Avons-nous en français des mots auxquels, par plaisanterie, nous avons donné
une physionomie russe ?
Evidemment, il y a les Russkoffs de Cavanna, mais à part ça ?
Il me semble à première vue que nous connaissons peu le phénomène et que
nous n'avons rien qui ressemble par exemple à ce que font les Hollandais,
qui déguisent parfois un mot ou une expression en l'affectant de la
terminaison -ski ou -of… je ne vois pas toujours bien pourquoi : jeu
gratuit ? pudeur ? Des exemples : "komopski!" au lieu de "kom op!"
(±allons-y!), "pikinski" (piqué, volé) ou encore, plus leste, "kapotjeplof"
(crevaison de préservatif).
Sans doute, il arrive chez nous qu'on donne une terminaison slave à un nom
pour lui conférer un aspect faussement slave : ainsi au virtuose "Flupeski"
de Hergé (Flup étant la forme populaire de Philippe dans certains quartiers
populaires de Bruxelles). Mais qu'y a-t-il d'autre ?
Je ne crois pas que nous ayons utilisé par exemple comme les Anglais le
suffixe -nik de "beatnik".
Jean Poulain
Tout à fait évocateur, celui-ci... (en tout cas avec ma prononciation
française).
--
©lõ
Popov : Familier, Russe.
Polack : Polonais (slave mais russe ?)
Sous-off. :-)
> Des exemples : "komopski!" au lieu de "kom op!"
> (±allons-y!), "pikinski" (piqué, volé) ou encore, plus leste,
> "kapotjeplof" (crevaison de préservatif).
Je ne crois pas que ce dernier exemple soit du « pseudo-russe » parce
que "plof" existe en néerlandais et signifie bruit (bruit sourd, bruit
de chute). C'est aussi une interjection qui équivaut plus ou moins à
paf ! Il y a un verbe "ploffen", d'où "ontploffen" (exploser).
Bernard
D'accord pour "plof", "ploffen" et "ontploffen", mais c'est quand même bien
du « pseudo-russe », vu l'article (NRC Handelsblad du 15) où j'avais choisi
mes exemples, dans lequel l'auteur, Ewoud Sanders , citait à la suite Iwan
Kapotjeplof, Lady Willwell, Lord Cannotmore etc.
Cordialement,
Jean Poulain
>
> Sans doute, il arrive chez nous qu'on donne une terminaison slave à un nom
> pour lui conférer un aspect faussement slave : ainsi au virtuose
"Flupeski"
> de Hergé (Flup étant la forme populaire de Philippe dans certains
quartiers
> populaires de Bruxelles). Mais qu'y a-t-il d'autre ?
>
L'ironie, au moins dans le cas du Tupolev.
Cette copie ratée du Concorde -même nez articulé, même silhouette effilée,
mais une malheureuse tendance à partir en sucette au moindre coup de zef-
avait bien amusé les esprits taquins de ce coté çi du Mur.
Ce succès raté de l'espionnage de l'est, volant de gamelle en gamelle,
s'attira bien vite le sobriquet de Concordski.
Cecécédillemesi.
__________________
Jean-Claude Mariotte
jcmar...@kiriasse.fr
http://www.kiriasse.fr
> D'accord pour "plof", "ploffen" et "ontploffen", mais c'est quand
> même bien du « pseudo-russe », vu l'article (NRC Handelsblad
> du 15) où j'avais choisi mes exemples, dans lequel l'auteur,
> Ewoud Sanders , citait à la suite Iwan Kapotjeplof, Lady
> Willwell, Lord Cannotmore etc.
Oui, le -of final « fait » russe, bien sûr, c'est un nom construit sur
le même modèle que l'Ivan Labibine Ossouzoff, de Reboux et Muller.
On a affaire à deux noms fabriqués avec des mots de la langue du pays,
néerlandais ou français, la terminaison en -of ou -off est en quelque
sorte d'origine, tandis que dans "komopski" elle est ajoutée. Je disais
que ce n'était pas du pseudo-russe parce que vous aviez écrit que les
Hollandais « déguisent parfois un mot ou une expression en l'affectant
de la terminaison -ski ou -of ».
Amicalement,
Bernard
>Avons-nous en français des mots auxquels, par plaisanterie, nous avons donné
>une physionomie russe ?
>
>Evidemment, il y a les Russkoffs de Cavanna, mais à part ça ?
Russkof est un peu plus ancien : 1953. La variante « ruski »
existe aussi. Comme « popov » ou « popof », cela rentre plutôt dans la
catégorie des ethnonymes péjoratifs, voire insultants. L'effet est
atténué chez Cavanna, mais cela ne se distingue guère d'autres mots pour
qualifier des étrangers.
>Il me semble à première vue que nous connaissons peu le phénomène et que
>nous n'avons rien qui ressemble par exemple à ce que font les Hollandais,
>qui déguisent parfois un mot ou une expression en l'affectant de la
>terminaison -ski ou -of… je ne vois pas toujours bien pourquoi : jeu
>gratuit ? pudeur ? Des exemples : "komopski!" au lieu de "kom op!"
>(±allons-y!), "pikinski" (piqué, volé) ou encore, plus leste, "kapotjeplof"
>(crevaison de préservatif).
J'ai cherché... Aucun mot à apparence pseudo-slave en français.
Mais des mots pseudo-latins comme « vulgum pecus », « deuxio »,
« troisio », « grossium », « rasibus » (latin scolaire celui-là). Il est
possible de trouver dans des textes humoristiques d'autres mots en -us
ou en -um forgés de toutes pièces, mais je n'ai pas de souvenirs précis.
Le procédé existe aussi en anglais et y a été plus développé. On a aussi
le pseudo-anglais strictement populaire : decrassing-room, pipi-room,
bin's. Dans ces derniers cas, je ne sais si la pudeur ne l'emporte pas
plus sur le jeu. Il faudrait d'autres exemples de pseudo-anglais.
>Je ne crois pas que nous ayons utilisé par exemple comme les Anglais le
>suffixe -nik de "beatnik".
Il me semble que le mot vient d'un passage par le yiddish et
qu'il n'est pas calqué directement sur le russe. L'argot français a
moins emprunté que l'anglais par cet intermédiaire, les exemples sont
assez isolés, peu nombreux.
Dominique
> J'ai cherché... Aucun mot à apparence pseudo-slave en français.
> Mais des mots pseudo-latins comme « vulgum pecus », « deuxio »,
> « troisio », « grossium », « rasibus » (latin scolaire celui-là). Il est
> possible de trouver dans des textes humoristiques d'autres mots en -us
> ou en -um forgés de toutes pièces, mais je n'ai pas de souvenirs précis.
> Le procédé existe aussi en anglais et y a été plus développé.
Je ne dirais pas que c'est pseudo, c'est qu'on se sert du latin (langue
morte) pour s'exprimer. Autant que la langue est morte, tout qui existe
dedans est alors pseudo ?
> On a aussi
> le pseudo-anglais strictement populaire : decrassing-room, pipi-room,
> bin's. Dans ces derniers cas, je ne sais si la pudeur ne l'emporte pas
> plus sur le jeu. Il faudrait d'autres exemples de pseudo-anglais.
Sortez lire les slogans en anglais sur les t-shirt. Les anglophones
n'arrivent pas à les déchiffrer.
> >Je ne crois pas que nous ayons utilisé par exemple comme les Anglais le
> >suffixe -nik de "beatnik".
Refuznik ?
« Calque » serait-il la même chose ? J'ai trouvé :
agit-prop = € XXe; calque du russe, lui-même du fr. agit(ation) et
prop(agande)
>
> Il me semble que le mot vient d'un passage par le yiddish et
> qu'il n'est pas calqué directement sur le russe. L'argot français a
> moins emprunté que l'anglais par cet intermédiaire, les exemples sont
> assez isolés, peu nombreux.
Oui, dans mon dico, le seul mot tracé du yiddish serait « beatnik ». Il
en donne 93 d'origine russe.
JLL
>Je ne dirais pas que c'est pseudo, c'est qu'on se sert du latin (langue
>morte) pour s'exprimer. Autant que la langue est morte, tout qui existe
>dedans est alors pseudo ?
Le PR donne pourtant « agnus castus », « vulgum pecus » et
« pedibus » comme exemples de faux latin, le terme « pseudo-latin » y
est même employé... On invente des mots qui n'existaient pas en latin.
Il existe encore le latin macaronique que l'on peut trouver chez les
médecins de Molière. Ces termes n'appartiennent pas au même registre que
le latin moderne comme « uræus » ou « syphilis » ou « rolapsus » ou
« demodex ». Il n'y a jamais eu de forme comme « deuxio » ou
« grossium » en latin, on place alors sur une forme française une
terminaison latine sans tenir compte du véritable radical latin.
>Sortez lire les slogans en anglais sur les t-shirt. Les anglophones
>n'arrivent pas à les déchiffrer.
Et les enseignes commerciales... Un petit génitif par-ci,
par-là, un petit « in » ou « off » ou « up » après un nom ou un
adjectif, et des coupes avec doubles lettres à la fin du mot, des w, oo,
y et z à tout-va...
>> >Je ne crois pas que nous ayons utilisé par exemple comme les Anglais le
>> >suffixe -nik de "beatnik".
>
>Refuznik ?
Les explications que j'ai lues donnaient ou bien ce mot comme
modèle (PR1) ou celui du « spoutnik ». Je pense plus à un passage par le
yiddish qui se retrouve en argot américain.
>« Calque » serait-il la même chose ? J'ai trouvé :
>
>agit-prop = € XXe; calque du russe, lui-même du fr. agit(ation) et
>prop(agande)
Le calque est une traduction littérale d'une langue dans une
autre, il y a des calques sémantiques, phonétiques... Le suffixe -nik
est un calque de la dérivation du russe. « Agit-prop » est un calque de
la composition. La notion de calque est un peu trop large.
>Oui, dans mon dico, le seul mot tracé du yiddish serait « beatnik ». Il
>en donne 93 d'origine russe.
Vous faites encore confiance à des schmucks qui ne connaissent
que ce mot ?
Dominique
> >Oui, dans mon dico, le seul mot tracé du yiddish serait « beatnik ». Il
> >en donne 93 d'origine russe.
>
> Vous faites encore confiance à des schmucks qui ne connaissent
> que ce mot ?
Non, mais je ne kvetche pas, c'est chic, ça. ;o)
JLL
Jean Poulain a écrit:
> Pseudo-russe
>
> Avons-nous en français des mots auxquels, par plaisanterie, nous avons donné
> une physionomie russe ?
>
> Evidemment, il y a les Russkoffs de Cavanna, mais à part ça ?
>
> Il me semble à première vue que nous connaissons peu le phénomène et que
> nous n'avons rien qui ressemble par exemple à ce que font les Hollandais,
> qui déguisent parfois un mot ou une expression en l'affectant de la
> terminaison -ski ou -of… je ne vois pas toujours bien pourquoi : jeu
> gratuit ? pudeur ? Des exemples : "komopski!" au lieu de "kom op!"
> (±allons-y!), "pikinski" (piqué, volé) ou encore, plus leste, "kapotjeplof"
> (crevaison de préservatif).
>
> Sans doute, il arrive chez nous qu'on donne une terminaison slave à un nom
> pour lui conférer un aspect faussement slave : ainsi au virtuose "Flupeski"
> de Hergé (Flup étant la forme populaire de Philippe dans certains quartiers
> populaires de Bruxelles). Mais qu'y a-t-il d'autre ?
Peu de choses effectivement.
Quelques faux patronymes pour rire dans les cours de récréation, comme "Yvan
Dlabibinosousoff" ou "Kastoilagueulenski".
Je note dans l'album "Les Russes" de Gustave Doré une carte de Russie avec des
noms "de fantaisie" comme Knouteslaw, Brutaslaw, Bétissgorod, etc.