Lors du journal de dix-neuf heures sur France Inter, un reporter a
parlé des difficultés rencontrées par les producteurs de coquillages,
et cité la conchyliculture. Le terme est juste, il est plus général
qu'ostréiculture, car les huitres ne sont pas seules touchées.
Mais cela aurait demandé deux petites précisions. Le terme est moins
connu que viticulture, apiculture, horticulture, arboriculture,
sylviculture et même pisciculture. Il aurait fallu ou s'en passer, ou
le définir. Ensuite le terme a été malheureusement prononcé -chi- et
non -khi-. Ce n'est pas très grave, mais pourquoi user à tout prix
d'un terme précieux si on n'est pas sûr de sa prononciation ?
Joye demandait quels étaient les mots les plus laids de la langue.
Celui-ci en est un, quelle que soit la manière dont on le prononce. La
concupiscence devant les produits conchylicoles, voilà qui n'est pas
quelconque !
Dominique
Et n'y a-t-il pas aussi un autre mot pour la culture de ces
coquilles enroulées en hélice que sont les escargots ?
(héliciculture ?)
Clément-Noël
(héliciphage, ou hélicivore ?)
Dans un supermarché où je me présentais à la caisse
avec une bonne provision de yaourts (du coin, excellents)
dans mon chariot, j'ai entendu quelqu'un derrière moi
murmurer à son amie "tiens, voilà un grand galactophage"...;-))
>> ...un reporter a cité la conchyliculture.
>> Le terme est... plus général qu'ostréiculture
>> ...moins connu que viticulture, apiculture, horticulture,
>> arboriculture, sylviculture et même pisciculture.
>
>Et n'y a-t-il pas aussi un autre mot pour la culture de ces
>coquilles enroulées en hélice que sont les escargots ?
Des gastéropodes pour Messer Gaster ? Gare aux dégâts par ces temps de
microbes. Ah ! J'en avais oublié un assez cocasse et coquin dans son
genre, la cuniculiculture, ou élevage des lapins ! On imagine les
confusions...
>(héliciculture ?)
La gastéropodiculture ? Nous sommes en pleine xyloglossie.
Et pour les cryptogames, ces charmants porteurs de chapeaux qui
poussent dans les sous-bois ou des caves, la cryptogamoculture ? Pour
les producteurs de cornichons, la cucurbitacoculture ? (Difficile de
faire plus laid...)
Dominique
> Et pour les cryptogames, ces charmants porteurs de chapeaux qui
> poussent dans les sous-bois ou des caves, la cryptogamoculture ?
Réduire les cryptogames aux seuls champignons, voilà qui devrait faire
plaisir aux fougères arborescentes de la forêt tropicale.
Par ailleurs, pour la culture des champignons, bien courante maintenant pour
certaines espèces, on parlerait plus volontiers de fongiculture ou, plus
spécifiquement, de mycéliculture.
--
Deauville ? C'est surfait.
Picwick
>Mais cela aurait demandé deux petites précisions. Le terme est moins
>connu que viticulture, apiculture, horticulture, arboriculture,
>sylviculture et même pisciculture. Il aurait fallu ou s'en passer, ou
>le définir.
Oui.
> Ensuite le terme a été malheureusement prononcé -chi- et
>non -khi-. Ce n'est pas très grave, mais pourquoi user à tout prix
>d'un terme précieux si on n'est pas sûr de sa prononciation ?
Blague : un bonhomme se plaint gentiment à sa secrétaire qui fait beaucoup
de fautes :
« Quand vous avez un doute sur l'orthographe d'un mot, cherchez-le dans le
dictionnaire.
- Mais, je n'ai jamais de doute... »
Si par exemple je lis dans une revue que l'élevage des coquillage est la
conchyliculture, ce mot entre dans mon vocabulaire. Pas sa prononciation.
Si je le prononce dans mon entourage, qui ne compte pas d'helléniste,
personne ne relèvera la faute.
Si j'ouvre très souvent mon dictionnaire quand j'ai un doute sur
l'orthographe ou le sens d'un mot, je ne lis jamais la phonétique (comme
cette secrétaire)*. Habitude que je vais devoir changer, pour les mots moins
usuels.
* Il faut dire que cet alphabet était utilisé par mes profs d'anglais (au
moins une), mais pas par ceux d'espagnol... ni de français que j'ai
rencontré dans mes études.
« précieux » ?
Tous les mots de mon dictionnaire en conch- se prononcent conk- comme la
conque, je m'en souviendrai.
Sylvie Vilas.
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C'est chouette, ici, on apprend plein de choses en s'amusant !
L'hesitation sur la prononciation des termes en -ch- issus du grec tient a
ce que nous, francais, ne disposons pas de ce type de sonorite que l'on
retrouve dans l'allemand "ich" (= je). En fait, on la qualifie de gutturale
aspiree (k+h), mais l'articulation en est plus velaire (prononce avec le
voile - partie molle arriere- du palais) que gutturale. Dans l'incapacite de
produire ce son, nous avons tendance a prononcer soit -ch- soit -k- : mais
ni l'une ni l'autre de ces prononciations ne sont satisfaisantes !
Quoi qu'il en soit de la culture de ces fruits de mer, je suis franchement
degoute quand Erika Total les... conchie.
JLS
Comment se fait-il que des mots français ne puissent pas se prononcer en
français ?
>Quoi qu'il en soit de la culture de ces fruits de mer, je suis franchement
>degoute quand Erika Total les... conchie.
Qui ne l'est pas...
Le dernier mot de votre phrase n'est pas dans mon dictionnaire, je suppose
qu'il se prononce [ch]...
Peut-être est-il temps que je dépense quelques sous pour une nouvelle
édition.
Sylvie Vilas.
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C'est chouette ici, on apprend plein de choses passionnantes...
>Comment se fait-il que des mots français ne puissent pas se prononcer en
>français ?
Votre préopinant indiquait surtout que ces mots empruntés, ou formés
à partir de racines grecques, ne pouvaient être prononcés
convenablement (par référence à la langue d'origine) et que la
transposition en est non seulement graphique, mais également
phonologique.
(Si j'm'a gouré, disez-le moi siouplait !)
>Le dernier mot de votre phrase n'est pas dans mon dictionnaire, je suppose
>qu'il se prononce [ch]...
Il n'est pas dans Le Petit Larousse illustré, mais figure dans le
Thésaurus. Il figure dans mon Petit Robert (1996).
Luc Bentz - http://www.chez.com/languefrancaise/
--
« Les remarques des fautes d'un ouvrage se feront avec modestie
et civilité, et la correction en sera soufferte de la mesme sorte. »
(Statuts & Reglemens de l'Academie françoise
du 22 février 1635, art. XXXIV)
http://www.chez.com/languefrancaise/aidinfos/orthogaffe.htm
>Votre préopinant indiquait surtout que ces mots empruntés, ou formés
>à partir de racines grecques, ne pouvaient être prononcés
>convenablement (par référence à la langue d'origine) et que la
>transposition en est non seulement graphique, mais également
>phonologique.
Je pensais que la prononciation des mots *formés* à partir de racines
étrangères était francisée.
J'ai tendance à écrire « en français » les mots empruntés à l'anglais
(pour me moquer), il me semble avoir déjà lu « niouses » sur des forums.
>Il n'est pas dans Le Petit Larousse illustré, mais figure dans le
>Thésaurus. Il figure dans mon Petit Robert (1996).
Mon Petit Robert date de 1983... Pour cette année, je pense inscrire à
mon budget l'achat d'une édition plus récente et de quelques autres
dictionnaires.
Sylvie Vilas.
>Mon Petit Robert date de 1983... Pour cette année, je pense inscrire à
>mon budget l'achat d'une édition plus récente et de quelques autres
>dictionnaires.
Les utilisateurs du Petit Robert sur CD-ROM en semblent tout à fait
ravis (possibilités de recherche, liens...).