verbe !
<TLFi>
REM. Taonner, verbe trans., vieilli.
a) [Le suj. désigne un insecte] Piquer et sucer le sang.
P. métaph. Cet insecte [le propriétaire] prend son plaisir à taonner
les malheureux qui se sont inconsidérément exposés à sa continuelle
piqûre (La Petite lune, 1878-79, no 47, p. 3).
Part. passé. Piqué par un ou des taons. Adolphe, taonné jusqu'à se
voir tatoué de piqûres, finit par faire ce qui se fait en bonne
police, en gourvernement, en stratégie (BALZAC).
b) Au fig. Poursuivre inlassablement quelqu'un, le harceler. Cela va
mal, s'écria Gadeschal, il n'a pas l'air d'un novice, le futur
magistrat! Nous le taonnerons, dit Oscar (BALZAC).
</TLFi>
Pas d'indication de prononciation, malheureusement. Personnellement,
je le prononcerais comme "tanné".
--
lamkyre
ÉMILE LITTRÉ :
TAON (ton, d'après l'Académie ; mais plusieurs prononcent tan, comme pan
pour paon), s. m.
> En français itou :
Je constate que vous profitez pleinement de votre nouvelle acquisition !
Les significations de « taonner » et de « tanner » se rejoignent assez.
Mais ce « tanner »-ci, je le croyais de la même eau que le tannage du
cuir. Il semble plus provenir de l'ennuyeux insecte.
Avez-vous son origine, dans votre nouveau jouet ?
--
Anne
>En toute logique, on devrait - à mon humble avis - prononcer «taon »
>comme faon, paon, Laon, .Au fait comment dit-on Raon-l'Étape ?
Cela s'est prononcé /ran/ et non /ron/ ou /raon/. Toutefois, lors de la
Première Guerre mondiale, la ville s'est trouvé sur le front et les
habitants ont été évacués. L'occupation par des troupes venues
d'ailleurs a modifié alors la prononciation locale. Ce genre d'incident
pour cette époque n'est pas unique.
J'y repense ! On en a parlé récemment, il y a tois mois, le nom du
village axonnais de Craonne est /crânn/ pour les habitants, mais la
chanson célèbre sur le plateau de Craonne contient la prononciation
/cra-onn/ et cela se vérifie dans le compte des syllabes. Le changement
de prononciation date aussi de 14-18.
Prononcez-le « tavans » comme chez nous, en pays de Savoie. ;-)
--
©lõ
> Dans la Marne, c'est apparemment le même tarif qu'au Québec. En bref, en
> Champagne Pouilleuse, autour de «Châlans»-en-Champagne ( beaucoup
> prononcent "chalan"), il faut craindre les piqûres de thons.
Tiens donc. Je suis de Reims et j'ai toujours entendu /tan/.
Muriel
dans le désert