On 8/2/2021 12:17 PM, Otomatic wrote:
> La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple,
> imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une
> pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le
> temps.
Je crois que c'est faux, et pour plusieurs raisons, mais le meilleur
argument serait sans doute le fait que la langue chinoise n'a pas de temps.
Si c'était vrai que l'absence des temps verbaux voulaient vraiment dire
que ces idées n'existaient pas, les Chinois n'auraient aucune idée ni du
passé ni du futur, ce qui n'est absolument pas le cas.
> La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la
> ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de
> l’expression.
De nouveau, ce n'est pas vrai. En anglais, nous n'avons plus de
tutoiement, mais nous montrons la distance en gardant les termes
d'adresse, tels que "Mr" avec le nom de famille. Notre tutoiement
s'appelle le "first-name basis".
Il me semble aussi que le tutoiement s'employait exclusivement lors de
la Révolution pour renforcer l'idée d'égalité. N'est-ce pas le cas ?
> Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à
> l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une
> petite fille et une femme il n’y a rien.
Qu'y a-t-il entre le petit garçon et l'homme ? Rien. Les hommes n'iront
pas se jeter d'une falaise à cause de ce manque.
> Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à
> exprimer les émotions
Ouate ? C'*est* consternant ! (une émotion)
> et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
De nouveau, c'est faux. Cela donne à croire que les adverbes et les
adjectifs ne servent à rien dans une langue. Ce n'est pas le cas.
> Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère
> publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des
> mots sur les émotions.
Ah, hypersimplification, quand tu nous tiens !
> Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à
> Edgar Morin est entravée, rendue impossible.
De nouveau, port nawak. Le chinois, que j'ai évoqué au début de ma
réponse, possède tellement d'idéogrammes qu'on doit étudier longtemps
avant de lire les classiques. Prétend-on alors que d'autres Chinois ne
sont pas capables de produire de telles pensées ? C'est ridicule.
> Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.
Plus la pensée est pauvre, comme celle derrière ces "arguments", plus le
langage ne sert à rien du tout.
> L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges
> Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté
> comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en
> réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.
> Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée
> sans mots.
Au contraire. Nous ne rêvons pas en mots, mais en images.
Dites-vous que les animaux ne pensent pas ? C'est faux.
> - Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du
> conditionnel ?
La pensée hypothético dépendrait d'un simple "peut-être que", suivi d'un
indicatif au présent. Déductivement, il y a le "donc". CQFD.
> - Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ?
Avec le présent et un adverbe.
Exemple : Ce soir, je dîne chez moi.
> - Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le
> temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative,
Dites-moi comment on distingue une durée de temps sans adverbes ?
> sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce
> qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que
> ce qui pourrait advenir soit advenu?
Attention, "après que" ne prend pas le subjonctif en français correct.
> Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd'hui, ce serait
> celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et
> écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.
Et sans les encombrer du non-sens gonflé tel qu'on trouve dans cette
diatribe.
Une meilleure méthode serait d'étudier des langues non-européennes afin
de pouvoir constater tous les sophismes dans ce texte.
> Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même
> si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée.
Alors, bonjour l'écriture inclusive. Là, c'est une bonne idée ! Enfin !
> Parce que
> dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de
> temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses
> « défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée
> de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.
Si c'est vrai, pourquoi l'auteur ne parle-t-il pas comme Rabelays ou
Molière ?
> Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la
> pensée de la beauté.
Il n'y a pas d'énormité sans les énormes.