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De la subtilité de l'expression

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Otomatic

unread,
Aug 2, 2021, 1:17:21 PM8/2/21
to
La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
temps.
La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la
ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de
l’expression.
Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
petite fille et une femme il n’y a rien.
Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à
exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère
publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des
mots sur les émotions.
Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à
Edgar Morin est entravée, rendue impossible.
Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.
L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges
Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté
comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en
réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.
Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée
sans mots.
- Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du
conditionnel ?
- Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ?
- Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le
temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative,
sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce
qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que
ce qui pourrait advenir soit advenu?
Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd'hui, ce serait
celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et
écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.
Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même
si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que
dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de
temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses
« défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée
de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.
Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la
pensée de la beauté.
Christophe Clavé.

gump

unread,
Aug 2, 2021, 2:00:15 PM8/2/21
to
Le 02/08/2021 19:17, Otomatic a écrit :
> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps.

C'est le seul paragraphe qui me gêne : à trop vouloir prouver ...Sinon
d'accord sur le reste.
Alors voici : où l'auteur de ces lignes voit-il une "disparition
progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes
composées du futur, participe passé…)" ? Le seul temps qui puisse être
concerné est le passé simple, et il n'a disparu qu'à l'oral. Le
subjonctif imparfait a bien sûr disparu à l'écrit comme à l'oral ( sauf
cas particuliers ) mais les subjonctifs présent et passé se portent très
bien.
Alors, point n'est besoin d'en rajouter !

joye

unread,
Aug 2, 2021, 2:36:56 PM8/2/21
to
On 8/2/2021 12:17 PM, Otomatic wrote:

> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps.

Je crois que c'est faux, et pour plusieurs raisons, mais le meilleur
argument serait sans doute le fait que la langue chinoise n'a pas de temps.

Si c'était vrai que l'absence des temps verbaux voulaient vraiment dire
que ces idées n'existaient pas, les Chinois n'auraient aucune idée ni du
passé ni du futur, ce qui n'est absolument pas le cas.

> La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la
> ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de
> l’expression.

De nouveau, ce n'est pas vrai. En anglais, nous n'avons plus de
tutoiement, mais nous montrons la distance en gardant les termes
d'adresse, tels que "Mr" avec le nom de famille. Notre tutoiement
s'appelle le "first-name basis".

Il me semble aussi que le tutoiement s'employait exclusivement lors de
la Révolution pour renforcer l'idée d'égalité. N'est-ce pas le cas ?

> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
> petite fille et une femme il n’y a rien.

Qu'y a-t-il entre le petit garçon et l'homme ? Rien. Les hommes n'iront
pas se jeter d'une falaise à cause de ce manque.

> Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à
> exprimer les émotions

Ouate ? C'*est* consternant ! (une émotion)

> et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

De nouveau, c'est faux. Cela donne à croire que les adverbes et les
adjectifs ne servent à rien dans une langue. Ce n'est pas le cas.

> Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère
> publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des
> mots sur les émotions.

Ah, hypersimplification, quand tu nous tiens !

> Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à
> Edgar Morin est entravée, rendue impossible.

De nouveau, port nawak. Le chinois, que j'ai évoqué au début de ma
réponse, possède tellement d'idéogrammes qu'on doit étudier longtemps
avant de lire les classiques. Prétend-on alors que d'autres Chinois ne
sont pas capables de produire de telles pensées ? C'est ridicule.

> Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

Plus la pensée est pauvre, comme celle derrière ces "arguments", plus le
langage ne sert à rien du tout.

> L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges
> Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté
> comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en
> réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.
> Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée
> sans mots.

Au contraire. Nous ne rêvons pas en mots, mais en images.

Dites-vous que les animaux ne pensent pas ? C'est faux.

> - Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du
> conditionnel ?

La pensée hypothético dépendrait d'un simple "peut-être que", suivi d'un
indicatif au présent. Déductivement, il y a le "donc". CQFD.

> - Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ?

Avec le présent et un adverbe.

Exemple : Ce soir, je dîne chez moi.

> - Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le
> temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative,

Dites-moi comment on distingue une durée de temps sans adverbes ?

> sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce
> qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que
> ce qui pourrait advenir soit advenu?

Attention, "après que" ne prend pas le subjonctif en français correct.

> Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd'hui, ce serait
> celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et
> écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Et sans les encombrer du non-sens gonflé tel qu'on trouve dans cette
diatribe.

Une meilleure méthode serait d'étudier des langues non-européennes afin
de pouvoir constater tous les sophismes dans ce texte.

> Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même
> si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée.

Alors, bonjour l'écriture inclusive. Là, c'est une bonne idée ! Enfin !

> Parce que
> dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de
> temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses
> « défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée
> de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.

Si c'est vrai, pourquoi l'auteur ne parle-t-il pas comme Rabelays ou
Molière ?

> Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la
> pensée de la beauté.

Il n'y a pas d'énormité sans les énormes.

Olivier Miakinen

unread,
Aug 2, 2021, 3:48:26 PM8/2/21
to
Bonjour Christophe,

Le fait que tu ne mettes pas de marque de citation indique que cet
article est de toi, et que tu es donc Christophe Clavé. Ravi d'avoir
enfin un nom à associer au pseudo Otomatic.

Le 02/08/2021 à 19:17, Christophe Clavé alias Otomatic a écrit :
> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps.

Je suis désolé, mais je ne suis déjà pas d'accord avec toi ici. Tout
d'abord, en dehors du passé simple qui tend effectivement à disparaitre
(surtout à l'oral) au profit du passé composé, les autres temps sont
toujours parfaitement vivants. Je devrais dire temps et modes, parce
que le subjonctif est un mode et pas un temps.

Qui plus est, l'exemple du chinois (mandarin) montre que l'on peut
parfaitement exprimer des temps sans que le verbe ne porte cette marque
du temps.

> La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la
> ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de
> l’expression.

En ce qui concerne le tutoiement, aussi bien la langue anglaise que les
groupes usenet francophones (hors fllf principalement) montrent que l'on
ne perd rien en expression à tutoyer par défaut... de même que ceux qui
vouvoient tout le monde sur fllf ne perdent rien non plus en expression.

Quant aux majuscules et à la ponctuation, je suis un fervent défenseur
de l'un comme de l'autre, mais aller jusqu'à parler de « coups mortels »
me semble très exagéré.

> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
> petite fille et une femme il n’y a rien.

Ah. Et entre une femme célibataire de 50 ans (mademoiselle) et une femme
mariée de 20 ans (madame) ? Et entre un homme célibataire et un homme
marié ?

> Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à
> exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
> Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère
> publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des
> mots sur les émotions.
> Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à
> Edgar Morin est entravée, rendue impossible.
> Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

Qu'il y ait une corrélation entre pauvreté du vocabulaire, manque de
culture, et violence, je pense que c'est difficilement contestable.
En revanche je te soupçonne d'inverser la cause et la conséquence.

> L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges
> Orwell dans 1984

Ha, nous y voilà ! On fait dire beaucoup de choses à 1984 et la
novlangue. Ça fait combien de temps que tu as lu 1984 ? Mais si cela
t'intéresse vraiment je te recommande les vidéos de Linguisticae et
de Monsieur Phi sur ces deux sujets.

> [...] après que
> ce qui pourrait advenir soit advenu?

Tu vois bien que le subjonctif ne disparait pas : tu l'emploies sans
y penser, alors même que selon les règles ancestrales « après que »
demande l'indicatif ! ;-)

> Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd'hui, ce serait
> celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et
> écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

C'est très joli, tout ça. Mais les parents qui maitrisent le français,
et qui ont du temps pour s'occuper de leurs enfants, le font déjà. Quant
à ceux qui ne le maitrisent pas, et qui passent la majeure partie de
leur temps à l'usine ou comme caissier ou caissière de supermarché, sont
incapables de le faire. Alors quoi ? Tu as une solution miracle ?

> Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même
> si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que
> dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de
> temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses
> « défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée
> de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.

Parce que perdre du temps à apprendre que « chariot » prend un seul r
mais « charrette » en prend deux, que l'on doit écrire avec un é le son
è d'évènement (mais pas celui d'avènement), c'est ça qui va libérer la
pensée ? Alors non, je ne peux pas être d'accord : c'est tout le
contraire !

> Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la
> pensée de la beauté.
> Christophe Clavé.

Bon, eh bien Christophe je suis désolé, mais en dehors des lieux communs
à propos de la pauvreté de vocabulaire de ceux qui n'ont pas vraiment
les moyens de l'enrichir par eux-mêmes, je suis presque entièrement en
désaccord avec tout ce que tu as écrit.


--
Olivier Miakinen

Olivier Miakinen

unread,
Aug 2, 2021, 4:02:07 PM8/2/21
to
[supersedes pour oubli d'un pronom sujet]

Bonjour Christophe,

Le fait que tu ne mettes pas de marque de citation indique que cet
article est de toi, et que tu es donc Christophe Clavé. Ravi d'avoir
enfin un nom à associer au pseudo Otomatic.

Le 02/08/2021 à 19:17, Christophe Clavé alias Otomatic a écrit :
> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps.

Je suis désolé, mais je ne suis déjà pas d'accord avec toi ici. Tout
d'abord, en dehors du passé simple qui tend effectivement à disparaitre
(surtout à l'oral) au profit du passé composé, les autres temps sont
toujours parfaitement vivants. Je devrais dire temps et modes, parce
que le subjonctif est un mode et pas un temps.

Qui plus est, l'exemple du chinois (mandarin) montre que l'on peut
parfaitement exprimer des temps sans que le verbe ne porte cette marque
du temps.

> La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la
> ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de
> l’expression.

En ce qui concerne le tutoiement, aussi bien la langue anglaise que les
groupes usenet francophones (hors fllf principalement) montrent que l'on
ne perd rien en expression à tutoyer par défaut... de même que ceux qui
vouvoient tout le monde sur fllf ne perdent rien non plus en expression.

Quant aux majuscules et à la ponctuation, je suis un fervent défenseur
de l'un comme de l'autre, mais aller jusqu'à parler de « coups mortels »
me semble très exagéré.

> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
> petite fille et une femme il n’y a rien.

Ah. Et entre une femme célibataire de 50 ans (mademoiselle) et une femme
mariée de 20 ans (madame) ? Et entre un homme célibataire et un homme
marié ?

> Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à
> exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
> Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère
> publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des
> mots sur les émotions.
> Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à
> Edgar Morin est entravée, rendue impossible.
> Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

Qu'il y ait une corrélation entre pauvreté du vocabulaire, manque de
culture, et violence, je pense que c'est difficilement contestable.
En revanche je te soupçonne d'inverser la cause et la conséquence.

> L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges
> Orwell dans 1984

Ha, nous y voilà ! On fait dire beaucoup de choses à 1984 et la
novlangue. Ça fait combien de temps que tu as lu 1984 ? Mais si cela
t'intéresse vraiment je te recommande les vidéos de Linguisticae et
de Monsieur Phi sur ces deux sujets.

> [...] après que
> ce qui pourrait advenir soit advenu?

Tu vois bien que le subjonctif ne disparait pas : tu l'emploies sans
y penser, alors même que selon les règles ancestrales « après que »
demande l'indicatif ! ;-)

> Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd'hui, ce serait
> celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et
> écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

C'est très joli, tout ça. Mais les parents qui maitrisent le français,
et qui ont du temps pour s'occuper de leurs enfants, le font déjà. Quant
à ceux qui ne le maitrisent pas, et qui passent la majeure partie de
leur temps à l'usine ou comme caissier ou caissière de supermarché, ils
sont incapables de le faire. Alors quoi ? Tu as une solution miracle ?

> Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même
> si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que
> dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de
> temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses
> « défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée
> de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.

Parce que perdre du temps à apprendre que « chariot » prend un seul r
mais « charrette » en prend deux, que l'on doit écrire avec un é le son
è d'évènement (mais pas celui d'avènement), c'est ça qui va libérer la
pensée ? Alors non, je ne peux pas être d'accord : c'est tout le
contraire !

> Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la
> pensée de la beauté.
> Christophe Clavé.

Le Pépé à chaines

unread,
Aug 2, 2021, 4:20:36 PM8/2/21
to
Otomatic a écrit :

> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps.

Le subjonctif n'est pas un temps mais un mode. Si jadis il y avait une
opposition entre imparfait et passé simple, aujourd'hui, c'est entre
imparfait et passé composé, de telle sorte que parler de disparition de
l'imparfait est assez surprenant. Et la disparition progressive du passé
simple entraîne celle de l'imparfait du subjonctif.
Les "formes composées du futur" devraient être définies, car dans la
conjugaison, il y a le futur simple et le futur antérieur. Le futur
composé, pour moi, correspond à des construction "aller + infinitif",
"être sur le point de + infinitif"..., mais ces constructions-là me
paraissent très vivantes, et n'expriment pas la même chose.
Pour ce qui est du présent, un de mes professeur de linguistique disait
qu'il est un temps neutre, qu'il se définit en contexte : il est
compatible avec :
- le passé : Napoléon se couronne empereur en 1804
- le présent : J'habite une ville tranquille de Ligérie
- le futur : Demain, je vais me promener dans les calanques.
Le français n'est pas le seul à exprimer un événement futur avec le
présent : l'italien, le portugais et bien d'autres langues en font de même.


> - Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ?

Le français possède un futur, et du point de vue morphologique, c'est
un futur synthétique (radical et terminaison) tandis que d'autres
langues, comme le roumain, expriment le futur au moyen d'un futur
analytique (auxiliaire + verbe). Seul le premier type serait digne de
quoi que ce soit ? Je ne pense pas.


> - Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le
> temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative,
> sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce
> qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que
> ce qui pourrait advenir soit advenu?

On a coutume de dire que l'indicatif est le temps du réel. Pourtant, on
y trouve le futur. En quoi le futur est-il réel dans la mesure où il
n'est pas encore réalisé ? C'est une question qui s'est posée avec
sérieux dans les milieux linguistiques (<https://tinyurl.com/2e9tj7w6>).

Hibou

unread,
Aug 3, 2021, 2:11:43 AM8/3/21
to
Le 02/08/2021 à 18:17, Otomatic a écrit :
>
> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps. [...]
> Christophe Clavé.

Peut-être - mais il ne suffit pas de l'affirmer. Il faut citer des
exemples de ce que l'on ne peut plus exprimer.

Par ailleurs, je vais relever en particulier le « il n'y a pas de pensée
sans mots ». On peut penser en utilisant les formules mathématiques, les
chiffres, les images, les dessins.... Parle aux artistes, scientifiques,
ingénieurs. Quand on pense à la pensée, il ne faut pas être
littéro-centrique.

<http://www.motorgraphs.com/content/thumbnails/01550/154889-mainImage.jpg>

Otomatic

unread,
Aug 3, 2021, 3:14:17 AM8/3/21
to
Olivier Miakinen <om+...@miakinen.net> écrivait :

> Le fait que tu ne mettes pas de marque de citation indique que cet
> article est de toi, et que tu es donc Christophe Clavé. Ravi d'avoir
> enfin un nom à associer au pseudo Otomatic.
J'ai oublié les marques de citation, je te prie de m'en excuser ;)

Olivier Miakinen

unread,
Aug 3, 2021, 3:42:39 AM8/3/21
to
Le 02/08/2021 à 21:01, Stefan Ram a écrit :
> Otomatic <otom...@oto.invalid> writes:
>> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
>> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
>> petite fille et une femme il n’y a rien.
>
> On peut toujours utiliser le mot « jouvencelle ».

... et jouvenceau pour les hommes. Mais pour le coup c'est encore pire
que mademoiselle car il y a une nuance méprisante que n'a pas forcément
mademoiselle.

P.-S. : tu as vu les réponses à tes questions sur « sauf que » ?


--
Olivier Miakinen

Le Pépé à chaines

unread,
Aug 3, 2021, 7:41:57 AM8/3/21
to
Maître Hibou a déclaré :

>> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
>> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
>> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
>> temps. [...]
>> Christophe Clavé.
>
> Peut-être - mais il ne suffit pas de l'affirmer. Il faut citer des
> exemples de ce que l'on ne peut plus exprimer.
>
> Par ailleurs, je vais relever en particulier le « il n'y a pas de pensée
> sans mots ». On peut penser en utilisant les formules mathématiques, les
> chiffres, les images, les dessins.... Parle aux artistes, scientifiques,
> ingénieurs. Quand on pense à la pensée, il ne faut pas être
> littéro-centrique.

Je vais amender le propos : « il n'y a pas de pensée sans signe
linguistique ». Cela permettre d'inclure l'écriture, les pictogrammes,
les odeurs (je pense aux abeilles), les sons (pour les baleines, les
dauphins...)...

Olivier Miakinen

unread,
Aug 3, 2021, 9:10:08 AM8/3/21
to
Le 03/08/2021 à 09:14, Otomatic m'a répondu :
>
>> Le fait que tu ne mettes pas de marque de citation indique que cet
>> article est de toi, et que tu es donc Christophe Clavé. Ravi d'avoir
>> enfin un nom à associer au pseudo Otomatic.
> J'ai oublié les marques de citation, je te prie de m'en excuser ;)

J'en suis désolé pour ce qui est du pseudo qui reste énigmatique, mais
ravi que tu ne sois pas l'auteur de ce texte truffé d'erreurs et de
lieux communs. :-)


--
Olivier Miakinen

Otomatic

unread,
Aug 3, 2021, 11:23:09 AM8/3/21
to
Olivier Miakinen <om+...@miakinen.net> écrivait :

> J'en suis désolé pour ce qui est du pseudo qui reste énigmatique, mais
> ravi que tu ne sois pas l'auteur de ce texte truffé d'erreurs et de
> lieux communs. :-)
Mes entêtes Reply-To et Sender sont valides et non anonymes.

Quant au pseudonyme (Quelque peu HC ?), il fit son apparition
— professionnellement — il y a plus de quarante ans et je l'ai utilisé à
partir de 1986 sur les BBS que je fréquentais avant Usenet.

Les trois premières lettres « OTO » représentent le trigramme de mon
patronyme dans ma vie professionnelle et la suite « matic » découle de
même, ayant beaucoup travaillé pour et avec des bancs d'essais
automatiques et, Otomatic fut un de mes surnoms.

Olivier Miakinen

unread,
Aug 3, 2021, 2:07:46 PM8/3/21
to
Le 03/08/2021 à 17:23, Otomatic a écrit :
> Olivier Miakinen <om+...@miakinen.net> écrivait :
>
>> J'en suis désolé pour ce qui est du pseudo qui reste énigmatique, mais
>> ravi que tu ne sois pas l'auteur de ce texte truffé d'erreurs et de
>> lieux communs. :-)
> Mes entêtes Reply-To et Sender sont valides et non anonymes.

Tu as raison, honte à moi de ne pas l'avoir vu.

(et merci pour l'explication)


--
Olivier Miakinen

Hibou

unread,
Aug 4, 2021, 1:28:00 AM8/4/21
to
Le 03/08/2021 à 12:41, Le Pépé à chaines a écrit :
> Maître Hibou a déclaré :
>>
>> Par ailleurs, je vais relever en particulier le « il n'y a pas de
>> pensée sans mots ». On peut penser en utilisant les formules
>> mathématiques, les chiffres, les images, les dessins.... Parle aux
>> artistes, scientifiques, ingénieurs. Quand on pense à la pensée, il ne
>> faut pas être littéro-centrique.
>
>     Je vais amender le propos : « il n'y a pas de pensée sans signe
> linguistique ». Cela permettre d'inclure l'écriture, les pictogrammes,
> les odeurs (je pense aux abeilles), les sons (pour les baleines, les
> dauphins...)...

Je me demande : l'homme, pensait-il avant l'invention de symboles ? Les
animaux, pensent-ils ? La musique, peut-elle exister sans notation ?

La pensée, n'est-elle pas la représentation interne du monde réel, des
relations sociales, de l'abstrait... ? N'existait-elle pas avant
l'invention de méthodes pour la transmettre et l'enregistrer ?

Un écureuil, pense-t-il ? Il peut apprendre comment passer par un
labyrinthe, et s'en souvenir ; il en a une représentation interne :

<https://www.youtube.com/watch?v=9M8G4pmEe-o> (2m 9s)

Un écureuil qui se tait n'en pense pas moins.

Michèle

unread,
Aug 4, 2021, 4:48:28 AM8/4/21
to
Hibou <h...@b.ou> wrote:

>
> <https://www.youtube.com/watch?v=9M8G4pmEe-o> (2m 9s)
>
> Un écureuil qui se tait n'en pense pas moins.
>

-;))

--
Michèle

Colibri

unread,
Aug 4, 2021, 6:00:46 AM8/4/21
to
Otomatic avait prétendu :

> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
> petite fille et une femme il n’y a rien.

L'utilisation de "Madame" ou de "Mademoiselle" ne dépend pas de l'âge
de la personne mais de son statut marital. (déja dit par Olivier M.,
mais noyé dans la masse)

Anansi

unread,
Aug 4, 2021, 6:27:21 AM8/4/21
to
Pas seulement, il y a également la position sociale qui peut prévaloir.
Par exemple une actrice, une gouvernante, même mariées, sont appelées
mademoiselle, une maquerelle, même célibataire, est appelée madame.
Dans certains milieux, certes un peu conservateurs, une femme sans titre
de noblesse sera aussi appelée mademoiselle.
Le langage, c'est aussi une mise en catégories, mais, contrairement à ce
que j'ai pu lire, ce n'est pas une condition de la pensée.
Voir par exemple :
<https://www.cairn.info/revue-etudes-2001-3-page-345.htm?contenu=article>
Le débat à ce sujet a évolué entre la philosophie et les apports des
neurosciences.

Jean-Pierre Kuypers

unread,
Aug 4, 2021, 11:52:45 AM8/4/21
to
In article (Dans l'article) <sedogc$1avd$1...@gioia.aioe.org>, Colibri
<O...@OOO.fr> wrote (écrivait) :

> L'utilisation de "Madame" ou de "Mademoiselle" ne dépend pas de l'âge
> de la personne mais de son statut marital.

Je me souviens de ces âgées religieuses qui nous reprenaient sévèrement
lorsqu'on leur disait Madame : « Mademoiselle ! ».

Pourtant, elles portaient une alliance.

--
Jean-Pierre Kuypers

Anansi

unread,
Aug 4, 2021, 12:09:24 PM8/4/21
to
J'avais oublié, on a donc actrices, gouvernantes et religieuses.
Il y en a peut-être d'autres qui sont désormais exclues par les
formulaires administratifs.
Pourquoi tant de discriminations envers les femmes ?

BéCé

unread,
Aug 4, 2021, 12:17:33 PM8/4/21
to
Le 04/08/2021 à 17:52, Jean-Pierre Kuypers a écrit :
Elles étaient mariées à Jésus, les coquines.

Anansi

unread,
Aug 4, 2021, 12:31:25 PM8/4/21
to
C'est celui qui a la couronne d'épines ?

Marc L.

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Aug 4, 2021, 1:08:13 PM8/4/21
to
Le 02/08/2021 à 21:01, Stefan Ram a écrit :

> Otomatic <otom...@oto.invalid> writes:

>> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
>> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
>> petite fille et une femme il n’y a rien.
>
> On peut toujours utiliser le mot « jouvencelle ».


« Mes hommages à la donzelle » (San-Antonio)


--
« Donne-moi ta main, camarade,Toi qui viens d'un pays
Où les hommes sont beaux. Donne-moi ta main, camarade.
J'ai cinq doigts, moi aussi.On peut se croire égaux. - Claude Nougaro

gump

unread,
Aug 4, 2021, 2:46:20 PM8/4/21
to
Le 04/08/2021 19:08, Marc L. a écrit :

> « Mes hommages à la donzelle » (San-Antonio)

N'oublions pas la /pucelle/, d'Orléans ou d'ailleurs, mot à la
philologie très très discutée :
https://www.cnrtl.fr/definition/pucelle

BéCé

unread,
Aug 5, 2021, 3:31:47 AM8/5/21
to
J'imagine la position de ces dames autour de l'objet de leur amour.

gump

unread,
Aug 5, 2021, 5:36:25 AM8/5/21
to
Le 05/08/2021 09:31, BéCé a écrit :

>>> Elles étaient mariées à Jésus, les coquines.
>>
>> C'est celui qui a la couronne d'épines ?
>>
> J'imagine la position de ces dames autour de l'objet de leur amour.

Blasphémateurs ! Au bûcher !

BéCé

unread,
Aug 5, 2021, 5:41:21 AM8/5/21
to
C'est Anansi qu'a commencé, ce vilain kouffar. Qu'on le lapide !

Anansi

unread,
Aug 5, 2021, 6:30:09 AM8/5/21
to
Et l'accord !
Un kafir, des kouffar.

Que celui qui n'a jamais brugnonier me jette le premier noyau.
Hérétique et relax.

Valcarus

unread,
Aug 5, 2021, 9:33:53 AM8/5/21
to
Otomatic a écrit:



> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…)

Hein ??

> donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps.


> La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la
> ponctuation

Ha ??


> sont autant de coups mortels portés à la subtilité de
> l’expression.


> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
> petite fille et une femme il n’y a rien.

Vraiment n'importe quoi. Le reste à l'avenant.

BéCé

unread,
Aug 5, 2021, 2:12:42 PM8/5/21
to
J'en prends bonne note.

Voilà ce qu'en pense Ibn Taymiyya :

« L’être humain, lorsqu’il rend licite l’illicite agrée d’une unanimité
ou rend illicite le licite agrée d’une unanimité ou change la
législation agrée d’une unanimité est un mécréant apostat avec l’accord
des jurisconsultes. »

La profondeur de ces propos ne saurait échapper au juriste que vous êtes.






gump

unread,
Aug 5, 2021, 4:47:12 PM8/5/21
to
Le 05/08/2021 12:30, Anansi a écrit :

> Que celui qui n'a jamais brugnonier me jette le premier noyau.
> Hérétique et relax.

Relax ou relaps ?

Anansi

unread,
Aug 5, 2021, 6:38:47 PM8/5/21
to
Vous avez compris qu'il y a un changement de mot, pas encore que le jeu
de mot est volontaire.
Il va vous falloir un laps de temps, peut-être même un relaps.

gump

unread,
Aug 5, 2021, 7:51:54 PM8/5/21
to
Le 06/08/2021 00:38, Anansi a écrit :

>> Relax ou relaps ?
>
> Vous avez compris qu'il y a un changement de mot, pas encore que le jeu
> de mot est volontaire.

Je me suis posé la question.
Ce n'était donc pas un lapsus.

Anansi

unread,
Aug 6, 2021, 9:50:14 AM8/6/21
to
La phrase précédente (Que celui qui n'a jamais brugnonier me jette le
premier noyau.) aurait pu vous mettre lapsus à l'oreille.
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